Pos a écrit : dim. 01 juin, 2025 9:42
J’ai une question subsidiaire. Lorsque vous faites des arrangements successifs sur une grille, lorsque tu fais tes recherches, écris tu tes idées en langage musical ? (Genre avec des notes sur une portée) ou tu apprends juste le chemin et tu ne notes rien de plus sur la grille ?
Merci Pos pour ton passage par ici et ton intérêt depuis le tout début pour mon travail !
De mon côté, je ne note rien du tout, que ce soit sur une portée ou sur la grille. Si parfois, sur la grille, une couleur (un mode spécifique, que je vais appliquer sur tel accord, mais c'est juste un pense-bête, juste mis ici dans le début de mon travail. Tout est vraiment plus libre que cela ).
Je me souviens avoir écrit parfois des petites choses (mais il y a longtemps déjà) sur des portées, mais finalement je ne ne les consultais pas plus que cela.
Bon, il faut dire que j'ai une assez longue pratique de l'harmonie derrière moi, mais depuis que je prends des cours d'harmonie et de piano avec Etienne Guéreau, je m'aperçois combien mon jeu et mes décisions étaient encore confuses. Combien il fallait aller bien plus intensément au coeur du problème.
Cela me fait penser à ce que disait Bill Evans (je viens de trouver cela hier dans un site qui lui est consacré) :

- Les conseils de Bill Evans.png (309.39 Kio) Vu 68 fois
"Les étudiants" ont tendance à se rapprocher du morceau plutôt que de l'aborder de manière réaliste et vraie, quel que soit le niveau, même élémentaire, or tout doit être parfaitement vrai, réel et précis. Ils préfèrent se rapprocher du problème dans son intégralité plutôt que d'en aborder une petite partie avec réalisme et exactitude.
Il faut se réjouir d'être très clair, très réaliste et très analytique à tous les niveaux. On ne peut pas aborder l'ensemble. Et se rapprocher de l'ensemble de manière vague donne l'impression d'avoir plus ou moins abordé le sujet, touché certaines choses. Mais, de cette façon, on se dirige vers la confusion, et finalement, on finit par être si confus qu'on ne trouve plus la solution."
Et c'est Étienne qui m'a dit : "
noter, c'est déjà oublier" et "
ce n'est pas se faire confiance".
Il est sûr que chacun est différent, procède différemment, mais me concernant, ces paroles ont été pour moi un déclencheur pour bien mieux approfondir, aller au fond des choses. Le fichier son que j'ai délivré semble faire penser que tout cela coule de source, mais c'est faux. C'est le résultat d'un énorme travail, sur chaque petite partie, comprendre vraiment ce que l'on fait, à chaque note, chaque chemin est le résultat pour moi d'un travail acharné. Si j'ai besoin de noter (mais je dis cela juste pour moi, encore une fois chacun n'a pas forcément la même approche), c'est que le travail n'a pas été encore assez profond. Commencer sur deux mesures, chercher, chercher tous les chemins, vraiment les intégrer. Puis continuer, rajouter une ou deux mesures, puis mélanger les solutions, voir si c'est cohérent, et avancer comme cela, toujours par petites touches, avec la même intensité de travail à chaque fois. Pouvoir rejouer tous les chemins, toutes les variantes d'accords, même sur un même chemin, (suivant les couleurs, mais c'est long à expliquer (par exemple ici savoir que l'on va choisir le locrien bécarre 2, ici le lydien #5, mixolydien b6...), les mélanger à loisir jusqu'à obtenir une liberté. Exploiter également les différents registres du piano, ce qui implique de refaire aussi tout le travail (il faut par exemple trouver les dispositions qui sonnent quand on joue dans l'aigu). La dernière phase étant celle de la conduite de l'ensemble, l'agencement des variations, les effets de surprise, dans une maîtrise de la liberté.
Si tout cela devient clair, c'est que le travail a été bien fait. Pas besoin de noter quoi que ce soit.
Les combinaisons deviennent infinies. Lorsque c'est intégré et que l'on joue, on n'applique pas telle ou telle recette, on est simplement dans la musique, dans l'instant présent. Dans le son et dans les couleurs que l'on veut faire entendre.