Et votre année en piano ?

[Nick Borderline]

Merci Lee pour ta franchise, si c'est comme ca que tu le ressens c'est salutaire de l'exprimer, même si c'est en effet assez pessimiste comme vision de notre beau pays !

[pianojar]

Et si au contraire je baisse mes attentes de moi-même et me contente des oeuvres faciles, maîtrisés autant que je peux ? Et si je ne fais plus de progrès réel, est-ce que c'est grave ?

Pour revenir sur ce point de progrès, l'âge aidant, je me suis rendu compte ces derniers mois que le progrès technique en tant que tel, n'était plus un moteur pour moi. Alors oui je me contente peut-être d'oeuvres plus faciles mais j'espère y gagner en musicalité et en envie de jouer. Il y a de très grands pianistes qui au fil des années ont perdu un peu de leur infaillibilité technique mais ont gagné beaucoup en profondeur et c'est certainement une piste de travail et d'évolution surtout même à notre humble niveau d'amateur.
Le progrès réel n'est pas seulement technique au sens digital du terme et heureusement (pour moi en tout cas ). Je crois que je ne pensais pas comme cela il y a quelque temps mais ce qui est sûr c'est que cette évolution m'apporte beaucoup plus de plaisir et d'envie.
Je crois qu'on peut dire beaucoup de choses dans une oeuvre "facile" comme tu dis et ce n'est pas baisser ses attentes.
A côté de celà je ressens la nécessité de découvrir sans arrêt de nouvelles oeuvres, c'est un peu le second moteur ! Après il y a la même frustration que dans les oeuvres connues, de ne pouvoir en jouer certaines, mais il en reste tellement d'accessibles et ce presqu'à tous les niveaux que l'on a de quoi satisfaire ses envies.
Je ne sais pas si ces quelques banales réflexions te seront utiles, je l'espère.

[Oupsi]

Je pense aussi qu'on fait autant de progrès en travaillant avec une précision d'horloger une œuvre dite facile qu'en affrontant les grandes difficultés des techniques plus amples.

Je me rappelle quand je m'énervais beaucoup contre moi-même au piano, mon professeur a vraiment essayé de m'aider à accepter ma manière de jouer. Petit à petit ça donne une sorte de perception d'un monde où tout est mouvement. Je change, mon écoute change, mes moyens changent, les morceaux changent, il n'y a rien de définitif ni d'arrêté.

On me dira d'accord mais il faut bien se corriger. Bien sûr, mais pour corriger il n'est pas indispensable d'avoir le cœur lourd et insatisfait ni de s'accabler d'émotions fortement négatives. Tu peux corriger juste en corrigeant.

[pianojar]

J'ai l'impression que pendant trop longtemps j'ai concentré 90% de mon attention sur "jouer les notes juste" ou.... "juste jouer les notes" et que depuis peu je me concentre beaucoup plus sur le son et c'est un domaine ou j'ai (et ou sans doute beaucoup ont) une marge de progression très importante. Cette prise de conscience change beaucoup de choses, elle ne me fait pas jouer mieux techniquement mais elle modifie totalement la perception de l'oeuvre et va même quelquefois permettre de trouver des moyens de contourner certains problèmes purement techniques.
Obtenir une sonorité que l'on recherche même dans un morceau lent (ou facile ce qui ne va pas forcement de pair) est une difficulté qui fait beaucoup progresser.
Au vu des morceaux que tu as cité Lee (Rachmaninov et Chopin) il semble que tu as un bagage technique déjà plus que correct pour pouvoir ne serait-ce qu'aborder ce type d'oeuvres et donc cela te donne la possibilité d'accéder à un répertoire très vaste.
De mon côté de temps à autre je ressors les tableaux d'une exposition ou le 2ème scherzo de Chopin mais ce ne sont plus des priorités même si j'adorerais pouvoir jouer ces morceaux parfaitement (idem pour l'op 25n°7 qui est une de mes préférées).

[Line-Marie]

STRUMPF [quote="strumpfIl y a des sortes de palliers dans l'écoute et qui proviennent de la connaissance qu'on a d'une oeuvre , d'un compositeur, d'une époque. ...plus on a de connaissances et plus l'écoute est fine.
quote]
OUPSI :Pour donner un éclairage à cette question de l'écoute, comme nous l'a appris la Dame à la Licorne notre écoute est le fruit de notre seul Désir. L'écoute n'est pas quelque chose d'objectif ni fait uniquement de connaissance; chaque écoute est plus ou moins une rencontre, plus ou moins active. Ce que je trouve très difficile c'est de transformer cela en mots.
et encore OUPSI :Je change, mon écoute change

Je ne pense alors pas avoir du tout saisi ta pensée !!!!

[Oupsi]

Ce que je voulais dire dans la première phrase, c'est que quand j'écoute les autres, mon écoute est plus désirante que connaissante; dans la deuxième phrase, je dis que ça change tout le temps, comme la vie même, et donc il n'y a rien (pour moi) de stable sur quoi fonder un jugement (là je répondais à Lee, que je trouvais bien sévère envers elle-même). Pas vraiment de pensée là dedans, je décris juste ce que j'essaye d'appliquer dans ma vie d'élève.

Ce n'était pas une critique mais un prolongement; il est bien évident que plus on écoute, plus on joue et connaît la musique, plus on écoute différents styles, instruments et formations etc. et plus l'écoute devient fine et intéressante. La Dame à la licorne dans son langage un peu ésotérique me fait aussi imaginer que c'est une faculté mystérieuse et subjective, il est finalement très rare que deux personnes entendent la même chose, ou aient exactement la même représentation d'un morceau, de même que deux personnes ne vont pas interpréter de la même manière la symbolique de ces tapisseries.

Ce n'était pas très bien expliqué, désolée pour l'incohérence.

[Line-Marie]

mais si Oupsi c'est plus clair ainsi.
Notre connaissance de n'importe quel domaine , nous donne toujours une perception différente de ce domaine .
Je ne pourrai jamais plus écouter une œuvre pianistique que j'ai travaillée comme la première fois où je l'ai entendue.....
Et parfois , on peut trouver une personne qui entend comme nous.... nous sommes alors sur la même longueur d'onde ! et c'est rare.

[Line-Marie]

chère Lee, tu es très exigeante et c'est très bien. Mais n'oublies pas le plaisir qui t'a certainement saisi lorsque tu as décidé de travailler ces œuvres et le plaisir lorsque tu les as travaillées longuement, avec passion. Je n'ai pas pu t'écouter en dehors de tes enregistrements , mais dans tes enregistrements j'ai trouvé ton jeu très beau, et puis des œuvres construites et abouties... C'est normal que tu doutes , et que tu te poses plein de questions. Laisses le temps faire son œuvre, soit patiente et après avoir travailler d'autres partitions que tu aimes, reviens un jour sur Rachmaninov et les autres morceaux qui t'ont laissé un sentiment d'imperfection.... mais tu as encore une longue vie devant toi pour revenir sur ce travail....

[Mylène]

Bonjour,
Je n'aime pas ces périodes où il faut "faire le point" puis viendront les bonnes résolutions...
Au piano, 2015 a été dans la continuité des années précédentes. Je ne prends pas le temps qui m'est nécessaire pour progresser et me satisfaire, mais comme ça j'ai des excuses.
Pas d'oeuvres emblématiques. J' aime tout, et je butine un peu trop à droite et à gauche. Ma bonne résolution pour 2016 devra être de me prendre en main sérieusement et me mettre au travail!! Mais c'est très dur de se regarder dans le miroir (de la musique). Là est tout le travail.
Mais même sans cette pratique assidue, mon année musicale a été comme les précédentes extraordinaires.
La joie d'avoir des amis avec qui partager, même si je ne les vois pas si souvent. Et une vie professionnelle dans la musique très stimulante. Beaucoup de projets pédagogiques ou musicaux, des découvertes et rencontres sur des idées qui me tiennent à Coeur. Et voir des personnes autour de moi affaiblies ou en souffrance s'épanouir par la musique. Je suis très fière et émue. Et ce bonheur pour moi vaut bien plus que toutes les pièces de Schumann et Schubert que je pourrais travailler.

[sylvie piano]

Oui Mylène, ces beaux projets pédagogiques sont extrêmement porteurs. Je confirme !

[Gracou]

Pour ma part un recentrage sur le répertoire classique que je ne travaillais plus du tout, je me contentais de jouer les oeuvres par ci, par là. Par contre du coup je joue très peu toute la musique de Jarrett qui pour moi est pourtant très importante mais il m'est très difficile de travailler ces deux répertoires totalement différents en même temps.

C'est quasiment impossible en effet, à moins d'avoir quasiment tout son temps à consacrer au piano.

[Wladyslaw]

Le point le plus marquant de 2015 est le voyage à Varsovie pour assister aux présélections du concours Chopin, je m'en souviendrai !
Aussi la rencontre avec certains d'entre vous à la journée organisée par BlouFénix en octobre.
Sinon, côté travail au Piano : beaucoup de cheveux arrachés sur le 4eme nocturne de Fauré et la 1ere suite pour 2 pianos de Rachma et souvenir très agréable d'un stage de musique de chambre cet été.

Bon réveillon à tous !

[pianojar]

Pour ma part un recentrage sur le répertoire classique que je ne travaillais plus du tout, je me contentais de jouer les oeuvres par ci, par là. Par contre du coup je joue très peu toute la musique de Jarrett qui pour moi est pourtant très importante mais il m'est très difficile de travailler ces deux répertoires totalement différents en même temps.

C'est quasiment impossible en effet, à moins d'avoir quasiment tout son temps à consacrer au piano.

En fait plus qu'une question de temps, c'est une question d'approche totalement différente de la musique et du piano et cela semble être vrai même pour des musiciens de haut niveau. Jarrett disait que lorsqu'il se consacrait à l'enregistrement des Goldberg, se sortait complètement de la sphère du jazz et de la musique improvisée et vice-versa lorsqu'il donnait ses concerts en solo.
Ceci dit il y a des exemples contraires comme Dan Tepfer par exemple...

[Mona]

Une année pianistique 2015 un peu similaire à l'année 2014.... trop peu de temps à accorder au piano... Je travaille régulièrement, quasiment tous les jours, mais bien trop peu... Il me faudrait 1h par jour grand minimum (2 séances de 45 mn serait l'idéal) pour progresser vraiment. Or, c'est plutôt 30 mn seulement au quotidien, ce qui suffisait il y a encore 3 ans mais plus maintenant.... C'est frustrant, les progrès sont lents, les pièces modestes et peu nombreuses. Mais bon, le plaisir est toujours là, ce qui reste l'essentiel. Je sais cependant que si je veux continuer à réellement progresser, il me faudra à l'avenir trouver le moyen de dégager plus de temps. Ce qui n'est pour le moment pas possible.

Une nouveauté néanmoins : mon Pleyel a déménagé (sans son copain allemand hélas), et du coup je l'ai suivi. Il se plaît dans son nouvel environnement, qui lui convient mieux je pense, aussi bien esthétiquement que sur le plan sonore, même si l"acoustique de la pièce n'est pas idéale pour le moment : carrelage au sol, bibliothèques encore vide, murs nus, font que le son est un peu trop direct, trop puissant à mon goût. Mais le sol sera recouvert dans quelques mois, et livres et tentures absorberont un peu le volume sonore. C'est en tout cas un environnement qui sera propice au travail musical !

[Nick Borderline]

c'est une question d'approche totalement différente de la musique et du piano

(pardon pour la redite) c'est ce qui m'avait impressionné chez Lucas Debargue qui peut donner un concert classique un jour et le lendemain animer une soirée jazz au Chat Noir à Montmartre.

[chris76]

°

[Lee]

Merci pour vos réflexions et des remerciements encore à ceux qui ont écrit pour m'aider. (J'ai du mal avec cet ordi sur lequel j'écris du coup je reste courte et imprécise dans mes messages.)

@Pianojar : J'aurais dû étudier et travailler le Chopin avec ma prof, ce sont surtout les deux gammes qui étaient toujours passent ou cassent qui m'ont trop frustrée...donc peut-être en 2016 je reprend cette oeuvre avec elle...c'est cet aspect que tu peux garder en tête comme tu penses d'un prof (je me suis un peu trop dispersée en énergie, je n'ai pas profité de l'aide de ma prof pour cette oeuvre mais trop le Rachma et les petites choses ici et là, dommage).

@Pianjar et Oupsi Quant aux oeuvres "plus faciles" au moins j'ai quelques nouveaux qui m'inspirent pour l'avenir immédiat. Contrairement aux expériences cette année, l'année dernière mes oeuvres "trop difficiles" m'ont beaucoup appris, j'étais plutôt satisfaite avec le rapport évolution/résultats pas parfaits...

@Strumpf Merci pour cet encouragement, j'espère, mais peut-être il faut juste descendre le bar et oublier la ballade pendant au moins 5 ans...En espérant trouver des morceaux de mon niveau pour me plaire...

La Dame à la licorne dans son langage un peu ésotérique me fait aussi imaginer que c'est une faculté mystérieuse et subjective, il est finalement très rare que deux personnes entendent la même chose, ou aient exactement la même représentation d'un morceau, de même que deux personnes ne vont pas interpréter de la même manière la symbolique de ces tapisseries.

Je comprends ce que tu veux dire, ou je crois. En fait je n'entends jamais objectivement, c'est à la fois une chance et une malédiction. Cette année par exemple, je me rendais compte que la nature et les circonstances des concours du piano font que je ne peux pas les apprécier comme mes chers PMistes, c'est bête mais je suis comme ça. Ou je peux mieux apprécier et aimer le jeu d'un(e) ami(e) plus qu'un pianiste professionnel surtout un qui a une personnalité moche. Quand je suis en train de travailler au fond un morceau, j'ai une ecoute de moi-même moins critique par défense pour ma continuation avec l'oeuvre probablement, je ne sais pas. Contrairement a être trop dur je t'assure que parfois quand il y a encore beaucoup de travail je me dis 'ce n'est pas mal' jusqu'au réveille des PMistes ou ma prof !

[arg]

Cette année mon envie de jouer, de travailler, de découvrir, de connaitre le piano (mais aussi, plus généralement, musique) prend de la place et encore plus de place, c'est surprenant et comment canaliser cette énorme énergie, comment lui donner corps, lui donner du temps et garder aussi le reste... lorsque je te lis yapluka je ressens ta frustration et me dis que j'ai quand même beaucoup de chance, mais plus je joue et plus j'ai envie de jouer... cela me semble à la fois insoluble et une très grande ressource.
Je découvre aussi l'envie de changer de piano, le mien prend des défauts mais m'accompagne depuis un certain temps, cela va mûrir.
Et je voudrais bien être encore plus autonome (je vois mon prof une fois par mois) mais je dois convenir qu'un regard et oreille extérieurs sont plus que précieux, et que seule, il me manque encore des choses qui deviennent pourtant évidentes en quelques secondes lors des cours...
tout ça non pas comme bilan mais comme pistes à suivre

Lee ne te décourage pas, les difficultés sont encore et toujours des moyens d'apprendre, même si parfois les bénéfices apparaissent un peu plus tard...

[Line-Marie]

[quote="Lee]Quand je suis en train de travailler au fond un morceau, j'ai une ecoute de moi-même moins critique par défense pour ma continuation avec l'oeuvre probablement, je ne sais pas. Contrairement a être trop dur je t'assure que parfois quand il y a encore beaucoup de travail je me dis 'ce n'est pas mal' jusqu'au réveille des PMistes ou ma prof ![/quote]
Tu joues très bien, Lee, avec beaucoup de musicalité, de sens de la phrase. Et quand tu vas voir ta prof , c'est normal qu'elle t'indique tout ce que tu peux améliorer. Cela ne veut pas dire du tout que tu ne joues pas bien , non ! Cela veut dire que si tu veux tu peux encore améliorer. et parfois cette amélioration ne peut-être entendue que par quelques personnes qui connaissent bien l'œuvre , dans ses moindres détails.

[mieuvotar]

Merci pour cet encouragement, j'espère, mais peut-être il faut juste descendre le bar et oublier la ballade pendant au moins 5 ans...

Un peu radical comme solution, quand même... Même si c'est sûr que le coma éthylique qui s'ensuivrait inévitablement te ferait sans aucun doute oublier cette ballade - et plein d'autres choses par la même occasion - pendant un certain temps !