Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

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_Julien_
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par _Julien_ »

katy a écrit :1h30 à 3 heures ça offre une belle marge de progression.[...]
Bref je pense qu'avec beaucoup de travail et un prof très compétent sur le plan technique on peut vraiment progresser mais on ne rigole pas... moi mon prof il m'arrive régulièrement de le maudire et de l'envoyer à tous les diables.
Je ne suis pas d'accord avec toi. J'ai tendance à penser qu'avec de la ténacité et un prof compétent, beaucoup de travail, et découragement et de difficultés (et de plaisir aussi !), on peut aller très loin. Mais pourquoi faudrait-il que cela se fasse dans la douleur avec son prof ? Je pense que le mien à les qualités pour m'emmener loin, y compris les fortes exigences, mais cela ne m'empêche pas d'aller à tous (tous) les cours avec plaisir. Après il n'existe pas de prof idéal, on a déjà discuter de cela de nombreuses fois (et j'ai l'impression que dans l'ensemble le tien te convient bien).
mieuvotar a écrit :Et quand bien même je réussirai à jouer 6 heures par jour, je pense que ça n'y changerait rien. Même avec du travail, du travail et encore du travail, pendant des heures et des heures, et pour des années et des années
Comme JSP, je n'en suis pas convaincu. A part des problèmes physiques (arthrite par exemple), je pense qu'on conserve une énorme marge de progression avec l'âge. Après, ce sont surtout, probablement, les capacités d'assimilation de nouvelles compétences et, comme le disait bach_addict, de mémorisation qui peuvent être impactées.
Oupsi a écrit :Est-ce qu'aujourd'hui, avec un bon prof, je surmonte mes difficultés facilement? non.
Facilement, non, mais tu finis pas surmonter les difficultés. Le temps disponible pour travailler, ainsi que pour laisser les choses reposer, est dans tous les cas un facteur très important, cela ne fait pas de doute.
Oupsi a écrit :Julien demande s'il y a des difficultés qui nous seraient apparues comme insurmontables: depuis que j'ai un bon prof, non; mais il ne me met pas n'importe quelle partition entre les mains.
Avant ça, je jouais des choses mille fois trop difficiles, et bien sûr je me suis heurtée à des difficultés que je n'ai pas réussi à surmonter.
Je suis d'accord, d'ailleurs il ne faut pas confondre ambition ("je veux jouer une pièce du répertoire dans l'avenir") et irréalisme ("je pense que j'en suis capable aujourd'hui").
Oupsi a écrit :Après, il y a la curiosité un peu étrange de savoir si les "très bons pianistes amateurs" se heurtent à des limites, et ce qu'elles seraient. Bonjour, ma limite, es-tu ma mort? C'est étrange comme question, si je peux me permettre cet avis strictement personnel
Je ne suis pas un "très bons pianistes amateurs" donc je ne me sens pas visé ;) Mais, comme je le disais en préambule, j'ai besoin d'envisager ma progression à moyen terme. Et la question de fond est toute simple : "pour quelles raisons ne pourrais-je pas jouer tel pièce un jour". Chacun sa sensibilité, d'autres peuvent vivre leur pratique en se concentrant sur ce qu'ils jouent à un moment donné et en tirer la motivation ! Dis autrement, le jour où j'arrêterai de faire des progrès, j'arrêterai de prendre des cours et je pense que je jouerai aussi beaucoup beaucoup moins, même si le répertoire accessible serait encore très faste et passionnant.
strumpf a écrit :Un prof qui te nourri beaucoup, avec humilité, gentillesse et respect, un prof qui connaisse en profondeur le répertoire pianistique afin de te guider dans les méandres de l'apprentissage
C'est le cas des 2 profs avec lesquelles j'ai travaillé récemment, mon prof régulier et Fiona, donc ça me va !
JPS1827 a écrit :Sinon, c'est une discussion plusieurs fois abordée. Je répondrai plus longuement ce soir
avec plaisir !
JPS1827 a écrit : La plupart des blocages et des limitations habituellement invoquées me paraissent n'être que des a priori qui regroupent l'ensemble des poncifs habituels sur le vieillissement (les troubles mnésiques sont fortement corrélés à l'image que les personnes âgées de font de leurs possibilités intellectuelles). S'il est bien évident qu'on ne peut espérer devenir Cziffra ou Gilels en commençant le piano tard (on ne peut guère non plus l'espérer en commençant jeune d'ailleurs), on peut arriver à jouer un répertoire très intéressant assez bien.
Je suis bien évidemment d'accord.

A la lecture de vos contributions, et à la lumière de mon expérience, je propose une limite, ou du moins un frein pour la progression : la capacité d'écoute : certains aspects du jeu pianistiques sont extrêmement subtil : un très léger retard sur la pulsation pour mettre en valeur une fin de phrase, un très léger accent, jouer une note piano pour la faire ressortir même quand le compositeur écrit le contraire, autant d'éléments de jeu qu'il faut d'abord entendre avant d'imaginer pouvoir les reproduire. Et que faire lorsque le prof montre deux manières de jouer, l'élève n'entend pas la différence. Je ne sais pas si cela s'apprend.
Modifié en dernier par _Julien_ le ven. 20 sept., 2013 16:09, modifié 1 fois.
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_Julien_
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par _Julien_ »

Oupsi a écrit :Ce que je veux dire, pour qu'il n'y ait pas de malentendu, c'est que je ne vois pas ce que nous apporte cette constante inquiétude de la "limite". (je parle aussi pour moi, c'est une inquiétude que j'ai souvent et que j'essaye de m'ôter de l'esprit), mais pour se l'ôter de l'esprit il faut changer un peu de perspective..
Tu as posté pendant que j'écrivais ma réponse précédente. Le coeur de la question, pour moi, n'est pas quelle limite ? mais pour quelle raison ne pourrait-on pas atteindre des objectifs ambitieux, si on s'en donne les moyens.
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Oupsi »

Ah, sur ce dernier point, Julien, l'écoute, je peux te rassurer sans la moindre hésitation: si tu entends, tu entendras; de mieux en mieux et de plus en plus. Ça s'affine extraordinairement avec le temps, cette capacité de distinguer les plans sonores, les petits retards, les subtilités, la finesse, les styles, le phrasé, ce qui importe et ce qui est au second plan voire 3e, tout ça. L'écoute, c'est la passion qui anime le jeu, sa vie, son souffle.
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Oupsi »

idem nos messages se sont croisés. Donc, à ta dernière question, telle qu'elle est formulée, non je ne vois aucune raison pour ne pas atteindre ces objectifs si tu t'en donnes les moyens! :D
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par mieuvotar »

_Julien_ a écrit :
mieuvotar a écrit :Et quand bien même je réussirai à jouer 6 heures par jour, je pense que ça n'y changerait rien. Même avec du travail, du travail et encore du travail, pendant des heures et des heures, et pour des années et des années
Comme JSP, je n'en suis pas convaincu. A part des problèmes physiques (arthrite par exemple), je pense qu'on conserve une énorme marge de progression avec l'âge. Après, ce sont surtout, probablement, les capacités d'assimilation de nouvelles compétences et, comme le disait bach_addict, de mémorisation qui peuvent être impactées.
Encore une fois, voir mon message plus haut ; et comme je l'ai déjà précisé, il n'y a aucune pathologie en cause. Pourquoi diable vouloir s'acharner à récuser qu''il puisse y avoir des limites physiques ? Il y en a plein qui viennent avec l'âge, c'est complètement naturel, et pas qu'en piano. Je sais bien qu'on vit une époque de jeunisme botoxé éternel, mais quand même. Encore une fois, on peut très bien vivre son vieillissement et se faire très plaisir dans beaucoup de domaines. D'ailleurs, à nier ses limitations, et à y être de toute façon nécessairement confronté, on finirait dans une totale frustration. Vaut mieux donc les reconnaître et les accepter.
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par _Julien_ »

Oupsi a écrit :Ah, sur ce dernier point, Julien, l'écoute, je peux te rassurer sans la moindre hésitation: si tu entends, tu entendras; de mieux en mieux et de plus en plus. Ça s'affine extraordinairement avec le temps, cette capacité de distinguer les plans sonores, les petits retards, les subtilités, la finesse, les styles, le phrasé, ce qui importe et ce qui est au second plan voire 3e, tout ça. L'écoute, c'est la passion qui anime le jeu, sa vie, son souffle.
En fait, là, je généralisais, pour alimenter un peu le débat. A titre personnel, j'ai la chance d'avoir une oreille plutôt bonne, reste à faire ce que j'entends, et c'est autre chose !
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par bach_addict »

mieuvotar a écrit :Quant à parler de "poncifs", c'est limite insultant,
il paraît qu'on devient irritable avec l'âge, mais ça non plus, ça n'a jamais été prouvé :wink:

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katy
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par katy »

JPS1827 a écrit :@Katy : je ne vois vraiment pas pourquoi tu as pris ça pour toi.
Ben je prends un peu ça pour moi car ça fait quand même allusion à mon précédent message il me semble et que Julien reprend un peu plus loin cette idée que j'aurais fait passer de travailler dans la souffrance. Or c'est quand même moi qui suis à l'origine de cette thématique !
Alors je ne travaille pas "dans la souffrance" mais je voulais dire que j'ai pris concience de manière aigüe ces derniers temps qu'il faut beaucoup, beaucoup travailler, mais que ce travail pour être efficace doit être clairement guidé par un prof très compétent sur le plan technique. Etant jeune je travaillais bien, mais mes profs y compris les meilleurs que j'ai eus avaient tendance à me laisser jouer en corrigeant juste les fautes et en donnant de vagues idées d'interprétation. Or je viens de me rendre compte qu'avec des exercices ciblés -parfois ingrats, il est vrai - on peut venir à bout de difficultés qui résistent depuis des années...
Cela dit c'est parfois assez fastidieux. Je ne pense pas que cela fasse de moi un martyr pour autant, parfois je suis encore tentée par les sirènes du pianotage sans effort...qui ne mène à rien.
Je ne vois pas en quoi c'est choquant de dire cela. Dimanche j'ai entendu sur FM une longue interview de Lise de la Salle qui expliquait que durant son enfance elle travaillait plus de 6 heures par jour. Naturellement elle était douée mais je commence à croire qu'il y a surtout beaucoup, beaucoup de travail. Son don n'est peut-être pas courant, mais pas si rare que ça non plus, elle l'a juste fait fructifier, apparemment de sa propre volonté.
Les sportifs aussi s'entraînent durement, on ne les traite pas de maso pour autant ! Mon prof n'est jamais incorrect, n'élève jamais la voix, il est juste exigeant et sévère.
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_Julien_
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par _Julien_ »

mieuvotar a écrit : Encore une fois, voir mon message plus haut ; et comme je l'ai déjà précisé, il n'y a aucune pathologie en cause. Pourquoi diable vouloir s'acharner à récuser qu''il puisse y avoir des limites physiques ? Il y en a plein qui viennent avec l'âge, c'est complètement naturel, et pas qu'en piano. Je sais bien qu'on vit une époque de jeunisme botoxé éternel, mais quand même. Encore une fois, on peut très bien vivre son vieillissement et se faire très plaisir dans beaucoup de domaines. D'ailleurs, à nier ses limitations, et à y être de toute façon nécessairement confronté, on finirait dans une totale frustration. Vaut mieux donc les reconnaître et les accepter.
Tout dépend ce que l'on appelle "limite physique". S'il fallait mesurer, pour simplifier, la capacité des doigts à bouger, je doute qu'elles soient suffisamment significatives pour impacter la pratique du piano. D'ailleurs, sinon il serait impossible d'être virtuose passer un certain âge, et on voit bien que les pianistes peuvent continuer à jouer juste tard, avec, bien sûr un vieillissement normal.

La question qui reste, pour moi, c'est si on progresse moins vite, est-ce dû à des barrières psychologiques ou cognitives ?
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_Julien_
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par _Julien_ »

katy a écrit : Ben je prends un peu ça pour moi car ça fait quand même allusion à mon précédent message il me semble et que Julien reprend un peu plus loin cette idée que j'aurais fait passer de travailler dans la souffrance. Or c'est quand même moi qui suis à l'origine de cette thématique ! [...] Mon prof n'est jamais incorrect, n'élève jamais la voix, il est juste exigeant et sévère.
Peut-être avons nous mal interprété ! Devoir fournir une quantité de travail importante avec un niveau d'exigence ne sont pas tous les jours faciles. Et je concluais quand même "et j'ai l'impression que dans l'ensemble le tien te convient bien", mais je ne te soupçonne pas d'être maso ! Tu as un objectif et tu es prête à faire des efforts pour y arriver. C'est d'ailleurs le thème du fil !
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Jean-Luc »

Depuis quelques années, j'ai l'impression de ne pas trop progresser.
Depuis 2 ans, j'ai eu l'opportunité de faire quelques stages de piano où l'on m'a dit que j'avais progressé depuis l'année d'avant. Je n'en suis absolument pas conscient!

Sinon, je travaille le piano chaque jour entre 1h30 et 2h30 : quelques exercices, travail des morceaux surtout (choisis en début d'année) et parfois du déchiffrage ou des transcriptions. Et de rares compositions quand il y a un défi à relever sur le forum... :D
mieuvotar

Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par mieuvotar »

_Julien_ a écrit : D'ailleurs, sinon il serait impossible d'être virtuose passer un certain âge, et on voit bien que les pianistes peuvent continuer à jouer juste tard, avec, bien sûr un vieillissement normal.
Il y a sur YT une vidéo de Horowitz sur la fin qui montre le contraire. Je la poste dès que je la retrouve.
Sur ce je vous laisse, je vais me faire un petit 100 m en moins de 12"... Si, si, il parait que c'est possible, jusqu'à point d'âge, sauf barrières psychologiques auto-imposées... Vieillissement ? Quel vieillissement ? :mrgreen:
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JPS1827
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par JPS1827 »

Je n'ai pas voulu être injurieux, j'aurais dû dire stéréotypes plutôt que poncifs, je reconnais.
A lire : http://www.jle.com/fr/revues/medecine/p ... icle.phtml
Praeludium
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Praeludium »

Contre exemple à Horowitz : Ciccolini. Milstein aussi. Et d'autres...

Par rapport aux limitations physiques, je dirais juste qu'il me semble qu'une très bonne technique n'est certainement pas affaire de muscles (comment feraient certaines jeunes filles pour être de grandes virtuoses jouant des pièces que bien des hommes mûrs solidement bâtis seraient incapables d'aborder ?) mais plutôt d'utilisation extrêmement efficace de tout son corps, de relâchement, d'investissement mental lors du travail et d'écoute bien sûr. En tout cas c'est ce qui ressort que tous ces textes, articles, interviews, etc. que l'ont peut lire/entendre (un exemple que j'ai un peu regardé dernièrement : Janos Starker, au violoncelle)...
Pour les blocages physiques éventuels, je ne vois pas grand chose qu'un travail instrumental solide (mais surtout pas bourrin ^^) avec de bons profs et une rééducation à travers de la méthode Alexander, Feldenkrais, d'un bon kiné formé à aider les instrumentistes, etc. ne pourrait pas très largement améliorer. Après c'est aussi beaucoup une question de temps, que ce soit de quantité de travail mais aussi de laisser le temps aux choses de s'intégrer pour qu'on puisse les faire sans y penser.

Maintenant que j'y pense, bien que l'aspect physique soit super important, ma prof (de conservatoire, études au CNSM, CA et tout hein...) m'a dit en insistant que jouer vite au piano c'était une question d'oreille, d'écoute avant tout. Évidemment on parle aussi de technique, d'éviter les blocages et les crispations..

Bref, je ne crois pas qu'il y ait de limitations pour atteindre au moins un bon niveau de pianiste amateur - mais espérer pouvoir un jour monter l'Art de la Fugue par coeur en un mois serait sans aucun doute illusoire. Les limites que je vois, et aucune ne serait irréversible, sont :
les blocages physiques déjà abordés,
le manque de formation solide (solfège, harmonie, contrepoint, histoire de la musique, analyse, musique de chambre, déchiffrage, le fait d'être dans une structure avec de l'émulation et des gens bien plus forts que soi (super important ça), etc.),
le temps de travail possible,
le fait que (je suppose) l'on a pas forcément tout son esprit libre pour la musique,
les blocages psychologiques,
etc.
etc.
et peut être l'âge, qui ne serait qu'une cause possible parmi tant d'autres (une méthode de travail, une approche inefficace serait a priori bien plus néfaste et pourtant on insiste bien moins là dessus ?!)
mieuvotar

Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par mieuvotar »

bach_addict a écrit :
mieuvotar a écrit :Quant à parler de "poncifs", c'est limite insultant,
il paraît qu'on devient irritable avec l'âge, mais ça non plus, ça n'a jamais été prouvé :wink:

trolling attempt #1
:wink:
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Wladyslaw
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Re: Quelles limites à la progression ?

Message par Wladyslaw »

bach_addict a écrit :
_Julien_ a écrit : si on exclut les problématiques de disponibilité et de temps de travail (ce qui est déjà une forte hypothèse),
archi forte et même irréaliste...
si tu es jeune , à horizon 5 ou 10 ans, la probabilité que tu aies à gérer une vie de famille est quand même assez élevée, et ta vie professionnelle peut venir mettre le boxon dans ton joli programme encore plus vite que ça !
Le jour où tu descends à 15 minutes de travail par jour, il n'est plus temps de se poser des questions sur comment passer des octaves parallèles à plein vitesse...c'est trop tard, tu peux juste te faire plaisir occasionnellement avec le niveau technique que tu as pu atteindre.
Je pense que la disponibilité, pour un jeune, devient un jour ou l'autre beaucoup plus limitant que d'éventuelles limitations techniques plus "fondamentales".
En gros :
célibataire et un travail "light" : 1h30 et + par jour possible, mais faut s'organiser !
un travail light et en couple "début de relation" : 45min-1h par jour max
un travail light et en couple "maintenant c'est sérieux" ou alors un travail "lourd" et célibataire : 15-45min par jour max
un travail light , en couple, avec un ou des enfants : de 0 à 15 min par jour, game over !! :mrgreen:
un travail lourd, en couple, un ou des enfants: zéro, zéro, zéro , zéro, zéro , zéro... :wink:

après sur les limites "intrinsèques", il y a eu des discussions récentes sur le sujet avec des contributions intéressantes de Nox, Okay etc
et pas mal de pleurs et de supplications d'adultes qui voulaient entendre que oui, on peut jouer n'importe quoi en commençant à n'importe quel âge...the american dream, baby !!

Bach addict, tu es un tantinet caricatural ...
Le boeuf est lent mais la terre est patiente ... (Proverbe Chinois)

"On obtient plus de chose en étant poli et armé qu'en étant juste poli" (Al Capone)
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par JPS1827 »

Pour continuer ma réponse, je remarque qu'on a abordé au cours de ce fil plusieurs problèmes qui me paraissent radicalement différents :
- le problème posé : y a t'il une limite au niveau qu'on peut atteindre en commençant la piano après 30 ans (c'es la limite qui avait servi pour un autre fil aux témoignages très intéressants)
- peut-on encore progresser après un certain âge quand on est un amateur de niveau correct depuis l'adolescence ?
- un très bon pianiste peut-il garder son niveau jusqu'à un âge avancé ?
Pour les deux dernières questions, je pense qu'on peut en reparler ailleurs.
Pour la première question, j'aurais tendance à dire que la limite au niveau qu'on peut atteindre est en rapport avec le niveau qu'on aurait pu atteindre en commençant dans l'enfance, sûrement un peu au dessous, mais pas tellement. Après tout, quand on pense qu'on a une limite physique liée à l'âge, on pourrait aussi bien penser qu'on aurait eu la même limite en commençant 30 ans plus tôt (je suis absolument sûr que je n'aurais jamais couru le 100 m en 12 s, même en commençant à m'entraîner à 8 ans). En revanche, je pense que les limites qu'on peut atteindre n'ont en général pas grand-chose à voir avec les possibilités des doigts. Comme d'autres l'ont dit plus haut, la vélocité au piano est plus affaire d'oreille et de coordination que de doigts.
Concrètement, je pense que la Barcarolle de Chopin citée plus haut est un bon exemple d'une œuvre que tout amateur sérieux et motivé secondé par un bon professeur devrait pouvoir jouer. Elle ne comporte pas de difficultés proprement mécaniques, c'est plutôt la complexité et la richesse harmonique de l'écriture qui en font la difficulté, et la redoutable main gauche de la fin fait partie des choses qui peuvent s'apprendre et qu'on n'est pas obligé de jouer à toute vitesse. C'est également le cas d'une bonne partie des Nocturnes, d'une bonne partie des sonates de Beethoven et des œuvres de Bach etc. C'est plus incertain pour une 1ère Ballade ou un 2ème scherzo, mais c'est possible pour certains. Il y a en revanche des œuvres exigeantes physiquement qu'on doit s'attendre à ne pas pouvoir jouer si on commence tard (encore qu'il y ait des exceptions), comme certaines études de Chopin, de Liszt, de Scriabine etc. Ce que j'ai remarqué, c'est qu'un adulte doté d'une main assez grande arrive souvent plus facilement à acquérir une technique d'octaves et d'accords (qui lui permet de jouer Prokofiev par exemple) que de bons doigts (l'égalité et le legato dans Mozart demandent un travail permanent, et restent moins "solides" si on a commencé tard)
Pour l'exemple du 2ème prélude du CBT cité par mieuvotar, je pense que le blocage qu'il signale est plutôt lié à un blocage mental, entretenu par des efforts répétés pour "passer" le trait. Pour moi c'est le genre de trait que tout le monde peut arriver à jouer car il ne demande pas d'opération cognitivo-motrice complexe. Nous avons tous en tête des passages que nous avons pensé ne jamais pouvoir jouer même en travaillant et où ça a fini par se débloquer. Le jour où on comprend pourquoi ça se débloque à ce moment-là et pas avant on augmente considérablement sa marge de progression.
Quant au problème de "l'intelligence musicale qui saturerait" évoqué par _Julien, il me paraît lié à l'intérêt qu'on porte réellement à la musique. Je suis certain qu'élargir son horizon musical en écoutant de nombreuses œuvres de style différents pour des instruments différents fait partie de la progression de tout musicien.
Pour le temps à passer, il faut être conscient du fait que la progression est asymptotique. Effectivement il y a un moment où les progrès deviennent de moins en moins palpables bien que tout à fait réels, avec des obstacles qui peuvent résister longtemps. Pour prendre une image simple je pense qu'il y'a autant d'écart entre un génie du piano comme Gilels et un bon pianiste lambda qu'entre ce pianiste et un débutant.
Bach disait à peu près : "j'ai beaucoup travaillé pour apprendre à composer, quiconque travaillera autant pourra en faire autant". Eh bien ce n'est pas vrai (je pense que vous êtes tous d'accord), mais quiconque travaillera autant arrivera quand même à composer une fugue correcte.
Line-Marie

Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Line-Marie »

:D en résonance avec le sujet, un extrait du livre Musicophilia (la musique, le cerveau et nous) d'Oliver Sacks, neurologue australien: il évoque le cas du pianiste Léon Fleisher qui souffre depuis 1963 d'une dystonie de la main droite et qui l'obligea à interrompre sa carrière. Il se consacra à l'enseignement et à la direction d'orchestre. Dans les années 70 , il découvrit la cas du pianiste manchot Wittgenstein et il put grâce au répertoire de ce pianiste, reprendre sa carrière de pianiste interprète.
"Après avoir eu le sentiment d'avoir énormément perdu depuis qu'il ne pouvait plus jouer que de la main gauche, Fleisher en était venu à penser que si brillante qu'ait été sa carrière, il l'avait poursuivie si "machinalement" qu'une seule issue (en un sens) était envisageable: on donne des concerts, on joue avec des orchestres , on enregistre des disques... et puis on finit par faire une crise cardiaque en concert et on meurt!" remarquait-il. Il s'était dit par la suite que cette perte pouvait être l'occasion d'une "crise de croissance".
3 J'ai compris soudain que ce à quoi j'attachais le plus d'importance n'était pas la possibilité de jouer à deux mains, mais la musique[...] J'ai appris depuis les 3 ou 4 dernière décennies à moins me préoccuper du nombre de mes mains ou de celui de mes doigts : je suis revenu au concept de musique en tant que telle. L'instrumentation ne m'intéresse plus.....la substance et le contenu prime"

Oliver Sacks ajoute que Léon Fleisher ne s'est quand même jamais résigné à ne plus pouvoir jouer que d'une seule main. Grâce à différents traitements, il put rejouer avec ses deux mains à partir de 1996.
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Moderato Cantabile
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Moderato Cantabile »

JPS : tu parles d'or . =D>
"Il faut que cela soit si gai , si gai , que l'on ait envie de fondre en larmes ."
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BM607
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par BM607 »

(Nem) a écrit :Par rapport aux limitations physiques, je dirais juste qu'il me semble qu'une très bonne technique n'est certainement pas affaire de muscles (comment feraient certaines jeunes filles pour être de grandes virtuoses jouant des pièces que bien des hommes mûrs solidement bâtis seraient incapables d'aborder ?)...
Raccourci habituel et totalement faux.

Non pas que les muscles striés soient un facteur limitant, ça je n'en sais rien, mais le raisonnement qui consiste à assimiler capacités musculaires à force est limitatif, un coureur de fond de niveau mondial est gros comme une ablette avec des mollets qui font peur à voir et pourtant il a une musculature parfaitement optimisée pour ce pour quoi il l'utilise. Idem pour nombre d'autres sports, un sauteur en hauteur par exemple qui optimise parfaitement les mises en tension des muscles et tendons et leurs effets élastiques en une fraction de seconde, ainsi que la coordination des segments corporels (pour minimiser l'élévation nécessaire du centre de gravité) et qui a pourtant un IMC très bas (on n'utilise pas l'IMC pour les sauteurs d'ailleurs, c'est trop grossier, il y a un autre indice plus fin).

Quand on appuie sur des touches de 50 g il ne s'agit pas de développer 2500 W (puissance des meilleurs sprinters mondiaux, en course à pied, vélo sur piste...) mais d'aller vite et d'être précis, et de tenir la distance (sur des pièces virtuoses et un peu longues c'est clairement nécessaire).
Il faut également voir que quand on dit "les muscles" on sous entend souvent la chaine complète motrice, dont les facteurs limitants ne sont pas forcément le muscle proprement dit.
Et quand on entraîne "les muscles" on entraîne la chaîne complète : mobilisation de l'énergie nécessaire aux muscles, cellules de transformation de l'énergie, moyens d'évacuation de la chaleur, muscle strié proprement dit, coordination musculaire au niveau ad'hoc, qui peut être plus ou moins court (le circuit passant par les motoneurones et la moelle épinière est bien plus rapide que celui passant par le cerveau), retour de l'information via les nerfs sensitifs, etc..

Donc si on parle uniquement force du muscle strié sans sa chaîne de commande , évidement on peut tous (sauf en cas de maladie ou de défaillances physiques) exercer une force de 50 ou 100 g avec chaque doigt. Même pour un fff, et même si un déménageur pourra sûrement plus facilement appuyer fort sur les touches dans ce cas qu'une marathonienne de 43 Kg.
(Nem) a écrit :..mais plutôt d'utilisation extrêmement efficace de tout son corps, de relâchement..
Effectivement il y a donc nécessité de prendre en compte l'ensemble des chaînes motrices (main, bras, corps,....), et d'entraîner cet ensemble (un bon entraînement ciblant les facteurs limitatifs, les "maillons les plus faibles de la chaîne"), ce qui inclura nécessairement les muscles (on ne sait pas vraiment n'entraîner qu'une partie des chaînes de manière efficace sans à un moment ou un autre revenir à l'entraînement des chaînes complètes).

BM
Je ne crains pas le suffrage universel, les gens voteront comme on leur dira.
A. de Tocqueville
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