Donc, à mon avis, il faut écouter le morceau avant (éventuellement), jamais pendant et une fois qu'il est su, on peut se permettre d'écouter d'autres interprétations afin de trouver des idées intéressantes. Et vous, que faites-vous ?

Ca n'est pas forcément être présomptueux. D'une part, il n'y a pas vraiment (ou en tout cas rarement) d'évolution dans les interprétations. Chaque pianiste professionnel a sa manière de voir, d'interpréter, il ne va pas "plus loin" que ses prédécesseurs, il va simplement ailleurs (en général).Bergamotte a écrit : Tout d'abord, je trouverais ca hautement présomptueux de me sentir capable d'ignorer toutes les recherches qu'ont pu faire nos prédecesseurs. Ecouter des enregistrements, c'est connaitre l'évolution de l'interprétation de l'oeuvre, de la musique, ce qui est commun à tous et donc à retenir, ce qui ne l'est pas, et donc dans lequel on peut avoir plus de libertés, etc...
Pour moi, écouter un pianiste professionnel et se dire quelque chose comme " mais c'est nul, qu'est ce qui lui prend de faire ça, c'est totalement abérant, heureusement que je ne vais pas faire comme ça", ca c'est présomptueux pour le coupBergamotte a écrit : Ensuite... pour critiquer par le négatif! Ecouter une interprétation autre que la sienne est je trouve, du moins pour ma part, un des moyens les plus efficaces de savoir ce que nous on veut faire... en commençant par le j'aime pas " tiens, cette nuance, ça ne me plait pas du tout, je ne vais pas faire ça" ou alors " a ce tempo ca devient brouillon, donc je vais m'arrêter avant ça", ou encore " mais c'est nul, qu'est ce qui lui prend de faire ça, c'est totalement abérant, heureusement que je ne vais pas faire comme ça" ... Ca peut faire sourire, mais je ne trouve pas ça idiot du tout.
D'une part pour moi, construire une interprétation à partir de passages et de trucs qu'on aime bien chez les autres, ca n'est pas une bonne manière de procéder. On pense faire un truc personnel, et finalement ca n'est qu'un imbroglio de plein d'idées différentes qu'on pique à droite et à gauche, et qui ne s'accordent pas forcément. On s'efforce parfois par la suite de trouver une logique et un fil conducteur à cette mixture, mais ca ne vaudra jamais une interprétation totalement "libre" de toute influence (ou en tout cas influencée un minimum).Bergamotte a écrit : Enfin critiquer par le positif, retenir des idées " ah tiens, il fait ça celui là, je n'y aurais pas pensé, mais c'est vraiment superbe, je vais y réfléchir et voir comment moi je vais me sortir de cette idée", ou alors " de loin, ce tempo est vraiment parfait, c'est ce que je VEUX entendre, même si mes doigts veulent aller plus vite, il faudra que je me tienne à ce tempo".
Bien sûr, plus grande est la palette d'enregistrements que l'on écoute pour une même oeuvre plus ce travail sera bénéfique. Je ne sais pas vous, mais moi je ne peux pas écouter un seul morceau sans me dire " ah non moi je ferais plutôt comme ci, comme ça, je préfère ce tempo" etc etc, écouter les autres permet de faire ressortir NOTRE propre interprétation, et plus facilement qu'en se penchant juste sur notre partition et en ignorant le reste du monde![]()
Bon, à la relecture cela peut paraitre une leçon de morale, mais non je donne juste mon avis ne vous inquiétez pas ^^
Je pense que là dessus tu te trompes ( oui je sais ça n'engage que moi, mais pour avoir eu un certain nombre de longues discussions avec des profs à ce sujet, je ne suis pas la seule à le penser ^^). Encore une fois, ce que tu dis vaudrais pour quelqu'un par exemple qui est totalement débutant en musique, ou qui ne connais rien à la musique. Mais à partir du moment que l'on travail sa culture musicale, et le répertoire musical le plus vaste possible , alors ca devient faux. Déjà, pouvoir dire " ca j'aime" , en réalité cela implique " j'ai réfléchi à la chose, et cette vision correspond à ce que moi je veux entendre". Ensuite, partant de ce principe, il y aura automatiquement une cohérence avec les autres choses que l'on aime. Et pour finir, je n'ai jamais dit de copier bêtement, tout simplement parce que c'est impossible ^^ . Une interprétation libre de toute influence, ca n'existe pas, et si ca existait, ca serait sans doute parmis les pires interprétations ^^ la musique c'est quelque chose qui se transmet de générations en générationsD'une part pour moi, construire une interprétation à partir de passages et de trucs qu'on aime bien chez les autres, ca n'est pas une bonne manière de procéder. On pense faire un truc personnel, et finalement ca n'est qu'un imbroglio de plein d'idées différentes qu'on pique à droite et à gauche, et qui ne s'accordent pas forcément. On s'efforce parfois par la suite de trouver une logique et un fil conducteur à cette mixture, mais ca ne vaudra jamais une interprétation totalement "libre" de toute influence (ou en tout cas influencée un minimum).
Je ne comprends vraiment pas ton lien avec la mesure... je parlais de ça récemment avec un chef, qui travaillait sur la première symphonie de Brahms, qui me disait avoir écouté pas loin de 25 interprétations différentes, en étudiant ce que faisait chacun. Et c'est pas un débutant hein^^ Nécessaire justement de savoir ce que les autres ont fait, ce qui reste, ce que l'histoire transmet, et il n'y a aucun phénomène de saturation, c'est un travail comme un autre dans la préparation d'un oeuvre.D'autre part lorsqu'on fait un travail d'écoute important, qu'on écoute plusieurs enregistrements d'une oeuvre, on finit en général par être saturé, on ne sait plus ce qu'on aime ou ce qu'on n'aime pas, ce qu'il faut ou ne faut pas faire etc...Un peu comme quand on travaille une mesure encore et encore et encore, elle finit par perdre toute musicalité pour ne devenir qu'une série de note, et le passage finit par être dénaturé. Pour moi ces écoutes doivent se faire au fil de l'eau, au fil des mois, voire des années, lorsqu'on tombe dessus, ou qu'on a envie d'écouter le morceau. Mais pas pour se forcer à faire un véritable travail de recherche.
Encore une fois, écouter d'abord les autres permet d'autant plus d'avoir une version qui nous est propreLe mieux pour moi, c'est de trouver d'abord sa propre interprétation, et seulement ensuite d'écouter ce que font les autres. Ca nous permet au moins d'avoir une version qui nous est propre, et qui n'est pas polluée par tous les enregistrements qu'on a écouté. Ensuite on peut toujours la perfectionner en écoutant ce que font les autres, et en se disant effectivement "tiens ca sera peut-être mieux comme ça".
Non, non, j'avais bien compris (c'est quand même le titre du topic...Bergamotte a écrit :Je suis plutôt daccord, mais on ne parle pas de la même chose, tu parles d'écouter pour le plaisir,je parle de l'écoute qui fait partie du travail sur un morceau![]()
Peut-être (encore que dire qu'on n'inventera jamais rien, c'est un peu exagéré quand même hein, on n'a, Dieu merci, pas encore fait le tour des interprétations des oeuvres pour piano, mêmes les plus jouées). Mais ce qui compte, c'est de trouver cette interprétation par nous même, pas suite à l'écoute d'un autre.Bergamotte a écrit :Mais de toute façon, quoique tu fasses, tu n'inventeras jamais rien, il y aura toujours quelqu'un qui a joué telle mesure comme toi quelque part.
Ben non, pas pour moi, je ne pense pas manquer de personnalité, mais se permettre de dire par exemple d'une interprétation de Richter qu'elle est "nulle", c'est stupide selon moi. On ne parle pas de n'importe qui, il y a forcément quelque chose à retirer de cette interprétation. Si on n'aime pas, c'est que quelque chose nous échappe. Ca vaut le coup d'y réfléchir et de chercher pourquoi il joue de telle manière.Bergamotte a écrit : Ensuite, si on est pas capable au fond de soi ( je dis pas de le crier sur tous les toits), de trouver la façon dont tel interprête joue cette mesure nulle, c'est...un manque de personnalité, très français de dire " mais si il fait ca , il y a réfléchit, il y a forcément une bonne raison"... dire que c'est nul n'engage que soit, et est une marque justement qu'on a une idée très précise de l'interprétation, et qu'on a sa propre personnalité musicale... quelqu'un qui trouve tout bon, n'a juste pas de courage et est trop embrigadé dans le système ( très français encore une fois) de dire que si il le fait c'est qu'il a une raison, donc que c'est bon; ou juste n'a pas encore de personnalité musicale développée. Ce n'est en aucun cas une marque de prétention de trouver une interprétation nulle : on peut très bien avoir totalement tord, mais penser qu'un truc est nul suppose d'avoir notre idée précise, d'y avoir longtemps réfléchit.
Tu penses donc vraiment par exemple que Martha Argerich ou les autres grands interprètes écoutent 50 CD pour trouver leur interprétation ? Cela m'étonnerait beaucoup. Pour moi, rien ne dénature autant une oeuvre qu'une écoute en boucle d'interprétations totalement différentes. Chaque interprétation véhicule un message, transmet une vision d'une oeuvre. Le but n'est pas d'écouter des interprétations et ensuite de se dire "oui c'est cette idée là de l'oeuvre qui me plaît, c'est celle la que je veux rendre", il ne s'agit pas d'un QCM, il ne devrait pas y avoir de "choix". Il faut comprendre ce qu'on veut dire NOUS, afin de pouvoir l'exprimer. Ensuite, d'autres écoutes peuvent nous aider à l'exprimer, il est vrai.Bergamotte a écrit :Je pense que là dessus tu te trompes ( oui je sais ça n'engage que moi, mais pour avoir eu un certain nombre de longues discussions avec des profs à ce sujet, je ne suis pas la seule à le penser ^^). Encore une fois, ce que tu dis vaudrais pour quelqu'un par exemple qui est totalement débutant en musique, ou qui ne connais rien à la musique. Mais à partir du moment que l'on travail sa culture musicale, et le répertoire musical le plus vaste possible , alors ca devient faux.D'une part pour moi, construire une interprétation à partir de passages et de trucs qu'on aime bien chez les autres, ca n'est pas une bonne manière de procéder. On pense faire un truc personnel, et finalement ca n'est qu'un imbroglio de plein d'idées différentes qu'on pique à droite et à gauche, et qui ne s'accordent pas forcément. On s'efforce parfois par la suite de trouver une logique et un fil conducteur à cette mixture, mais ca ne vaudra jamais une interprétation totalement "libre" de toute influence (ou en tout cas influencée un minimum).
Pas forcément, tu peux être surpris d'une interprétation, et te dire "c'est génial, ca n'est pas du tout comme ça que je jouerais mais c'est génial". Parfois on aime mais il ne faut surtout pas essayer de rendre la même chose, comme je l'ai indiqué dans les exemples ci-dessus. Cziffra, Pogorelich, François, Gould etc...sont géniaux justement par leur forte personnalité qui fait que leur interprétation ne ressemble à aucune autre.Bergamotte a écrit : Déjà, pouvoir dire " ca j'aime" , en réalité cela implique " j'ai réfléchi à la chose, et cette vision correspond à ce que moi je veux entendre".
Bergamotte a écrit : Ensuite, partant de ce principe, il y aura automatiquement une cohérence avec les autres choses que l'on aime. Et pour finir, je n'ai jamais dit de copier bêtement, tout simplement parce que c'est impossible ^^ . Une interprétation libre de toute influence, ca n'existe pas, et si ca existait, ca serait sans doute parmis les pires interprétations ^^
Bergamotte a écrit : la musique c'est quelque chose qui se transmet de générations en générationsOu alors c'est qu'on est dans son coin sans jamais avoir écouté la moindre chose, mais on est forcément pas un bon musicien.
Mais noooooooooooon ! J'ai plein d'amis dans au CNR/CNSM, certains (une minorité quand même) passent effectivement leur vie dans les bouquins, la théorie, l'analyse, les écoutes, les concours etc...et d'autres au contraire sont plus détachés, ils sont justement un peu dans leur monde, mais que j'aime quand ils m'y emmènentBergamotte a écrit : Il suffit de voir juste la différence, à niveau technique égal, entre quelqu'un qui aime apprendre, qui écoute beaucoup de musique, qui lit des livres sur l'art , etc, et quelqu'un qui n'a jamais ouvert un livre de sa vie ni écouter un CD, je crois que le résultat serait assez hallucinant![]()
Et quand tu écoutes ton propre enregistrement où tu fais attendre cette note, ca ne te fait pas bizarre ? Si oui, quel intérêt d'écouter la même chose chez un autre, vu que l'écoute de ta propre version suffit ? Si non, c'est que peut-être que ta manière de jouer convient mieux, et que dans TON interprétation, le fait de faire attendre cette note passe tout à fait bien.Bergamotte a écrit : Bon plus concrêtement : pour la critique négative. Ca marche de deux façons principalement.
L'avantage du disque est je pense, une écoute objective, et qu'il est plus facile de critiquer les autres que soit même. Admettons, je suis dans tel morceau, et puis sur ma partition je me dis que "tiens si je faisais attendre cette note, ca pourrait être bien" , tu le fais, tu trouves ça pas mal. Puis tu écoutes un disque, et bien sûr il faut partir du principe que chacune de nos idées, il ya au moins 1000 pianistes ailleurs dans le monde qui y ont pensé (encore une fois, on invente rien ), et puis là on entend un inconnu retenir, faire attendre cette note. Et puis on se dit " finalement je m'en rendais pas compte, mais ça fait vraiment bizarre de l'extérieur, je vais la rejouer en mesure alors".
Bergamotte a écrit : Ou alors : tu écoutes un disque , tu trouves un passage mauvais joué comme il est , et alors tu te dis " bon dieu, ca c'est vraiment moche comme ça, il va falloir que je trouve ma façon de faire, mais alors surtout pas comme ca ! "
Comment ça "ce qui reste" ? Si tu te rends compte que c'est "déjà pris" tu laisses tomber ?Bergamotte a écrit :Je ne comprends vraiment pas ton lien avec la mesure... je parlais de ça récemment avec un chef, qui travaillait sur la première symphonie de Brahms, qui me disait avoir écouté pas loin de 25 interprétations différentes, en étudiant ce que faisait chacun. Et c'est pas un débutant hein^^ Nécessaire justement de savoir ce que les autres ont fait, ce qui reste, ce que l'histoire transmet, et il n'y a aucun phénomène de saturation, c'est un travail comme un autre dans la préparation d'un oeuvre.D'autre part lorsqu'on fait un travail d'écoute important, qu'on écoute plusieurs enregistrements d'une oeuvre, on finit en général par être saturé, on ne sait plus ce qu'on aime ou ce qu'on n'aime pas, ce qu'il faut ou ne faut pas faire etc...Un peu comme quand on travaille une mesure encore et encore et encore, elle finit par perdre toute musicalité pour ne devenir qu'une série de note, et le passage finit par être dénaturé. Pour moi ces écoutes doivent se faire au fil de l'eau, au fil des mois, voire des années, lorsqu'on tombe dessus, ou qu'on a envie d'écouter le morceau. Mais pas pour se forcer à faire un véritable travail de recherche.
Ouiii je suis d'accord, encore que "il faut" c'est un peu tranché. Encore une fois ca dépend de la personnalité de chacun, et on ne peut pas reprocher à quelqu'un qui n'aime pas écouter et lire de ne pas le faire, et ca ne veut pas dire qu'il sera mauvais pour autant.Bergamotte a écrit :Encore une fois, écouter d'abord les autres permet d'autant plus d'avoir une version qui nous est propreLe mieux pour moi, c'est de trouver d'abord sa propre interprétation, et seulement ensuite d'écouter ce que font les autres. Ca nous permet au moins d'avoir une version qui nous est propre, et qui n'est pas polluée par tous les enregistrements qu'on a écouté. Ensuite on peut toujours la perfectionner en écoutant ce que font les autres, et en se disant effectivement "tiens ca sera peut-être mieux comme ça".Passé un certain niveau il est certain. Mais même pour les débutants, l'imitation n'est-elle pas la base du moindre apprentissage, dans n'importe quel domaine?
Il faut se nourrir de la musique, il faut connaitre le plus de chose possible, le plus de solutions possible, avoir de la culture, lire, écouter, si l'on veut être un bon musicienVoilà, c'est mon avis ( qui est tranché certes, mais vous pouvez à votre gré l'adoucir ^^)
Hello mister JLJean-Luc a écrit :Non, non, j'avais bien compris (c'est quand même le titre du topic...Bergamotte a écrit :Je suis plutôt daccord, mais on ne parle pas de la même chose, tu parles d'écouter pour le plaisir,je parle de l'écoute qui fait partie du travail sur un morceau![]()
).
Même quand je travaille un morceau et que j'écoute un enregistrement, je n'y cherche pas des idées. J'essaie de voir comment le pianiste gère la cohérence du morceau. En réalité, quand je travaille un morceau, je ne l'écoute pas souvent en disque... car déjà si je le travaille, je l'entends suffisamment comme ça...
Non, c'est pas les vacances du tout... J'écris pendant ma pause déjeûner (tu noteras l'heure, heinnox a écrit : tu bosses pas aujourd'hui ? C'est les vacances ?
Mais de rien, de rien. Même si on n'est pas d'accord, le forum est fait pour ça...Bergamotte a écrit :Bon voilà, je crois qu'on s'est tout dit , ce petit débat fut un plaisir, merci bien messieurs![]()