Je vais mettre un peu les pieds dans le plat, en me faisant un peu l'avocat du diable
A quoi cela sert-il de se documenter sur l'état d'esprit du compositeur quand il a écrit sa pièce ?
J'ai bien lu et compris ce que vous avez écrit, mais cela nous mène où ?
A respecter l'intention de l'auteur ? Balivernes !
Si tel était le cas, vous rejetteriez toutes les transcriptions et réductions d'orchestre, car elle trahissent à coup sûr l'intention de l'auteur...
Et puis interpréter l'intention d'un compositeur mort s'il ne les a pas lui-même exprimées (éventuellement sur la partition, comme c'est parfois le cas), c'est un jeu hasardeux.
Cela me fait penser aux interprétations de textes, en cours de Français, quand j'étais au lycée, où on devait discourir pendant 3 pages minimum sur les intentions de tel ou tel poète, ou écrivain. Toute interprétation qui sortait du cadre officiel était immédiatement raillée et sanctionnée.
Si on prend le premier mouvement de cette sonate en ut mineur de LvB, qu'est-ce qui prouve que c'est une marche funèbre, et pas une balade romantique au clair de lune ?
Le fait qu'il était malheureux en amour à cette époque, et qu'il devenait sourd ?
Peut-être avait-il simplement envie de se remonter le moral en décrivant une balade romantique. Ou peut-être avait-il été ému par un couple d'amoureux et qu'il en avait oublié pour un temps ses propres malheurs.
Allez savoir... Il est mort et ne peut rien démentir ni confirmer...
Ce que je veux dire, c'est que l'interprétation ne doit pas, à mon sens, être cadenassée par ce que certains imaginent des intentions du compositeur. Elle devrait avant tout être inspirée par la partition elle-même, et par la sensibilité du pianiste.
Sauf peut-être si ce que l'on joue est la partition originelle (une édition Urtext, au moins), jouée sur l'instrument pour lequel elle a été écrite, accordé de la manière dont on le faisait à l'époque où elle a été écrite...
Je caricature un peu ma pensée, là. Le but étant de susciter le débat.
(surtout que l'interprétation de la sonate au clair de lune qui me parle le plus est celle de W. Kempff, donc pas très "balade romantique"

)