reprendre le piano

Théorie, jeu, répertoire, enseignement, partitions
Répondre
vcnzo
Messages : 20
Enregistré le : jeu. 25 juin, 2009 10:32

reprendre le piano

Message par vcnzo »

Bonjour à tous,

J'ai 30 ans et depuis 2 mois j'ai repris le piano, après une "pause" d'un peu plus de 10 ans.
J'ai commencé le piano vers 8 ans ou 9 ans, pour arrêter à 18 ans, études oblige. Peu de temps après j'ai revendu mon piano droit, et j'ai donc arrêté complétement à ce moment là.

Il y a 2 mois, pris d'un besoin soudain, j'ai investi dans un piano numérique haut de gamme, et ressorti mes partitions que je gardais amoureusement. Pas trop de problème pour me remettre aux morceaux les plus "simples", mais par contre j'ai quelques difficultés à rejouer les morceaux un peu plus exigeants (en ce moment c'est sur la Fantaisie Impromptue de Chopin que je travaille).

Y a t'il des personnes parmi vous qui sont, ou ont été, dans une situation similaire à la mienne ? comment s'est passé votre retour au piano ? avez vous réussi à retrouver ou dépasser votre niveau de l'époque ? en combien de temps vous etes vous remis à flot ?
Avatar du membre
xavleb
Messages : 96
Enregistré le : lun. 16 mars, 2009 17:25
Mon piano : Sauter 112, Nord Stage 2
Localisation : Bretagne

Re: reprendre le piano

Message par xavleb »

Salut vcnzo, je pensais justement faire un post sur le même sujet, alors je me permets de venir me greffer sur le tien, en espérant que d'autres viendront l'alimenter aussi.

Il y a deux mois environs je lançais un post sur thème « j’ai enfin trouvé mon piano » afin de faire partager ma recherche, que dis-je, ma « quête » de l’instrument qui me permettrait de me remettre à la musique (cf. « Sauter 112H vs Yamaha U3 »).
Depuis, le piano trône dans le salon, clavier ouvert, pas encore bien juste mais « fonctionnel » (mécanique réglée), m’invitant sans cesse à venir jouer avec lui.

Son dynamisme et la richesse de sa couleur sonore ne cessent de m’étonner.

Mais si sa mécanique a été réglée, ce n’est pas encore le cas de la mienne !

Voici donc un petit état des lieux, deux mois plus tard, des dégâts dus à deux ans d’interruption et, selon moi, à dix ans de clavier numérique, en espérant que certains se retrouveront dans cette expérience et viendront alimenter ce post de leurs réflexions.
L'interruption n'est pas aussi longue que la tienne, mais significative quand même.

Première étape, remettre la main gauche en route.
Habituée a ne plaquer que des accords ou presque pendant des années, cette dernière se trouve un peu sclérosée….bah, quelques heures de Hanon et de Czerny et il y parait déjà moins. Ah, oui, le Hanon, c’est marrant, la main gauche sonne a peu prés bien jusqu’à ce qu’on arrête de jouer la main droite. Non pas que cette dernière couvre la main gauche, mais lorsque l’on joue les deux mains, la gauche semble se calquer sur l’autre comme par mimétisme. Lorsqu’elle se retrouve à jouer seule, il semblerait que de nouvelles connexions neuronales se mettent en place avec difficulté. A creuser…
Moins fastidieux mais non moins frustrant, aller chercher des notes éloignées de la main gauche. Nocturnes de Chopin ou ragtime type Elite Syncopations de Scott Joplin (a jouer à 96 à la noire, au moins, sinon ce n’est pas drôle au tempo original).
Enfin, j’ai lu un interview/leçon de piano par l’excellent Bill Carothers qui préconise tout simplement de jouer des gammes sur 4 octaves des 2 mains, dans les 12 tonalités.
Si l’on veut faire durer le plaisir, on peut aussi décliner les différents modes dans chaque tonalité…pour la joie de toute la famille qui profite des ratés.

Seconde étape, régler la mécanique.
Là, c’est plus délicat, ça suppose une phase d’observation et d’auto-analyse pas évidente…
Pour moi, j’ai décelé que dans l’effort une crispation difficile a contrôler conduisait l’index de ma main gauche a se dresser lorsque inutilisé. Contrariant. J’y travaille encore.
Sur ce sujet toute suggestion sera particulièrement bienvenue !
L’égalité des doigts : vaste sujet. Il me faut aujourd’hui encore un bon échauffement avant d’arriver à un résultat convenable. En travaillant mon Czerny, j’ai noté qu’avoir une vision globale du phrasé, imprimer une direction, une intention aidait beaucoup au résultat global. Dans un premier temps j’ai pas mal bloqué sur les difficultés techniques, cherchant à les vaincre par un travail de répétition et de concentration acharné. Je réalise aujourd’hui que le fait de vouloir traduire une intention (même dans un exercice) permet de ne plus considérer l’aspect technique que comme un moyen et non comme une fin.
Du coup, un certain nombre de difficultés s’effacent comme par magie.
Le passage du pouce. Complètement rouillé après deux ans et surtout après des années de numérique. Sur mon clavier numérique, la moindre pression déclenche un son, avec au final assez peu de différence en termes d’interprétation (difficile de jouer vraiment pianissimo ou vraiment forte). Du coup, le passage du pouce est facilité. Au piano, des notes mortes.
Après avoir longtemps creusé la question de la souplesse, il s’avère que le phénomène est lié à un manque de dextérité du 3ème et 4ème doigts, un manque de régularité. Le 3ème doigt traine sur le clavier. Après vingt minutes de Hanon, sans travailler le passage du pouce, juste des exercices 1 à 31, les gammes passent toutes seules. On peut enchainer sur le Czerny qui devient une partie de plaisir (mais pas au tempo indiqué, il ne faut pas déconner, quand même, qui joue à cette vitesse ???).
Du coup j’en reviens encore une fois au Hanon, je le travaille parfois en triolet (l’intérêt de marquer le temps différemment, de faire travailler la main autrement), je l’harmonise de temps en temps, dans une tonalité ou un mode choisi au hasard, ou en changeant d’un exercice à l’autre selon le cycle des quintes, ou en changeant à chaque mesure, etc… Il y a de quoi s’amuser.
La sensibilité : tout est a revoir après le numérique, surtout le pianissimo…j’ai adopté un vrai toucher de bourrin, il va falloir bosser la dessus. J’ai appris récemment l’astuce de jouer à fond de clavier pour limiter la pression, ça peut sembler fou, mais je n’avais jamais essayé ça avant, c’est pas si évident qu’il y paraît quand on n’a pas pris l’habitude…

Troisième étape : remettre le cerveau en route.
La plus difficile.
Arriver a comprendre instantanément ce que l’on joue, la progression harmonique, la résolution des tensions, les substitutions… J’ai (encore) regardé le DVD de Jarrett « Standarts vol. I et II » hier soir. Ses doigts sont directement reliés à son cerveau, c’en est impressionnant. Les idées sont directement transformées en musique sans réflexion préalable, tout est en direct, et tout est personnel, chaque note a un sens inédit. Que ceux qui classent le jazz dans la catégorie de la musique idiomatique s’achètent le DVD, ça va faire claquer quelques portes dans leur esprit !
Pour moi, pour l’instant, exercices de transposition, notation, improvisations ratées en attendant la bonne (soit l’idée est là et le tempo s’en va, soit c’est carré et vide de sens…il y a encore du boulot).

Quatrième étape : améliorer la mémoire.
J’essaye d’apprendre le Nocturne de Chopin en Eb, le n° 9 je pense…
L’objectif est double.
D’abord apprendre des grilles par cœur, c’est la clef pour jouer librement sans avoir a se référer sans cesse a une partition, on peut se concentrer pleinement sur ce que l’on fait. L’idéal serait même d’avoir le thème en tête alors que l’on joue autre chose…
Ensuite, plus bêtement, l’idée c’est de pouvoir jouer quelque chose sans avoir a lire la partoche et épater la galerie lorsque l’on est sollicité (Oh, tu as un nouveau piano, joue nous quelque chose…. Seulement voilà, moi je déchiffre à vue pour le plaisir ou j’improvise mais là il faut l’inspiration, et en public ce n’est pas évident).
C’est un peu vain mais c’est bon pour l’égo… et puis ça aide a atteindre le premier objectif, alors…

Cinquième étape : développer le chant intérieur ?
Il reste beaucoup d’étapes avant de devenir un vrai musicien, capable de communiquer avec d’autres et de transmettre ses émotions au travers de son instrument, mais je vais déjà me consacrer à celles-ci, pour avancer pas à pas vers cet objectif qui ressemble plus à un idéal qu’à une réalité aujourd’hui…

En clair, vcnzo, non, le niveau initial n'est pas encore de retour, mais ça reviens plus vite que je ne pensais...
A ceux qui ont eu la patience de lire ce post jusqu’au bout (et à ceux qui y apporteraient leurs réflexion), merci.
Répondre