Il n'y a aucune tromperie, peut-être ?
TOUS les pianos avec des noms allemands sont à priori fabriqués en Asie, sauf les quelques marques très connues et encore, souvent seulement les modèles les plus chers. Au plus c'est cher, au moins il y a de questions.
C'est pas plus simple comme ça ?
En fait, comme n'importe quel objet industriel, ce qui fait la qualité du piano, c'est combien on choisit de mettre dans la fabrication, combien on peut le vendre, et combien on accepte de gagner dessus. (en plus de la préparation par le vendeur local, mais c'est pareil, combien de temps accepte-t-il de dépenser sur un piano vendu ?)
On peut choisir de vendre au moins cher en construisant au moins cher et être parfaitement viable, si on en vend assez.
La qualité sera minimale mais adaptée au marché, n'importe quel jeune diplômé est capable de calculer ça.
Il n'y a aucune moralité, juste une logique industrielle et un calcul de rentabilité (mot clée: Optimisation).
Il se trouve qu'en ce moment, la rentabilité maximale est en Chine. (en fait, ce n'est plus vrai, la Chine devient trop chère et délocalise en Indonésie, au Viet Nam)
Par exemple, ou plutôt en contre-exemple, concernant le savoir faire, que penser de Blüthner qui a été entièrement détruit pendant la guerre, a fabriqué de "bons pianos d'Europe de l'est" pendant 50ans, et est redevenu un très grand en quelques années ? Mon avis est qu'ils sont devenus bons dès qu'ils l'ont voulu, car ils pouvaient vendre très cher grace à leur nom. Ils reviennent pourtant d'aussi loin qu'un Samick ou qu'un Pearl River d'il y a 20 ans.
Il ne faut pas penser que les Chinois soient plus cons que nous (surtout quand on compare nos productions nationales de pianos respectives). Leur civilsation est ancienne et brillante, et ils apprennent vachement vite.
Lorsqu'une entreprise décide de construire de bons pianos à un cout de revient compatible avec une qualité correcte, les Chinois sont parfaitement capables de le faire mieux et pour moins cher qu'en Europe. (Actuellement, car dans quelques années, lorsque les chinois auront pris en compte leurs problèmes de retraite, de converture sociale et écologiques, il seront au même prix que nous, et ça va aller bien plus vite que nous l'imaginions il y a 20 ans).
(Incidemment, fabriquer un écrant plat ou un processeur ou un composant mémoire est un process extrèmement complexe.)
Lorsque la-dite entreprise est réputée sur son secteur, elle ne va pas risquer de salir sa réputation en vendant un produit de (trop) mauvaise qualité.
Donc au niveau de l'acheteur moyen, que le piano soit fait en Chine ou à Leipzig ou Hambourg avec des pièce fabriquée localement ou importées, ce n'est pas le problème tant que le piano correspond à la combinaison "service rendu/service attendu/invertissement consenti". Le problème, c'est quand l'acheteur s'imagine acheter un produit de luxe qui le valorisera aux yeux des voisins (à ranger dans les services attendus) et qu'il découvre que son produit est moins valorisant qu'il ne le pensait. L'acheteur se sent trompé et considère sa virilité remise en cause. (étant entendu qu'un piano à 5000€, quel que soit son nom, ne peut pas plus être européen qu'un sac de grande marque à 50€ ne peut être authentique, ce que n'importe quel acheteur de bonne foi ne peut plus feindre ignorer.)
Donc ta vraie question, c'est qu'est ce qu'on achète avec un piano ? (en plus de ses qualités d'instrument, bien sûr...)
Comme dans une voiture, on y met sa représentation sociale, un image de soi, du fantasme... On compense ses insastisfactions, on sublime ses névroses...
Dans ce sens, un piano authentiquement allemand, au même titre que certaines voitures, peut être une satisfaction particulière.
(Je suis en forme aujourd'ui, non ?

)
Bon, j'exagère un peu, mais pas tant que ça, quand on écoute les accordeurs qui connaissent tous des pianos hors de prix chez des particuliers qui ne sont jamais joués, et le nombres de vieux pianos dans les familles bourgeoises qui n'ont jamais été là que pour la décoration.
Concernant la disparition du milieu de gamme, c'est aussi comme la voiture, l'entrée de gamme n'existait simplement pas il y a quelques dizaines d'année car un piano coutait plusieur années, puis mois de salaire moyen.
Toujours comme la voiture, beaucoup de premiers prix d'aujourd'hui (dans les convenables) sont globalement aussi bien (adaptés au besoin) que les moyens de gamme d'alors. C'est donc plus le milieu de gamme qui est descendu vers le bas que le bas de gamme qui tue le moyen. (Les pianos anglais pourris et les tout premiers prix injouables asiatiques/russes/etc... ne sont probablement pas représentatifs de l'évolution du marché, mais des arnaques qui ont marqué les esprits )
Concernant l'argument tout à fait juste d'Olek sur la perte lors de la revente, si j'achète aujourd'hui un u3 à 8000€, je le revendrai au mieux 5000€ dans 5 ans.
Si j'achète un chinois à 3500€, je le refourguerai toujours 500€ sur ebay. Dans les 2 cas, je perdrai 3000€. Profiter d'un meilleur piano vaut-il l'effort de sortir autant d'argent ? Ça dépend de mes priorités, si je préfère ou pas avoir la bagnole ou les vacances, mais pour faire débuter un gosse dont on sait pas s'il va accrocher, un chinois correct... C'est sûr que s'il y a déjà un piano de famille dans la maison, ce n'est pas pareil.