Scènes d'enfants de Schumann

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Jean-Luc
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par Jean-Luc »

André Quesne a écrit :Je pense que si j'ai un peu de temps, je les enregistrerai aussi. Je devais déjà le faire...
Oui, c'est vrai ça hein... On attend depuis si longtemps, vu la qualité des enregistrements déjà postés... :wink:

Rubato, j'écouterai tes enregistrements dès que je rentre à Paris.
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André Quesne
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par André Quesne »

Bonjour Jean-Luc,

Oui, je les ai laissé tomber par négligence et manque de temps alors que je les jouais par coeur. Il faudrait que je me les remette dans les doigts mais je suis sur autre chose actuellement que je voudrais peaufiner.Toutefois j'y reviendrai si j'ai un peu de courage et un peu de temps.

Je pense que c'est la fin des vacances pour toi; je te souhaite bonne rentrée et bon piano...

A bientôt,

André.
Jean-Luc
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par Jean-Luc »

Qu'est-ce que tu es en train de peaufiner, André?

Sinon, c'est pas tout à fait la fin de mes vacances, il me reste encore une petite semaine... 8)
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André Quesne
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par André Quesne »

Ah ! Je me doutais que tu allais me poser la question J.L. Je joue Ständchen (transcrit par Liszt) par coeur mais vers la fin, il y a encore quelquefois des petits ratés et je cherche aussi la meilleure interprétation possible. Donc tu vois, encore un peu de travail pour une exécution que j'aimerais assez potable. Je me remets aussi dans les doigts l'Arabesque op18 de Schumann, une petite valse de Chopin et si mon temps le permet je voudrais bien reprendre toutes les Scènes d'enfants.

Bref, beaucoup de projets pour le temps qui m'est imparti...

A bientôt,

André.
Syl
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par Syl »

André Quesne a écrit :Je joue Ständchen (transcrit par Liszt) par coeur mais vers la fin, il y a encore quelquefois des petits ratés et je cherche aussi la meilleure interprétation possible. Donc tu vois, encore un peu de travail pour une exécution que j'aimerais assez potable. J
Moi aussi, c'est la fin qui m'a donné le plus de mal. Mais, ça y est, je n'accroche pratiquement plus et à l'audition de juin, c'est passé impec (ouf !) Ce que j'aime ce morceau, je ne m'en lasse pas.

A ce sujet, il semblerait que cet air ait servi de base à une chanson populaire. Ma mère s'est souvenu que mon grand-père la chantait très souvent (il chantait toujours en bricolant). Quelqu'un aurait-il une idée ? C'est peut-être pour cela que je l'aime beaucoup, à force de l'avoir entendu fredonner dans mon enfance...
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André Quesne
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par André Quesne »

Syl a écrit :
André Quesne a écrit :Je joue Ständchen (transcrit par Liszt) par coeur mais vers la fin, il y a encore quelquefois des petits ratés et je cherche aussi la meilleure interprétation possible. Donc tu vois, encore un peu de travail pour une exécution que j'aimerais assez potable. J
Moi aussi, c'est la fin qui m'a donné le plus de mal. Mais, ça y est, je n'accroche pratiquement plus et à l'audition de juin, c'est passé impec (ouf !) Ce que j'aime ce morceau, je ne m'en lasse pas.

A ce sujet, il semblerait que cet air ait servi de base à une chanson populaire. Ma mère s'est souvenu que mon grand-père la chantait très souvent (il chantait toujours en bricolant). Quelqu'un aurait-il une idée ? C'est peut-être pour cela que je l'aime beaucoup, à force de l'avoir entendu fredonner dans mon enfance...
Sur la partition qu'avait communiqué Dominique, il y a aussi une version plus facile. C'est la plus difficile que j'ai choisi et c'est surtout à l'avant denière page que j'ai quelquefois quelques petits ratés. Je travaille surtout l'interprétation; c'est une oeuvre qui doit chanter avec du rubato, de la respiration et aussi beaucoup de nuances.

Je ne sais pas si cette oeuvre a servi de base à une chanson populaire. C'est une sérénade de Schubert qui a été transcrite par Liszt pour le piano. En tout cas j'aime beaucoup.

J'ai posté il n'y a pas longtemps l'Ave Maria de Schubert transcrit par Liszt et interprété par un jeune pianiste. Je trouve cela magnifique; je ne sais pas si tu l'as écouté.

A bientôt,

André.
louna
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par louna »

J'avance aussi (lentement) dans les scènes d'enfants.

Et je les recherche TOUTES.
Composées en mars 1838.
Il en a écrit 30, n'en a retenu qu'une douzaine.
Où sont passées les autres ?
On en retrouve quelques traces dans les Bunte Blätter op99 et les Albumblätter op124.
Mais nous sommes loin de la grosse quinzaine espérée.

Donc, savez-vous s'il existe encore des traces de ces autres scènes ? Où ?
Il n'existe pas à ma connaissance de cahier identique aux variations symphoniques "posthumes".

J'aimerais bien pouvoir reconstituer tout son cheminement et retrouver ces 30 pièces.

Si quelqu'un pouvait m'éclairer, Merci par avance.
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dominique
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par dominique »

syl a écrit :A ce sujet, il semblerait que cet air ait servi de base à une chanson populaire. Ma mère s'est souvenu que mon grand-père la chantait très souvent (il chantait toujours en bricolant). Quelqu'un aurait-il une idée ? C'est peut-être pour cela que je l'aime beaucoup, à force de l'avoir entendu fredonner dans mon enfance...
"My serenade...", super slow des platter's début années 60...
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par louna »

dominique a écrit : "My serenade...", super slow des platter's début années 60...
Dominique, et ma question à moi, tu connais la réponse ?
Es-tu aussi callée en scènes d'enfants qu'en Platter's ? Fin des années "30"... :D
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Rubato
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par Rubato »

L'auteur de ce site semble dire que Schumann a composé 30 petites pièces et qu'il en gardé 13 pour les Scènes d'Enfants. Les 17 autres n'en seraient pas.
Le tempo rubato est comme le vent jouant dans le feuillage d'un arbre dont les branches ne bougent pas.
Franz Liszt.
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par louna »

Rubato a écrit :L'auteur de ce site semble dire que Schumann a composé 30 petites pièces et qu'il en gardé 13 pour les Scènes d'Enfants. Les 17 autres n'en seraient pas.
Merci Rubato.
Mais elles exustent bien ces 17 autres pièces (où ont existé).
Dans son journal, il disait bien qu'il en avait écrit 30 et qu'il n'en avait retenu qu'une douzaine pour son recueil.
Les 17 autres ne sont donc pas des "scènes d'enfants" mais font partie quand même de son travail de composition autour de ces piécettes.

On retrouve des traces de pièces d'écriture semblable dans les recueils que j'ai cité plus haut, datant de mars 1838.

Tu crois qu'il a jeté ces autres pièces ?

Comment savoir assi comment il a retenu ces petites pièces ?
Comme les variations symphoniques, il compose, retire des variations...
On doit bien pouvoir retrouver ces 17 autres scènes donc ?
Quant au mystère de la composition...
Il faut savoir aussi, ça peut être interessant lorsqu'on joue, qu'il a d'abord composé ces pièces, en a ensuite sélectionnées pour faire son recueil, et ensuite seulement, il a noté les titres.

Ca m'interesserait beaucoup de travailler sur ces pièces, pour pouvoir l'imaginer dans cette période.
C'était une période très noire pour lui, il écrit ces petites pièces, et contemporaines, les kresleiriana et les novelettes. C'est si contrasté !
J'aimerais tant pouvoir "revivre" cette année 1838 avec lui...
Syl
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par Syl »

dominique a écrit :
syl a écrit :A ce sujet, il semblerait que cet air ait servi de base à une chanson populaire. Ma mère s'est souvenu que mon grand-père la chantait très souvent (il chantait toujours en bricolant). Quelqu'un aurait-il une idée ? C'est peut-être pour cela que je l'aime beaucoup, à force de l'avoir entendu fredonner dans mon enfance...
"My serenade...", super slow des platter's début années 60...
Super :D Merci beaucoup Dominique.
Je vais demander à mon fils de me trouver ça quelque part. Je n'ai pas les Platters dans ma CDthèque :|
louna
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par louna »

6 ans avant la conception des scènes, Robert écrit à Clara :

11 janvier 1832

... Je sais que vous avez un cerveau et que vous comprenez votre lunatique "conteur d'histoires". Alors, chère Clara, je pense souvent à vous - pas comme un frère à une soeur, ni comme un ami à une amie, mais comme... Un pèlerin à la Madone !
Pendant votre absence, je me suis promené en Arabie pour trouver des contes de fées qui pourraient vous plaire, six nouvelles histoires de sosies, cent et une charades, huit devinettes fort drôles, et de terribles et merveilleuses hisoires de voleurs et celle du fantôme blanc, hou, hou... j'en tremble.


Ca ferait presque déjà penser aux scènes d'enfants, non ?

(Plus loin dans la même lettre, "Avez-vous composé ? Et quoi donc ? En rêve j'entends de la musique quelquefois : c'est vous qui composez."
22 ans plus tard encore, la musique, il ne cessera de l'entendre, les "anges" (ainsi que Schubert et Mendelssohn) lui dicteront même des mélodies... Jusqu'à n'entendre plus finalement que la même note répétée..."Mon pauvre Robert souffre atrocement. Tout bruit résonne en lui comme de la musique ! Selon lui, c'était une céleste mélodie, émanant d'instruments aux résonances merveilleuses, comme jamais on n'en entendit sur Terre.").
louna
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par louna »

1838 :

"Je voudrais que nos deux coeurs soient ouverts comme ceux d'une paire d'enfants qui n'ont aucun secret l'un pour l'autre."

3 janvier 1838 :
" Je suis de temps en temps, un être si impatient, si mécontent, si insupportble qui décidément tu me prends pour quelqu'un de trop bien. Si seulement je pouvais être à nouveau croyant comme je l'étais enfants ! J'étais un enfant heureux quand je cherchais encore des accords sur le piano ou des fleurs du jardin. C'est à ce moment là que je faisais les plus belles prières et les plus beaux poèmes. Je n'étais que poésie - mais on avance en âge - et aujourd'hui je voudrais jouer avec toi comme les anges jouent entre eux à travers l'éternité."
louna
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par louna »

Interessant à lire pour ceux qui voudraient aller plus loin dans leur travail chez Schumann...

http://www.up.univ-mrs.fr/wctel/cours/b ... mantis.htm
Le romantisme et ses thèmes
Je vais présenter divers thèmes récurrents dans le romantisme. Cela me semble nécessaire pour saisir l'opposition entre le classicisme et le romantisme, et cette opposition est elle même à saisir pour comprendre la dimension nouvelle à tout point de vue du roman et de l'univers des romans gothiques.

° Les thèmes et les mots clé importants du romantisme ( et on n'oublie pas la nature, la nuit, la condition de l'artiste, l'aspect religieux, le rapport à la modernité, à la Révolution etc)
d'après
je m'appuie sur Philippe Boyer. Le romantisme allemand MA éditions1985

La poésie:
C'est plus que le fait de composer des poèmes, c'est un état d'esprit. Dans le monde qu'ils rêvent et selon le mot bien connu" la poésie devrait être faite par tous et non par un" Pour Novalis, la poésie est en chacun de nous, le sens poétique est un sens du spirituel comme le sens mystique" plus une chose est poétique plus elle est vraie" Etre poète c'est donc une manière d'être dans le monde, singulière riche authentique et originale. Les formes littéraires seront multiples, mais certaines sont originales : le fragment et le conte mi poétique " le Märchen". C'est une littérature qui exalte la littérature populaire, qui recherche les contes les vieilles chansons d'autrefois et y puise des tons, des motifs des thèmes et du matériau. Mais outre les frères Grimm qui recueillent certains ne font que s'en inspirer. Le poète s'oppose au philistin, il méprise le bourgeois, le présent et rêve d'un monde plus riche et passé: exaltation de la renaissance et du moyen âge idéalisé où se situent les châteaux des romans gothiques.

Passé idéalisé

Ce passé qu'il idéalise il le projette dans une sorte d'âge d'or, qui est parfois le moyen âge, la Renaissance ou la Grèce antique, et divers pays ( Italie" connais tu le pays où fleurit l'oranger" ) chante Mignon dans le Meister de Goethe. L'âge d'or qui a été situé par les anciens avant ( ensuite ce furent les ages de bronze puis le notre qui est l'âge de fer semblait perdu cf Lucrèce). Puis les utopies du XVIII° siècle et Rousseau avec Le contrat social montre qu'il est possible de rebâtir un monde sans haine, mais il demeure au niveau politique économique comme les utopistes. Pour les romantiques l'âge d'or est possible maintenant. Il est en relation avec l'enfance ( de même l'age d'or était l'enfance de l'humanité). Cet âge d'or est aussi le pays que visite le poète et où il vit en un songe qui pour lui ne se différencie pas de la vie réelle cf Nerval Aurélia " L'épanchement du songe dans la vie réelle".ou l'Atlantide du Vase d'Or de Hoffmann. Une géographie originale où" le chemin mystérieux mène vers l'intérieur"(Novalis) Cet intérieur, cet âge d'or (qui est un âge où les contradictions sont abolies) il le nomme"la fleur bleue" et c'est vers lui que va Henri D''Ofterdingen dans le livre éponyme de Novalis.
Dans les romans gothiques c'est à ce passé idéalisé qu'on fait référence. Lire la préface du Château d'Otrante

Le Märchen

Les romantiques,,par opposition à l'art savant (classique) qu'ils trouvent influencé par la culture française, vont se ressourcer dans les traditions populaires. Ce seront les contes dit de Grimm ainsi que Le cor enchanté de l'enfant d'Arnim et Brentano. On verra la continuation de cette recherche dans Les maîtres chanteurs ( minnesangers) de Wagner. Ces contes inspirent une forme originale, le Märchen qui est un mixte de conte et de poème en prose et que Goethe le premier a inauguré, suivi par Novalis( on en trouve le Märchen de Klingsor dans Henri d'Ofterdingen) Tieck plus tard écrira des contes le Rünenberg et La coupe d'or qui influenceront Hoffmann. Ce sont des contes qui se veulent à la fois magiques et symboliques, ouvrant sur le rêve la poésie et dépassant l'opposition prose/poésie: de la poésie en langue de prose poétique.
Le Märchen fait appel au merveilleux, qui n'est pas uniquement celui des contes féeriques. Il s'exprime d'ailleurs dans le rêve aussi bien que dans le märchen. Mais alors que le merveilleux ancien est une fuite une évasion de la réalité, le merveilleux romantique fait partie de la réalité ( comme chez les surréalistes d'ailleurs: cf Eluard "Il y a un autre monde, il est dans celui- ci ") La prose de Nerval, qui se veut poète tout en craignant de n'être que prosateur est un bel exemple de cette "poésie prosée" qui constitue le Märchen. Aussi bien Sylvie qu'Octavie ou Aurelia en sont de bons exemples.

Rêve

Avant Freud et avant les surréalistes, les romantiques allemands conçoivent le rêve comme une voie royale de connaissance de ses territoires intimes, s'aventurer dans les strates enfouies de l'esprit humain. Jean Paul (Richter) est l'un des premiers à noter et à publier ses rêves. Déjà Swedenborg l'avait fait mais dans une optique non poétique. Un universitaire français A Beguin a publié une thèse sur l'âme romantique et le rêve, en 1937. Ainsi qu'un n° Spécial de la revue Cahiers du Sud. Voilà ce qu'il en dit"

"Le recours au rêve est fréquent. Parfois il s'agit du songe nocturne qui prend une portée esthétique ou métaphysique particulière, de là cette constante vie des images, plus chargées d'affectivité que la vie des idées. Ailleurs le rêve s'assimile au trésor de la réminiscence ancestrale, où le poète et l'imagination mythique puisent également leurs richesses. Parfois le songe est le lieu redoutable qu'hantent les spectres, quand il n'est pas le porche somptueux qui s'ouvre sur le paradis"

Chez les romantiques allemands il existe ( cf Jean Paul Richter) une "insatisfaction devant le réalité, qui s'accompagne d'une tentative pour dépasser cette même réalité. Par le rêve et la poésie. Le rêve est un "artifice magique" pour réveiller" le sens de l'illimité" et retrouver une "harmonie", un lieu où comme dans les rêves "les contraires ne sont pas contradictoires" L'enfance, le paradis perdu, la nostalgie de l'"état d'enfance" perdu. Jean Paul" Le paradis de l'enfance que nous devons tous quitter et vers lequel tout retour nous est interdit par l'âge et par l"épée tranchante de l'expérience"
Hoffmann( in Le vase d'or)
" Une étoile particulière règne sur moi à certains moments importants, elle mêle à la réalité des événements fabuleux, auxquels personne ne croit,, mais qui semblent sortir du plus profond de moi même. Ensuite ces événements prennent une valeur différente hors de moi, et deviennent des symboles de ce merveilleux qui s'offre à tout moment à nos regards"

Dans les textes gothiques il existe aussi des rêves, comme on le voit dans Le moine. Quelle est la fonction du rêve dans les textes du Moine et de Frankenstein ?

Nostalgie

La nostalgie est souvent liée à l'ironie romantique. Les personnages qui portent sur eux un regard sûr, voient qu'ils ne se sortent pas de leurs quêtes et de leurs errances, qu'ils recommencent les mêmes parcours de fourvoiement dans l'impossible recherche de l'âge d'or dont ils ont la nostalgie. Mais l'attitude du texte envers les personnages en quête marque parfois une distance qui est le lieu d'une ironie. Qui ne fait que signaler l'impuissance du texte à trouver la solution esthétique pour le personnage tout en gardant ou faisant garder au lecteur un brin d'esprit critique.

Cela étant la nostalgie ou selon le terme allemand la Sehnsucht n'est pas simplement nostalgie d'un temps perdu, de rencontres qui ne se reproduiront plus d'événements irréversibles. Elle est la charge de désir violent pour atteindre un monde inconnu, de l'inaccessible mais dont le chemin du poète doit tout faire pour s'en approcher, et le texte lui permettre d'en donner une vague image. Elle est associée à l'idée d'age d'or ( enfance, paradis des origines où l'individu pourra retrouver l'unité perdue( cf Platon Le banquet L'âme soeur) participer un jour à cette totalité dont il a été exclus( cf paradis perdu) l'amour est la voie royale pour cette quête que la nostalgie romantique alimente.

La Sehnsucht n'est pas tristesse: il s'agit de nostalgie bienheureuse" c'est dans la seulement que nous trouvons le repos". Oui il n'est de repos que lorsque rien ne distrait notre esprit alors qu'il se désire et se cherche lui même, là où il ne peut rien trouver de plus haut que son propre désir "( Schlegel. Lucinde)
A la fin du Château d'Otrante, il s'agit de " mélancolie " pais elle a à voir avec la nostalgie, rêve d'un retour au pays du bonheur.
Hölderlin Le pain et le vin ( lien avec la nostalgie d'un monde où l'homme est dans l'harmonie comme celle qu'il prête aux dieux)

Ami nous sommes venus trop tard. Les dieux il est vrai,
Sont vivants mais au dessus de nous dans un monde
Séparé, ils agissent sans fin et paraissent indifférents
A notre vie, car ils nous épargnent trop bien.
Un vase fragile ne saurait les accueillir
L'homme supporte rarement la plénitude des dieux.

La vie n'en est que le rêve. Mais les errements
Nous aident comme le sommeil, et les peines et l'ombre
Nous fortifient...
Mieux vaut le sommeil.. que d'attendre ainsi, ne sachant comment agir
Ni parler, et puis à quoi bon des poètes en ces temps de famine...

** Autre poème de Hölderlin ( après la mort de son amie Diotima)

La maison me parait déserte, ils m'ont ôté
Mes yeux, je me suis perdu moi même en la perdant,
J'erre de tous cotés, et pareil aux ombres je dois
Vivre, et tout le reste depuis longtemps me parait insensé...

Fantaisie

La fantaisie est liée à l'ironie romantique comme à l'esprit (Witz) Elle est une sorte d'enveloppe à l'intérieur de quoi l'esprit romantique permet un rapport entre le monde intérieur et le monde extérieur. Schlegel" pas de poésie, pas de réalité : Sans la fantaisie, pas de monde extérieur. " La raison ne connaît que l'univers extérieur. Si on ajoute la fantaisie on établit un rapport entre le monde intérieur et l'extérieur, mais on obtient alors plus que de la connaissance, une participation à " l'âme du monde "( Weltseele) C'est en intégrant les forces ( et les formes: superposition, condensation, déplacement cf Freud L'interprétation des rêves) du rêve que la fantaisie permet de passer du monde intérieur à l'extérieur sous forme de poésie, donc de texte en dernier ressort. Proche de l'"enthousiasme" du " voyageur " dont parle Hoffmann in Fantaisies à la manière de Callot.

Double

Ce thème, qui n'est pas une création dur romanisme pourtant a été très exploité par eux, il leur a donné une figure pour saisir leurs difficultés.
Le double peut être celui qui a été dépouillé de son âme comme on le voit dans La merveilleuse histoire de Peter Schlemilh de Chamisso, ou de l'Homme qui a perdu son ombre de Hoffmann, ou du même dans les Elixirs du diable. Il peut aussi renvoyer à une idéale complémentarité ( sur le modèle de l'âme sœur cf Platon) Ou bien il peur représenter une"part maudite" de soi( ou d'un personnage comme dans Les Elixirs) et plus tard chez Stevenson Le cas étrange du docteur Jekyll et de Mister Hyde
Il peut aussi figurer l'écrivain lui-même en ce qu'il se délègue en plusieurs narrateurs dans son œuvre, anticipant ce que soutiendra Proust, que celui qui dit Je dans un texte n'est pas l' auteur concret "L'œuvre est le produit d'un moi idéal".
L'utilisation du double peut permettre d'explorer des zones de soi et de son impensé,mettre à jour des indicibles, affronter les limites et même la folie. Quand celui qui dit Je et à la fois l'individu auteur et le personnage de fiction, l'espace de l'exploration d'une part se trouble d'autre part s'agrandit sans limites. Le retour dans le passé, où se retrouve une image ancienne de soi est une démarche de même type. Voir Sylvie.
Nombreux doubles chez Hoffmann et en particulier dans Les Elixirs du diable, qui fait référence explicitement au Moine de Lewis

L'irrationnel

La philosophie des Lumières tente de valoriser le rationnel au maximum, les aspects cartésiens d'une part, pragmatiques d'autre part y poussent. Mais les valeurs de l'irrationnel sont pour les romantiques essentielles. L'irrationnel n'est pas une chose fondamentalement mauvaise: il représente le non encore pensé, et la philosophie ne doit pas avoir peur de l'obscur elle doit au contraire y camper aux avant postes. Les romantiques participent d'une"philosophie de la nature" qui peut nous paraître délirante mais qui a eu des effets : l'idée d'une unité entre les forces chimiques et électriques provient de là par exemple. De plus cette manière de voir dans l'univers une sorte d'esprit avec une âme( Weltseele) permet à une faculté mi poétique mi scientifique de se développer c'est la fameuse " intuition". Qui permet et met sur le même plan de vérité les calculs de logique formelle et les images, les métaphores. Le calculable (digital binaire) et l'analogique. Comme deux aspects d'une même unité ( cerveau droit/ gauche). Et donc donne à la poésie une valeur de vérité qui est identique à celle des sciences. A l'opposé d'une vision étriquée, qui fait de la philosophie et de la poésie un simple ornement et de la science et de la technique les seules porteuses de sens et de vérité. Cette valorisation de l'intuition, de l'irrationnel, du rêve, de la poésie, de la nature, de l'inconscient, du subjectif, la nostalgie de l'unité de l'homme et de l'unité homme/monde est fondamentale dans la perception du romantisme- et situe à sa place la dimension de l'amour comme valeur authentique et ciment de l'ensemble.
De plus c'est l'époque où l'on explore l cerveau avec des moyens qui sont ceux de l'analyse des rêves, de l'hypnotisme, des diverses drogues(cf les paradis artificiels de Baudelaire, Les confessions d'un mangeur d'opium anglais de De Quincey, le club des Hashischin de Gautier etc et où des neurologues comme Moreau de Tour font appel à des littéraires pour connaître l'effet de ces drogues.( Voir ***Ponnau. La folie dans la littérature fantastique du XIX° PUF 1998)


Le romantisme est, rappelons le, un mouvement européen qui touche à la pensée, à l'art, à la politique, à l'amour, à la philosophie etc etc et dont les formes sont différentes selon les pays, où il ne survient pas aux mêmes époques. Il se développe après la Révolution anglaise de 1684 qui signe à peu près le début de la révolution industrielle. En Allemagne il est contemporain des guerres napoléoniennes, en France il renvoie à la Restauration, en Italie il est encore plus tardif.
Les héros romantiques illustrent par le biais de la forme du bildungsroman ( roman de formation) la nécessité de se former seul et non plus d'être " préformé " par ses parents et les codes de leur classe ou caste. On le voit avec le Wilhelm Meister de Goethe, même si pour Novalis, il s'agit encore d'un roman bourgeois. Il se situe comme une dérision satirique du modèle de réussite bourgeois à une époque où la bourgeoisie accède au pouvoir. Le romantisme sanctifie les paysages naturels au moment même où se constituent les premiers paysages industriels,. C'est pourquoi il se réfère au pittoresque. A la froide raison calculatrice il préfère le vague de l'âme, ou l'excessif des passions. Il refuse la parole de Hegel comme quoi ce qui est réel est rationnel. Il est attiré par les marges poétiques ou celle des drogues, du rêve, des folies. Le thème central en est l'amour idéalisé. Voir Le vase d'Or de Hoffmann..
Il est aussi vaguement teinté de religiosité (cf Le génie du Christianisme de Chateaubriand.1802). cette teinte religieuse( ou satanique) se verra dans les romans gothique : le saint reconstitué du Château d'Otrante, le moine lubrique et assassin ainsi que le diable de Le Moine, le même diable dans Les Elixirs du diable etc La surnature, autre forme de l'irrationnel, est son, espace de prédilection.. Cet amour est aussi amour d'un passé révolu et idéalisé. Ainsi le Moyen Age et ses châteaux, les cathédrales, les couvents, les monastères,les ruines, les grimoires. Avec une fascination pour les ordres religieux. Aussi bien dans l'esprit gaulois du XVIII° comme avec Le portier des Chartreux, que dans la dénonciation des abus et de l'hypocrisie des moines et des abbesses La religieuse de Diderot (on retrouvera cet aspect dans Le Moine avec l'in pace où est enfermée Agnès, ou la complicité de l'abbesse dans les punitions et les secrets. Il en va de même dans Le confessionnal des pénitents noirs de Radcliffe, où les mafias religieuse et aristocratique sont complices contre l'amour des jeunes gens.
louna
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par louna »

Je n'ai toujours pas vu où est-ce qu'on peut retrouver quelques autres esquisses des scènes d'enfants parmis la multitude de feuillets et autres album colorés. #-o

Dommage.

Sinon, j'ai une petite question, particulièrement pour Rubato et André qui ont planché sur ces scènes (si d'autres ont également une idée...)
Je suis limitée déjà par la traduction des titres, ne pratiquant pas l'allemand.
Aussi, la première scènes est souvent traduite par "gens et pays étranges" mais aussi "gens et pays étragers"
Doit-on considérer qu'il s'agit donc de gens et pays "mystérieux" ou de gens et pays "lointains" ?
D'une traduction à l'autre, on ne sait jamais la signification. Pourtant, la différence est de taille !
La langue est une barrière très dérangeante.

Autre question, toujours au sujet de ce titre.
Quels sont ces gens et ces pays étranges (ou étrangers) ? Peut-être ne faudrait-il mieux ne jamais le savoir. Mais si on voulait quand même le savoir ?
Je pense que cette première pièce, comme toutes les autres d'ailleurs appartient déjà au domaine de la rêverie. Mais : Est-ce que ce sont "les adultes" qui paraissent si étranges (du point de vue des enfants) ? Ou bien les enfants du point de vue des adultes ? Ou bien sommes-nous déjà entièrement dans le songe, et ce sont les créatures ou les histoires racontées aux enfants ou qu'ils se racontent - je pense plutot par là -? (dans l'idée de sa lettre du 11/01/32 citée plus haut :
... Je sais que vous avez un cerveau et que vous comprenez votre lunatique "conteur d'histoires". Alors, chère Clara, je pense souvent à vous - pas comme un frère à une soeur, ni comme un ami à une amie, mais comme... Un pèlerin à la Madone !
Pendant votre absence, je me suis promené en Arabie pour trouver des contes de fées qui pourraient vous plaire, six nouvelles histoires de sosies, cent et une charades, huit devinettes fort drôles, et de terribles et merveilleuses hisoires de voleurs et celle du fantôme blanc, hou, hou... j'en tremble.
)

J'en sais rien. (tant mieux...)
Et si on savait ? Ca deviendrait alors ni étrange ni étranger... Alors pourquoi oser imaginer se poser la question ?
Modifié en dernier par louna le mer. 14 nov., 2007 22:34, modifié 1 fois.
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Rubato
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par Rubato »

Difficile de répondre, ne parlant pas l'Allemand !
Si l'on pense aux autres titres cependant, "Curieuse histoire", "Colin-Maillard", je pencherai plutôt pour "étranges" finalement.
Le tempo rubato est comme le vent jouant dans le feuillage d'un arbre dont les branches ne bougent pas.
Franz Liszt.
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par louna »

Et si le poète va chercher ses histoires en orient pour les raconter à ses (futurs) enfants, alors ce seront des gens "étrangers", lointains. (mais tout en étant étranges et mystérieux). :)
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par Rubato »

As tu vu cette partition qui s'inspire de l'autographe, qui donne les tempos de Robert puis de Clara Schumann . On semble dire aussi que les autres pièces , les 17 manquantes, ont été mises dans l'Albumblatter (il en manque une car dans cette partition, il y en a 16)
Le tempo rubato est comme le vent jouant dans le feuillage d'un arbre dont les branches ne bougent pas.
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Re: Scènes d'enfants de Schumann

Message par louna »

J'ai déjà entendu parler ce ces deux notation de tempo. Je ne les ai pas dans mes deux éditions (henle et Cortot).

Concernant les albumblätter op 124, il y en a 20 dans le recueil. Je les ai à la maison, mais je doute que toutes ces esquisses soient dedans, car déjà, elles ont toutes été, d'après ce que j'ai compris dans ses écrits, composées vers le début de l'année 1838.
Les 20 pièces de ce recueil furent compsées de 1832 à 1845. Si j'arrive à rapprocher certaines de l'écriture du Carnaval op9 (dont certaines sont des esquisses) en revanche, j'ai du mal à en trouver ressemblant au style des scènes d'enfants. (mais je ne suis pas très douée de ce côté là)
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