Les beaux textes.
Re: Les beaux textes.
Jean-Seb, je pensais effectivement à ce texte.
J'ai eu du mal à le reconnaitre au premier abord, car en effet, dans mon livre, ^ce ne sont pas les mêmes mots qui sont utilisés, pas les mêmes tournures de phrases, mais le sens est bien le même.
J'ai eu du mal à le reconnaitre au premier abord, car en effet, dans mon livre, ^ce ne sont pas les mêmes mots qui sont utilisés, pas les mêmes tournures de phrases, mais le sens est bien le même.
Re: Les beaux textes.
louna a écrit :Ah oui, c'est dégoulinant de mièvrerie... J'avais prévu ! Mais c'est à l'image du concerné...![]()
Bref, moi qui croyais vous faire plaisir en me forçant à citer un truc sur Chopin...
Mais je suis heureuse de lire que c'est Gnangnan finalement.
Hey tu ne touches pas Chopin en disant cela ce n'est pas sa faute si l'auteur a romancé sa vie de façon mièvre!

Ce n'est donc pas Chopin qui est gnan-gnan mais Guy de Pourtalès. CQFD. Là dessus on est d'accord.

Voici mon blog, entièrement consacré à ma passion pour le piano! http://revemusical.blogspirit.com Venez discuter et réagir avec moi et tous mes visiteurs!
Re: Les beaux textes.
dans le genre pathético-dégoulino-dythirambo-tragico-mièvro-larmoyant, j'ai un texte sur Schubert qui est un sommet du genre. 
( mais comme on est dans la rubrique "les beaux textes", pas les textes ridicules. je ne vais pas mettre
)
Sinon pour le texte de Sand, vous pouvez trouvez le vrai texte dans "Histoire de ma vie" je crois (c'est sur internet)

( mais comme on est dans la rubrique "les beaux textes", pas les textes ridicules. je ne vais pas mettre

Sinon pour le texte de Sand, vous pouvez trouvez le vrai texte dans "Histoire de ma vie" je crois (c'est sur internet)
c'est moyen ça....Ah oui, c'est dégoulinant de mièvrerie... J'avais prévu ! Mais c'est à l'image du concerné...![]()
Re: Les beaux textes.
Mon livre date de 1927. (Il est d'époque en plus, vu l'état...)
Je ne pense pas qu'un auteur se permettrai aujourd'hui d'écrire ainsi.
Mais il n'empêche que ça reste une biographie facile à lire, avec de nombreux témoignages.
Vous pouvez lire aussi dans ce genre Clara S, les secrets d'une passion, de Claude Samuel. La vie romancée de Clara Schumann. L'auteur écrit à la manière d'un roman, brode, enjolive, mais au milieu de ça, tout de même des extraits de lettres ou documents. Mas là, ça devient vraiment de la fiction, l'auteur ne s'en cache pas... Et lui est très contemporain.
L'ouvrage date de 2006. Mais c'est aussi très sympa à lire.
Dogane, je sais que c'est moyen ma reflexion... Second degré ! Oh !
Je ne pense pas qu'un auteur se permettrai aujourd'hui d'écrire ainsi.
Mais il n'empêche que ça reste une biographie facile à lire, avec de nombreux témoignages.
Vous pouvez lire aussi dans ce genre Clara S, les secrets d'une passion, de Claude Samuel. La vie romancée de Clara Schumann. L'auteur écrit à la manière d'un roman, brode, enjolive, mais au milieu de ça, tout de même des extraits de lettres ou documents. Mas là, ça devient vraiment de la fiction, l'auteur ne s'en cache pas... Et lui est très contemporain.
L'ouvrage date de 2006. Mais c'est aussi très sympa à lire.
Dogane, je sais que c'est moyen ma reflexion... Second degré ! Oh !
Re: Les beaux textes.
eh eh, attention sinon je balance le texte sur Schubert !(et ça va faire mal)Dogane, je sais que c'est moyen ma reflexion... Second degré ! Oh !



Re: Les beaux textes.
Dogane, c'est quoi ton texte sur Schubert ?
Je vous invite à lire le texte suivant en écoutant ceci :
http://www.youtube.com/watch?v=1TdnDEnJb0o
Je suis en train de lire : Jean-Marc Geidel, le voyage inachevé, une fantaisie sur Schubert.
Le thème de l'andantino de son avant-drnière sonate s'élance dans sa troublante simplicité, son étrange balancement. Chaque accord révèle une couleur inattendue, comme si, derrière la répétition apparente, dans le vide du son, étaient cachés de microscopiques filaments d'or. Nous tendons l'oreille, mais pour entendre quoi ? Une note se détachant d'une harmonie, une vibration venue de si loin qu'elle est presque évanouie avant de nous atteindre ; telle l'imuable ritournelle de l'infortuné joueur de vielle qui se perd dans le vent et dans la neige cependant que les chiens aboient. Le lied nous émeut par le pouvoir qu'il n'a pas, le sol se dérobe comme semble se dérober le piano sous les notes.
L'épisode médian de ce mouvement ne se rattache à aucune forme de la musique. Au coeur du vide, au coeur de l'immobilité, un décrochement du son ouvre une trappe. Le monde bascule. De minces volutes s'échappent de cet univers renversé, nous faisant circuler dans un dédale de sensations détachées de toute représentation, pourtant gravées en nous. Je suis d'abord le long mouvement d'envol, puis les tournoiements descendants, accompagnant une glissade sur des marches, comme une bille qui rebondit sur le marbre d'un escalier, et je suis soudain précipité dans l'abime de mon propre entendement. Là où, dans la lumière rose du crepuscule, surgit le pressentiment de l'infini, là aussi où s'éprouve un inexprimable sentiment d'épouvante et de plénitude qui recule la frontière de l'esprit. Je vois ses mains virevolter sur le clavier, cherchant à explorer, couvrir toutes les possibilités, toutes les tonalités de l'instrument, à le déshabiller, l'écorcher, le posséder. Au fond, je suis surpris que ses mains évoluent sur un clavier aussi plat. En fermant les yeux, j'ai la vision d'un clavier à la surface ondulante, de ses mains dessinant de longues arches, transperçant le support de bois et dévalant les cordes comme une cataracte de sons. Je suis son parcours de montagnes russes, et peu à peu il s'assagit. Le clavier reprend une forme plus conventionnelle, permettant au son une respiration plus ample. Lui permettant même de se dégriser. Tandis que s'ébauche une ondulation obsedante, sorte de pulsation perlée que le ralentissement mélodique permet de mieux entendre, une voix venue de si loin qu'on peine encore à la situer. La ligne de la phrase apparait comme brisée. Nous nous infiltrons dans la brèche pour tenter de saisir ce que nous dit cette voix de si secret, préparant, par d'imperceptibles changements de tonalité, le retour au thème initial, comme s'il n'avait jamais cessé d'être là, d'imprégner tout le reste. Une ou deux mesures nous reconduisent de l'universel à l'intime, du sentiment de l'espace à la sensation de piqûre, un léger pincement s'insinuant en nous et nous rappelant... quoi au juste... si intensément perdu dans les limbes de l'absence de mots et si précisément inscrit dans celui des sens. Le thème du début s'infléchit dans une sorte de résignation harassée. Nous sommes dans l'épuisement du savoir, dans la contemplation des images déjà mises à jour. Chaque nouvel accord envoie un nouveau rai de lumière sur ces déjà vieilles photos de famille, embellies par le souvenir, idéalisées, ramenant sur le dessus une photo qu'on allait oublier, qu'on avait déjà oubliée, celle qui suscite en nous un léger pincement, mais les dernières modulations nous rappellent que c'est le passé.
Les étoiles brilleront de plus en plus immobiles...
Je devais m'y mettre cette année à cet andantino, j'ai toujours pas le courage... Je ne peux pas...
Je vous invite à lire le texte suivant en écoutant ceci :
http://www.youtube.com/watch?v=1TdnDEnJb0o
Je suis en train de lire : Jean-Marc Geidel, le voyage inachevé, une fantaisie sur Schubert.
Le thème de l'andantino de son avant-drnière sonate s'élance dans sa troublante simplicité, son étrange balancement. Chaque accord révèle une couleur inattendue, comme si, derrière la répétition apparente, dans le vide du son, étaient cachés de microscopiques filaments d'or. Nous tendons l'oreille, mais pour entendre quoi ? Une note se détachant d'une harmonie, une vibration venue de si loin qu'elle est presque évanouie avant de nous atteindre ; telle l'imuable ritournelle de l'infortuné joueur de vielle qui se perd dans le vent et dans la neige cependant que les chiens aboient. Le lied nous émeut par le pouvoir qu'il n'a pas, le sol se dérobe comme semble se dérober le piano sous les notes.
L'épisode médian de ce mouvement ne se rattache à aucune forme de la musique. Au coeur du vide, au coeur de l'immobilité, un décrochement du son ouvre une trappe. Le monde bascule. De minces volutes s'échappent de cet univers renversé, nous faisant circuler dans un dédale de sensations détachées de toute représentation, pourtant gravées en nous. Je suis d'abord le long mouvement d'envol, puis les tournoiements descendants, accompagnant une glissade sur des marches, comme une bille qui rebondit sur le marbre d'un escalier, et je suis soudain précipité dans l'abime de mon propre entendement. Là où, dans la lumière rose du crepuscule, surgit le pressentiment de l'infini, là aussi où s'éprouve un inexprimable sentiment d'épouvante et de plénitude qui recule la frontière de l'esprit. Je vois ses mains virevolter sur le clavier, cherchant à explorer, couvrir toutes les possibilités, toutes les tonalités de l'instrument, à le déshabiller, l'écorcher, le posséder. Au fond, je suis surpris que ses mains évoluent sur un clavier aussi plat. En fermant les yeux, j'ai la vision d'un clavier à la surface ondulante, de ses mains dessinant de longues arches, transperçant le support de bois et dévalant les cordes comme une cataracte de sons. Je suis son parcours de montagnes russes, et peu à peu il s'assagit. Le clavier reprend une forme plus conventionnelle, permettant au son une respiration plus ample. Lui permettant même de se dégriser. Tandis que s'ébauche une ondulation obsedante, sorte de pulsation perlée que le ralentissement mélodique permet de mieux entendre, une voix venue de si loin qu'on peine encore à la situer. La ligne de la phrase apparait comme brisée. Nous nous infiltrons dans la brèche pour tenter de saisir ce que nous dit cette voix de si secret, préparant, par d'imperceptibles changements de tonalité, le retour au thème initial, comme s'il n'avait jamais cessé d'être là, d'imprégner tout le reste. Une ou deux mesures nous reconduisent de l'universel à l'intime, du sentiment de l'espace à la sensation de piqûre, un léger pincement s'insinuant en nous et nous rappelant... quoi au juste... si intensément perdu dans les limbes de l'absence de mots et si précisément inscrit dans celui des sens. Le thème du début s'infléchit dans une sorte de résignation harassée. Nous sommes dans l'épuisement du savoir, dans la contemplation des images déjà mises à jour. Chaque nouvel accord envoie un nouveau rai de lumière sur ces déjà vieilles photos de famille, embellies par le souvenir, idéalisées, ramenant sur le dessus une photo qu'on allait oublier, qu'on avait déjà oubliée, celle qui suscite en nous un léger pincement, mais les dernières modulations nous rappellent que c'est le passé.
Les étoiles brilleront de plus en plus immobiles...
Je devais m'y mettre cette année à cet andantino, j'ai toujours pas le courage... Je ne peux pas...

- Gastiflex
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Re: Les beaux textes.
A cause de ça ?Je devais m'y mettre cette année à cet andantino, j'ai toujours pas le courage... Je ne peux pas...
L'épisode médian de ce mouvement ne se rattache à aucune forme de la musique.
Lasciate ogni speranza, voi ch'entrate.
- MAC
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Re: Les beaux textes.
Je remarque que vous n'avez pas cité ce passage célèbre écrit de la main de Chopin dans son journal de Stuttgart après le 8 septembre 1831:
"O Dieu, Tu es là ? - Tu es là et Tu ne Te venges pas ! - Pour Toi il n'y a pas encore assez de crimes moscovites - ou bien - Tu es Moscovite toi-même !"
Je crois que tout le monde comprend...
MAC
"O Dieu, Tu es là ? - Tu es là et Tu ne Te venges pas ! - Pour Toi il n'y a pas encore assez de crimes moscovites - ou bien - Tu es Moscovite toi-même !"
Je crois que tout le monde comprend...

MAC
:)
Re: Les beaux textes.
Peut-être ?Gastiflex a écrit :A cause de ça ?Je devais m'y mettre cette année à cet andantino, j'ai toujours pas le courage... Je ne peux pas...L'épisode médian de ce mouvement ne se rattache à aucune forme de la musique.
Pas à cause de la forme, mais certainement par ce qu'il évoque... Ou n'évoque pas...
Re: Les beaux textes.
louna a écrit :
Je vous invite à lire le texte suivant en écoutant ceci :
http://www.youtube.com/watch?v=1TdnDEnJb0o
C'est très beau... [je devrai me mettre plus sérieusement à la découverte de l'oeuvre de Shubert]
Ce qui serait bien que tu pourrais faire Louna (si tu as le courage), ce serait d'indiquer dans le texte avant chaque passage du texte, la minute correspondante de la video. Comme ça on pourrait suivre le texte avec vraiment la musique correspondante de ce dont l'auteur parle. Parce que sinon on lit trop vite et on sent pas vraiment ce que veut dire l'auteur.
En tout cas, le morceau est très beau, comme le texte.
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Re: Les beaux textes.
J'essayerai de faire ça, d'ici demain. D'accord.cc a écrit :
Ce qui serait bien que tu pourrais faire Louna (si tu as le courage), ce serait d'indiquer dans le texte avant chaque passage du texte, la minute correspondante de la video. Comme ça on pourrait suivre le texte avec vraiment la musique correspondante de ce dont l'auteur parle. Parce que sinon on lit trop vite et on sent pas vraiment ce que veut dire l'auteur.
Sinon, à la vitesse à laquelle je l'ai lu, pour le passage médian, ça colle à peu près, on peut lire en même temps qu'on écoute.
Louna.
- MAC
- Messages : 2083
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- Mon piano : ROLAND FP-7 (!)
- Localisation : Paris
Re: Les beaux textes.
Au fait, personne ne connaissait le passage que j'ai écrit?
Je me sens seul...
MAC
Je me sens seul...

MAC
:)
Re: Les beaux textes.
MAC a écrit :Au fait, personne ne connaissait le passage que j'ai écrit?
Je me sens seul...![]()
MAC
"Arrivé à Stuttgart, il y apprend à la mi-septembre 1831 la
chute de l’insurrection ; la nouvelle provoque chez lui un état second
d’angoisse hallucinatoire. On lit dans son journal intime cette
apostrophe prométhéenne : « Ô Dieu, Tu es là ? – Tu es là et Tu ne Te
venges pas ! – Pour Toi il n’y a pas encore assez de crimes moscovites – ou bien
– ou bien Tu es Moscovite Toi-même ! »"
http://www.cite-musique.fr/francais/ima ... chopin.pdf
Re: Les beaux textes.
Faisons en sorte de les "remplir" avec autre chose que du "remplissage" alors...MAC a écrit :C'était juste pour remplir le topic...![]()
MAC

Merci pour ta citation.
J'espère que le document que j'ai trouvé t'aidera à éclaircir sa signification....
- MAC
- Messages : 2083
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Re: Les beaux textes.
Bah en fait moi je connaissais le contexte, c'était pour les autres, mais enfin c'était compréhensible.
MAC

MAC
:)
Re: Les beaux textes.
Ah comme j'aimerais pouvoir revenir à ce thème. Encore faudrait-il le quitter et franchir cette mer déchaînée.Nous nous infiltrons dans la brèche pour tenter de saisir ce que nous dit cette voix de si secret, préparant, par d'imperceptibles changements de tonalité, le retour au thème initial, comme s'il n'avait jamais cessé d'être là, d'imprégner tout le reste. Une ou deux mesures nous reconduisent de l'universel à l'intime, du sentiment de l'espace à la sensation de piqûre, un léger pincement s'insinuant en nous et nous rappelant... quoi au juste... si intensément perdu dans les limbes de l'absence de mots et si précisément inscrit dans celui des sens. Le thème du début s'infléchit dans une sorte de résignation harassée. Nous sommes dans l'épuisement du savoir, dans la contemplation des images déjà mises à jour. Chaque nouvel accord envoie un nouveau rai de lumière sur ces déjà vieilles photos de famille, embellies par le souvenir, idéalisées, ramenant sur le dessus une photo qu'on allait oublier, qu'on avait déjà oubliée, celle qui suscite en nous un léger pincement, mais les dernières modulations nous rappellent que c'est le passé.
On ne vend pas la musique. On la partage. Leonard Bernstein
Re: Les beaux textes.
Que de frustration de devoir s'arrêter là, Stereden !
(Je ne peux pas aller plus loin non plus).
As-tu lu ce Voyage inachevé de J-M Geidel ?
Un livre très court. Ce n'est pas une biographie, ni une analyse, mais un récit. "Une fantaisie" comme le souligne l'auteur...
http://jeanmarc.geidel.free.fr/levoyageinacheve.htm
Le texte est à la première personne. L'auteur s'imagine vivre au temps de Schubert, le cotoyer, et entre dans son cercle d'amis, converse avec lui.
C'est ainsi que l'auteur part à la découverte de ses oeuvres.
Pour l'andantino, Schubert s'installe au piano :
" Alors, s'installant au piano, prenant place au coeur du cercle, il fera circuler entre nous les liens invisibles de la communauté. Je me sentirai à la fois aspiré, tenu, enveloppé, caressé par l'ondoiement de la musique, bercé par les petites vagues qui viendront se fendre et nous fendre à la surface".
Tout le livre est sur ce ton là.
C'est complètement délirant de se prendre pour un ami de Schubert. Hallucinatoire. Il tente de mettre des mots, décrire les sensations que provoquent sa musique. Pas de l'analyse, mais vraiment de l'intuition.
Mais finalement, en lisant ce livre, j'entends toute sa musique. Elle est toujours présente.

As-tu lu ce Voyage inachevé de J-M Geidel ?
Un livre très court. Ce n'est pas une biographie, ni une analyse, mais un récit. "Une fantaisie" comme le souligne l'auteur...
http://jeanmarc.geidel.free.fr/levoyageinacheve.htm
Le texte est à la première personne. L'auteur s'imagine vivre au temps de Schubert, le cotoyer, et entre dans son cercle d'amis, converse avec lui.
C'est ainsi que l'auteur part à la découverte de ses oeuvres.
Pour l'andantino, Schubert s'installe au piano :
" Alors, s'installant au piano, prenant place au coeur du cercle, il fera circuler entre nous les liens invisibles de la communauté. Je me sentirai à la fois aspiré, tenu, enveloppé, caressé par l'ondoiement de la musique, bercé par les petites vagues qui viendront se fendre et nous fendre à la surface".
Tout le livre est sur ce ton là.

C'est complètement délirant de se prendre pour un ami de Schubert. Hallucinatoire. Il tente de mettre des mots, décrire les sensations que provoquent sa musique. Pas de l'analyse, mais vraiment de l'intuition.
Mais finalement, en lisant ce livre, j'entends toute sa musique. Elle est toujours présente.
Re: Les beaux textes.
Dans ce livre, l'auteur nous joint aussi un texte, Mein traum (mon rêve) que Schubert rédigea un 3 juillet 1822.
C'est le texte du célèbre "Voulais-je chanter l'amour, celui-ci se changeait pour moi en douleur. Et voulais-je rechanter la douleur, celle-ci se changeait pour moi en amour.
Amour et douleur se mêlaient en moi."
La traduction est de JM Geidel, elle correspond bien à l'autre que je possède, de JG Prod'homme.
mon rêve.
J'étais un frère de beaucoup de frères et soeurs. Mon père et ma mère étaient bons, animés par un amour profond.
Un jour, le père nous conduisit à un joyeux banquet. Mes frères étaient gais. Moi seul, j'étais triste. Mon père s'approcha de moi et m'invita à goûter de ces mets savoureux. Mais je ne pouvais pas. Il se mit en colère et me chassa de sa vue. Le coeur plein d'un amour infini pour ceux qui en faisaient fi, je portai mes pas ailleurs. J'errai dans une contrée lointaine. Des années durant, la plus grande douleur et le plus grand amour se mêlèrent en moi. Alors me parvint la nouvelle de la mort de ma mère. Je revins en hâte pour la voir et mon père, attendri par le chagrin, ne m'empêcha pas d'entrer. Lorsque je vis sa dépouille, les larmes coulèrent de mes yeux. Elle nous avait recommandés par un voeu de lui survivre comme au bon vieux temps, ainsi qu'elle avait vécu elle-même, et ainsi que je la voyais reposer.
Dans le deuil, nous suivîmes sa dépouille jusqu'à ce que le cercueil soit enceveli. A compter de ce jour, je repris place dans la maison. Mon père me reconduisit comme par le passé dans son jardin favori. Il me demanda s'il me plaisait. Mais ce jardin me répugnait tout à fait et je n'osai rien dire. Alors, mon père s'emporta et me demanda pour la deuxième fois si le jardin me plaisait. Je répondis non, en tremblant. Mon père me battit et je m'enfuis. Et, le coeur plein d'un amour infini pour ceux qui en faisaient fi, je portai mes pas ailleurs une deuxième fois. J'errai dans une contrée lointaine. Je chantai des lieder durant de longues, longues années. Voulais-je chanter l'amour, celui-ci se changeait pour moi en douleur. Et voulais-je rechanter la douleur, celle-ci se changeait pour moi en amour.
Amour et douleur se mêlaient en moi.
Un jour me parvint la nouvelle qu'une pieuse jeune fille venait de s'éteindre. Un cercle se formait autour de sa tombe, dans lequel des jeunes gens et des vieillards se promenaient sans fin comme dans la béatitude. Ils parlaient doucement pour ne pas éveiller la jeune fille. Des pensées célestes semblaient continuellement jaillir de la tombe de la jeune fille vers les jeunes gens comme de légères étincelles produisant un doux murmure. Alors je souhaitai m'y promener moi aussi. Mais seul un miracle, disaient les gens, me permettrait de m'y introduire. Je m'avançai à pas lents, dans la foi et le recueillement, les yeux baissés vers la tombe et, avant même d'en avoir pris conscience, j'étais dans le cercle, d'où émanaient des sons merveilleux ; et j'éprouvai la béatitude éternelle comme ramassée en un instant. [fin de la lettre, prise dans la traduction de Prod'homme] Je vis aussi mon père réconcilié et aimant. Il m'entoura de ses bras et pleura. Mais moi je pleurai plus encore.
Franz Schubert, 3 juillet 1822.
C'est le texte du célèbre "Voulais-je chanter l'amour, celui-ci se changeait pour moi en douleur. Et voulais-je rechanter la douleur, celle-ci se changeait pour moi en amour.
Amour et douleur se mêlaient en moi."
La traduction est de JM Geidel, elle correspond bien à l'autre que je possède, de JG Prod'homme.
mon rêve.
J'étais un frère de beaucoup de frères et soeurs. Mon père et ma mère étaient bons, animés par un amour profond.
Un jour, le père nous conduisit à un joyeux banquet. Mes frères étaient gais. Moi seul, j'étais triste. Mon père s'approcha de moi et m'invita à goûter de ces mets savoureux. Mais je ne pouvais pas. Il se mit en colère et me chassa de sa vue. Le coeur plein d'un amour infini pour ceux qui en faisaient fi, je portai mes pas ailleurs. J'errai dans une contrée lointaine. Des années durant, la plus grande douleur et le plus grand amour se mêlèrent en moi. Alors me parvint la nouvelle de la mort de ma mère. Je revins en hâte pour la voir et mon père, attendri par le chagrin, ne m'empêcha pas d'entrer. Lorsque je vis sa dépouille, les larmes coulèrent de mes yeux. Elle nous avait recommandés par un voeu de lui survivre comme au bon vieux temps, ainsi qu'elle avait vécu elle-même, et ainsi que je la voyais reposer.
Dans le deuil, nous suivîmes sa dépouille jusqu'à ce que le cercueil soit enceveli. A compter de ce jour, je repris place dans la maison. Mon père me reconduisit comme par le passé dans son jardin favori. Il me demanda s'il me plaisait. Mais ce jardin me répugnait tout à fait et je n'osai rien dire. Alors, mon père s'emporta et me demanda pour la deuxième fois si le jardin me plaisait. Je répondis non, en tremblant. Mon père me battit et je m'enfuis. Et, le coeur plein d'un amour infini pour ceux qui en faisaient fi, je portai mes pas ailleurs une deuxième fois. J'errai dans une contrée lointaine. Je chantai des lieder durant de longues, longues années. Voulais-je chanter l'amour, celui-ci se changeait pour moi en douleur. Et voulais-je rechanter la douleur, celle-ci se changeait pour moi en amour.
Amour et douleur se mêlaient en moi.
Un jour me parvint la nouvelle qu'une pieuse jeune fille venait de s'éteindre. Un cercle se formait autour de sa tombe, dans lequel des jeunes gens et des vieillards se promenaient sans fin comme dans la béatitude. Ils parlaient doucement pour ne pas éveiller la jeune fille. Des pensées célestes semblaient continuellement jaillir de la tombe de la jeune fille vers les jeunes gens comme de légères étincelles produisant un doux murmure. Alors je souhaitai m'y promener moi aussi. Mais seul un miracle, disaient les gens, me permettrait de m'y introduire. Je m'avançai à pas lents, dans la foi et le recueillement, les yeux baissés vers la tombe et, avant même d'en avoir pris conscience, j'étais dans le cercle, d'où émanaient des sons merveilleux ; et j'éprouvai la béatitude éternelle comme ramassée en un instant. [fin de la lettre, prise dans la traduction de Prod'homme] Je vis aussi mon père réconcilié et aimant. Il m'entoura de ses bras et pleura. Mais moi je pleurai plus encore.
Franz Schubert, 3 juillet 1822.
- Gastiflex
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Re: Les beaux textes.
Vraiment bizarre ce passage du 2ème mvt de la D959. Ca ne ressemble à rien de l'époque. Ca fait limite improvisation. Comme si Schubert venait de recevoir un piano neuf et qu'il l'essayait, dans tous les registres, toutes les tonalités et toutes les nuances.
Lasciate ogni speranza, voi ch'entrate.