La societe des jeunes pianistes
La societe des jeunes pianistes
En parcourant les trefonds des archives , je tombe sur un sujet verouille car polemique qui avait par commence par ( poste par Alain17)
"Posté le: Dim 03 Déc, 2006 15:38 Sujet du message: UN PROF ! POUR CEUX QUI LE MERITENT , C’EST ÇA ! =
.....J'en ai fini avec les parties les plus casse-cou, j'ai commis des fausses notes monumentales pendant le scherzo - je ne suis pas du tout sûr de moi. Débute alors la Marche funèbre. J'opte pour un tempo mesuré, puisque je ne vois aucune raison de préférer la véhémence.
Et c'est le moment que choisit ma prof pour se lever. Elle s'approche lentement du piano, un geste que j'interprète comme un signe m'indiquant de ne pas m'arrêter. Elle vient se poster juste derrière moi. Soudain je sens ses mains sur mes épaules, là où les muscles sont si contracturés. Elle se penche. Elle murmure:
- continue.
J'obéis. Je joue. Elle me masse les épaules. Lentement.
- Tu le sens? Plus lentement. Ralentis le tempo. Sens-le, ce rythme.
Le rythme se trouve dans ses doigts. Je comprends à présent ce qu'elle veut dire. C'est comme ça qu'elle le veut ? Aussi lentement que ça?
Je ralentis le tempo, peu à peu, jusqu'à obtenir un ritardando époustouflant, comme quasiment personne ne le pratique.
J'ai comme l'impression d'être englouti dans un autre monde, un monde où règne à la fois sensiblité et sensiblerie, où la moindre note possède sa propre valeur - et il y a moi, qui en musique ai cultivé la lenteur durant toutes ses années, mais qui n'ai jamais osé l'interpréter avec une telle lenteur.
- Plus lentement, me précise-t-elle.
Encore plus lentement? J'en ai des frissons dans le dos. Quel pouvoir exerce-t-elle en l'espace de quelques secondes, sur moi ?
Force m'est toutefois de constater qu'elle a raison : le rythme s'alanguit, se déplace de note en note, traverse les pauses, continue d'avancer dans la musique, en suivant un longue courbe.
Jamais je n'ai joué la Marche Funèbre de Chopin de cette manière
- Maintenant me dit -t-elle, tu joues pour quelqu'un. Pense à quelqu'un. pense que tu veux dire quelque chose à une personne importante pour toi. Là bas, dans le public, on trouve toujours cette personne précise. Mais dans le même temps, tu dois penser : c'est la dernière fois que je joue du piano, c'est la dernière fois que j'entends de la musique. Tu dois tout leur donner, ne jamais retenir tes émotions. Il faut être généreux, même si toi tu te mets en retrait.
Je continue de jouer, bien que ses murmures dans mon oreille se poursuivent eux aussi.
Elle en me perturbe pas. Sa voix se pose au contraire sous la ligne musicale, elle m'éclaircie les idées, renforce l'interprétation intuitive, appuie les choix que je dois prendre en permanence : quand vais-je frapper le prochain accord ?
Puis elle me le lâche, se redresse lentement, me laisse jouer les dernières notes.Seul. La Marche funèbre a trouvé se forme autonome.
Un fois que j'ai terminé, je reste devant le piano, abasourdi.
-Bien,me dit-elle depuis son fauteuil. Très bien....... "
+++++++++++++++++++++++++++
FIN de citation
en lisant cela je suis aller voire dans ma bibliotheque et j'ai ressorti le bouquin dont le titre est dans le sujet, ecrit par Ketil Bjornstad edite par Lattes pour la traduction francaise dont le texte poste par ALain17 est extrait ( page 303 et suivante).
Du coup et comme l'extrait n'avait pas ete cite par l'auteur ni identifie ensuie dans le forum, je poste pour signaler ce livre qui m'avait laisse une impression tres contrastee. Ennuyeux par certains cotes mais tres forts par d'autre deprimant en tout cas (a ne pas lire par un temps de Toussaint)...pour ceux qui chercheraient une lecture de vacance sur les pianistes.....(comme quoi meme les sujets les plus trolles peuvent avoir du bon en eux...) JF
"Posté le: Dim 03 Déc, 2006 15:38 Sujet du message: UN PROF ! POUR CEUX QUI LE MERITENT , C’EST ÇA ! =
.....J'en ai fini avec les parties les plus casse-cou, j'ai commis des fausses notes monumentales pendant le scherzo - je ne suis pas du tout sûr de moi. Débute alors la Marche funèbre. J'opte pour un tempo mesuré, puisque je ne vois aucune raison de préférer la véhémence.
Et c'est le moment que choisit ma prof pour se lever. Elle s'approche lentement du piano, un geste que j'interprète comme un signe m'indiquant de ne pas m'arrêter. Elle vient se poster juste derrière moi. Soudain je sens ses mains sur mes épaules, là où les muscles sont si contracturés. Elle se penche. Elle murmure:
- continue.
J'obéis. Je joue. Elle me masse les épaules. Lentement.
- Tu le sens? Plus lentement. Ralentis le tempo. Sens-le, ce rythme.
Le rythme se trouve dans ses doigts. Je comprends à présent ce qu'elle veut dire. C'est comme ça qu'elle le veut ? Aussi lentement que ça?
Je ralentis le tempo, peu à peu, jusqu'à obtenir un ritardando époustouflant, comme quasiment personne ne le pratique.
J'ai comme l'impression d'être englouti dans un autre monde, un monde où règne à la fois sensiblité et sensiblerie, où la moindre note possède sa propre valeur - et il y a moi, qui en musique ai cultivé la lenteur durant toutes ses années, mais qui n'ai jamais osé l'interpréter avec une telle lenteur.
- Plus lentement, me précise-t-elle.
Encore plus lentement? J'en ai des frissons dans le dos. Quel pouvoir exerce-t-elle en l'espace de quelques secondes, sur moi ?
Force m'est toutefois de constater qu'elle a raison : le rythme s'alanguit, se déplace de note en note, traverse les pauses, continue d'avancer dans la musique, en suivant un longue courbe.
Jamais je n'ai joué la Marche Funèbre de Chopin de cette manière
- Maintenant me dit -t-elle, tu joues pour quelqu'un. Pense à quelqu'un. pense que tu veux dire quelque chose à une personne importante pour toi. Là bas, dans le public, on trouve toujours cette personne précise. Mais dans le même temps, tu dois penser : c'est la dernière fois que je joue du piano, c'est la dernière fois que j'entends de la musique. Tu dois tout leur donner, ne jamais retenir tes émotions. Il faut être généreux, même si toi tu te mets en retrait.
Je continue de jouer, bien que ses murmures dans mon oreille se poursuivent eux aussi.
Elle en me perturbe pas. Sa voix se pose au contraire sous la ligne musicale, elle m'éclaircie les idées, renforce l'interprétation intuitive, appuie les choix que je dois prendre en permanence : quand vais-je frapper le prochain accord ?
Puis elle me le lâche, se redresse lentement, me laisse jouer les dernières notes.Seul. La Marche funèbre a trouvé se forme autonome.
Un fois que j'ai terminé, je reste devant le piano, abasourdi.
-Bien,me dit-elle depuis son fauteuil. Très bien....... "
+++++++++++++++++++++++++++
FIN de citation
en lisant cela je suis aller voire dans ma bibliotheque et j'ai ressorti le bouquin dont le titre est dans le sujet, ecrit par Ketil Bjornstad edite par Lattes pour la traduction francaise dont le texte poste par ALain17 est extrait ( page 303 et suivante).
Du coup et comme l'extrait n'avait pas ete cite par l'auteur ni identifie ensuie dans le forum, je poste pour signaler ce livre qui m'avait laisse une impression tres contrastee. Ennuyeux par certains cotes mais tres forts par d'autre deprimant en tout cas (a ne pas lire par un temps de Toussaint)...pour ceux qui chercheraient une lecture de vacance sur les pianistes.....(comme quoi meme les sujets les plus trolles peuvent avoir du bon en eux...) JF
Modifié en dernier par jeff62 le ven. 22 juin, 2007 12:47, modifié 1 fois.
-Aimez vous Beethoven...?
-Oui beaucoup mais juste un petit verre...
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Alors là, jeff, t'as fait fort ! Merci.jeff62 a écrit :Oui un livre sur l'aprentissage du piano et la competition entre un groupe d'ami pour le premier prix d'un concours.....c'est assez introspectif et a lire au soleil....JF

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La societe des jeunes pianistes : Sens du message "polémique

Société à part entière unie par son amour de la musique et où chacun subit une pression de son entourage, parents, professeurs... même si les enjeux ne sont pas aussi vitaux pour les uns et les autres.
Cette société à part, a aussi des similitudes avec toutes "sociétés" d'adolescents, ses questionnements sur l'amour, la mort, le sens de la vie, jusqu’à l’anorexie mentale pour l’une….
Mais avant tout dans ce livre, règne la musique, présente à la fois par les mots, les nombreuses références aux oeuvres classiques que les pianistes travaillent ou aiment entendre, le travail pianistique lui-même décrit avec une grande précision, et la musique présente aussi dans le style de l'écrivain/compositeur.
...............................................
Site de l’auteur
http://www.ketilbjornstad.com/
Le style est comme le cristal. Sa pureté fait son éclat.
Victor Hugo
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Re: La societe des jeunes pianistes
Alors, à lire ou pas à lire cet été?
Voici mon blog, entièrement consacré à ma passion pour le piano! http://revemusical.blogspirit.com Venez discuter et réagir avec moi et tous mes visiteurs!
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Re: La societe des jeunes pianistes
Il y a une part autobiogarphique de l'auteru (qui est pianiste, compositeur.....)dans ce livre qui se situe dans les années soixante.
Pour un pianiste,à lire, au soleil ou à l'ombre avec des yeux et un coeur ....ouvert
même si on en ressort éventuellement; avec un certain malaise..
Par certains aspects, pour moi, il n'est pas plus mélo que Coprs et âme de Frank Contoy.
Pour un pianiste,à lire, au soleil ou à l'ombre avec des yeux et un coeur ....ouvert

Par certains aspects, pour moi, il n'est pas plus mélo que Coprs et âme de Frank Contoy.
Le style est comme le cristal. Sa pureté fait son éclat.
Victor Hugo
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