quasimodo a écrit :Hmmmm BM, c'est un aspect où l'analogie sport/instrument de musique ne me semble pas valide.
Si tu prends des sportifs de haut niveau dans une discipline donnée, tu constateras qu'à 90%, ils partagent des caractéristiques morphologiques typiques particulièrement adaptées à leur sport.
En matière de musique, non, il n'y a pas de constante. Il y a des pianistes grands, petits, minces, etoffés etc. Ce n'est pas la physionomie qui joue, sauf le cas de la taille des mains qui facilite pour certaines oeuvres, mais qui sont tout de même jouées par des personnes à petites mains moyennant des techniques différentes en arpégeant.
Ce qui fait la différence pour le niveau d'un instrumentiste ce n'est pas la puissance ou la souplesse, ce n'est pas l'aspect physiomécanique, c'est plutot de l'ordre du système nerveux, et essentiellement le cerveau, et dans ce domaine, hors certains cas extrêmes de déficience mentale, la génétique ne joue pas beaucoup.
Un cerveau normalement constitué produit des tas de millions de neurones jusqu'à l'âge de 4-5 ans, beaucoup plus qu'il n'est nécessaire, la majorité d'entre eux seront inactifs et disparaitront. ensuite les neurones utilisés sont structurés par les connexions synaptiques. Cette structuration est certes plus active et facile chez l'enfant, d'où l'intérêt de commencer tôt mais cela n'est pas une absolue nécessité. Un pilote d'avion ou un neurochirurgien apprennent leur affaire à l'âge adulte, et c'est du boulot de haute précision avec des exigences assez similaires à la virtuosité. Pourtant on leur confie nos vies même s'ils n'ont pas commencé à opérer/piloter à 5 ans, et ils ne font pas 15 ans d'apprentissage technique avant de commencer à bosser concrètement...
Je vais me permettre de ne pas être d'accord.
Comme j'ai souvent constaté, on amalgame souvent les sportifs à des archétypes standards, type sprinters (rablés et musclés), coureur de fond (fins et légers), nageurs (carrure de déménageur...), ...
Or pour le piano je me rapprocherais plutôt d'un sport comme le tir et même plutôt le tir à l'arc, qui doit allier certaines qualités assez spécifiques (concentration extrême, relâchement parfait, capacité à laisser immobile tous ses muscles, capacité à faire ce simple geste d'étendre 2 doigts sans absolument rien bouger par ailleurs).
Ses capacités physiques générales sont assez modestes (je cours plus vite un 10 Km que bon nombre de champions olympiques de tir à l'arc), et pourtant les personnes capables d'aligner autant de flèches dans la pastille que les meilleurs mondiaux sont rarissimes, et la différence est nette.
Et ce n'est pas faute d'essayer pour bon nombre. Sébastien FLUTE (1m70, 58 Kg : Marco GALIAZZO le champion olympique de 2004 fait 1m80 et 92 Kg) a été champion olympique en 92, et malgré ses efforts il n'a été que 39° en 96, et 8° en 2000.
Le commun des mortels, avec tous les efforts possibles, n'arriverait pas à sa cheville, et pourtant rester immobile et ouvrir 2 doigts... quelques neurones à peine, 1 ou 2 muscles actifs (en excentrique, d'accord, légèrement plus fatigant) et tous les autres au repos absolu.
Si on n'a pas besoin du maximum, soit si on se contenterait de mettre 2-3 flèches sur 10 dans le centre, OK, beaucoup (tout le monde ?) peut y arriver.
Si on veut se contenter de jouer la lettre à Elise, techniquement tout le monde peut arriver à jouer (massacrer) au tempo.
Quand on arrive aux limites, et chez certains interprètes justement un des buts plus ou moins avoués était de faire difficile (Liszt, Rach,...) là, seuls les 10 ou 20 % (ou 30 % ?) ayant les qualités maximales nécessaires au pianiste y arriveront s'ils y travaillent.
J'en suis persuadé pour ma part, après avoir travaillé (étudié sur papier) assez longuement le sujet de la perf physique au sens large.
Donc pour moi, quels que soient les effort qu'ils puissent faire, bon nombre de personnes n'arriveraient pas à jouer les pièces les plus dures du répertoire (peut-être arriveraient-elles en étant au taquet à massacrer l'ensemble des notes sans aucune égalité ni nuance, donnant alors l'impression d'y arriver techniquement, mais alors il n'y aurait plus aucune marge pour que ce puisse avoir une chance d'être de la musique).
Mais bien évidemment je ne parle pas ici de la musicalité. Là je ne me prononce pas, pas compétent.
Maintenant être pilote, les concours sont assez ardus tu le sais peut-être (j'ai plusieurs potes qui se sont fait bouler au concours, et qui ont dû se rabattre sur de vulgaires études d'ingé ensuite), celà inclut des capacités physiques et intellectuelles (en plus, et heureusement, les pilotes ne sont pas toujours au maxi de leurs capacités !).
BM
Je ne crains pas le suffrage universel, les gens voteront comme on leur dira.
A. de Tocqueville