Et bien c’était exceptionnel: dans Bach, le toucher, les ornements très fluides, les variations de timbre et de sonorité. Ensuite, changement d’atmosphère (et de technique) avec Ravel, mais toujours cette sensation que son niveau de maîtrise lui permet de faire ce qu’il veut (des pianissimo incroyables, rien de dur ou sec dans l’Alborada, une Barque sur l’Ocean remarquable de fluidité et de tension). Il est indéniablement un des très grands interprètes actuels de ce compositeur.
Avec la transcription de Dukas, c’est une autre tradition qu’il réanime, celle des grands pianistes-compositeurs du passé, une lignée qui part de Liszt, qui passe par Horowitz, E. Wild et qui n'a aujourd'hui que peu de représentants (Katsaris, Lugansky). C’était du piano orchestral, spectaculaire, avec une foule de détails qui rendait justice à la version originale. Comme chez Liszt, c’est en recréant l’œuvre pour piano sans chercher à la décalquer qu’il se montre fidèle à la conception initiale du compositeur.
En bis, des chansons de Piaf dans ses propres arrangements (hymne à l’amour et Padam Padam) réalisés avec beaucoup de goût. Le public était définitivement conquis. Il était temps pour lui de fermer le couvercle et d’embrasser le piano (!) pour prendre congé.
Un mot du piano : je n’aime pas beaucoup les Yamaha, mais la je dois reconnaître que celui qu’il a joué sonnait magnifiquement.
Un programme original et varié, un interprète au sommet de son art : que demander de plus ?