Christof a écrit : dim. 10 nov., 2024 18:08Woodstock, de Joni Mitchell, joué à ma façon.
Salut Christof, bien joué ce morceau Je me rappelle bien de la version Crosby Stills, Nash & Young, (mais c'était il y plus de 40 ans ) mais je ne savais pas que c'était de Joni Mitchell.
Merci Nick.
Oui, l'histoire est que Joni Mitchell voulait venir assister au festival de Woodstock, mais le jour où elle voulait y aller, son manager lui avait déconseillé parce qu'elle devait faire une télé le soir à New-York dans le Dick Cavett Show., et cela faisait trop d'aller retour.
Elle était triste de ne pouvoir y aller mais a pu suivre les images à la télévision. Enthousiasmée de voir cette marée humaine célébrant la musique, elle a composé cette chanson après que Graham Nash, son amoureux de l'époque, lui ait raconté son expérience là-bas.
C'est cette chanson qui est restée dans l'histoire, comme un hymne à ce festival.
J'aime beaucoup aussi cette version (ici avec des cadors du jazz):
Voici des nouvelles de mon travail, avant mon cours de piano demain.
Muni d'indications de mon prof, je devais préparer l'harmonisation de "You must believe in spring" (thème de Michel Legrand, titre français : la chanson de Maxence).
J'ai adopté la tonalité de C# min. Ce n'est pas celle d'origine de Michel Legrand ; j'ai préféré adopter celle choisie par Bill Evans.
you must believe in spring.jpg (79.8 Kio) Vu 1748 fois
Même si ce n'est pas encore abouti, ce que vous allez entendre a nécessité pour moi un énorme travail (je n'ose vous dire le nombre d'heures). Je comprends bien mieux maintenant Bill Evans, qui pouvait passer plusieurs heures sur l'enchaînement de deux ou trois accords.
Grâce à mon prof Etienne Guéreau, je découvre ce que ténacité et travail profond veulent vraiment dire.
Ce n'est pas encore du tout une interprétation du morceau : je ne suis pas encore assez à l'aise et cela manque de fluidité. Il s'agit plus ici d'une mise à plat du travail harmonique. La grille n'est qu'un guide et le challenge du jazzman consiste à trouver de nombreuses réharmonisations. On poursuit certaines idées, qui parfois mènent à des impasses.
Tenter de trouver des choses inédites, une unité de style, sa propre façon de voir les choses. Mais il ne faut pas partir trop loin, ne pas dénaturer.
Je ne peux m'empêcher à cet effet de repenser à ce que m'a dit Etienne, citant Olivier Messiaen qui dans son ouvrage "Technique de mon langage musical" a écrit :
" Sachant que la musique est un langage, nous chercherons d'abord à faire parler la mélodie. La mélodie est point de départ. Quelle reste souveraine!
Et quelle que soit la complexité de nos rythmes et de nos harmonies, ils ne l'entraîneront pas dans leur sillage mais, au contraire, lui obéiront comme de fidèles serviteurs."
Ainsi, il ne faut pas que les éléments harmoniques (que ce soit pour des appoggiatures ou pour des modes ou quoi que ce soit) viennent dénaturer la donnée mélodique. Tout part de la mélodie et tout doit nourrir la mélodie.
On est là pour rendre hommage à la mélodie, la sublimer. Et quand on parle de technique d'harmonisation, le but c'est de sublimer tout simplement la voix soprano, aider à accompagner le mieux possible.
Il faut avoir beaucoup de modestie et toujours rester au service du texte, même si le jazz offre mille libertés.
Ce morceau est assez difficile à bien harmoniser car il module énormément, et il faut savoir que certaine parties ne sonnent pas très bien suivant le registre où On les joue. Il faut donc en cette matière faire des choix, s'adapter, trouver d'autres harmonies intéressantes, d'autres répartitions, notamment lorsque l'on va dans les aigus..
C'est passionnant de voir comment on peut partir d'un thème tenant sur quelques accords et l'enrichir en posant quasiment un accord par note. Je trouve le résultat très réussi, Étienne Guéreau a l'air d'être un prof en or
De bien belles couleurs. Même si c'est très éloigné de mes compétences je trouve très juste l’extrait de "Technique de mon langage musical".
Tu sembles entrer un peu plus profondément dans le truc avec ton nouveau prof. Il t'ouvre à de nouvelles voies. Tu dois prendre beaucoup de plaisir avec ce monsieur. Bravo !
C'est un tout petit petit petit peu sec, il manque juste un peu de la "rondeur", mais c'est le "style" Christof, que j'ai appris à identifier, à connaitre et à apprécier, et aussi le son du piano un peu brillant qui veut ça. Tout un ensemble de choses sonores. Je m'empresse de dire que j'ai plus qu'aimé ce coté nostalgique et lent. Franchement, pour un morceau qualifié de "travail", pour moi, c'est deja très bien. Pour moi aussi, c'est bien éloigné de mes compétences, alors je dis : bravo !
Ma petite participation sur cette chanson, un vrai casse-tête harmonique…
Merci de votre indulgence..
Et évidemment je la dédie à Christof, heureux de me l’avoir fait découvrir…
Merci Chtilli,
Très souvent je ne comprends pas bien comment le travail s’effectue et je serais tenté de dire que je n’ai aucun talent en ce domaine, du moins c’est ce que je crois..
Cela me ramène à mon enfance ou je doutais beaucoup..
Et je comprends qu’il est mal venu de dire cela, mais je me suis construit ainsi.
Une délicate douceur. J'étais speed et d'un coup je me suis retrouvé à la fenêtre à regarder les feuilles mortes tout en rêvassant.
Ca m'a bien fait redescendre en tension.
Chtilli a écrit : mar. 19 nov., 2024 21:45
C'est passionnant de voir comment on peut partir d'un thème tenant sur quelques accords et l'enrichir en posant quasiment un accord par note. Je trouve le résultat très réussi, Étienne Guéreau a l'air d'être un prof en or
Merci beaucoup Chtilli pour ton gentil message. Je trouve que de se consacrer à l'harmonie est de plus en plus passionnant et j'ai vraiment de la chance d'avoir Etienne comme prof, maître en la matière, sûrement l'un des meilleurs profs du domaine pour le jazz en France (si ce n'est mondial).
Mais pas que de l'harmonie. Du piano aussi, et de tous les aspects liés aux piano jazz, notamment la construction d'une improvisation sur le thème.
C'est ce qu'on a commencé à voir lors de mon dernier cours.
Hey-J a écrit : mer. 20 nov., 2024 9:24
De bien belles couleurs. Même si c'est très éloigné de mes compétences je trouve très juste l’extrait de "Technique de mon langage musical".
Tu sembles entrer un peu plus profondément dans le truc avec ton nouveau prof. Il t'ouvre à de nouvelles voies. Tu dois prendre beaucoup de plaisir avec ce monsieur. Bravo !
Merci beaucoup Hey-J. Oui, grâce à l'enseignement d'Etienne, ce sont de nouvelles portes qui commencent à s'ouvrir et pas mal d'aspects dans le traitement harmonique commencent à me sembler moins mystérieux. Idem pour la façon de chorusser sur un thème, la façon d'envisager le travail. J'ai toujours rêvé d'avoir un prof comme cela et pense qu'il est arrivé exactement au moment où il le fallait pour moi.
Chaque cours est un bonheur absolu. Et qui s'appuie aussi sur une très solide connaissance de sa part des oeuvres classiques (par exemple certains accords appoggiaturés que j'ai employés dans le morceau proviennent en fait de... Bach.
roulroul2 a écrit : mer. 20 nov., 2024 11:12
C'est un tout petit petit petit peu sec, il manque juste un peu de la "rondeur", mais c'est le "style" Christof, que j'ai appris à identifier, à connaitre et à apprécier, et aussi le son du piano un peu brillant qui veut ça. Tout un ensemble de choses sonores. Je m'empresse de dire que j'ai plus qu'aimé ce coté nostalgique et lent. Franchement, pour un morceau qualifié de "travail", pour moi, c'est deja très bien. Pour moi aussi, c'est bien éloigné de mes compétences, alors je dis : bravo !
Merci beaucoup Roulroul pour ton message. Le challenge est maintenant pour moi de faire oublier la difficulté (c'est ce qui se ressent quand tu parles du "un petit peu sec") et d'arriver à faire croire que c'est super simple à jouer, faire parler la musique comme une évidence.
Ninoff a écrit : mer. 20 nov., 2024 13:14
Ma petite participation sur cette chanson, un vrai casse-tête harmonique…
Merci de votre indulgence..
Et évidemment je la dédie à Christof, heureux de me l’avoir fait découvrir…
Bravo et merci beaucoup Ninoff, Je suis très touché de ton attention. Sous tes doigts, c'est de la très belle musique.
L’harmonisation n'a pas aucun secret pour toi.
PS : très content de t'avoir fait connaître ce morceau. Attention, il rend addict :une fois qu'on le fredonne, on ne peut plus s'arrêter
Merci Christophe,
Je n’avais pas commenté ton travail, l’on voit sous les conseils de Mr Guerreau une autre vision et quelque chose de bien construit.
Une suite logique pour toi et dans le bon sens d’une bonne évolution
On ne compare pas des styles, on peut éventuellement les différencier. Celle de Christof serait plus "torturée", celle de Ninoff serait alors plus "ronde". La sonorité du piano n'est pas la même non plus. Celle de Christof est plus brillante, Celle de Ninoff à parfois du son un poil plus proche du piano electrique. On a ici affaire à deux grands musiciens de talent, je n'ai pas beaucoup à me forcer pour l'affirmer. D'ailleurs, je me suis demandé s'il s'agissait des mêmes passages et du même morceau, celle de Christof frise les 2 minutes, tandis que celle de Ninoff s’étend sur 3"40. Mais peu importe, puisque le plaisir d’écouter est la.
Ninoff a écrit : jeu. 21 nov., 2024 7:25
Merci Christophe,
Je n’avais pas commenté ton travail, l’on voit sous les conseils de Mr Guerreau une autre vision et quelque chose de bien construit.
Une suite logique pour toi et dans le bon sens d’une bonne évolution
Merci Ninoff pour ton message. Oui, c'est une très belle aventure pour moi. Je ne cesse de découvrir (je sais que sur ce sujet, on est assez semblables )
fritz a écrit : jeu. 21 nov., 2024 7:46
Bravo messieurs
Merci Fritz !
roulroul2 a écrit : jeu. 21 nov., 2024 8:36
On ne compare pas des styles, on peut éventuellement les différencier. Celle de Christof serait plus "torturée", celle de Ninoff serait alors plus "ronde". La sonorité du piano n'est pas la même non plus. Celle de Christof est plus brillante, Celle de Ninoff à parfois du son un poil plus proche du piano electrique. On a ici affaire à deux grands musiciens de talent, je n'ai pas beaucoup à me forcer pour l'affirmer. D'ailleurs, je me suis demandé s'il s'agissait des mêmes passages et du même morceau, celle de Christof frise les 2 minutes, tandis que celle de Ninoff s’étend sur 3"40. Mais peu importe, puisque le plaisir d’écouter est la.
Merci Roulroul. Vive la créativité ! (d'ailleurs à ce propos, je parlerai bientôt dans le fil "divers - lecture" d'un livre que j'ai commencé à lire, passionnant !).
Hier, dans un de mes messages, j'écrivais : "Chaque cours est un bonheur absolu. Et qui s'appuie aussi sur une très solide connaissance de la part de mon prof des oeuvres classiques (par exemple certaines harmonisations que j'ai employés dans le morceau You must believe in spring proviennent en fait de... Bach. "
En voici un exemple.
Le 3ème accord (3ème mesure du Prélude en do mineur du clavier bien tempéré volume I) est un C - (bécarre 7 , 11, 13 b), que l'on peut aussi penser comme accord de dominante (X7 b9) sur note de tonique (do).
prélude en do mineur de Bach - 3ème mesure accord de dominante sur tonique - Eolien bécarre7.jpg (40.73 Kio) Vu 1549 fois
Le 1er accord de la 3ème mesure de la partie C de You must believe in spring [il y a alors sib mib et lab à la clé) est également un accord de dominante sur tonique (il en existe d'autres dans ce morceau, notamment le 1er accord de la mesure 4, mais dans un autre ton).
You must believe in spring - 3 ème mesure - accord de dominante sur tonique.jpeg (26.7 Kio) Vu 1549 fois
Bach utilisait déjà le mode éolien bécarre 7 (1er degré de la gamme mineure harmonique) cher aux jazzmen ! On n'a rien inventé.
Merci Roulroul, Fritz, Dutal, HeyJ, de nous avoir écouté
Tu as raison Christof on retrouve bien des choses chez Bach, incroyable ce compositeur, précurseur malgré tout du modernisme…
Merci de l’avoir évoqué Christof
Christof a écrit : lun. 18 nov., 2024 20:55
Voici des nouvelles de mon travail, avant mon cours de piano demain.
Muni d'indications de mon prof, je devais préparer l'harmonisation de "You must believe in spring" (thème de Michel Legrand, titre français : la chanson de Maxence).
J'ai adopté la tonalité de C# min. Ce n'est pas celle d'origine de Michel Legrand ; j'ai préféré adopter celle choisie par Bill Evans.
you must believe in spring.jpg
Bravo, je viens d'écouter, bon travail ça sonne bien, ce morceau était un de mes préférés joué par Bill (le chorus qu'il joue ensuite est également un chef d'oeuvre, un modèle à faire écouter dans toutes les écoles de jazz) j'avais travaillé spécialement ce morceau il y a une quarantaine d'années pour l'adapter au jeu de la basse électrique fretless (le thème joué dans le registre aigu de la basse). Pour les pianistes c'est très difficile de proposer autre chose qui sonne aussi bien que ce qu'a réalisé Bill, même Michel Legrand reconnaissait que ses propres morceaux sonnaient bien mieux quand c'était Bill qui les jouait.
A part ça je ne suis pas très fan de la sonorité de certaines modifs harmoniques typique "Guéraultienne" (par rapport à la version Evansienne) par ex dans ton interprétation à la 5e mesure sur l'accord C#, la 6e mesure sur le B, la 14e sur le C, 16e sur le A, et le registre aigu à la fin (23e mes) sonne moins bien qu'une octave en dessous, sinon le reste ça va.
Pour ceux qui voudraient jouer l'arrangement de Bill Evans, on trouve pas mal de transcriptions en ligne, en voici une.