Jean Dubé, immense pianiste, jouera l'intégrale des études de Chopin, le 29 septembre, 17h, Salon Chantal,
Salle Gaveau , 45-47 rue de la Boétie Paris 8ème arrondissement.
Son dernier disque est consacré à ces études.
Je recommande sa discographie, organisée de façon thématique (les cloches, la rhapsodie, les toccatas, la main gauche.,..). Cela change des programmes habituels.
Par ailleurs, il ne fait pas la carrière que sa précocité et ses moyens impressionnants laissaient présager : pourquoi ?
Je ne sais pas comment tu mesures la réussite d'une carrière mais il a déjà enregistré 40 CD sur un répertoire très varié, à 43 ans c'est pas mal. Il donne des masterclasses, jury de concours, son programme de récitals est bien chargé mais il a l'air de privilégier les salles françaises, tout le monde n'aime pas passer sa vie dans les aéroports c'est peut-être l'explication
En gros, il disait avoir eu l’impression de ne pas répondre aux attentes immenses placées en lui. Et c’est vrai qu’actuellement, il est beaucoup moins en vue qu’un Bertrand Chamayou ou Lucas Debargue par exemple.
Oukee a écrit : jeu. 12 sept., 2024 12:36
En gros, il disait avoir eu l’impression de ne pas répondre aux attentes immenses placées en lui. Et c’est vrai qu’actuellement, il est beaucoup moins en vue qu’un Bertrand Chamayou ou Lucas Debargue par exemple.
A ce niveau là, ça se joue aussi autant sur le talent de ton agent, de ton niveau de charisme et ton plan marketing, que sur tes seules capacités pianistiques.
Oukee a écrit : jeu. 12 sept., 2024 12:36
En gros, il disait avoir eu l’impression de ne pas répondre aux attentes immenses placées en lui. Et c’est vrai qu’actuellement, il est beaucoup moins en vue qu’un Bertrand Chamayou ou Lucas Debargue par exemple.
A ce niveau là, ça se joue aussi autant sur le talent de ton agent, de ton niveau de charisme et ton plan marketing, que sur tes seules capacités pianistiques.
Oui, c'est complètement ça.
Cela dépend dépend de ton "entregent", des lubies aussi et copinages (ou pas) qu'entretiennent certains directeurs de grands festivals, qui font la pluie et le beau temps...
Il faut aussi jouer les répertoires à la mode au bon moment et je ne crois pas que l’immense pianiste qu’est Mr Dubé se préoccupe de considérations aussi éloignées de la musique.
Certainement aussi la chance : Horowitz a stupéfié son audience dès son premier concert à Hambourg lors duquel il remplaçait la pianiste initialement prévue.
Il y a aussi le charisme, la présence sur scène, des choses qui ne s’apprennent pas.
Le récital de Jean Dubé affichant complet dans la salle initialement prévue, il sera donné dans la grande salle Gaveau.
De nouvelles places sont donc disponibles à la réservation.
Le récital de Jean Dubé affichant complet dans la salle initialement prévue, il sera donné dans la grande salle Gaveau.
De nouvelles places sont donc disponibles à la réservation.
Je me demandais pourquoi son nom me disait quelque chose, jusqu'à ce que YouTube me recommande une vidéo de lui. Il a fait plusieurs arrangements de John Williams et Miklos Rosza sur sa chaîne YouTube et a également joué du Squiban.
C'était top, j'ai été surpris par quelques choix de tempi (la 10/1 n'a pas été jouée très vite et dans des nuances plutôt contenues, loin des versions tonitruantes qu'on connait), la 25/5 que je n'ai jamais entendu jouée aussi lentement également, je me suis même demandé à un moment si Jean n'était pas en forme ce dimanche. Mes doutes ont été vite balayés avec la 25/12 ou la ronde des lutins en rappel. Le tout était incroyablement maîtrisé, des contrechant subtiles mis en valeur, jamais trop ni trop peu dans le rubato, un grand moment. Quel dommage que la salle ait été si peu remplie, j'étais content d'embarquer ma petite famille qui a beaucoup aimé également, ça rajeunissait l'âge moyen en plus
fritz a écrit : lun. 30 sept., 2024 7:33
C'était top, j'ai été surpris par quelques choix de tempi (la 10/1 n'a pas été jouée très vite et dans des nuances plutôt contenues, loin des versions tonitruantes qu'on connait), la 25/5 que je n'ai jamais entendu jouée aussi lentement également, je me suis même demandé à un moment si Jean n'était pas en forme ce dimanche. Mes doutes ont été vite balayés avec la 25/12 ou la ronde des lutins en rappel. Le tout était incroyablement maîtrisé, des contrechant subtiles mis en valeur, jamais trop ni trop peu dans le rubato, un grand moment. Quel dommage que la salle ait été si peu remplie, j'étais content d'embarquer ma petite famille qui a beaucoup aimé également, ça rajeunissait l'âge moyen en plus
Interessant, merci.
Le challenge de jouer ces études en public est tellement élevé que même un professionnel aguerri peut avoir besoin parfois de réduire la prise de risque. Ce que tu dis me semble au contraire très positif : il n’est pas comme une machine !
Sur la 10/1 : les bêtes à concours jouent cela comme des machines et en font une pièce athlétique : ce n’est pas ce que je préfère.
Je pense que je suis très formaté par le le fait de connaître ce répertoire à travers les interprétations proposées dans le cadre du concours Chopin. Et effectivement ce n'est pas toujours la musique qui est mise en avant dans ce cadre
fritz a écrit : lun. 30 sept., 2024 7:33
C'était top, j'ai été surpris par quelques choix de tempi (la 10/1 n'a pas été jouée très vite et dans des nuances plutôt contenues, loin des versions tonitruantes qu'on connait), la 25/5 que je n'ai jamais entendu jouée aussi lentement également, je me suis même demandé à un moment si Jean n'était pas en forme ce dimanche. Mes doutes ont été vite balayés avec la 25/12 ou la ronde des lutins en rappel. Le tout était incroyablement maîtrisé, des contrechant subtiles mis en valeur, jamais trop ni trop peu dans le rubato, un grand moment. Quel dommage que la salle ait été si peu remplie, j'étais content d'embarquer ma petite famille qui a beaucoup aimé également, ça rajeunissait l'âge moyen en plus
J'y étais également grâce à cette discussion.
Avec ma fille de 16 ans, qui faisait aussi baisser la moyenne d'âge.
Et effectivement, c'était triste de voir la salle à peine au tiers remplie pour un tel programme et un si beau pianiste (et à 25 euros).
Une très belle performance d'enchainer toutes les études. Certains tempos étaient en effet plus lent que d'habitude, mais c'était toujours magnifique (idem pour le prélude de Bach joué en 2ème rappel, particulièrement lent).
Ce texte pour ceux qui ne connaissent pas cet immense pianiste qu'est Jean Dubé :
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Pianiste franco-canadien, il est né en décembre 1981 et est reconnu comme l'un des plus grands pianistes de notre époque.
Son répertoire très vaste va de la musique baroque aux créations contemporaines. Il possède une technique phénoménale alliant puissance et sonorité orchestrale qui lui confère le don d'enthousiasmer et d'émouvoir de façon intense.
Enfant prodige en musique, il s'est produit dans le monde entier depuis l'âge de 4 ans et est lauréat de plusieurs concours nationaux et internationaux.
Premier prix du concours national "Jeunes prodiges Mozart à Paris" à 9 ans, il joue la même année avec l'orchestre philharmonique de Radio France, l'ensemble orchestral de Paris.
Il se produira dès lors dans le monde avec de nombreux grands orchestres ainsi qu'en récital en Musique de Chambre ainsi qu'à la radio et à la télévision. Plus jeune soliste de France et plus jeune Premier Prix de l'histoire du conservatoire de Nice à 10 ans, Premier Prix du Conservatoire de Paris chez Jacques Rouvier à 14 ans, il a notamment étudié avec Jacqueline Robin, Catherine Collard, Vladimir Krainev, Rudolf Buchbinder, Murray Perahia et suivi les cours de O'Conor. Premier Grand Prix à l'unanimité et Pris du Public du Concours Franz Liszt d'Utrecht 2002, vainqueur du concours européen de piano "Ouistreham Riva" et pris de l'Association Chopin à Nohant 2009, il remporte aussi, entre autres, les concours internationaux Poulenc, Messiaen et Jeunesses Musicales de Bucarest.
Jean Dubé est régulièrement invité comme membre de jury de concours internationaux (Pinerolo 2004, Poulenc 2008, Chang Chun 2009, présélections internationales du concours "Franz Listz" d'Utrecht 2020), il dispense également des master classes sur les cinq continents. Très à l'aise dans tous les répertoires, dont celui pour main gauche, il se plaît à associer d'autres arts à la musique (peinture, sculpture, cinéma, littérature) et à donner des récitals à thème (les cloches, les oiseaux, l'amour, la danse, les eaux et les jardins).
Passionné également par les musiques de films, il a réalisé de nombreuses transcriptions pour le piano. Sa discographie comprend aujourd'hui un quarantaine de CD, principalement chez Syrius, Bnl et Naxos.
L'intégrale des études de Chopin qu'il a jouées à la salle Gaveau ce 29 septembre 2024 existe sur CD , publié par le label Syrius.
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Parlons du concert maintenant.
Tout d'abord, je ne sais si cela a déjà été fait précédemment de proposer l'intégrale des études de Chopin lors d'un concert. Si Samson François a bien publié un disque de concert à Pleyel en ce sens, il était le résultat d'un collage de différents extraits puisés dans les trois jours différents de concerts durant lesquels il ne jouait qu'une partie des volumes. Olivier Korber, a proposé les Études en concert, mais il ne s'agissait "que" de celles de l'opus 25 (si un Pmistes est au courant d'un concert déjà donné avec l'intégrale, merci de me le faire savoir).
J'ai été carrément foudroyé par ce concert. Jean Dubé a une telle aisance. Sous ses doigts, chaque étude est transcendée, laissant place à la musique, pure, tout comme lui est un pianiste pur. Rien ici est torturé. Son discours et sa musique sont un flot qui coule, qui nous élèvent. Jamais d'effet gratuit comme on peut en entendre trop souvent dans ce répertoire.
J'ai adoré le choix de ses tempis.
Le souffle ! La grâce !
Je remercie Jean Dubé de m'avoir donné l’autorisation de publier l’enregistrement ici pour que tous les Pmistes puissent en profiter.
Le concert s'est déroulé en deux parties, avec entracte. La première comportait les 12 études opus 10 ; la seconde, 3 nouvelles études B130, suivies des 12 étude opus 25. Et en rappel, nous avons eu droit à La ronde des lutins de Franz Listz et, pour calmer un peu (on ne voulait plus qu'il parte), un prélude de Bach.
Ci dessous la première partie, en vidéo, puis en audio (avec prise de son peut-être meilleure) :
Et ci dessous, la seconde partie, en vidéo, puis juste audio :