Ninoff a écrit : dim. 17 déc., 2023 17:00
J’adore ton mois de Mai…
Qu’est ce qu’en pensé Étienne ?
Jusqu'à présent, Étienne n'a jamais assisté aux jam sessions (car il est très souvent en tournée : cette vidéo est d'ailleurs très intéressante).
Du coup, il ne sait pas que j'ai composé ce morceau...
Pour bien commencer l'année : Ahmad en quartet, avec Herlin Riley (batterie), James Cammack (contrebasse) & Manolo Badrena (percussions).
Concert qui date de juillet 2019.
Un 1er et un 2ème Tour à l'issue desquels aura lieu la première élimination des candidats.
Une demi-finale composée d'un récital classique/jazz.
Une Finale composée d'un récital avec orchestre (pour les pianistes classiques) ou d'une performance avec section rythmique (pour les pianistes de jazz).
Ici une des semi-finalistes (catégorie jazz) :
Et ici la finale (catégorie jazz) :
La jeune Dabin Ryu (Corée du Sud) [qui joue en deuxième dans la vidéo] est vainqueur du concours.
Si on s'amuse à classer un jazzman dans l'une des 6 catégories de contributions à l'art du jazz, on peut dire que Mingus a été important au moins dans cinq d'entre-elles: compositeur, interprète, improvisateur, accompagnateur et leader de groupe (la 6ème catégorie étant "arrangeur" : Mingus l'a été, mais de façon moins prégnante que les 5 autres).
Il a été particulièrement important dans la composition, amenant des innovations formelles, avec des morceaux très complexes, souvent avec des mélodies franchissant des registres très larges (presque injouables pour les musiciens, qui devaient alors être des top niveau), lignes longues, intervalles dissonants, changement de tempo, modulation métriques (il n'était pas exemple pas rare de passer du 4/4 au 6/4 [en conservant le tempo du 4/4].
Les compositions de Mingus me font beaucoup penser aux toiles du peintre américain Stella, avec ses peintures bien emboîtées dans l'ordonnement, mais où quelque chose sort souvent du cadre, comme si on ne pouvait retenir complètement enfermé le contenu dans la structure... C'est exactement ce que m'inspire Mingus.
Stella peinture.jpg (82.14 Kio) Vu 2453 fois
J'aime beaucoup ce morceau "Reincarnation of a lovebird", dédié à Charlie Parker, avec cette harmonie riche et puissante.
Cette pièce est tirée du CD de Mingus "The clown" (1957 chez Atlantic records), interprétée en quintet avec Jimmy Knepper (trombone), Curtis Porter (sax alto), Wade Legge (piano), Charles Mingus (contrebasse), Dannie Richmond (batterie).
La structure de ce morceau (après une introduction jusqu'à 1'01) est un A A B A. Il est en Fa# mineur, ce qui est finalement assez rare dans le jazz. A noter, dans l'introduction, une citation du thème "Salt peanuts", qu'a souvent joué Charlie Parker.
En général, dans les morceaux de jazz, le deuxième A est, dans sa dernière mesure (ou ses deux dernière) un peu différent du premier A, avec une résolution amenant vers le B ; et le 3ème A est souvent similaire au premier A.
Ici, et c'est là tout l'art de Mingus, il faut noter que le premier A se finit par une descente chromatique, et le deuxième par une montée chromatique. Encore plus intéressant (et je ne pense pas qu'il existe d'autres morceaux dans tout le jazz montrant cette caractéristique), c'est que le dernier A réunit les deux : à la fois la descente chromatique et la montée chromatique.
Autre fait intéressant avec le B joué à un tempo deux fois moins rapide que le A, mais pas sur tout le B.