Le Pianobar vu par les PMistes

[Christof]

Je continue l'indexation avec ces trois morceaux :







Merci pour votre écoute

[Christof]

Et encore ...

Silence, magnifique composition de Charlie Haden




Indiana [en fait titrée au départ Back Home Again in Indiana) est une chanson datant de 1917, musique de James F. Hanley. Celle-ci est devenue un standard du jazz. J'ai essayé ici de la rajeunir un peu.




Love makes the change : blues composé par Michel Legrand, que l'on peut entendre dans le film "5 jours en juin", tiré d'un épisode de sa vie. Tout l'art de Michel Legrand avec ces modulations.
On entend ce blues à la fin du film, dans un plan séquence extraordinaire, chanté par Ray Charles ([url="Magnifique blues composé par Michel Legrand, que l'on peut entendre dans le film "5 jours en juin", tiré d'un épisode de sa vie.

On entend ce blues à la fin du film, dans un plan séquence extraordinaire, chanté par Ray Charles : écouter ici)



Merci pour votre écoute.

[Christof]

Suite de l'indexation :

Deux standards joués à ma façon :

Blame it on my youth (Oscar Levant)


Et ici, le même thème, avec Terrance Gelenter au chant



Seascape (Johnny Mandel)


Merci pour votre écoute.

[Christof]

Je continue...

God bless the child (Billie Holliday)




Smoke gets into your eyes (Jerome Kern)




Moon River (Henri Mancini) [qui peut aussi être indexé dans la page musique de films]

[Christof]

Suite de l'indexation : 2 thèmes de Fats Waller joués à ma façon

Ain't Misbehavin"





Jitterburg Waltz



Merci pour votre écoute.

[Spianissimo]

Page 1 du fil actualisée, merci Christof et Beemahl pour vos contributions.

Merci Christof, Roulroul2 et Beemahl pour vos retour sur Greensleeves.

[Ninoff]

Ce thème est magnifique, merci du rappel Christof

[mh_piano]

Magnifique en effet ! Méditatif, il te va bien.
La construction de cet enregistrement est superbe.
Peux-tu nous dire comment tu procédés quand tu décides d'aborder un thème comme ça ? Tu écoutes différentes versions ? Comment travailles tu ?

[Christof]

Page 1 du fil actualisée, merci Christof

Merci Spiani !
Je vais continuer, encore quelques-uns à rajouter... Je ferai cela au fur et à mesure.

[Christof]

Ce thème est magnifique, merci du rappel Christof

Oui, incroyable cette suite d'accords, en plus composée par un contrebassiste !

Magnifique en effet ! Méditatif, il te va bien.
La construction de cet enregistrement est superbe.
Peux-tu nous dire comment tu procédés quand tu décides d'aborder un thème comme ça ? Tu écoutes différentes versions ? Comment travailles tu ?

Merci Marie-Hèlène pour ton écoute et pour ces questions (j'adore ce genre de questions). Je vais prendre le temps d'y réfléchir avant de te répondre car il y aurait finalement tellement de choses à évoquer, qui me semblent naturelles et que je fais un peu instinctivement.
La réponse bientôt.

[Christof]

Magnifique en effet ! Méditatif, il te va bien.
La construction de cet enregistrement est superbe.
Peux-tu nous dire comment tu procédés quand tu décides d'aborder un thème comme ça ? Tu écoutes différentes versions ? Comment travailles tu ?

En fait, quand je joue un thème, à moins de vouloir le faire "à la manière de", je n'écoute jamais avant différentes versions pour disposer d'une plus grande liberté d'exploration. Mais il faut dire que j'ai tellement écouté de musique tout au long de ma vie que la plus grande partie des morceaux que je joue ne m'est pas du tout inconnue. Des choses en filigrane...

Ainsi, j'ai toujours gardé un émoi particulièr pour ce morceau "Silence". Je peux encore ressentir physiquement en fermant les yeux cette émotion qui m'avait saisie la première fois que je l'ai entendu. C'était en 1986, à un concert de l'orchestre de Denis Badault au CIM (j'ai déjà parlé de Denis ici). Émotion déjà, parce que Denis était mon prof de piano à l'époque et c'était la première fois que j'assistais à l'un de ses concerts, super admiratif de le voir compositeur, chef d'orchestre, arrangeur et diriger comme cela quelque 15 musiciens sur une musique de son cru qui sonnait magnifiquement. Donc déjà l'émotion.
Et puis est venu ce morceau, "Silence" que Denis à présenté. Cela commençait juste au piano. D'emblée les frissons, et tous les poils des bras qui se hérissent. Arrangement magnifique ou petit à petit les différents instruments de l'orchestre rentraient par petites touches. Je me souviens encore m'être dit : mon dieu, mais quelle beauté cette suite d'accords.

On peut entendre cet arrangement ici (un concert donné l'année d'après) :



Ensuite, j'avais voulu en savoir plus sur le compositeur, Charlie Haden, et j'ai été stupéfait de savoir qu'il était contrebassiste. Stupéfait parce que cette séquence d'accords est si parfaite... Je pensais que cela ne pouvait provenir que de l’œuvre d'un pianiste...
J'avais alors acheté le 33 tours avec le morceau original, disque datant de 1984 où Charlie Haden joue avec Jan Garbarek au sax et Egberto Gimonsti au piano :



Cela me plaisait tellement que j'avais relevé les accords (plus tard est sorti le Fake Book où l'on peut trouver la grille et, où c'est rare pour une grille de jazz, tous les accords sont écrits aussi sur des portées) :

silence3.jpg (93.42 Kio) Vu 1087 fois

Plus tard, j'avais aussi repéré le disque Bop Bee, groupe dans lequel jouait Keith Jarrett, mais cette version m'avait un peu déçu.



Et puis j'ai oublié. Et je n'ai jamais entendu de version piano solo. D'ailleurs je pensais que cela n'existait pas (mais suite à ton message, je viens de fouiller et découvrir que Petrucciani avis repris ce morceau en solo, et je ne l'avais jamais entendueavant aujourd'hui).



Tout cela a dormi pendant des années : je ne me suis vraiment "attaqué" à vouloir faire un enregistrement de ce morceau que récemment. C'était dans ma période où je m'étais fixé comme objectif d'apprendre deux standards par semaine (j'en avais rendu compte dans PM). J'avais alors publié le morceau, mais comme je l'ai expliqué, on ne le trouvait plus ici car mon serveur qui l'hébergeait à disparu.

Pour en venir maintenant au "comment je procède".
La première chose a consisté à savoir par cœur ces accords, savoir aussi bien les jouer à la MD qu'à la MG (ceux qu'on voit sur les 8 premières mesures), et les autres avec la basse. Chercher aussi d'autres répartitions aux deux mains. Avoir un maximum de combinaisons possibles, en fonction du registre utilisé sur le clavier.
Plutôt que de vouloir faire l'analyse de chaque progression en essayant de fixer des gammes qui fonctionnent sur des séquences d'accords, j'ai joué d'abord cette progression d'accords en chantant l'improvisation, comme si j'étais un autre instrument. Sentir les notes pivots, les points d'achoppement. Essayer aussi de chanter des choses très différentes à chaque fois. Faire tourner cela, très longtemps, sentir que je me sens un peu chez-moi, que je ne cherche jamais mon accord, que cela coule de source au piano. Que ce que je chante tiens la route.
J'ai fait cela en m'accompagnant aussi seulement MG (en prévision de pouvoir habiller cela avec une improvisation à la MD), mais aussi en jouant seulement MD (en prévision de croiser les mains, et par exemple aller choruser dans les graves) ; m'accompagner aussi des deux mains et en me disant qu'il faudrait alors que je trouve aussi une ruse pour trouver une "3ème main" à ce moment-là pour faire vivre aussi une mélodie en même temps, prendre alors aussi conscience du placement rythmique pour pouvoir jouer dans les trous une mélodie... etc.

Puis j'ai commencé à improviser la MD au piano en jouant les accords MG, en entendant ce que je voulais jouer.
Bien sûr, chacun est différent : de nombreux pianistes préféreront raisonner par gammes, par modes, écrire, savoir que si on fait telle ou telle note sur tel accord cela risque de sonner "faux" (mais c'est complètement idiot car aucune note n'est fausse... cela dépend de la note que l'on jouera après). Mais alors le risque est de s'enfermer, jouer toujours la même chose aux mêmes endroits.

De mon côté, j'ai la chance de pouvoir jouer directement ce que j'entends (ce sont de longues années de pratique). J'ai fait tourner alors aussi longtemps que possible pour bien sentir que je dominais la progression, la modulation, ces retards qui font toutes la beauté de ce thème. Et c'est loin ici d'être évident : ce morceau paraît simple à jouer (ce qu'il est d'ailleurs d'une certaine manière), mais c'est hyper casse-gueule d'improviser car cela module dans tous les coins.

Une fois ceci fixé, je me suis juste lancé. La seule chose que je savais, c'est qu'au départ, on a juste des accords à 3 notes, ce qui donne une certaine ambiance, qu'il faut "habiter" progressivement dans un discours de MD, mais sans détruire ce "juste progressivement", penser aussi à ce mot "Silence". Savoir aussi que petit à petit, on va enrichir ces accords, commencer à y mettre des basses, et le volume sonore alors grandit, il y a une progression, mais ne pas non plus "s'emballer", tenir les rênes, proposer une évolution pour revenir petit à petit au thème du début et au silence.
En fait, je dis cela maintenant, mais c'est venu naturellement en jouant. Je n'ai rien écrit, c'est de la pure improvisation sur cette structure.
Je pense que c'est l'expérience aussi qui m'a permis de maîtriser la durée du morceau, ne pas être dans le trop court, ni dans le trop long, sentir pendant que l'on joue que l'on a des choses à dire, que la musique te porte, qu'il faut être là, mais sans faire si possible de bavardage inutile, que cela s'enchaîne naturellement porté aussi par une dynamique, une histoire nuancée. Sentir que cela va de soi.

C'était ce jour là et pas un autre. Le jouer un autre jour, cela sera encore différent. J'aime bien cette image, liée à la physique quantique, de dire que tout est là préexistant, dans la tête superposé, intriqué, et ce que se délivre à chaque instant est alors une "réduction du paquet d'ondes", un choix parmi le tout...

[mh_piano]

Merci beaucoup Christof pour cette réponse détaillée et illustrée, c'est super intéressant !

Je constate l'alliance du travail (apprendre la grille par coeur et la faire tourner encore et encore, mg, md, puis avec la voix) et de l'expérience pour arriver à ce beau résultat.
Intéressant aussi de savoir que tu n'analyses pas vraiment. Chacun sa voie en effet, d'autres s'appuient beaucoup sur l'analyse. Ta mémoire et ton oreille doivent t'aider à te passer de l'analyse, et en effet ça peut donner sans doute plus de liberté, mais "l'intuition" de l'expert passe par là aussi, basée sur une très grande quantité de formules mémorisées. C'est ça aussi qui te permet d'avoir une improvisation bien construite.
Sympa la grille avec les accords écrits.

Et je n'imaginais pas l'origine chargée d'émotions de ta connaissance de ce morceau. Un ingrédient de plus pour la mémoire et la motivation. Travailler des thèmes qui nous "touchent" profondément est sans doute une condition pour faire quelque chose qui n'est pas qu'un exercice de style.

Au plaisir de continuer de découvrir tes créations.

[Ninoff]

Quelle belle version que celle de Petrucciani…!!!!
Cela me fait penser un peu au 4e prélude de Chopin ou le changement d’une note à chaque accord modifie toute la coloration…
Petrucciani reste très sobre , j’aime bien la simplicité qui se dégage de son jeu..
Et merci Christof de nous partager l’historique de ton apprentissage, très intéressant

[Christof]

Quelle belle version que celle de Petrucciani…!!!!
Cela me fait penser un peu au 4e prélude de Chopin ou le changement d’une note à chaque accord modifie toute la coloration…
Petrucciani reste très sobre , j’aime bien la simplicité qui se dégage de son jeu..
Et merci Christof de nous partager l’historique de ton apprentissage, très intéressant

Merci Ninoff. Ravi de t'avoir fait découvrir la version de Petrucciani.
Oui, une note qui suffit à changer toute la coloration, comme des fondus-enchaînés, des reflets dans l'eau qui troublent et qui éclaircissent. La magie des transitions.

Merci beaucoup Christof pour cette réponse détaillée et illustrée, c'est super intéressant !

Intéressant aussi de savoir que tu n'analyses pas vraiment. Chacun sa voie en effet, d'autres s'appuient beaucoup sur l'analyse. Ta mémoire et ton oreille doivent t'aider à te passer de l'analyse, et en effet ça peut donner sans doute plus de liberté, mais "l'intuition" de l'expert passe par là aussi, basée sur une très grande quantité de formules mémorisées. C'est ça aussi qui te permet d'avoir une improvisation bien construite.

Merci pour ta réponse Marie-Hélène
Je dois tempérer un peu ce que j'avais écrit en disant que je n'analysais pas vraiment. En fait, je n'ai pas analysé pour ce morceau, précisément, parce que je connais assez bien d'emblée les chemins harmoniques (j'ai beaucoup travaillé dans ce sens depuis mes premières approches du jazz). Simplement, pour ce morceau, cette suite d'accords fonctionne tellement bien d'elle même que je n'ai pas voulu chercher à vouloir creuser ou commencer à faire des réharmonisations (ici cela ne s'impose pas). Alors c'est vrai que je fonctionne beaucoup à l'intuition.

Mais j'ai aussi décidé de me "recadrer", d'enrichir et d'élargir encore en m'inscrivant cette année aux cours d'harmonie jazz de la Bill Evans Académie. Le premier cours, cycle 3 - puis 4, date pour moi de pas plus tard que mardi dernier. Je pense que j'en parlerai un peu au fur et à mesure.

Dispensé par Etienne Guéreau (il faut absolument aller visiter son site et blog "Piano jazz concept"), ce cours reprend en grande partie le cours d'harmonie de Bernard Maury, qui était un ami de Bill Evans (voir ici dans PM).
Cela vient rattraper un rêve : il y a des années de cela - cela remonte à plus de 30 ans- j'avais pour projet justement de suivre la classe de Bernard Maury mais cela n'avait pu se faire par manque de temps de ma part, trop pris par mes activités professionnelles.
Finalement, le rêve se réalise maintenant, et c'est peut-être une très bonne chose parce que cet enseignement aurait certainement volé trop haut pour moi à cette époque (en plus l'école est à 10 minutes à pieds de chez-moi...). Etienne Guéreau a été l'élève de Bernard Maury. Pédagogue hors pair, et musicien de très très haut niveau, il a su et voulu, au côté de Lilian Dericq (qui enseigne la partie cycle 1 cycle 2) restituer ce cours dans toute sa logique et sa subtilité. Disons que cet enseignement est basé sur les enseignements et l'approche pratique transmis par Bernard Maury et indirectement liée aux concepts de Bill Evans, et tout cela repris aussi dans la transmission magistrale de Lilian Dericq et Etienne Guéreau : tout un programme !!!!

Quelle excitation pour moi de retourner à l'école, un peu comme si je reprenais des cours à la Fac !
J'adore ce cours, qui fonctionne aussi par échange constant entre le "prof" et les élèves, les élèves et le prof, permettant aussi de mieux connaître les expériences de chacun (nous sommes 12 élèves). Et ce que j'aime par dessus tout, c'est qu'il ne s'agit pas du tout d'un cours magistral (même si il est hyper structuré et progressif). Un cours dans l'esprit du jazz, où, à la lueur d'un nouveau savoir, l'élève doit aller creuser de lui-même, expérimenter. Et poser ensuite au professeur toutes les questions qui lui passe par la tête.

[Spianissimo]

Merci pour ces explications passionnantes Christof.

Nouvelle contribution de ma part :
Sakamoto / Ballet Mécanique

[Ninoff]

Merci Christof,
Je vais commander ce livre
La formation a l’air super intéressante .
Cela va te permettre de compléter tes acquis.
Le nom de Bill Evans sonne comme le Graal des formations

[Ninoff]

Très beau Spianissimo, merci de cette belle découverte

[Christof]

Nouvelle contribution de ma part :
Sakamoto / Ballet Mécanique

Magnifique Spiani . Musique tellement touchante.
On sent à la fois quelque chose d'européen chez ce compositeur, construit et mâtiné dans un esprit oriental. On reconnaît bien là le compositeur de Furyo. Une signature.

[Christof]

Merci Christof,
Je vais commander ce livre

Merci Ninoff pour ton intérêt (et Spiani).
Il y a deux tomes. Y aller très doucement parce c'est tellement riche. Programmer de s'y plonger dans la durée (ces deux ouvrages représentent quatre années d'étude dans la Bil Evans piano Académie). Souvent (moi le premier), on veut aller trop vite...

[Beemahl]

Merci Spianissimo pour ton indexation.

Bravo à toi Christof pour tous tes enrengistrements, j'ai particulièrement apprécié Moon River.