Lorsqu'on avance dans le déchiffrage, il arrive que l'on s'en tire vraiment pas mal dans l'exécution de ces passages un peu délicats. Reconnaissons-le : dans ce moment-là, on est un peu content de soi. Enfin, c'est mon cas, pour ma part. Et c'est alors que le piège se referme. Car étant arrivé à l'exécuter une fois haut la main, ça nous prouve intérieurement que l'on est capable de cette prouesse. Et que par conséquent, cette étape-là est franchie.
Mais par la suite, au fur et à mesure que l'on rode le morceau, on remarque que ce passage difficile que l'on a réussi à maîtriser du premier coup, ben, il semble quand même un peu fragile. Et il arrive même parfois que l'on butte dessus, lorsqu'on commence à augmenter le tempo.
C'est là que le piège entre en action : dans mon cas personnel, je n'accepte pas bien l'idée de reprendre à zéro le travail de ce passage, car inconsciemment, ce serait un peu démentir l'impression très positive que j'avais eue au premier abord. Et donc ce serait reconnaître intérieurement que : non, je ne suis pas aussi fort que ce que je croyais, et qu'il faut revenir au niveau en-dessous, et consolider les acquis. Il y a alors comme un refus et un déni - inconscients - qui se mettent en place. Avec pour conséquence le refus obstiné de travailler dans le détail ce passage que - quand même - j'ai réussi à jouer parfaitement du premier coup

Les semaines passent. Le morceau est bien rodé. Et décidément, le passage difficile ne passe plus du tout. Maintenant c'est devenu la bête noire. On y arrive à reculons, en se tenant sur ses garde, on le loupe une fois sur deux, deux fois sur trois.
À la fin, arrive le moment de la capitulation : il faut travailler enfin ce passage, en reprenant depuis le début, lentement, mains séparées, et y passer du temps. Gros coup dur pour l'image de soi

En fin de compte, cette illusion, ce déni dans lequel on restait enfermé, nous aura fait perdre beaucoup de temps.
Est-ce que d'autres ici ont remarqué ce genre de petit conflit intérieur ?