Re: [Fil Christof] Recherche harmonique sur "Round Midnight"

[Ninoff]

Quelle mélodie envoûtante…!!!
Et très très bon début , à suivre mon ami.

[Spianissimo]

C'est fou comme un morceau peut vous prendre, j'en rêve la nuit... En fait, j'y pense à chaque instant. C'est toujours comme cela quand je commence à relever quelque chose qui me plaît tellement. Essayer d'en extraire la substance, essayer de lui donner vie, sans la détruire.

Comme le début d'une relation amoureuse....j'ai toujours ce même sentiment que tu décris lorsque je découvre un morceau génial et que je suis en capacité de le jouer ou de le retranscrire...

En tout cas, je viens d'écouter ta deuxième version, c'est très beau (je ne connais pas l'original), je découvre donc sous tes doigts, merci Christof.

[jazzy]

Oui beau thème, ce qui ne m'étonne pas de la part de thomas Enhco. Je l'avais déjà entendu et il donnait une explication par rapport au titre "half to Japan", morceau qu'il aurait "composé" dans l'avion (de quelle manière?) à mi chemin entre Paris et Tokyo, d'où le titre....
Je trouve que le volume main gauche, main droite est bien senti et bien pesé dans ce que tu joues dans ce morceau.
A propos de relevé, as-tu déjà essayé de jouer le morceau d'Antoine Hervé "Just Live to tell the tale" qui est dans son CD "Inside" et que je trouve très beau, mais sûrement pas simple à jouer!
Et à propos d'Antoine Hervé , continues-tu à écouter ses "cours de musique" en stream le samedi matin. Personnellement, je les écoute souvent (en différé). Il a vraiment une conception de la musique (jazz en particulier, improvisation) très originale

[Christof]

Merci beaucoup Ninoff et Spiani

C'est fou comme un morceau peut vous prendre, j'en rêve la nuit... En fait, j'y pense à chaque instant. C'est toujours comme cela quand je commence à relever quelque chose qui me plaît tellement. Essayer d'en extraire la substance, essayer de lui donner vie, sans la détruire.

Comme le début d'une relation amoureuse....j'ai toujours ce même sentiment que tu décris lorsque je découvre un morceau génial et que je suis en capacité de le jouer ou de le retranscrire...

En tout cas, je viens d'écouter ta deuxième version, c'est très beau (je ne connais pas l'original), je découvre donc sous tes doigts, merci Christof.

Oui, c'est exactement cela ! Comme le début du relation amoureuse. J'en oublie même de manger le midi, tellement absorbé par ce morceau, je ne vois plus le temps passer. J'y pense sans arrêt.

[Christof]

Oui beau thème, ce qui ne m'étonne pas de la part de thomas Enhco. Je l'avais déjà entendu et il donnait une explication par rapport au titre "half to Japan", morceau qu'il aurait "composé" dans l'avion (de quelle manière?) à mi chemin entre Paris et Tokyo, d'où le titre....

Merci beaucoup Jazzy pour ton message !
Oui, Thomas Enhco a dit qu'il a composé ce morceau, à partir d'un phénomène qui se passait en lui quand il prenait l'avion tout seul pour le Japon (à une période de sa vie, il y a été très souvent pour des tournées) : quand il arrivait à mi-parcours, donc à peu près au bout de six heures de vol, il se retrouvait au dessus de la Sibérie et, en regardant par le hublot, il voyait des étendues énormes, désertes, sans route, et cette espèce d'au milieu, entre chez-lui et le Japon lui procurait un sentiment d'oubli, de plénitude, le sentiment de planer complètement, un truc à la fois mélancolique et en même temps infini et très très régulier. Il a expliqué avoir essayé de transcrire cela dans un morceau avec une mélodie qui s'étire avec un groove sous-jacent mais qu'on entend très peu

Je trouve que le volume main gauche, main droite est bien senti et bien pesé dans ce que tu joues dans ce morceau.

Merci. Oui, c'est une des grandes vacheries dans ce morceau (remarque, c'est un peu pour tous les morceaux), cette répartition des plans sonores. La difficultés vient aussi de ce "groove" sous jacent, qui doit être juste suggéré, réparti dans les deux mains, et cela module sans arrêt. Beaucoup de notes de la mélodie sont tenues, il y a des positions pas évidentes et le choix des notes d'accompagnement est primordial, et ne pas jouer fort, sinon tu détruit l'harmonie (il ne faut, par exemple, pas forcément affirmer la tierce), et cela bouge tout le temps. Et il faut arriver à donner ce sentiment qu'on est aussi dans les airs (tu verras, je rajouterai bientôt une partie qui est dans le morceau - je n'avais pas encore toute la structure) qui suggère exactement cela, qui vient d'un accord de D7 9 11# 13 sur lequel il reste 16 mesures).

A propos de relevé, as-tu déjà essayé de jouer le morceau d'Antoine Hervé "Just Live to tell the tale" qui est dans son CD "Inside" et que je trouve très beau, mais sûrement pas simple à jouer!
Et à propos d'Antoine Hervé , continues-tu à écouter ses "cours de musique" en stream le samedi matin. Personnellement, je les écoute souvent (en différé). Il a vraiment une conception de la musique (jazz en particulier, improvisation) très originale

Je connais ce morceau (j'ai le CD depuis des années) mais je ne l'ai jamais relevé. Il y a un peu le même esprit au début, mais je le trouve moins en finesse que ce que fait Thomas Enhco (mais ce sont bien sûr deux pianistes différents). Les deux morceaux de lui que j'ai relevés, c'est Parenthèses (il y a des années de cela, c'était en 1985) et aussi "Sous les lofts de Paris (mais là, c'est une version en big band).

Cela fait des lustres que je ne suis pas allé voir sa chaîne. En tous cas, c'est un excellent pédagogue !

[Christof]

Suite du travail sur le morceau de Thomas Encho
(je remets ici ce que j'avais écrit dans un message précédent : Thomas Enhco a composé ce morceau à partir d'un phénomène qui se passait en lui quand il prenait l'avion tout seul pour le Japon (il l'a souvent fait pour des tournées) : quand il arrivait à mi-parcours, donc à peu près au bout de six heures de vol, il se retrouvait au dessus de la Sibérie et, en regardant par le hublot, voyait des étendues énormes, désertes, sans route, et cette espèce d'au-milieu, entre chez-lui et le Japon lui procurait un sentiment d'oubli, de plénitude, de planer complètement aussi, un truc à la fois mélancolique et en même temps infini et très régulier. Il a expliqué avoir essayé de transcrire cela dans un morceau avec une mélodie qui s'étire avec un groove sous-jacent mais qu'on entend très peu).

J'ai maintenant toute la structure, et finalement, c'est vraiment maintenant que commence tout le travail.
L'une des grandes difficulté à mon avis à bien jouer ce morceau réside dans ce "groove" sous-jacent, qui doit être juste suggéré (par un accompagnement doux, réparti avec des notes dans les deux mains, alors que la droite a aussi la mélodie. Et celle-ci doit chanter (de nombreuses notes sont tenues), il y a des positions pas évidentes et le choix des notes d'accompagnement est primordial, sinon elles ne mettent pas en valeur la mélodie (il ne faut, par exemple, pas forcément affirmer la tierce), et cela bouge tout le temps. Et aussi conserver le tempo, alors qu'il n'est que suggéré....
Arriver à donner aussi tout au long ce sentiment qu'on est aussi dans les airs, donner également cet aspect mélancolique, une espèce de no man's land, ce sentiment d'être un peu perdu, sans vraiment d'attache, mais aussi montrer qu'on est dans quelque chose de doux et dans une espèce de sanctification de ce qui se remue alors à l'intérieur de vous.

Voici où j'en suis, qui est une version "work in progress"
Je le publie juste pour jalon, ce qui me permet de mieux entendre tout ce qui ne va pas encore.
Maintenant, le travail va consister à jouer juste un accompagnement, comme si j'accompagnais un chanteur, en essayant d'engranger des tonnes d'accords et de positions différentes, dans différents registres du clavier, trouver encore plus de contrechants. Puis reprendre tout cela bien plus lent, en cherchant l'aisance dans ce groove et dans le placement de la mélodie, rester sans arrêt dans le flux, en variant les choses le plus possible. Et aussi mieux construire l'improvisation.

Merci pour votre écoute

[Ninoff]

Tu as bien avancé, il y a de très belles choses, il manque encore un peu une structure sur laquelle se rattacher.
En même temps une improvisation est censée détenir un pôle important de liberté .
Par moment tu frises l’atonalité, ta pulsation rythmique ne bouge pas et c’est déjà une sacrée performance..
En tout cas ce n’est vraiment pas facile.
Bravo de te confronter à un tel challenge

[flober]

Yesss ! Am back ! enfin j'ai recuperé un VPN et je peux passer, telle le passe muraille, the Great Fire Wall !

Bon ba c'est super Christof, j'aime beaucoup le flux apaisant ! Ça me fait du bien, ça soigne l'âme !

[jazzy]

Merci pour toutes ces explications Christof...Dans ta nouvelle version, Il y a des passages très clairs et bien construits, d'autres le sont moins (avec des harmonies un peu "flottantes"").

[Nick Borderline]

Voici où j'en suis, qui est une version "work in progress"

Salut Christof, pour une version intermédiaire, c'est déjà magistral. Bravo bravo pour ce morceau. J'adore. Il serait parfait pour illustrer la pub : "faire du ciel, le plus bel endroit de la terre...". Prise de son superlative ! Top.

[Christof]

Tu as bien avancé, il y a de très belles choses, il manque encore un peu une structure sur laquelle se rattacher.
En même temps une improvisation est censée détenir un pôle important de liberté .
Par moment tu frises l’atonalité, ta pulsation rythmique ne bouge pas et c’est déjà une sacrée performance..
En tout cas ce n’est vraiment pas facile.
Bravo de te confronter à un tel challenge

Merci Ninoff. Oui, tu as bien senti que je ne domine pas encore bien la structure générale (à mon avis, la partie qui pêche est celle de l'improvisation, où je m'emmêle encore les pinceaux et il faudrait que je sache mieux ce que je veux dire à ce moment-là, et bien mieux conduire et dominer les transitions. Tout cela manque encore bien de clarté.

Oui, j'adore ce moment où le morceau frise l'atonal (mais frise seulement car il n'y a en fait rien d'atonal avec ce magnifique D9 11# 13), qui donne bien l'ambiance d'un noman's land, quelque chose de cotonneux, dans les nuages.

[Christof]

Yesss ! Am back ! enfin j'ai recuperé un VPN et je peux passer, telle le passe muraille, the Great Fire Wall !

Bon ba c'est super Christof, j'aime beaucoup le flux apaisant ! Ça me fait du bien, ça soigne l'âme !

Trop content de te retrouver ici Florent, mille merci pour ton message, une douceur de l'âme.

[Christof]

Merci pour toutes ces explications Christof...Dans ta nouvelle version, Il y a des passages très clairs et bien construits, d'autres le sont moins (avec des harmonies un peu "flottantes"").

Oui, tu as bien senti et cela rejoint aussi ce qu'à ressenti Ninoff, ce manque de clarté par moment, et notamment comme tu le souligne dans les harmonies car je n'ai pas encore bien intégré toute la structure comme un tout (un tout qui est aussi rempli de poupées russes à l'intérieur). C'est pour cela que je soulignais que je dois travailler maintenant juste l'accompagnement, bien plus profondément - comme si j'accompagnais un soliste - et donc être aussi dans une autre version, pour justement bien mieux intégrer toute la structure et ses multiples transitions et modulations, les points clés, les placement rythmiques par rapport à la mélodie ou à l'impro, donner véritablement une ligne directrice très claire. C'est encore un peu brouillon dans mon esprit. Et la partie improvisation est assez redoutable car elle s'appuie sur une grille qui module sans arrêt de façon originale, assez inusuelle, que ne je maîtrise pas bien encore, dans laquelle je dois trouver ce chemin de clarté.

[Christof]

Voici où j'en suis, qui est une version "work in progress"

Salut Christof, pour une version intermédiaire, c'est déjà magistral. Bravo bravo pour ce morceau. J'adore. Il serait parfait pour illustrer la pub : "faire du ciel, le plus bel endroit de la terre...". Prise de son superlative ! Top.

Merci Nick. Tu es trop gentil !

[Christof]

Suite du travail, qui vous montrera un peu comment je procède :
pour mieux m'imprégner de la structure, je joue maintenant une version d'accompagnement, comme si il y avait un autre instrument qui faisait le thème et les chorus : cette phase m'aide à improviser aussi dans l'accompagnement, à élargir le registre et repérer certaines possibilités qui pourraient ensuite s'intercaler dans une version complète avec mélodie au piano. Elle me permet aussi de mieux m'imprégner de la pulsation (il faudrait d'ailleurs que je travaille toute une version au métronome parce que j'ai tendance à accélérer par moments).

Accompagner m'aide à mieux fixer les fondations, à trouver une certaine aisance et à encore mieux entendre toutes les intrications lorsque je rajoute la mélodie : on entend d'ailleurs à 7'16 le début d'une nouvelle version avec mélodie puis un bout d'improvisation, et je sens que le placement est désormais meilleur que dans la version précédente.

Merci pour votre écoute

[Ninoff]

Très intéressant ce travail de recherche sur l’accompagnement.
C’est lui qui donne les couleurs des harmoniques .
Bonne continuation dans ce travail fondamental , déjà en l’état c’est très beau ….

[flober]

Sympa.
Je fais toujours ça quand je travail un theme.
aussi walking bass + accords, walking bass + accords + chanter le theme, j'aime bien aussi le jouer en bossa ... pour s'impregner des couleurs harmoniques.

[Christof]

Très intéressant ce travail de recherche sur l’accompagnement.
C’est lui qui donne les couleurs des harmoniques .
Bonne continuation dans ce travail fondamental , déjà en l’état c’est très beau ….

Merci beaucoup Ninoff.
Je continue et vais reprendre maintenant avec le thème

[Christof]

Sympa.
Je fais toujours ça quand je travail un theme.
aussi walking bass + accords, walking bass + accords + chanter le theme, j'aime bien aussi le jouer en bossa ... pour s'impregner des couleurs harmoniques.

Oui, travail toujours très important à faire. Et chanter, chanter !

[Christof]

5ème épisode :
Je poste un nouveau jalon une semaine après avoir commencé à relever ce morceau.
Après le précédent travail sur l'accompagnement qui, comme l'a souligné Ninoff, donne toutes les harmoniques sous-jacentes, j'ai réintégré tout cela aujourd'hui dans une version complète en me concentrant complètement sur le son, la façon de faire sonner les harmoniques, le placement du groove, et surtout la détente. A propos de cette dernière, je me suis repassé cette nuit un des cours de Fred Hersch (j'avais parlé de celui-ici sur PM)), la partie consacrée à "Expermiment with Touch, Sound and Color", et travaillé là-dessus ce matin (j'espère que cela s'entend dans ce nouveau jalon ?).

Le truc qui pêche maintenant est l'improvisation et les prochains efforts vont particulièrement aller sur ce point : on entend en effet que mes phrases improvisées manquent encore de précision, la conduite devient alors floue (tellement de choses à penser en même temps...).

Merci pour votre écoute (mais j'imagine qu'à force cela risque de devenir un peu soûlant pour vous).