[apprentissage Niccolò]

[Niccolò Messina]

L'Adagio de la 28e sonate de LvB ne comporte pas d'indication, sauf "sul una corda", qui appelle le PP. Mais comme je joue seul ce mouvement, sans les autres, je lui ajoute des indications. Je vois un crescendo mesure 5 et sur l'accord de septième majeure de la mesure 6 non pas un ff mais un pp subito. J'ai sûrement entendu cela quelque part dans les "cinq dernières". Il ne faut pas jouer trop romantiques tous les "sol lasolfa#sol mi mi" mais la progression appelle quand même un grand crescendo jusqu'à la mesure 19.

Un monument, devenu miniature sous mes doigts

[Niccolò Messina]

À propos de la dernière et 66e pièce lyrique de Grieg :
Écrite en 1901, elle reprend à 3/4 la première pièce lyrique qui était à 2/4, écrite en 1867.
Elle est intitulée justement "Souvenirs", c'est une transfiguration du tout début de l'aventure des pièces lyriques.
Elle se développe en modulant deux fois, puis revient et conclut rit. al fine.
Guy Sacre dit que cette fin est plus bouleversante que le Warum de Schumann.

Je pense faire un ritenuto moltissimo... dès le quartolet mesure 70,
car ce ralenti est difficile à gérer.
Pianississimo comme c'est écrit je ne sais pas faire
mais il ne faudra pas rater au moins le pianissimo
et bien gérer cette pulsation, cette montre, ce temps qui s'arrête.

Grieg n'est peut-être pas un dieu, un demi-dieu seulement...
Alors que je permettrai ce que je ne me permets pas pour Beethoven ni Chopin,
de dire respectueusement que la partition a un petit défaut,
à moins que je n'y entende rien ;
mesures 45-47, je vois bien qu'il s'agit d'une progression harmonique qui sert à faire la transition,
mais ça va trop vite et la succession des modulations est étrange :
Do majeur, si mineur, Mib majeur, tout ça en trois mesures,
on n'a pas le temps de s'installer dans la nouvelle tonalité.
J'ai presque envie de jouer chacune de ces trois mesures deux fois.
Qu'en pensez-vous ? Oseriez-vous changer la partition sciemment ?
Moi, c'est ce que je compte faire.

***

La 65e s'appelle Forbi, très intéressante je trouve,
ce thème qui revient sans cesse en commençant par le haut,
descendant la gamme chromatique, c'est romantiquement désespérant.
Je pense ajouter un sol dièse à l'alto mesure 21
car je ne comprends rien à ce passage autrement.
(Je m'expose à la possibilité que vous me remettiez à ma place :
qui suis-je pour changer les partitions ? -- Eh bien, je suis le pianiste.)

Par ailleurs, dernière mesure, le decrescendo est impossible à obtenir :
les voix intermédiaires peuvent aller du fortissimo au piano
mais pas les mi en bas et en haut, puisque ce sont des blanches.
Bizarre... qu'a-t-il voulu dire ?

***

La 60e intitulée "Il y avait une fois", raconte réellement une histoire,
c'est évocateur à souhait. La partie intermédiaire
est beaucoup plus facile que ce que je craignais,
car la blanche pointée est à 63
(tempo rare qui n'existe pas sur les métronomes traditionnels me semble-t-il).
On a largement le temps de se déplacer d'une position à l'autre.

***

La 58e est nulle, un vrai morceau de salon.
Je la joue pour honorer mon plan de travail.
Comment la rendre intéressante ? Peut-être par un bon tempo.
Je l'ai entendue par de grands interprètes
qui n'en tirent rien qui ne soient ennuyeux.

**

La 57e est "Soir dans les montagnes".
Très particulière dès le premier regard, elle expose la musique à la main droite,
et ce solo fait penser à un grand solo de clarinette ou de cor dans une symphonie.
Deuxième page : même chose avec l'accompagnement, magnifique.
Il faut beaucoup d'expression, ça me va car j'aime l'expressionnisme.

***

La 56e est "A tes pieds", plus complexe que bien des pièces lyriques
réduites à des danses et exposées à maintes redites.
Je pense avoir bien compris la fin de la partie en ré bémol majeur,
j'admire comment le solfège et quelques indications
parviennent à exprimer une chose si délicate,
si étrangère à la rigueur de la notation solfégique.
Une vraie exaltation amoureuse aussitôt minimisée par la pudeur, ou la douceur.
Une déclaration d'amour bien sûr !
Guy Sacre ne l'aime pas, j'y vois le romantisme à l'état pur.

***

Je joue aussi la 54e, "Chant des matelots",
beaucoup plus roboratif,
qui ouvre en grandes pompes
le cycle du cahier IX des pièces lyriques.

***

Si je viens à bout de ces extraits de recueil,
je l'aurai terminé et
je troquerai ces pièces lyriques pour des mazurkas de Chopin
ou des Lieder sans paroles de Mendelssohn.
Les mazurkas sont plus difficiles qu'il n'y paraît,
mais je joue celles que j'aime, et dans celles que j'aime,
les plus abordables.

[Niccolò Messina]

Cette après-midi à 17h, je joue mon programme au studio d'enregistrement. L'heure de vérité après un mois de demi de travail. Ce sera moins bien que d'habitude. Les erreurs viendront fleurir la musique et faire mentir mon perfectionnisme. Pas de métronome, pas de possibilité de se défiler et de continuer la musique comme si de rien n'était en cas d'erreur... car la prise de son prend tout ! On peut reprendre le morceau... mais la reprise peut comporter d'autres erreurs.
Et puis ça coûte cher.
Et puis cette futilité : personne ne les écoutera, ces vidéos... Alors je me dis peut-être la postérité. Mais en quoi les rapports entre mes productions et les spectateurs changeront concrètement après ma disparition ?
Et puis on aimerait rejouer le Beethoven, mais voilà, il est 19 h et c'est l'heure de fermer

Pourtant, ces journées d'enregistrement, presque un concert, comptent parmi les meilleures journées de ma vie. Elles rythment mon année, plus sûrement que les saisons (qui s'estompent, je me demande s'il y a eu un hiver à Toulouse...). Et puis le plaisir de jouer sur un piano à queue. Et puis le bonheur de composer un 29e programme et de puiser dans le vivier des pièces étiquetées "moyenne difficulté".

[mh_piano]

Bravo pour ces rendez-vous en studio ! Ils obligent évidemment à préparer, aussi bien que possible (c'est bien aussi d'accepter les imperfections inhérentes à l'exercice !). Il faut savourer le plaisir du moment autant que la préparation, et ne pas s'attacher au résultat ou à la finalité. La finalité n'est-elle pas dans le processus lui-même ?
Les enregistrements sont aussi des jalons pour toi. Ne les écoutes tu pas ?
Bonne session !

[fritz]

Beaucoup de mal à comprendre ta démarche pour ma part, si ce n'est le bonheur de poser ses doigts sur un bel instrument mais ça peut se faire sans payer des frais d'enregistrement. D'un côté tu dis que personne n'écoutera les vidéos donc ça balaie le motif vaniteux mais c'est pour mieux enchaîner en parlant de postérité. Tu cherches à te prouver quelque chose à toi-même ? Et puis tu ne prends quasi jamais la peine d'aller commenter les vidéos des autres, en regardes-tu seulement ?

[skysynth87]

Sacré programme! On sent bien ton engagement dans ton jeu au piano même si j'entends ici ou là quelques raideurs au niveau du son. Je trouve tes attaques dans les nuances forte, trop brutales à mon goût mais c'est peut être le piano aussi qui fait ça. Certains pianos claquent plus que d'autre. Quelle est la marque?
EN tous les cas bravo pour ce beau programme

[Niccolò Messina]

Bravo pour ces rendez-vous en studio ! Ils obligent évidemment à préparer, aussi bien que possible (c'est bien aussi d'accepter les imperfections inhérentes à l'exercice !). Il faut savourer le plaisir du moment autant que la préparation, et ne pas s'attacher au résultat ou à la finalité. La finalité n'est-elle pas dans le processus lui-même ?
Les enregistrements sont aussi des jalons pour toi. Ne les écoutes tu pas ?
Bonne session !

Merci beaucoup pour tes félicitations mh ! La finalité est dans le processus, c'est vrai, mais j'espère un bon rendu sur les vidéos.
J'ai repris le piano en mars 2021 et à cette date j'ai projeté d'étudier tout ce que j'avais déchiffré dans ma vie, 535 pièces. Je pense avoir fini en juin 2026. Je les écoute bien sûr, surtout au montage et au moment de télécharger les meilleurs versions, car j'en enregistre plusieurs, deux, trois, quatre.
Ce soir, j'étais comme durant toute la journée, groggy par une prise de somnifères excessive dimanche. Je n'avais jamais fait autant de fautes...

[Niccolò Messina]

fritz, c'est moi qui ne comprends pas ta démarche vis à vis de ma personne.

[Christof]

Cette après-midi à 17h, je joue mon programme au studio d'enregistrement.
(...)
Et puis cette futilité : personne ne les écoutera, ces vidéos...

Vas-tu les mettre en ligne ?

[Aurele27]

Je rejoins un peu fritz en étant dubitative sur tes objectifs.
Se donner des objectifs de chiffres (je veux jouer 550 pièces ), enregistrer dans un studio pour se donner un jalon, ok pourquoi pas Mais la dernière expérience semble assez négative au vu de tes propos. Alors pourquoi s’infliger tout ça si ce n’est pas du plaisir ?
Et je rejoins également Fritz, ici on est dans un circuit d’échanges, une communauté, et ça marche en général à double sens, on essaye aussi de s’intéresser aux autres.
Et la question de Christophe à laquelle tu n’as pas répondu ?

[Niccolò Messina]

Je ne vais pas tarder à poster les liens.

[Niccolò Messina]

Voilà le programme.
Le badaud pourra choisir une vidéo parmi les 6 proposées.

Clementi sonatines opus 36 n°4 et n°5 au clavier numérique.




Beethoven : 4 mouvements lents de sonate



Grieg : 8 pièces lyriques du cahier 9 et du cahier 10




Glass : Wichita Vortex Sutra au timbre "halo pad" du numérique



Ce qui m'a donné le plus de peine sont les mouvements de Beethoven, mais les mouvements lents sont-ils vraiment plus faciles que les mouvements vifs, ce n'est pas entièrement sûr, il manque de la consistance dans mon "interprétation". En revanche, je pense avoir réalisé à peu près correctement Clementi et Glass.

[Carla Rocío]

Badeaudant sur ton fil , j’ai écouté les Clementi. Je trouve que le baroque et classique pur te vont vraiment bien Ai particulièrement apprécié le son xylophone (?), un peu moins les canards (cornemuse?) mais ça collait bien

Aussi écouté le dernier Beethoven, et je le trouve habité. Par contre on dirait que le piano et toi n’êtes pas en symbiose. C’est celui du studio c’est ça?

[Spianissimo]

le badaud qui passait par là s'est risqué à écouter le Glass.... il lui a été suggéré une vidéo du même morceau sur piano acoustique et il a très rapidement fui la vidéo du numérique, préférant le son naturel du piano. J'ai trouvé très bien joué, je sais que cette pièce n'est pas forcément facile sur le plan rythmique, notamment la partie en arpèges main droite.

[Niccolò Messina]

Badeaudant sur ton fil , j’ai écouté les Clementi. Je trouve que le baroque et classique pur te vont vraiment bien Ai particulièrement apprécié le son xylophone (?), un peu moins les canards (cornemuse?) mais ça collait bien
Aussi écouté le dernier Beethoven, et je le trouve habité. Par contre on dirait que le piano et toi n’êtes pas en symbiose. C’est celui du studio c’est ça?

Merci Carla pour ton passage sur ce fil. Le son du premier mouvement lent de Clementi est le glockenspiel. Sur le deuxième, c'est bien la cornemuse Oui, je vénère l'adagio, arioso de la 31e sonate de Beethoven. Que veux-tu dire par habité mais pas en symbiose ? Le piano est celui du studio en effet.

le badaud qui passait par là s'est risqué à écouter le Glass.... il lui a été suggéré une vidéo du même morceau sur piano acoustique et il a très rapidement fui la vidéo du numérique, préférant le son naturel du piano. J'ai trouvé très bien joué, je sais que cette pièce n'est pas forcément facile sur le plan rythmique, notamment la partie en arpèges main droite.

Merci Spianissimo, oui, Wichita Vortex Sutra a été écrit pour piano, mais ça fait tellement années 1980 et des harmonies vulgaires que j'ai opté pour un son "synthétique". Le plus grand défi rythmique de cette page est le moment où les arpèges commencent, il faut chopper cette espèce de 3 pour 2 : mesure à 3/4 mais seulement deux allers-retours de l'arpège : l'instant de vérité est l'entrée de la main gauche.

[Ninoff]

Bravo niccolo pour tous ces partages.
Ce mouvement de la 31e sonate est magnifique, un de mes préférés.
Et très jolies basses du piano.
Merci à toi

[Niccolò Messina]

Merci Ninoff pour ces compliments, qui m'encouragent à continuer de pianoter !

(Je me suis demandé si prétendre aborder les trois dernières sonates de Beethoven, mythiques, était une sorte de profanation. Mais le petit pianiste que je suis ne profane-t-il pas déjà la sonate pathétique et même la Lettre à Élise ?)

[Carla Rocío]

Je voulais dire que je ressens pas une complicité entre le piano et toi, on dirait que faute de l’avoir, le potentiel expressif du piano n’est pas entièrement exploité.

Ça fait 3 sessions d’enregistrement que tu fais ?
Peut-être ce genre de pièce tu pourrais les laisser pour plus tard?

Bon je sais que tu as déjà tout un programme et bien chargé.. c’est juste un petit détail, le rendu reste très bon!

[Niccolò Messina]

Ça fait 3 sessions d’enregistrement que tu fais ?

C'était la 28e. J'ai commencé avec des petites pièces d'une page. Je termine avec les trois prochaines sessions la section "moyenne force" avant d'aborder la "difficile". Elles ne sont pas toutes homogènes mais il y a eu un petit programme mozartien et il y aura les trois Klavierstücke de Schubert.

Peut-être ce genre de pièce tu pourrais les laisser pour plus tard?

... pour quelle raison ?

[Niccolò Messina]

Programme n°29 : pièces éparses
Couperin : Les baricades mistérieuses (sic)
Satie : sonatine bureaucratique
Mendelssohn : fantaisie en fa dièse mineur, I
Debussy : Clair de lune
Lodge : Temptation Rag
Chopin : prélude opus 45 peut-être si j'arrive à bout de la cadenza en petites notes
Concone : Mélancolie, Les Papillons, deux études introuvables sur YouTube, très stéréotypées mais avec un bon sens dramatique
Glass : Metamorphosis (ou l'art de vaincre l'ennui)

Ce que je trouve difficile dans Clair de lune, c'est d'équilibrer des accords de six notes avec une ligne de mélodie.
Le Couperin est difficile à rendre intéressant, la mélodie n'en est pas vraiment une.
Le Mendelssohn est beaucoup moins bien structuré qu'une sonate, et comme fantaisie elle se rapproche d'un allegro de sonate tout de même. Beaucoup de passages à effets de manche, très romantique.