L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
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Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
Sans hésitation, le toucher des professionnels que j’admire.
Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
Tout à fait d’accord avec Oukee
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Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
Pour moi ce serait de réussir à apprendre par coeur la mort d’Iseult de Wagner Liszt parce que j’ai jeté l’éponge…
Sinon c’est une question un peu tarabiscotée. Comme si on te demandait si tu préférais perdre la main droite ou la main gauche ?
Les aspects techniques sont indispensables pour réussir à faire de la musique, c’est indissociable.
Sinon je rejoins la réponse de Rozenn : l’écoute. En fait c’est ce qui va tout régler.

Sinon c’est une question un peu tarabiscotée. Comme si on te demandait si tu préférais perdre la main droite ou la main gauche ?

Les aspects techniques sont indispensables pour réussir à faire de la musique, c’est indissociable.
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- Numa
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Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
Mais c'est marrant t'es pas la première à parler de perdre quelque chose, alors que j'avais compris la question autrement : on garde tous les aspects de notre technique actuelle, et on peut continuer à les améliorer en travaillant comme d'habitude, juste en plus y'en a un qui devient magiquement excellent sans travail.Aurele27 a écrit : dim. 01 janv., 2023 9:47 Sinon c’est une question un peu tarabiscotée. Comme si on te demandait si tu préférais perdre la main droite ou la main gauche ?![]()
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Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
Ce que je voulais notifier en prenant le principe de l’élimination, c’est qu’on ne peut pas dissocier tous ces aspects. Ils sont tous liés pour moi.Numa a écrit : dim. 01 janv., 2023 10:06Mais c'est marrant t'es pas la première à parler de perdre quelque chose, alors que j'avais compris la question autrement : on garde tous les aspects de notre technique actuelle, et on peut continuer à les améliorer en travaillant comme d'habitude, juste en plus y'en a un qui devient magiquement excellent sans travail.Aurele27 a écrit : dim. 01 janv., 2023 9:47 Sinon c’est une question un peu tarabiscotée. Comme si on te demandait si tu préférais perdre la main droite ou la main gauche ?![]()
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Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
Idem, avec la comparaison technique/corps humain que j'ai employée, je ne parlais pas d'ôter, mais au contraire : comment choisir une seule chose quand tout est déterminant ? La technique est un tout, comme le dit Marguerite Long que j'ai citée il y a peu, "la technique c'est la science du piano". J'adore cette pensée.
Après la question a amené une foule de choses qui ne relèvent pas de la technique et là je suis d'accord : savoir improviser par ex, déchiffrer à vue, etc... un choix vu comme qqch en plus devient "possible"...
Après la question a amené une foule de choses qui ne relèvent pas de la technique et là je suis d'accord : savoir improviser par ex, déchiffrer à vue, etc... un choix vu comme qqch en plus devient "possible"...
- Carla Rocío
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Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
Oui c’est ça, choisir un aspect de la technique qui coulerait tout seul, ça veut pas dire que les autres aspects disparaissent!!
Au début je voulait juste demander « c’est quoi la technique pour vous? » parce que je me demandais si on y incluait aussi la capacité à se lâcher, improviser, la détente etc, pis je me suis dit qu’un jeu ludique serait tout aussi bien..
mais comme Pleyel, tu es toute pardonnée !
Pour avoir tout à la fois il faut s’adresser à la concurrence mais je crois bien que c’est sur abonnement pas clair..
Jamais entendu parler de morceau « uniquement pour main droite », et pis ma mg est plus détendue et je préfère les basses et j’apprendrai peut-être enfin à chanter..
Au début je voulait juste demander « c’est quoi la technique pour vous? » parce que je me demandais si on y incluait aussi la capacité à se lâcher, improviser, la détente etc, pis je me suis dit qu’un jeu ludique serait tout aussi bien..
Du coup t’as triché AurèleCarla Rocío a écrit : ven. 30 déc., 2022 15:28 Pas le droit de dire que tout est important, ça c'est tricher hein! Et pis un ange ça discute pas![]()
![]()

Pour avoir tout à la fois il faut s’adresser à la concurrence mais je crois bien que c’est sur abonnement pas clair..
Je garde la gaucheAurele27 a écrit : dim. 01 janv., 2023 9:47 si on te demandait si tu préférais perdre la main droite ou la main gauche ?![]()

Jamais entendu parler de morceau « uniquement pour main droite », et pis ma mg est plus détendue et je préfère les basses et j’apprendrai peut-être enfin à chanter..
- elenajalan
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Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
Carla Rocío a écrit : dim. 01 janv., 2023 12:47 Pour avoir tout à la fois il faut s’adresser à la concurrence mais je crois bien que c’est sur abonnement pas clair..



Pourtant je me damnerais bien pour jouer sa valse, à Méphisto !



- celime
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Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
En vous lisant, je me rend compte que c’est vrai que l’on ne peut pas séparer les aspects techniques. Ils sont reliés les uns au autres.
Finalement, l’aspect technique le plus important, je pense que c’est la méthode de travail en elle-même. C’est de ce méta-aspect technique de la pratique du piano que viendrait la performance.
Ce serait la gestion du temps de travail (durée et régularité) et l’adéquation des méthodes (résolution efficace des problèmes), qui serait l’aspect technique le plus important.
Finalement, l’aspect technique le plus important, je pense que c’est la méthode de travail en elle-même. C’est de ce méta-aspect technique de la pratique du piano que viendrait la performance.
Ce serait la gestion du temps de travail (durée et régularité) et l’adéquation des méthodes (résolution efficace des problèmes), qui serait l’aspect technique le plus important.
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Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
Ca satisferait au passage le souhait de Coluche : "au lieu de la garder, ils feraient mieux de nous la foutre !!"elenajalan a écrit : ven. 30 déc., 2022 18:55 Ah ah, ça me plairait bien de voir un brigadier chef...et agent de la paix avant tout, qui ferait de la broderie.



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Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
Ah oui très bien vu !celime a écrit : dim. 01 janv., 2023 13:45 Finalement, l’aspect technique le plus important, je pense que c’est la méthode de travail en elle-même. C’est de ce méta-aspect technique de la pratique du piano que viendrait la performance.
Ce serait la gestion du temps de travail (durée et régularité) et l’adéquation des méthodes (résolution efficace des problèmes), qui serait l’aspect technique le plus important.
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Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
Je quote aussi cette réponse.celime a écrit : dim. 01 janv., 2023 13:45 En vous lisant, je me rend compte que c’est vrai que l’on ne peut pas séparer les aspects techniques. Ils sont reliés les uns au autres.
Finalement, l’aspect technique le plus important, je pense que c’est la méthode de travail en elle-même. C’est de ce méta-aspect technique de la pratique du piano que viendrait la performance.
Ce serait la gestion du temps de travail (durée et régularité) et l’adéquation des méthodes (résolution efficace des problèmes), qui serait l’aspect technique le plus important.
La technique est un ensemble d'éléments indissociables, par conséquent il faut une méthode efficace qui les réunit.
On peut parfaitement savoir écouter une pièce, la comprendre, et être incapable de l'exécuter, parce que jouer est le fruit de la mémorisation et de réflexes acquis par un long apprentissage.
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Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
Salut,
je coche également la réponse de Celime. Je vais travailler ce point car je passe du temps derrière mon clavier mais pas toujours de manière très efficace.
et pour reprendre la liste du début j'aurai classé ce point en finalité plus qu'en point technique :
je coche également la réponse de Celime. Je vais travailler ce point car je passe du temps derrière mon clavier mais pas toujours de manière très efficace.
et pour reprendre la liste du début j'aurai classé ce point en finalité plus qu'en point technique :
sur ce point si mes poils des bras se redressent c'est que c'est bon signela transmission d'émotions

- Carla Rocío
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Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
Ben pour moi la transmissiom d’émotions, la musicalité etc c’est bien de la technique aussi car ça peut se travailler. Juste que ça ne se travaille pas au piano et pas de façon méthodique donc c’est pas la même catégorie que les autres.
Et je verrais ça plus à la source qu’en finalité mais comme on est pas dans un processus linéaire ça revient au même (ça dépend d’où on se place pour définir les choses).
Pour la méthode de travail, c’est vrai que ça change beaucoup de s’organiser un minimum, je prends aussi, même si c’est aussi une façon de ne rien s’épargner
Et je verrais ça plus à la source qu’en finalité mais comme on est pas dans un processus linéaire ça revient au même (ça dépend d’où on se place pour définir les choses).
Pour la méthode de travail, c’est vrai que ça change beaucoup de s’organiser un minimum, je prends aussi, même si c’est aussi une façon de ne rien s’épargner

- Christof
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Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
Merci beaucoup Celime d'avoir souligné ces points avec lesquels je suis en total accord.celime a écrit : dim. 01 janv., 2023 13:45 En vous lisant, je me rend compte que c’est vrai que l’on ne peut pas séparer les aspects techniques. Ils sont reliés les uns au autres.
Finalement, l’aspect technique le plus important, je pense que c’est la méthode de travail en elle-même. C’est de ce méta-aspect technique de la pratique du piano que viendrait la performance.
Ce serait la gestion du temps de travail (durée et régularité) et l’adéquation des méthodes (résolution efficace des problèmes), qui serait l’aspect technique le plus important.
Du coup, j'aimerais ici partager mes idées sur ce sujet, certaines m'étant aussi venues à la suite de lectures. Ce sont peut-être des banalités qui enfoncent des portes ouvertes. Je n'ai absolument pas la vérité et ceci peut ouvrir un débat qui peut-être très intéressant. Votre façon de pratiquer.
Oui une bonne pratique me semble être un art et une science.
Ce que l'on fait avec son cerveau est bien plus important que ce que l'on fait avec les doigts
Je pense qu'une des premières question à se poser (enfin dans mon cas) c'est : « pourquoi je travaille et pourquoi je joue du piano ?»... J'ai besoin d'avoir un but précis dans la tête (en dehors de « c'est chouette de jouer un instrument ». Avoir du plaisir, c'est bien, mais y-a-t-il des réponses plus spécifiques qui émergent si je songe à cette question ?
J'imagine que plus la réponse que l'on peut faire à ces deux questions est détaillée, plus notre cerveau va nous aider à atteindre nos buts. Des études scientifiques ont d'ailleurs montré que les personnes qui savent ce qu'elles veulent vraiment faire à long terme dans quelque domaine que ce soit, réussissent bien mieux que celles voyant juste ce qu'elles font au présent, mécaniquement, dans le court terme.
Je pense que se projeter dans le long terme correspond à une bien meilleure réussite que le nombre d'heures passées à pratiquer. Jouer d'un instrument est une école de patience. Rien ne se réussit à mon avis sans un long travail.
Donc, au lieu d'un but du genre « je veux juste jouer mieux », un plus spécifique peut être par exemple « Je veux savoir jouer ces partitas et toucher mes amis quand ils m'écoutent ». Ou «je veux jouer du piano pour me relaxer». Ou, «je veux savoir suffisamment bien jouer pour monter un groupe».... Savoir quel est notre but, et la pratique va s'y adapter.
Les buts précis vont directement pousser notre cerveau et notre activité à les atteindre.
Donc, il est toujours bon de lister un certain nombre de buts spécifiques musicaux pour diriger sa façon de pratiquer. Écrire aussi ceux-ci sur papier est également fructueux : c'est comme poser un engagement, ce qui aide alors à les réaliser.
Jouer bien d'un instrument requiert une coordination complexe de compétences mentales, physiques et psychologiques, qui doivent fonctionner en parfaite harmonie. Il est assez incroyable d'ailleurs que jouer d'un instrument soit possible, ceci faisant appel à tellement de choses. Et pourtant...
Comment concevoir et penser la pratique ? Celle-ci demande beaucoup : dextérité (doigts), respiration, mouvement des bras, rythme, mémorisation des notes, entendre les intervalles, les accords, lecture, conduite de ce qu'on joue, rendu des nuances, plans sonores, pour ne nommer ici que quelques aspects. Mais ce qu'il faut bien comprendre : tout cela s'enracine et émane de notre cerveau.
Une pratique effective permet de construire de nouveaux circuits dans celui-ci et affermit ceux qui existent déjà (et il faut savoir qu'il existe aussi des circuits qui contrôlent tous les circuits, dont nous ne sommes pas vraiment conscients). Et encore plus important : il est possible de se construire de bonnes ou de mauvaises connexions dans le cerveau : tout va dépendre de notre manière de pratiquer.
De nombreuses recherches en neurosciences ont été menées sur les différences existant entre « musiciens très accomplis » et « musicien moyens » : les plus efficaces dans leur pratique sortent du lot. Efficacité ainsi à mettre en avant bien plus que le nombre d'heures passées ou le talent intrinsèque de chacun.
Se placer dans le bon état d'esprit lorsqu'on pratique
Pour être le plus efficace possible, il faut tout d'abord pratiquer dans un état où l'on est complètement présent à ce que l'on fait. Par présent, il faut entendre par là que lorsqu'on pratique, on est absolument présent à ce qu'on fait. On n'est pas en train de penser à hier ou demain, on ne doit pas être distrait du travail et de son but par des pensées aléatoires et fugaces (j'en avais déjà parlé dans d'autres messages, et Flober aussi, messages dans lesquels nous faisions référence à Kenny Werner. Il est très utile à ce sujet, si on comprend l'anglais) de lire son ouvrage, Effortless mastery).
Ainsi, avant de commencer à jouer ou pratiquer, il me semble très important de savoir se relaxer... Il ne s'agit pas d'entrer dans une « méditation profonde », mais simplement de faire silence en soi afin d'avoir l'esprit clair et acéré, oreilles bien ouvertes, et ainsi pouvoir mieux se concentrer sur la musique et sur notre jeu.
Commencer par prendre de grandes respirations, inspirer profondément puis souffler profondément, mais sans crisper, en fermant les yeux. Faire cela au moins trente secondes. Cela aide à être bien plus conscient de tout ce qui nous entoure. D'être absolument dans l'instant présent.
Sans aucun jugement ni évaluation, qu'entendons-nous maintenant dans la pièce. S'écouter. Comment je me sens alors dans mon corps ? Est-ce que je sens bien mes pieds ancrés dans le sol. Comment suis-je assis, qu'est-ce que je sens ? Comment sont les battements de mon cœur ? Se concentrer sur ces points juste une minute. Ouvrir alors les yeux, rester bien ouvert à son environnement. Cet exercice permet de mieux être « centré », relaxé, et présent. On pratique bien mieux lorsqu'on se place préalablement dans cet état.
Une deuxième chose qui me semble importante est de toujours travailler en ayant un but intentionnel précis dans notre séance de pratique. Notre concentration sera plus acérée et de ce fait, le cerveau va construire et renforcer les circuits dont il a besoin pour améliorer notre façon de jouer. La concentration et le but poursuivi l'aident à faire tous les ajustements pour que l'on progresse et joue bien mieux.
On le sait tous, mais ce n'est jamais inutile de le rappeler : répéter des exercices anesthésiants et mentalement flous dans lesquels on n'est pas pleinement engagé, ou s'attaquer à une musique trop rapide ou trop difficile pour son niveau actuel ne créera pas de connexions positives dans notre matière grise. Au contraire, cela va renforcer de mauvaises connexions - que l'on doit alors absolument éviter. Si on ne le fait pas et pratiquons n'importe comment, notre cerveau ancrera les mauvaises habitudes aussi efficacement que les bonnes...
Donc commencer dès le départ à entraîner son cerveau par une bonne pratique. Toute pratique sans concentration intentionnelle ne donnera qu'un résultat qui va empirer avec le temps.
Que faut-il pratiquer ?
Je ne sais plus qui a écrit qu'il fallait 100 000 heures de pratique, dans tout domaine que ce soit, pour obtenir le bon résultat.... Mais qu'est-ce qui a du sens dans le cas de la pratique ? On peut passer 10 000 heures à monter et descendre des gammes et arpèges à toute vitesse, embrouiller son chemin à travers différents morceaux, en espérant qu'après suffisamment de répétitions, ça va sonner d'enfer... Mais comme écrit précédemment, ce que l'ont fait avec son cerveau est bien plus important que ce que l'on fait avec ses doigts …
Ainsi, il ne faut pas résumer que ce que l'on fait avec les muscles de nos doigts, de nos mains et de nos bras, de notre dos, de nos abdos... est suffisant pour devenir un musicien accompli sur l'instrument. Ce n'est pas vrai. S'il existe bien des méthodologie pour maîtriser un instrument, la plupart d'entre elles ont à voir avec le cerveau.
A mon avis, il existe trois points critiques que l'on doit bien considérer au sujet de « Quoi pratiquer ? »
- Premier point : varier ce qu'on pratique. Chaque séance doit regrouper de multiples activités, inclure différentes approches, avec toujours présent un but (bien ciblé et pas hors d'atteinte, qui peut être très minime) et une durée pendant laquelle on est capable de rester concentré),
Bien penser à la variétés des choses que l'on peut aborder pendant notre temps de pratique.
Pour ma part, une séance de travail comprend par exemple certains points précis, souvent liés à la pratique du jazz (pas forcément tous dans la même séance) : harmonie et rhéarmonisation, travail du rythme (par exemple reprendre un thème, le jouer à 3, 4, 5, 7 temps...), improvisation, composition, travail des plans sonores, transposition, travail de certains aspects techniques sur morceau précis (morceau classique), travail sur la mémoire (visualisation), avec à chaque fois donc un but précis.
- Deuxième point : utiliser la majorité de notre temps de pratique avec des matériaux qui vont nous faire avancer, mais qui ne sont pas loin de nos capacités déjà acquises. D'un autre côté, si l'on passe son temps à pratiquer toujours et toujours quelque chose que l'on sait déjà jouer très bien, cela ne sert pas à grand chose. Mais d'un autre côté, si on passe son temps de travail à se battre avec quelque chose de trop compliqué, où l'on fait toujours les mêmes erreurs, que rien ne va, que c'est vraiment nul, on va cimenter de mauvaises habitudes. Répétons-le, il faut être sûr par notre travail que notre cerveau construisent de « bonnes connexions » dans de nombreux domaines et que celles-ci soient vraiment celles dont on a besoin. Donc toujours savoir rester modeste.
Travailler par exemple un morceau qu'on ne joue pour l'instant pas si bien que cela, mais dont on sait que l'on va pouvoir le jouer correctement dans un laps de temps raisonnable (c'est variable pour chacun, on est tous différents. Et il faut savoir que le temps raisonnable au piano, c'est souvent long). [nb : on ne saura vraiment qu'à la fin si on avait bien choisi : soit on est resté alors au même niveau, soit on constate que l'on s'est amélioré. Ce qui nous aide aussi dans les choix des morceaux suivants à travailler pour progresser et aussi affiner nos méthodes de travail.].
Penser toujours aussi à choisir un tempo très lent pour le morceau ou l'exercice jusqu'à ce qu'on le joue bien, ensuite accélérer progressivement jusqu'à tempo adéquat. Ne pas hésiter aussi à travailler sur une toute petite partie jusqu'à ce qu'elle sonne bien au tempo voulu. Mais toujours revenir aussi au tempo où pour l'instant cela passe tout seul. Travailler comme cela est aussi très profitable car cela nourrit la confiance en soi et en son travail.
Fonctionner toujours avec une oreille hyper attentive pour bien sentir ce qui va, mais aussi pour détecter les erreurs. Revenir alors en arrière à plusieurs reprises en se concentrant sur ces sections jusqu'à ce qu'on en soit satisfaits. Arrêter dès qu'on est à court de concentration. C'est l'attention particulière sur des points précis (qui peuvent être de toutes petites choses) et la cohérence des résultats musicaux qui accélèrent notre développement dans les meilleurs conditions.
- Troisième point : pratiquer avec plaisir. Avec du plaisir, le cerveau est bien plus engagé et se place alors en meilleure posture pour absorber et retenir nos progrès. Si notre pratique est ennuyeuse et routinière, on ne peut avancer vraiment. Savoir cultiver aussi notre sens de la satisfaction devant un travail bien mené.
Quand, combien de temps pratiquer et à quelle fréquence ?
Il est vrai, en s'assurant des conditions ici déjà écrites, que le plus on pratique, le meilleur on devient à son instrument. Et pour devenir "bon", cela requiert pas mal de temps à y consacrer, mais il faut le répéter sans cesse, c'est surtout la qualité de notre pratique qui déterminera le temps nécessaire aux résultats escomptés.
Le temps nécessaire dépend de nous, et de nos possibilités, du temps qu'on peut consacrer au piano. Il dépend aussi des objectifs qu'on s'est fixés et de la qualité de notre pratique. Si on est déjà à un certain niveau de jeu et que notre but est simplement de pouvoir le maintenir, notre pratique va être différente de celle d'un professionnel qui programme un concert à la salle Gaveau ou à la Philharmonie ou d'un débutant au piano qui va ancrer petit à petit de bonnes habitudes dans son travail.
A mon avis, si c'est possible, il faut pratiquer tous les jours, selon le temps dont on dispose. Même si c'est pour seulement 15 minutes, histoire de garder les muscles et la mémoire musculaire acérée. C'est bien plus profitable que pratiquer cinq heures une seule fois par semaine. Le violoncelliste Pablo Casals par exemple, pratiquait 4 à 5 heures tous les jours, et cela toute sa vie. Martha Argerich a aimé dire qu'elle n'avait jamais travaillé ses gammes - ou qu'elle ne passait jamais de temps à les travailler ? (en fait elle l'a certainement fait, mais peut-être voulait-elle signifier qu'elle les avaient pratiquées au travers de morceaux et pas par un exercice proprement dit).
Si le temps dont nous disposons est faible, toujours bien avoir à l'esprit que le mieux on pratique dans ce laps de durée, le moins de temps sera nécessaire pour augmenter ou stabiliser son jeu.
La question du « quand » est très subjective. Certains vont travailler très tôt le matin, certains dans la journée (si ils le peuvent), d'autres le soir (mais souvent on peut être fatigué après une journée de boulot). C'est chacun selon. En tous cas, à chaque fois qu'on s’assoit devant le piano, il faut bien réfléchir à sa pratique en étant le plus « consistant » possible, dans le temps qu'on lui consacre.
Si on travaille par exemple 30 minutes, savoir à l'avance ce que va comporter cette séance, en minutant les exercices à l'intérieur de la séance.
Se structurer une session de pratique productive et agréable
Bien décontracté, commencer par des échauffements au piano. Réchauffer ses doigts, ses muscles aide ensuite à tirer le meilleur pour la suite. La décontraction, et le réchauffement protègent aussi de blessures toujours possibles. Commencer très doucement, tempo très lent. Écouter son son, qui doit être très détendu. Se laisser prendre par ce son, et maintenir cette détente tout au long du travail.
Ce qu'on pratique ensuite dépend de nos objectifs musicaux. Et donc les séances sont différentes pour chaque musicien. Combien de temps passer sur chaque activité contenue dans une séance de travail ? Tout dépend. Cela peut découler par exemple d'une urgence : par exemple une audition bientôt. Et donc tout le travail va alors se focaliser en priorité sur celle-ci. Mais si il n'y a pas d'urgence, si on n'a pas forcément beaucoup de temps à consacrer à notre pratique, toujours découper en petits moments, avec des buts simples, atteignables et précis.
Il est important de suivre son propre rythme tout au long de sa pratique afin de ne pas s'épuiser prématurément ou s'ennuyer. Si on se sent fatigué, arrêter. Nos oreilles aussi s'usent au bout d'un moment et cessent d'entendre les nuances de notre jeu et nous nous entraînons alors moins efficacement. A l'inverse, même si on sent qu'on peut faire une très longue séance sans problème, il faut ménager des pauses pour donner à notre cerveau et oreilles le repos dont ils ont besoin. Et une bonne séance peut être très très fatigante.
Une fois que l'on a joué pendant un certain temps et qu'on se sent bien, il est bien aussi de tester certaines de nos limites supérieures afin d'augmenter notre technique. J'ai dit précédemment qu'il fallait travailler sur des choses juste au-dessus de nos capacités actuelles, et pas loin de ce qu'il est possible pour nous d'accomplir dans un minimum relatif de travail. Ce conseil est juste pour le noyau de notre travail, mais il est bon aussi de tester des choses un peu « supérieures ». Essayer par exemple de monter une gamme ou un arpège de façon fluide à un tempo plus soutenu que d'habitude. Et rater quelques notes ne nous tuera pas. Et c'est rigolo d'essayer.
Ne pas hésiter, comme déjà dit plus haut, à varier les plaisirs durant la séance.
L'idéal est de savoir de plus en plus structurer sa pratique. Cela s'apprend en se faisant. En tous cas, comme déjà dit, avoir toujours un objectif précis pour sa séance d'entraînement.
Concrètement, par exemple pour moi, je vais m'échauffer pendant cinq minutes, puis je vais travailler sur des exercices d'intonation pendant 10 minutes ou jusqu'à ce que je perde ma concentration, puis je vais travailler sur des changements d'accords, sur un solo que je veux améliorer, l'écoute et l'incorporation par exemple des idées d'Herbie Hancock sur « Maiden voyage », puis en faire quelque chose à ma propre sauce. L'important, c'est vraiment de structurer son travail. C'est juste ici un exemple.
La concentration intentionnelle est essentielle, donc dès que l'on perd cette concentration à plusieurs reprises, il est temps de passer au prochain point de ce qu'on voulait travailler. Le cerveau apprendra toujours mieux si notre concentration est la plus élevée.
Selon ses buts, on doit structurer notre séance d'entraînement en variant les aspects, pour couvrir la variété des compétences dont nous allons avoir besoin pour jouer le mieux possible. Et toujours le faire en gardant à l'esprit ce qui fonctionne bien ce jour-là et ce qui fonctionne moins bien, ou pas du tout.
Un jour j'ai posé la question à un pianiste jazz professionnel, superbe musicien et pédagogue : combien de temps passes-tu à travailler ?
"Dans mon cas, travailler sur ma technique est pour moi la chose importante à faire durant ma séance de pratique routinière. Pour ce qui concerne à quelle heure et combien de temps, c'est personnel à chacun. Mais en général, je pense que la meilleure chose à faire est de se lever tôt. Se lever à sept heures, prendre une douche et un bon petit déjeuner. Éteindre son téléphone et pratiquer juste de la technique pure. Pas des pièces, ça c'est un autre travail. Juste de la technique pure. Très lentement, avec une concentration d'enfer.
Si tu as deux heures pour le faire, tant mieux. Si tu n'as qu'une heure, très bien encore. Mais une heure, c'est le minimum. Maintenant, quand je dis pratiquer une heure, je ne veux pas dire rester assis pendant 60 bonnes minutes. On doit prendre des pauses fréquentes pour garder les muscles relâchés et garder son esprit complètement concentré sur ce qu'on fait."
Bon, il faut dire qu'il ne parle pas des autres aspects, celui de jouer des morceaux, car c'est un pur improvisateur, il a des années et des années de pratique derrière lui. La musique se construit dans l'instant. Il n'a plus besoin de travailler rythme, harmonie, ou ceci ou cela. Il lui suffit de jouer.
Le cerveau désire juste prendre du plaisir
Personne ne peut vraiment apprendre et tirer des bénéfices si la séance est ennuyeuse. Passer une séance à rabâcher, en enfilant juste les morceaux, gammes, exercices, sans vraiment de but précis ni de présence dans le travail ne va pas être très bénéfique. Au contraire, cela risque de générer de très mauvaises habitudes et nous entraîner dans une routine ennuyeuse. On n'a fait que jouer durant le temps imparti mais finalement sans en éprouver aucune satisfaction ni enseignement positif. Un point clé pour progresser : avoir toujours une concentration soutenue pour s'entendre et procéder aux ajustements nécessaires pour mieux jouer. Vivre toujours cela comme une expérience positive.
La question est maintenant de savoir comment avoir une concentration soutenue pendant toute la session où l'on pratique ?
Il est étonnant de constater à quel point l'engagement mental peut être éphémère. Notre cerveau est câblé pour être en appétit pour des choses nouvelles et intéressantes, et donc la distraction du travail peut venir très facilement, distraction par des pensées aléatoires qui n'ont rien à voir avec ce qu'on est en train de faire. C'est par exemple penser à hier ou à demain au lieu de se concentrer sur le moment présent. Seule la relaxation peut ramener alors à l'instant présent et à la concentration.
Ainsi, comment maintenir la concentration ?
Un bon moyen est d'avoir du plaisir dans son activité. Parce que cela favorise le fait de rester dans le présent, et nous engage plus profondément lorsqu’on s'amuse et nous sommes alors bien plus motivés. Les fonctions du cerveau fonctionnent mieux lorsqu'on a de la joie à faire ce que l'on fait. Si jouer du piano est amusant, on a toujours hâte de jouer ou de pratiquer plutôt que de rêver qu'on va s'y mettre et de se trouver mille excuses pour expliquer pourquoi on ne s'y met pas.
Parlons donc de la façon de rendre la pratique amusante - comment garder notre cerveau pleinement engagé ? Comme déjà dit, si on est convaincu que tout est amusant pendant que l'on pratique, on a hâte chaque jour de le faire plutôt que de le rêver et procrastiner.
Pour avoir cet état d'esprit, ci-dessous voici quelques idées. Toutes n'aideront pas forcément, cela dépend de chaque personne, avec sa propre notion de ce qu'elle peut dénommer « plaisir ».
- Choisir des pièces à travailler que l'on aime
- Diversifier ce qu 'on pratique. On peut très facilement tomber dans la répétition du même travail, simplement par routine, parce que c'est familier... Chercher alors d'autres exercices, d'autres façons d'envisager. Écouter différents interprètes
- Trouver de nouvelles musiques à jouer. Pour les plus avancés, utiliser par exemple Tomplay pour s'accompagner avec d'autres instruments. Pour le jazz, jouer avec des backing tracks (basse batterie). Écouter des choses très différentes, qui ne sont pas forcément dans notre culture.
- Se donner un objectif et la promesse d'une récompense pour l'accomplissement de celui-ci. La récompense pourrait être un bon dîner au restaurant entre amis, ou un petit quelque chose de personnel dont on avait toujours reporté l'achat alors que cela nous aurait fait bien plaisir. Un recueil de partitions par exemple....
- Changer sa façon de jouer une section ou une phrase, la jouer aussi à l'envers (de droite à gauche), puis passer immédiatement à la 5e note de la phrase suivante (que sais-je …) , jouer aussi la phrase façon swing, ou en y mettant des sentiments différents...
- se donner de petits objectifs et après avoir atteint chacun d'eux, se faire un bon gueuleton ou autre...
- etc
- etc
S'écouter
S'entendre complètement pendant que l'on joue, absolument de façon objective, et repérer les vraies critiques qu'on pourrait se faire n'est pas facile. On est le plus souvent seul devant son piano. Si vous avez un prof, il ne peut vous guider que pendant votre leçon.
Par critique, je n'entends pas ici quelque chose de négatif. D'ailleurs, prendre les choses négativement peut entraîner une baisse de confiance, une image négative de nous-même. Beaucoup d'entre-nous ont tendance à avoir une critique bien trop excessive de leur jeu, ce qui les empêche aussi le plus souvent d'entendre lorsqu'ils ont bien joué, le socle sur lequel ils peuvent vraiment s'appuyer. Il faut s'entraîner à être le plus objectif possible, que l'on parle du « bon », comme du « mauvais ». S'enregistrer ici quand on joue est alors primordial. Comme déjà dit, lorsqu'on travaille, on est seul. L'enregistreur est un bon témoin et les commentaires utiles à avoir à la réécoute doivent être du genre : "J'ai bien commencé, mais comme c'est devenu plus difficile, j'ai ralenti". Ou "Mon intonation s'est améliorée au fur et à mesure. J'ai besoin de bien revoir mes intonations dans le début du morceau". Ou, "J'étais très content de la façon dont j'ai joué ça. Ma dynamique était bonne", ou "Je ne scande pas chacun des accords de manière régulière dans ma main gauche".
Ne pas s'inquiéter de la qualité de l'enregistrement proprement dit, veiller simplement à ce qu'il permette de bien évaluer ce qu'on entend. Nombre de Pmistes, j'imagine, ne veulent pas s'enregistrer parce qu'ils n'aiment pas s'entendre, se disant que le résultat va les décourager. Oui, l'enregistrement met la réalité à nue mais faut cependant apprendre à passer outre. L'enregistrement n'est qu'un appui solide pour mieux entendre ce qui s'est passé, et permet de constater objectivement les bons côtés, les moins bons aussi, les parties à retravailler, en s'appliquant à corriger ce qu'on a un peu raté. C'est comme un ami.
Plus nous serons proches de la vérité sur nos compétences, mieux nous saurons ce qui s'améliore et ce qui doit encore être amélioré - peut-être d'ailleurs quelque chose que nous n'avions jamais entendu auparavant.
L'enregistrement n'a de valeur que si l'on prend le temps d'écouter et d'incorporer ce que nous entendons. Cela peut signifier qu'il faille aussi juste n'enregistrer qu'une petite partie d'une pièce, ou même une seule mesure, une phrase, pour mieux incorporer lorsqu'on écoute le résultat (et changer alors dans notre prochain travail ce que l'on fait en fonction de ce qu'on entendu). C'est aussi un bon témoin, qui donne des jalons, et qui nous fait entendre aussi ensuite la vérification que ce que nous avons retravaillé produit les résultats voulus.
De mon côté, je m'enregistre à peu près tous les jours. A chaque fois, je découvre pas mal de choses à améliorer. Sereinement, ce qui oriente bien mieux mon travail. Intonation, articulation, dynamique des phrases, conduite du morceau, etc, etc. Ce que peut-être je n'aurais jamais constaté sans m'enregistrer.
Très important : lorsqu'on a écouté l'enregistrement de ce que l'on vient de jouer, il faut émettre une critique à haute voix. La clarté est la clé, et se forcer à faire l'analyse à haute voix agit bien plus sur notre cerveau. Réagir émotionnellement à l'enregistrement ne suffit pas.
Être toujours clair sur la façon dont on veut sonner en tant que musicien, et ce type de clarté impitoyable sur les aspects de notre jeu est essentiel pour devenir le musicien que l'on veut être.
Savoir isoler des passages pour mieux travailler
Trouvez une gamme ou une étude ou un morceau qu'on veut apprendre et qu'on ne peut pas bien jouer au bon tempo pour le moment. Repérer alors le point sur lequel nous trébuchons un peu. Se concentrer alors sur cette partie et l'isoler. Bien s'entraîner exige d'entendre les moments d'erreurs dans notre jeu. Isoler un doigté par exemple doigté, ou la respiration, ou tout ce qui ne va pas bien à ce moment-là. C'est là aussi que la capacité à se concentrer joue un rôle important.
Une fois le point problématique bien identifié, ne jouer que cette partie-là. Très lentement au début, puis en accélérant progressivement. Ajouter ensuite les notes avant et après afin d'amener cette partie de difficulté dans un flux. Comme déjà dit plus haut, ne pas hésiter à jouer cette section de différentes manières, en avant, en arrière, à différents points de départs et avec différentes intonations pour forcer notre cerveau, nos doigts à vraiment établir la compétence avec la section en cours. Cette sorte de travail est loin de l'approche typique consistant à jouer un exercice ou un morceau du début à la fin et à toujours trébucher sur une partie de celui-ci, et ne jamais faire le travail nécessaire pour corriger ce qui ne va pas. Continuer à jouer du début à la fin, en pensant que ces zones difficiles finiront par s'améliorer au fur et à mesure qu'on le joue suffisamment par simple répétition, n'est pas la bonne méthode.
Par exemple, j'ai souvent constaté cela chez de jeunes pianistes (jazz ) qui apprennent à improviser sur des changements d'accords, et jouent avec un groupe (ou un backing track). Ils se sont frayés un chemin à travers les changements harmoniques, mais quand la partie difficile arrive, ils trébuchent, heureux de revenir ensuite dans la partie qu'ils jouent bien. Ils jouent ainsi encore et encore, chaque fois qu'ils pratiquent le morceau, et se demandent pourquoi cette partie difficile ne s'améliore jamais. C'est simplement parce qu'ils n'ont pas isolé les points problématiques pour les travailler efficacement.
Donc toujours isoler les portions à problèmes (elles peuvent être différentes pour chacun). Et ne pas vouloir non plus mettre la barre trop haut, dans des choses qu'on ne peut réaliser pour l'instant. C'est comme si je vous demandais de retenir le nombre 478484848488329549994... Répétez, répétez, répétez encore... Mais si je vous demande de retenir le nombre 478, c'est bien plus facile.
Ceci nous dit que, pour apprendre quelque chose de nouveau, nous devons l'aborder en découpant en petites bouchées. Donc si on trébuche toujours sur les trois mêmes notes, il faut les isoler, les jouer, juste ces trois notes jusqu'à ce qu'on puisse bien les jouer. Pour prendre un exemple dans le jazz, si vous apprenez à improviser et que vous trébuchez à chaque fois sur le pont de "Confirmation (Charlie Parker), arrêtez-vous et isolez précisément les accords provoquant votre trouble, ce qui va d'ailleurs sûrement soulever d'énormes lièvres.
Par exemple, prenez juste les quatre premières mesures du pont, et procédez à des arpèges sur les accords, entraînez-vous à les jouer jusqu'à ce que ce soit fluide, étudiez aussi leurs superstructures, les notes communes, les « guide lines » qu'ils peuvent générer, avoir tout cela bien dans l'oreille, puis générer des phrases. Puis faire la même chose avec les quatre autres mesures... Puis raccorder le tout pour embrasser ces huit mesures, de manière fluide. Si ce n'est toujours pas le cas, recommencez, et isolez encore en étant très concentré. Jouez des chose très simples, écrivez-les pour être sûr d'avoir un contrôle dessus et ne pas partir dans des choses différentes à chaque fois, ce qui fait qu'elles risquent de ne jamais être maîtrisées.
De la même façon, si on veut mémoriser une progression d'accords pas évidente, ou une phrase compliquée, il faut la découper en petites parties (par exemple, mémoriser une mesure, deux mesures....). Ajouter des segments progressivement, sans jamais dépasser ce que nous pouvons alors jouer correctement.
Comment bien programmer son cerveau ?
Notre cerveau travaille à notre disposition 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour être aussi efficace que possible. Il établit constamment des liens avec chaque nouvelle expérience afin que la prochaine fois que nous fassions cette chose, tout soit plus facile, plus efficace pour notre cerveau. La première fois que l'on joue quelque chose de nouveau, une petite charge électrique se déclenche à travers les nœuds de réseaux de neurones dans notre cerveau. Si on le fait encore et encore et encore, celui-ci construit alors certains circuits. Si on continue à le faire, il va créer une protection autour de cela pour une efficacité maximale dans le stockage de cette série de mouvements infimes dans notre cortex moteur, afin que cette mémoire puisse être rappelée à tout moment.
D'un autre côté, si on construit ces connexions solides sur des erreurs, cela va les cimenter dans notre jeu. Ainsi, il ne faut jamais tergiverser et s'inciter au meilleur travail possible, dans le bon sens et pas dans le mauvais. Ainsi, commencer avec un professeur est une très bonne chose car il peut vous donner de très bonnes habitudes et vous éviter des écueils que l'on paie ensuite (je suis bien placé pour le savoir... J'ai appris tout seul jusqu'à 17 ans, et j'ai dû tout reprendre à zéro ensuite...). Les bonnes connexions n'incluent pas seulement les doigts, la posture, la décontraction, etc. mais aussi un discours intérieur positif.
Discours intérieur ? Mais qu'est-ce que cela ? Simplement une évidence : jouer d'un instrument de façon valable requiert bien plus que la façon dont on en joue physiquement. La compétence a « bien jouer » nécessite également de bonnes habitudes mentales dont l'une d'entre elles est la façon dont on se pense soi-même et la façon dont l'on pense notre jeu.
Pendant que vous jouez ou pratiquez, quel est le dialogue qui se joue dans votre tête ? Nous en avons tous un. Nous interprétons et évaluons constamment ce qui se passe en nous et autour de nous. Au fur et à mesure que vous pratiquez et luttez un peu, ce qui est parfaitement normal, vous dites-vous à quel point vous jouez mal, à quel point vous n'apprendrez jamais à jouer de cet instrument, à quel point vous détestez la lutte... Ou vous encouragez-vous en vous rappelant les améliorations que vous constatez, le plaisir que vous éprouvez à mesure que vous vous développez, l'anticipation de la façon dont vous sonnerez un jour ?
Il y a ce dicton qui dit : « A chaque fois que tu penses que tu peux ou que tu penses que tu ne peux pas, tu as raison.... ». En fait, on est jamais mieux servi (ou desservi) que par soi-même.
Notre cerveau entend notre discours intérieur et le traite comme une vérité - comme une programmation. Il est littéralement programmé dans ce que nous renforçons. Si on se dit "je suis un piètre pianiste", notre cerveau fera de son mieux pour en faire une vérité. Nul besoin à l'inverse de se proclamer sans arrêt qu'on est un excellentissime pianiste... mais, déjà se dire constamment qu'on devient meilleur de jour en jour, et cela s'entend réellement. Ceci simplement en développant de bonnes habitudes d'entraînement, gage de gagner à terme la capacité de jouer aussi bien que ce qu'on avait envisagé.
Tout ceci est vrai et bien plus opérant que de se dire qu'on n'arrivera jamais à quoi que ce soit, ce qui entraîne une terrible frustration. Si de telles pensées viennent, faire absolument un break et repartir sur de meilleurs bases. Être dans l'instant présent.
Saviez-vous qu'on peut utiliser les tests musculaires (résistance musculaire de notre corps) pour confirmer notre réaction aux suggestions. Cela démontre, par exemple, que l'on est plus fort lorsque l'on dit quelque chose que l'on sait être vrai plutôt que faux. Pour quelqu'un qui joue d'un instrument, cela prouve que l'on joue mieux avec un état d'esprit positif et optimiste. Vraiment. Ne jamais perdre cela de vue, quelques soient pour vous les raisons d'apprendre à jouer du piano.
Et en guise de conclusion (très provisoire)...
Chacun a ses propres raisons de jouer et de pratiquer. Pour certains, cela peut être simplement s'amuser, savoir jouer juste quelques pièces (mon père par exemple n'avait appris qu'un seul morceau, le thème principal de la musique du film « Le troisième homme », cela lui suffisait, mais il faut voir la façon magnifique dont il le jouait et le plaisir fou qu'il prenait le jouer jouer ce morceau) ; pour d'autres, cela peut être aussi apprendre à s'accompagner au piano et chanter par dessus, jouer cela à des amis, et encore pour d'autres se pousser au plus loin possible dans l'art de jouer du piano et, pourquoi pas, s'essayer aux concerts... Tout est envisageable.
L'essentiel, dans toutes ces raisons, en est le plaisir qu'on a de le faire, loin des frustrations.
Dans mon cas, le piano est un chemin de vie. Une discipline d'esprit. Un besoin de création. Et quand je joue (je veux dire par là que je ne suis pas en train de travailler à cet instant mais suis comme si je me donnais un propre concert) c'est comme si je m'envolais au ciel.
Modifié en dernier par Christof le jeu. 05 janv., 2023 13:44, modifié 9 fois.
- elenajalan
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- Enregistré le : sam. 21 mars, 2020 17:03
- Mon piano : C.Bechstein Millenium 116
Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
Quel article excellent Christof ! Cela a dû te demander du temps de taper tout ça, merci de ton partage. Je suis en tous points d'accord avec toi et il y a des points que je pratique mais pas aussi efficacement que tu le préconises. J'aime bcp cette vision que tu as et que tu partages généreusement avec nous des séances au piano. J'ai tout lu attentivement (en plus c'est fort bien écrit ). Merci encore.
- celime
- Messages : 238
- Enregistré le : mer. 29 déc., 2021 17:22
- Mon piano : Roland LX-6
- Localisation : Belgique
Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
Hello Christof, c’est une très belle synthèse, qui pourrait servir de compendium à tout musicien en quête de conseils.
Un point que tu n’as pas traité, annexe, mais qui me semble très important, c’est de ne pas oublier de rester vivant, heureux et en bonne santé ! Ceci implique qu’il faut aussi penser à partager régulièrement, sans musique, du temps de convivialité avec ses proches, aider les autres, et aussi s’aérer, s’oxygéner. Cela peut sembler idiot, mais je pense que cela fait partie du contrat de discipline qu’un musicien intelligent doit observer, sous peine de payer cher des sacrifices consentis aveuglément.
Un point que tu n’as pas traité, annexe, mais qui me semble très important, c’est de ne pas oublier de rester vivant, heureux et en bonne santé ! Ceci implique qu’il faut aussi penser à partager régulièrement, sans musique, du temps de convivialité avec ses proches, aider les autres, et aussi s’aérer, s’oxygéner. Cela peut sembler idiot, mais je pense que cela fait partie du contrat de discipline qu’un musicien intelligent doit observer, sous peine de payer cher des sacrifices consentis aveuglément.
Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
Merci d'avoir pris le temps pour ce long post Christophe, tu pointes des choses dont j'avais déjà pris conscience que je résumerais par la formule "pratiquer c'est identifier des problèmes puis les solutions à mettre en place et les répéter jusqu'à résolution". Tu fais bien de mettre l'accent sur la concentration, je tâcherai de pratiquer la relaxation que tu suggères, c'est amusant parce que c'est exactement comme ça que débute une séance d'aikido : position du seiza et méditation appuyée par une respiration par le ventre pendant quelques dizaines de secondes.
- Carla Rocío
- Messages : 2766
- Enregistré le : ven. 25 déc., 2020 9:07
- Mon piano : Hoffmann P188
Re: L'aspect technique le plus important, ce serait quoi ?
Merci Christophe pour cette riche synthèse ô combien intéressante!!
Donc si je tente de résumer (je vais oser
):
Intention _ Présence _ Auto-bienveillance _ S’amuser (sous-entend aussi objectifs adaptés = atteignables mais stimulants)
Je me permets d’ajouter la notion d’imagination qu’il ne me semble pas avoir vue. Pour l’interprétation ça me paraît primordial. Aussi pour ne pas sombrer dans le travail pour le travail, au détriment de l’expression naturelle.
Ça me fait très plaisir que tu évoques les tests musculaires que j’apprends à faire en kinésiologie. Effectivement le corps sait ce qu’il nous faut, on a tendance à plus nous fier à notre mental alors qu’il est biaisé à plein de niveaux.
Christof a dit:
“Et en guise de conclusion (très provisoire)...”
=> on attend la suite
Donc si je tente de résumer (je vais oser

Intention _ Présence _ Auto-bienveillance _ S’amuser (sous-entend aussi objectifs adaptés = atteignables mais stimulants)
Je me permets d’ajouter la notion d’imagination qu’il ne me semble pas avoir vue. Pour l’interprétation ça me paraît primordial. Aussi pour ne pas sombrer dans le travail pour le travail, au détriment de l’expression naturelle.
Ça me fait très plaisir que tu évoques les tests musculaires que j’apprends à faire en kinésiologie. Effectivement le corps sait ce qu’il nous faut, on a tendance à plus nous fier à notre mental alors qu’il est biaisé à plein de niveaux.
Christof a dit:
“Et en guise de conclusion (très provisoire)...”
=> on attend la suite
