Re: [Fil Christof] Le sud (Nino Ferrer)

[rzn]

J'ai trouvé ça très beau, en particulier le changement d'éclairage au milieu, et ça fait drôlement plaisir de pouvoir t'entendre à nouveau ici. Bon retour au piano .

[Christof]

J'ai trouvé ça très beau, en particulier le changement d'éclairage au milieu, et ça fait drôlement plaisir de pouvoir t'entendre à nouveau ici. Bon retour au piano .

Merci beaucoup Rzn pour ton écoute
J'ai un peu retravaillé une partie :

[Ninoff]

Comme le dit rzn, heureux de retrouver ton univers musical.
Le son est agréable, et oui pourquoi pas en 2e partie .
Un concerto automnal…

[Christof]

Comme le dit rzn, heureux de retrouver ton univers musical.
Le son est agréable, et oui pourquoi pas en 2e partie .
Un concerto automnal…

Merci Ninoff pour ton écoute.
Cela évolue petit à petit, commence à être de plus en plus clair dans ma tête.
Enregistré ce matin. Un morceau que je dédie à mon père. C'est lui qui m'a donné le goût de la musique. Un jour, quand j'avais 7 ans, il m'a joué un morceau, le seul qu'il connaissait. Je ne savais pas qu'il jouait du piano. Il ne connaissait qu'un morceau, le thème de la musique du 3ème homme. Il l'avait appris parce que cela lui plaisait. C'était incroyable, il le jouait comme l'aurait joué un professionnel, avec un swing magnifique. Ce jour-là, il m'a donné le plus beau cadeau du monde. Je crois d'ailleurs que c'est à cause de cet instant que j'ai adoré le jazz, le ragtime... C'est le premier morceau que j'ai appris. J'avais déjà le goût de la musique, mais cet instant a été alors fondateur : trouver alors son papa comme le plus fort du monde.
Il ne m'a jamais donné de conseil dans la vie, mais je m'en fous pas mal. Il m'a donné la plus belle chose du monde, qui m'a construit.

Il était comme ça mon père : il avait même acheté une cythare parce que le thème qu'on entend dans le film est joué avec cet instrument... Juste pour jouer ce morceau.

Voici où j'en suis


Merci pour votre écoute et n'hésitez pas à laisser des messages.

[Nick Borderline]

Merci pour votre écoute et n'hésitez pas à laisser des messages.

Le son est vraiment pro, très beau résultat.
Très belle histoire que celle de ton père et bel hommage à lui.

[Danaus]

Je préfère la dernière version.

En particulier il y a à 1mn un bel accompagnement qui met en valeur je trouve le développement du thème.

J'imagine que votre père devait être très heureux en écoutant votre musique....

[flober]

Yes !
Belle profondeur dans ta musique, je suis aussi content de t'écouter a nouveau.

[Aurele27]

Très heureuse que tu aies retrouvé ton piano Christophe, ton hommage exprimé à travers ta musique est vraiment très beau.

[mh_piano]

Belle dédicace à ton père Christof, pleine de délicatesse. Et bel hommage à la transmission. Merci de partager cela avec nous.

[jazzy]

Ravi de pouvoir t'écouter à nouveau Christof.
J'aime bien la première partie de ta dernière version avec un rythme très vivant et très original.

[Spianissimo]

Salut Christof, heureux de te retrouver sur PM et au piano, c'est un très bel hommage avec de magnifiques sonorités. Moi aussi, c'est à mon père que je dois le fait de jouer du piano, et lorsqu'il est parti en 2018, j'ai longtemps joué pour lui...et encore aujourd'hui...ils vivent en nous et en tous nos descendants...bravo pour ce magnifique retour !

[Ninoff]

Bel hommage, on sent encore tes questionnements sur cette disparition, enfin c’est comme ça que je l’entend.
On sent par moment de l’apaisement, synonyme d’acceptation et de remerciement.
En tout cas une belle richesse de sons, de couleurs et une interprétation sensible …
Bravo

[Christof]

Merci beaucoup Nick, Danaus, Flober, Aurèle, mh_piano, jazzy, spiani et Ninoff pour vos messages chaleureux.

@ Ninoff

Bel hommage, on sent encore tes questionnements sur cette disparition, enfin c’est comme ça que je l’entend.
On sent par moment de l’apaisement, synonyme d’acceptation et de remerciement.

Oui, tu ne te trompes pas, le questionnement est là (ce mystère de la mort), mais aussi l'apaisement.
Je vais parler en bas de ce message du remerciement.

@ Danaus

J'imagine que votre père devait être très heureux en écoutant votre musique....

En fait, mon père n'a pas pu tant que cela m'écouter jouer ma musique. Il m'a entendu lorsque j'étais petit, mais pas trop ensuite sauf deux fois, une fois dans une boite de jazz, une autre fois lors d'un spectacle en hommage à Marius Cultier, à l'Olympia... (c''était juste pour une chanson, où j'accompagnais une chanteuse, et il y avait des tonnes d'artistes), mais il était très fier.

La dernière fois qu'il m'a écouté jouer du piano, c'est lorsqu'il était à la maison de retraite. J'avais déjà parlé (voir dans des messages précédents) du fait qu'il y avait un piano là-bas. J'avais d'ailleurs mis cette vidéo , une façon à nous d'apporter ici de la joie (c'est ma nièce qui danse) :



C'est d'ailleurs bizarre cette histoire de piano à la maison de retraite, car tout ce qui s'est passé alors n'a pris son sens pour moi que quelques jours après sa mort, une espèce de révélation.
Pour comprendre, il faut d'abord que je fasse une petite digression....

La première fois dans ma vie où j'ai vu un piano, c'était chez ma grand-mère. J'avais cinq ans. D'habitude, quand j'y allais avec mes parents, on restait toujours au salon. Mais ce jour-là, je ne tenais pas en place. J'étais parti alors me baguenauder un peu partout dans la maison. Et là, dans cette pièce, il y avait ce vieux piano qui m'a tout de suite attiré. Le clavier était ouvert. Je me rappelle avoir escaladé pour monter sur la chaise puis me mettre en équilibre sur les genoux pour arriver assez haut. Alors, comme tous les enfants, j'ai commencé à mettre mes doigts, taper aussi, et c'était une telle surprise de produire des sons. Sauf que là, cela a duré des heures, j'essayais des trucs, c'était pour moi fascinant. Au moment de partir dans la soirée, il a presque fallu que mes parents m'arrachent des touches.
Forcément, à chaque fois que je retournais chez ma grand-mère, je disparaissais vite fait du salon et passais des heures devant le piano... Ce cirque a continué deux ans, si bien qu'un jour ma grand mère a offert le piano. J'avais sept ans.
Une fois le piano à l'appartement, j'y courrais dès que j'avais une minute, j'essayais de retrouver des airs. Le problème, c'est que ce piano vraiment ancien était très faux.
Un jour j'ai dit à mon père que ce n'était pas facile de jouer quand tout est faux. On aurait pu s'attendre à ce qu'il appelle un accordeur.... mais non, le lendemain, je l'ai vu arriver avec une clé à accorder les pianos. Il était comme ça mon père. Il m'a juste dit : là tu vois, il y a les chevilles, dans l'aigu, chaque touche à trois cordes qui doivent sonner exactement pareil... Tu mets la clé sur la cheville et tu tournes par là pour monter, et par là pour descendre et tu enfonces bien la clé en faisant cela.... à partir d'ici et en descendant vers la gauche, pour ces touches, le marteau ne frappe que deux cordes, et pour les plus graves, seulement une corde. C'est juste ce qu'il m'a dit. Heureusement ,le rapport entre les quintes, quarte, octaves, allait à peu près, il fallait juste peaufiner. Quoique petit à petit, je m'y suis mis aussi aux quintes quarte et tout le toutim.
Mais bon, une fois accordé (mais bon, je n'étais pas un pro de l'accordage), cela ne tenait pas très longtemps car avec un cadre en bois, pas mal de chevilles branlaient dans le manche. Alors, tout était à refaire.
Un jour où j'avais accordé, j'ai vu mon père arriver (je l'ai déjà raconté plus haut) et s’asseoir au piano pour me jouer le seul morceau qu'il connaissait: le thème du film du "Le Troisième homme". J'avais raconté combien cela m'avait ébloui. Il le jouait merveilleusement et m'avait montré ensuite comment le jouer.
Voilà, la digression terminée.

Et donc, lorsque j'ai emmené mon père à la maison de retraite, j'ai repéré qu'un piano était là, dans le couloir, à l'étage de sa chambre. Piano très faux....
Et comme cela faisait très longtemps que je n'avais pas joué, je me suis dit que si je trouvais une clé pour accorder, je pourrais un peu m'entraîner. Mais bon, la clé que mon père m'avait donnée enfant était chez moi, à Paris. Et là on est à Royan. Pas simple d'en trouver une.
Mais c'est là que tout devient étrange. Parce que mon cerveau à imprimé que j'avais vu une telle clé dans la maison de mes parents (à moins que je ne l'ai rêvée). En tous cas, j'ai fouillé ensuite partout, dans tous les tiroirs... Rien.
Sauf que j'avais vraiment bien vu une clé de piano... Tellement mise en évidence, là, sur la commode quand on sort de la chambre, que je passais devant sans la voir. Pour moi, elle n'avait rien à faire là... : mon père rangeait tout dans les tiroirs. Et des tiroirs, il y en avait partout.

Du coup, le lendemain, après avoir vu mon père, je me suis ensuite occupé du piano...


La fameuse clé à accorder

J'ai joué alors la Gavotte de Rameau, et un peu de Bach.
Le lendemain on a fait ce happening avec ma nièce... Et juste après, je suis allé cherché mon père, l'ai emmené dans son fauteuil roulant près du piano, et sans réfléchir, j'ai joué... Et le morceau (mais en fait je n'y avais pas pensé), c'était "Le troisième homme".
Alors j'ai vu le visage de mon père s'allumer, visage très doux et il m'a fait un grand sourire en me disant :"c'est très bien".

Et ce n'est qu'après sa mort que m'est apparu le pourquoi de toute cet histoire :
ce piano, à la maison de retraite, c'était exactement le même genre de piano ancien, début du siècle dernier, avec de beaux candélabres et cadre en bois avec chevilles qui bringuebalent. Je n'y avais pas pensé, mais le fait de l'accorder, c'était revenir à ces instants précieux de mon enfance. Et le morceau que je lui ai joué alors, sans réfléchir, c'est celui qu'il m'avait donné, qui m'a tout déclenché au piano. Tout cela s'est fait inconsciemment, accorder, jouer ce morceau, comme ma plus belle façon de le remercier. Je ne l'avais encore jamais vu me sourire comme ça. Il était tellement touché.

En y repensant plus tard, je me suis demandé ce que pouvait bien foutre cette clé à accorder dans la maison de mes parents... Il n'y a pas de piano là bas... Et pourquoi était-elle en évidence comme ça sur la commode ?
J'en ai reparlé à mon frère et à ma soeur... Alors ma soeur de me dire: "Je l'ai trouvée au sous-sol dans des tiroirs. Je ne savais à quoi cela servait, mais j'ai trouvé cet objet tellement beau que je l'ai mis là, bien en évidence, sur la commode"....

Je me suis toujours dit que c'est ce morceau entendu enfant joué par mon père qui m'avait fait aimer le jazz (le deuxième d'ailleurs que j'ai appris, c'était Mapple Leaf Rag...).
Mais peut-être aussi que le jazz, c'était la seule chose qui pouvait alors sonner sur un piano aussi bastringue...

[Cambium.30]

Merci Christophe,

Très émouvante ton histoire, moi aussi c'est mon père qui m'a fait aimer la musique, tout ceci me parle....

[Ninoff]

Oui très belle histoire comme si tu avais fermé la boucle et remercié ton père de la plus belle des façons
J’aime beaucoup la joie de vivre de ta nièce dansant sur ce ragtime, un contraste détonnant et presque hors du temps dans cette maison de retraite.
Merci de ton partage

[mh_piano]

Incroyable cette histoire Christof !
En effet une boucle qui se ferme comme dit Ninoff, avec la complicité involontaire de ta soeur.
Tu as exprimé une gratitude sans même en être conscient ?
Quand notre amour de la musique tient de la transmission, fut-elle anecdotique, c'est bien d'être dans cette gratitude : c'est un beau cadeau.
Et félicitations à celles et ceux qui sont gagnés par la passion du piano sans avoir eu le bénéfice de cette transmission.

[Christof]

Incroyable cette histoire Christof !
En effet une boucle qui se ferme comme dit Ninoff, avec la complicité involontaire de ta soeur.
Tu as exprimé une gratitude sans même en être conscient ?
Quand notre amour de la musique tient de la transmission, fut-elle anecdotique, c'est bien d'être dans cette gratitude : c'est un beau cadeau.
Et félicitations à celles et ceux qui sont gagnés par la passion du piano sans avoir eu le bénéfice de cette transmission.

Merci à Cambium, Ninoff et mh_piano d'avoir lu ce long message.
@Mh_piano : tu m'écris "Tu as exprimé une gratitude sans même en être conscient ?". Je me suis en fait mal exprimé. A l'époque, tout cela m'a paru naturel, mais toute sa portée ne m'est vraiment apparue qu'après son décès. Cette notion de boucle.

[Christof]

J'ai retrouvé cela, enregistrement fait il y a déjà longtemps.
Divagation autour du Thème "Round about midnight" de Thelonious Monk
Y'a des pains, mais c'est pas grave. C'était ce jour-là, et c'était comme ça.



Merci pour votre écoute

[Nick Borderline]

Merci pour votre écoute

Très belle inspiration cher Christof.
Tu as cette musique dans la peau

[Christof]

Merci pour votre écoute

Très belle inspiration cher Christof.
Tu as cette musique dans la peau

Merci Nick. C'est un sacré compliment que tu me fais là !