Valse favorite Mozart

[Arabesque44]

J'ai moi aussi dans l'oreille la version "liée" comme la joue Vera Tsybakov.
Le phrasé par mesure, je ne le "sens" pas vraiment. Ca va faire "scolaire"
En revanche le phrasé de la version pour cordes a un côté très différent, pas du tout valse, mais assez typique de Mozart, presque tout est en "deux-en-deux" .
A ce propos ( excusez la digression!) j'ai remarqué que les interprétations récentes (par exemple du 5eme concerto pour violon, ci-dessous) marquent bien plus le deux en deux que celles des années 50/60 . Ca m"a frappée car j'avais étudié ce concerto pour le bac, je l'avais conservé lui aussi "dans l'oreille" et jamais je n'avais vraiment ressenti ce phrasé deux en deux ( et la prof ne l'avait pas mentionné)
De même qu'on a redécouvert pas mal de choses sur la façon de jouer Bach ( interprétations "historiquement informées" comme ils disent sur FM ) il me semble qu'on remet à l'honneur un deux en deux mozartien qui avait presque disparu chez certains interprètes au milieu du XXeme siècle.

concerto violon 5.png (84.11 Kio) Vu 594 fois

[fritz]

Je disgresse mais appliquer à la lettre les indications furent-elles d'origine peut également conduire à des contresens. Ce n'est pas rare que des compositeurs adoptent des conventions qui ne sont pas celles admises (accent chez Chopin qui selon certains seraient une indication de rubato, ornements chez Bach, ...). On dit également souvent que lors de reprises il est de bon ton de ne pas jouer de la même façon qu'à la première exposition.

Et au-delà de ça les pianos de l'époque ne sont pas les mêmes qu'aujourd'hui, ça peut jouer sur les indications de pédale par exemple qui, si on les appliquait tout le temps à la lettre, ne produiraient pas forcément les effets voulus par le compositeur.

[anuradha]

Les liaisons melodiques répétées sur plusieurs mesures laissent à supposer un léger crescendo et decrescendo
ce qui aura pour effet, à l écoute, une césure même si elle n est pas effective techniquement.
Les motifs répétés donnent l' impression du même effet de césure.
Même problème pour les sonatines viennoises composées pour trio. Les éditeurs rendent des copies vraiment différentes.

[Numa]

Dans ce cas, pourquoi un grand phrasé n’a pas été choisit par l’éditeur pour l’écriture pianistique de ce landler?

Oui, je pense aussi que ça serait mieux, dans une partition moderne, surtout destinée à des personnes apprenant le piano, de juste mettre un grand trait de liaison sur les 4 mesures, comme ça on joue ce qu'on lit et on se prend pas la tête. Je pense aussi que les liaisons limitées à 1 mesure sont une question d'époque comme le dit jean-séb, mais à mon avis ça devrait faire partie du travail de l'éditeur de « traduire » en notation moderne dans ces recueils pédagogiques, pour ne pas embêter les apprenant trop tôt avec ces histoires de conventions qui dépendent des époques. Visiblement les personnes qui ont édité ce recueil, soit ne partagent pas cet avis, soit n'y ont juste pas pensé.

Sinon (en tant qu'ancien violoniste), un petit aparté concernant les traits de liaison dans les partitions pour cordes : ils ont pour fonction d'indiquer les coups d'archet, pas juste les phrasés. Et comme l'archet n'est pas de longueur illimitée, sur des phrases longues, il faut bien changer d'archet même au milieu de la phrase, ce qui peut se faire de façon plus ou moins discrète ou marquée selon l'intention musicale. Bon, là les coups d'archet sont plus courts que ce qui est strictement nécessaire, ce qui suggère de marquer un peu chaque temps, mais n'empêchent aucunement de suivre la phrase sur 4 mesures quand même si on le souhaite.

[Sininasi]

Malheureusement, c’est une valse qui fait partie du répertoire pédagogique et mon propos ne porte pas sur les libertés de jeu.

Mais si, c'est bien ça le sujet...
Si il s'agissait d'une oeuvre originale comportant les indications du compositeur, la question du respect du texte serait importante.
Une transcription dont on ne connait pas l'auteur, c'est différent.

D'où l'importance de privilégier les éditions "Urtext" qui utilisent des sources fiables.

En effet, vous avez raison.

[Jacques Béziat]

Je plussoie les interventions de mes collègues, fort pertinentes.
J'ajouterais juste qu'en effet, étant donné qu'il ne s'agit que d'une transcription, on peut sans souci se contenter d'un phrasé simple, lié, tel qu'il est communément écrit, comme dans les Classiques Favoris (d'où est issue cette édition des Bach à nos Jours).
Je la donne aussi à mes élèves, il s'agit de faire preuve de légèreté et de simplicité, MG légère, MD chantante.
Les nuances seront dans la logique du phrasé, tout en restant dans la simplicité, donc pas de rubato bien entendu.

[jean-séb]

Pour illustrer clairement les différences de pratique sur les liaisons d'expression, je prends dans mes partitions la sonate dite facile de Mozart, le mouvement lent.

Voilà ce que ça donne chez Paul Beuscher dans une édition récente :

et dans une vieille édition Peters du XIXe siècle :

Comme je le disais, les liaisons sont notées mesure par mesure sans chevaucher plusieurs mesures à la fois.

Je n'ai pas vérifié le manuscrit de Mozart mais je note que sur IMSLP, les éditions dites Urtext suivent plutôt la tradition ancienne :




et qu'il existe parallèlement d'autres éditions, même assez anciennes comme chez Breitkopf qui ont des liaisons enjambantes.


Il n'est pas inutile de s'habituer aux deux types de notation.

[Jacques Béziat]

En effet jean-séb, on peut envisager un phrasé différent sur le couple croche pointée/double.
La double-croche piquée me fait penser au style italien concernant l'ornementation, différent du français ou du germanique, ce qui est logique si on songe à l'influence italienne chez Mozart.

[Sininasi]

Merci Jean-Seb.

Au final, je trouve que les deux versions restent plausibles.