
Bien qu'il s'agisse d'un livre, je préfère le signaler ici dans la rubrique "piano", plutôt que dans "divers", rubrique sûrement moins consultée.
Tout d'abord, je tiens à signaler que je n'ai aucun intéressement dans l'affaire. Simplement, ce livre est d'une richesse folle et tout pianiste, je dis bien nous tous, quel que soit notre niveau dans ce forum, tirerons de cet ouvrage de nombreuses lumières.
D'ailleurs, le sous-titre "Conseils pour les débutants, les amateurs, les concertistes" parle de lui-même.
Quatrième de couverture :
"Ce livre est destiné à tous ceux qui se posent des questions sur l’art de jouer du piano, quelque-soit leur niveau, du débutant à l’amateur et au futur professionnel. Son propos est d’aider à jouer, en répondant à des questions simples. Comment doit-on s'y prendre pour apprendre une partition qui contient des milliers de notes ? Est-il indispensable d'avoir l'oreille absolue ? D'où viennent l'agilité et la rapidité des doigts ? Comment jouer avec musicalité, un bon son, des nuances et un rythme stable ? Quels gestes faire, pour la technique ? Comment jouer sans trou de mémoire (que ce soit devant quelques amis ou dans une salle de concert) ? Que faire enfin pour éviter la peur et le trac ?
Ce livre s'appuie sur les grands principes de Chopin, sur l'expérience de concertiste de l'auteur et sur les conseils des plus éminents interprètes internationaux. Il est une véritable "somme pédagogique", une référence pour tous ceux qui veulent apprendre à mieux jouer du piano. "
Je peux vous le dire tout net : un enchantement !c'est pour moi le genre de livre que je n'ai pas fini de relire et qui va m'accompagner toute ma vie (comme d'ailleurs celui d'Heinrich Neuhaus, "L'art du piano", acheté il y a plus de quarante ans, que je relis très souvent).
Certains points abordés au cours de la lecture pourraient paraître des évidences. Et pourtant...
Tiens par exemple, qui d'entre nous a vraiment bien réfléchi à cette constatation :"sur le clavier, nos mains sont inversées"... A la MD, les notes les plus aiguës sont du côté du petit doigt, tandis qu'à la MG c'est l'inverse : les notes les plus aiguës sont jouée par le pouce...
Cela paraît con, écrit comme cela, sauf qu'il en découle des choses fondamentales. Alors bien sûr, la main se place en fonction du son qu'on veut entendre, mais a-t-on vraiment approfondi ceci : "La phrase musicale va très souvent en s'intensifiant, en se "réchauffant" vers l'aigu et en diminuant vers le grave. Il en résulte que dans la MG, le pouce a un rôle particulièrement important et donc il est fondamental d'apprendre à verser le poids de notre bras gauche vers l'intérieur, afin de venir appliquer le poids sur le pouce et de bien faire sonner cette voix de ténor... Et donc pour verser le poids, cela doit se faire par un petit mouvement de rotation de tout le bras vers l'intérieur de la main, en veillant bien cependant à ne pas écarter le coude".
Et d'ailleurs, vous a-t-on bien appris avec quel partie du pouce on doit jouer sur une note ?...
Bon, ce n'est qu'un des exemples. On pourrait en citer des tonnes...."Quand on se trompe, ou quand on a un vrai trou de mémoire, c'est presque toujours à cause de la MG"
Et celui ci : "Contrôler particulièrement les temps faibles... S’appesantir et souligner le temps fort est l'une des plus grandes erreurs en musique car il n'est rien d'autre qu'un tremplin en direction des temps faibles, et ce sont ces derniers qui portent le vrai poids" (Dino Lipatti).
"Il faut écouter les sons qui tombent sur les temps faibles, connaître le nom des notes qui tombent sur ces temps, savoir quels doigtés les jouent ; enfin il faut contrôler à l'oreille qu'aucune de ces pulsations ne presse ni ne dérape. Il ne faut pas que notre jeu nous file sous les doigts..."
Et cela : "jamais deux sons avec la même intensité" Varier l'intensité des sons grâce à notre toucher".
Ou encore, "Un crescendo ne veut pas dire fort"...
Je pourrais continuer comme cela très longtemps (mais ce sera alors mettre ici tout le livre).
Notons que ce ne sont que des exemples mis ici un peu pêle-mêle, mais sachez que l'ouvrage est hyper structuré.
D'une lecture agréable, lumineuse, l'ouvrage est construit, pensé, organisé selon cinq principaux chapitres :
1) Apprendre une œuvre nouvelle ou inconnue
2) L'art d'organiser l'étude, savoir comment travailler
3) La technique. Principes physiques permettant de faire passer le désir musical dans la réalité du jeu
4) La mémoire
5) A quoi penser en jouant
De nombreux aspects sont explicités à partir d'extraits de partition savamment choisis.
S'y rajoute, en fin d'ouvrage quelque 40 pages (le livre en contient 395) consacrées à l'histoire de la pédagogie du piano, depuis Couperin, CPE Bach, Mozart Clémenti, jusqu'à la fin du XXème siècle.
Vous l'aurez compris : à mettre entre toutes les mains.