
C'est toujours une super satisfaction lorsqu'on a réussi à relever tout un morceau. Ensuite, arriver à se mettre dans sa tête à elle, imiter son son (tiens c'est rigolo), ses accents, ses inflexions et ses intentions musicales. Se demander : "mais comment fait-elle ?" ; "comment fait-il ?". Tenter de comprendre son cheminement pour passer de l'harmonie du début à celle de la deuxième partie. Suivre l'enchaînement de sa pensée... Cela change notre propre jeu, l'enrichit.
Et puis être fou : se dire, "tiens moi aussi, je vais faire ma propre version de ce prélude". Et si au départ, je n'arrive pas bien à improviser, je vais l'écrire.
Round midnight : tellement de climats différents dans son interprétation, d'emprunts à différents styles. Que s'est-il passé dans sa tête à ces moments différents ?
Tu écris "Oui Debargue évolue sans cesse, tout comme Montero. Ils ne font jamais une même impro de la même façon sur le même thème."
En fait, je pense que ce n'est pas une évolution. C'est simplement que faire toujours la même chose ne revêt pour eux aucun intérêt. Ce qui est formidable, c'est certainement pour ces artistes de prendre ce risque fou en concert : être dans la musique complètement, la laisser venir à eux. Dans la vérité absolue. Une musique de l'instant présent, sanctifiée par la présence d'un public. La créativité pure. La liberté. C'est comme un funambule qui marche sur un fil, sans filet. Mais sur ce fil, il y a toute une vie de musique et de recherche.