Débat : Technique / Musicalité

[floyer]

Je vois la musicalité comme le résultat. Cela combine une intention particulière et la technicité nécessaire pour que l’on puisse entendre cette intention.

À titre d’exemple, ici : viewtopic.php?p=366217#p366217 a été signalé un beau discours. C’est signe que non seulement la technicité était présente, mais parfois au service d’une intention précise (par exemple faire ressortir l’une des voix ce qui donne un certain effet).

[denis_h]

pour moi la technique vient d'abord : jouer le morceau sans fausse note avec un métronome.

ensuite seulement, la partie "musicalité" : les nuances, rubatos, expressivité etc ...

et voilà tout !

[Jacques Béziat]

Je vois la musicalité comme le résultat. Cela combine une intention particulière et la technicité nécessaire pour que l’on puisse entendre cette intention.

Tout est dit.

[Beemahl]

Je déterre ce topic car j'ai des interrogations sur la pertinence de la dichotomie technique/musicalité depuis que je reprends des cours. En effet, à chaque fois ma prof me reprend sur des aspects "techniques", il s'agit en réalité d'influer sur la production/qualité de son. Un aspect que j'ai du mal à appliquer et que l'on reprend souvent est la souplesse du geste/poignet. Par exemple dans la partie centrale de la polonaise op 26 1 que j'avais partagée sur le forum. Mon défaut était (est toujours) de la rigidité de le poignet qui durcit le son, et du point de vue des plans sonores met davantage l'accompagnement en valeur. À chaque fois que ma prof me reprend, il s'agit de penser au son qu'on veut obtenir, au timbre. Autrement dit cela impacte directement la musicalité ! Est-il donc bien pertinent de séparer ces deux aspects ?

[fritz]

Ça dépend de ce qu'on met derrière le terme musicalité. Pour moi la musicalité c'est une forme de bon goût, se conformer aux standards des époques qu'on joue, changer de couleur, de dynamique, bref c'est développer ses intentions. La technique c'est ce qui donne le moyen de ses ambitions musicales, c'est pas le tout de vouloir changer de couleur ou d'accélérer, encore faut-il savoir le faire. Et inversement monter des gammes sans intention musicale ne sert à mon avis pas à grand chose puisqu'on ne voudra jamais le faire de façon uniforme quand on fait de la musique

[Carla Rocío]

Pour moi la musicalité c’est le terrain, et la technique le jardinier. Ça sert à rien de cultiver sur une mauvaise terre, tandis que faire n’importe quoi sur une bonne terre ça peut quand même donner de jolis résultats selon les attentes.

J’hallucine toujours quand j’entends mon violoniste se préparer pour un concert en soliste, il prend son violon 3 jours avant et fait une gamme très lente avec un max d’émotion sur chaque note. Il travaille quelques passages lentement pis c’est plus ou moins tout. Après si je m’étonne qu’il en fasse pas plus il répond « y a pas d’endroit où j’ai aucune solution d’interprétation, il faut juste que je sois concentré le jour J ». Donc la technique ça passe clairement par la musicalité chez lui.

Pas tenté de faire ça sur mes marteaux mais le principe devrait être transposable.

[Pos]

Je ne résiste pas à ces quelques de Marguerite Long.
« Je crois avoir suffisamment démontré la nécessité du mécanisme et l'utilite primorliale des exercices pour pouvoir livrer maintenant sans crainte qu'elle soit mal comprise, aux méditations de mes lecteurs, l'affirmation ironique, mais indiscutablement clairvoyante d'Albeniz: « Le pianiste qui aime trop les exercices est tout simplement un paresseux ».
Le perfectionnement suprême de la main ne sera obtenu que, lorsque quittant le pur mécanisme, elle abordera le stade seusible de « sa mission », lorsque « se pliant à toutes les émotions », comme le demandait Liszt, elle ne se contentera pas de reproduire mécaniquement le contour défini d'une formule pianistique, mais épousera la forme vivante et expressive d'une œuvre musicale. Il faut d'ailleurs bien s'entendre sur le mot « technique ». Technique, me semble-t-il, ne veut pas seulement dire volubilité, indépendance, écart, force, égalité. La technique est l'ensemble de toutes les connaissances pianistiques : c'est la maîtrise dans le dosage et la coloration du son, c'est l'aisance dans l'exécution progressive des nuances de force et de mouvement, accelerando et rallentando, crescendo et diminuendo. La technique, c'est le toucher, c'est l'art du doigté, l'art de la pédale, c'est la connaissance des règles générales du phrasé, c'est la possession d'une vaste palette expressive dont le pianiste peut disposer à son gré, selon le style des œuvres qu'il a à interpréter et selon son inspiration. En résumé, la technique c'est la science du piano. »

Bref, la technique a son degré le plus avancé, c’est la musique.
C’est être en capacité physique de donner le son et l’émotion qu’on veut
L’égalité des doigts, c’est pas pour le plaisir de faire une gamme metromique et sans accent, c’est pour pouvoir choisir le phrasé, infléchit la courbe mélodique, accentuer ce qu’ on veut avec les doigts qu’on veut.
Pour n’avoir pas fait d’études musicales académiques, je sens au quotidien le poids de n’avoir pas de technique et des limitations musicales que ça entraîne.
Je te rejoins Carla mais avant de pouvoir se passer des exercices techniques, je crois qu’il faut avoir su développer une technique et une main sûre.

[poppotame]

Je ne résiste pas à ces quelques de Marguerite Long.

Ah Marguerite, j'adore ! Et pas que dans la Sonate ou la Méphisto de Liszt ....
Elle a tout compris ...