Toujours l'âge du rôle

[sylvie piano]

Depuis longtemps je dis à qui veut m'entendre (mais pas ici je crois ?), que notre grande force en tant que musicien, c'est que nous avons toute notre vie " l'âge du rôle !"à la grande différence du théâtre où le physique, l'âge, la voix, vous attribuent certains personnages qui évoluent tout au long de votre vie, photo du temps qui passe.
Évidemment Jean-Laurent Cochet s'est amusé à prouver le contraire mais c'est un exploit non reproductible.
Certes, vous n'habitez pas un grand opus de Beethoven à 15 ans ou à 70 de la même couleur ou densité mais vous êtes libre de le peindre toute la vie durant.
C'est une chance inestimable, même davantage, comme un super-pouvoir !
L'orientale de Granados, et vos doigts disposent autour de vous des voiles que le vent soulève, vous êtes jeune et si belle.... vous êtes Anna Karenine, Lucrèce ou Mrs Dallowey....et aussi Roméo, Frédéric ou Ruy Blass.... Vous êtes homme, ou femme...
Notre limite, c'est la technique, mais qui n'a rien à voir avec l'âge. S'attaquer à des œuvres impossibles reste un choix personnel où l'expression est limitée certes mais qui peut peut être permettre à certains de se dépasser.?
J'aime cette idée où l'immortalité jaillit comme un poème.

[Presto]

On est dans le concours de poésie ou quoi ?

J'aime cette idée où l'immortalité jaillit comme un poème.

à condition d'y croire ...

[Ninoff]

J'aime cette idée où l'immortalité jaillit comme un poème.

Il n’y a aucun concours de poésie, et selon moi il n’y a jamais assez de poésie dans tout ce que nous réalisons et tout ce que nous vivons.
Effectivement notre monde ne se prête guère à la poésie, car il faut toujours être le plus réaliste possible, et le plus compétitif
Pourtant le monde de notre enfance nous a souvent bercé de tendres mélodies, de contes de fées, d’un univers magnifique où nous restions émerveillés .
L’immortalité est présente dans toutes les œuvres de nos compositeurs, et nous leur donnons vie à chaque fois que nous posons nos mains sur le clavier de piano, la poésie débute dès cet instant et ne cesse de grandir.
« L’âge du rôle » est présent à chaque fois que nous ressentons cette irrépressible attirance vers une œuvre, c’est à dire que le moment est venu de s’atteler à sa découverte .
Et alors la magie opère, comme dans un conte de fées.
Retrouvons nos yeux d’enfants, elle est source d’espérance.
Merci Sylvie de votre poésie, elle m’est ô combien agréable, et source de vie.

[sylvie piano]

Merci Ninoff, peut-être faut-il avoir déjà des rides au coin des doigts pour connaître cette sensation d'infini.
Quand l'idée de performance n'est plus, et que seule l'expression nous conduit, nous vivons ces moments hors du temps. Il est vrai que nous avons des heures de piano au bout des doigts..... De belles heures de vol !...

[Arabesque44]

Je suis ravie de lire ceci. Oui, Sylvie l'exprime de façon poétique, mais même pour les personnes les plus terre à terre et les plus pragmatiques, le fond du sujet est une évidence. La musique n'a pas d'âge.
Pendant des années où j'avais relégué un peu la musique en second plan, j'ai su que je m'y remettrai un jour, sans savoir au juste comment ( piano? chorale? discophilie?) mais qu'il ne serait jamais trop tard!

[quazart]

@Arabesque : je m'en voudrais de torpiller ce beau fil, mais ne dit-on pas qu'il vaut mieux avoir l'âge de ses artères que celui de César Franck ?

Plus sérieusement, il est assez paradoxal qu'un art aussi étroitement lié au temps nous entraine en dehors...