Oh, mon investissement a beaucoup diminué, malheureusement (j'y passe maintenant en général 2-4h par semaine, en dehors des cours. Ce pourquoi d'ailleurs je me concentre sur un nombre plus réduit de pièces). Je suis exigeante envers moi-même, bien sûr, mais aussi poussée par les retours de mon prof (qui a de très bons conseils, hein! Mais comme je disais, j'ai conscience que c'est difficile de trouver le juste équilibre entre la critique et l'encouragement).
Mais je trouve qu'on insiste souvent sur cette question de «éviter de prendre des faux plis». Si je suis d'accord sur le fond, je pense que c'est important de nuancer.
Et oui, en effet, c'était ma réflexion ces derniers jours : j'ai perdu une partie du plaisir. Et j'ai un peu fait l'erreur (tiens, en voilà une potentielle à mettre à la liste) de ne pas entretenir de répertoire (bon, faut dire, quand on ne joue déjà pas beaucoup...). Du coup, j'ai eu des soirs où je me disais que j'avais envie de jouer un truc, juste comme ça. Mais je n'avais pas envie de prendre les pièces que je suis en train d'apprendre, parce que je vais avoir tendance à m'arrêter pour travailler les problèmes que je remarque, ou parce que j'ai envie de changer d'air, ou parce que j'ai peur de développer des faux plis, justement, si je fais juste les jouer, en ignorant les fautes que je fais. Et dans les pièces apprises par le passé, il faudrait que je les retravaille, parce que je ne m'en souviens plus (je suis arrivée à rejouer de tête 3-4 mesures de l'invention no 4 et du 2e mouvement de la K545 de Mozart, c'est tout). Et il y a aussi le problème que je suis également critique sur ce que j'ai pu jouer par le passé (j'ai arrêté de jouer la valse en la mineur de Chopin parce que je ne supportais plus de l'entendre comme je l'ai toujours jouée. Et je n'ai aucune envie de la retravailler, du moins pour le moment).
En même temps, je me rappelle très clairement d'une vidéo que j'avais vue il y a un bon moment déjà (probablement dans ma première année de piano) qui parlait des moments à risque pour les gens d'abandonner le piano. Et l'un de ces moments était quand on commence à devenir meilleur. Meilleur à jouer, mais surtout meilleur à entendre nos erreurs (même si j'ai encore du chemin à faire).
Il me semble que c'était la même vidéo qui parlait que l'on passe, dans l'apprentissage, de l'étape :
- On ne sait pas qu'on ne sait pas
- On sait qu'on ne sait pas
- On sait qu'on sait
- (On ne sait pas qu'on sait ou «c'est rendu un automatisme»)
Et quand on arrive au «on sait qu'on ne sait pas», c'est plus difficile que quand «on ne sait pas qu'on ne sait pas», ce qui est la situation quand on débute.
Bref, tout ça fait partie d'un processus normal. Ce sera très certainement passager. Seulement, dans l'immédiat, pfff que c'est pénible.
