Partage d’expérience de débutant...

[Faz]

Hello amis pianistes !

Alors j’ouvre ce fil de discussion pour la raison suivante: je souhaiterais savoir à quoi vous pensez quand vous jouez du piano, concernant l’exercice que vous êtes en train d’accomplir bien sûr ^^
Pourquoi est-ce que je vous demande ça ? Simplement parce moi, que je ne sais pas à quoi je pense quand je joue.... bizarre, non ?

Déjà, je joue en ayant appris par coeur la partition, car je suis incapable de la lire en jouant. Dès que mes yeux quittent le clavier, et donc mes mains, je ne peux plus jouer, car je ne sais plus où sont mes mains sur le clavier !

Alors bien sûr, je connais la partition, puisque je joue ce qui est écrit dessus, mais en fait quand je joue, je ne sais absolument pas les notes que je suis en train de jouer, mais j’enchaine instinctivement des positions de doigts et de mains telle que ma mémoire les a enregistrées. Enfin, c’est ce qu’il me semble, d’où ma question: comment ça se passe pour vous ?

Bien evidemment, j’imagine qu’il y a un lien direct avec le fait que je débute l’aventure pianistique depuis moins d’un an, mais dans ce cas, avez vous vécu le même phénomène ?

Voilà, ça me semblait intéressant de partager ce genre d’expérience !
Merci à ceux qui voudront bien prendre le temps de parler de la leur

Faz

[Arabesque44]

Je crois que nous sommes tous plus ou moins passés par là.
Tu n'as pas trop à t'inquiéter, et tu as l'avantage par rapport au débutant adulte complet, de connaitre le solfège et savoir lire les notes. TU vas pouvoir te concentrer progressivement sur le repérage du clavier sans le secours la vue.
Attention même à ne pas "surcompenser" et en arriver à ne plus pouvoir quitter la partition des yeux, et à en mettre plein à côté! Autrefois les profs obligeaient à ne jamais regarder les mains, j'ai dû passer par là et j'ai eu du mal à me défaire de cette habitude. Ma prof a même dû me demander d'apprendre très vite par cœur les passages difficiles de façon à regarder mes mains et bien fixer le geste!

[Mia]

Bonjour
j’ai eu la même impression que vous lorsque j’ai débuté le piano ; du moins l’idée que l’apprentissage était aisé puisque les doigts se plaçaient d’eux-mêmes ; une fois la partition déchiffrée je ne la regardais plus mais lorsque je m’écoutais sur le piano (à l’époque, enregistrement sur le numérique) tout était plat et sans émotion ; j’ai compris que ma mémoire ciblait le basique, l’enchaînement des notes mais oubliait totalement tous les éléments de la partition qui en font la profondeur, toute sa respiration ; bien sûr un professeur m’aurait très vite mis en garde, donc j’ai perdu du temps très certainement. Vous pouvez être capable de lire et de jouer en même temps, c’est juste une habitude à prendre qui oblige à travailler plus lentement. Prenez une étude que vous aimez jouer, écoutez là sur YT jouée par un très bon pianiste, écoutez la respiration du morceau, votre oreille retiendra beaucoup d’éléments que vous ne lisiez pas et vous serez étonné par ce que vous jouerez. Tel est mon sentiment.

[Jacques Béziat]

Je crois que nous sommes tous plus ou moins passés par là.
Tu n'as pas trop à t'inquiéter, et tu as l'avantage par rapport au débutant adulte complet, de connaitre le solfège et savoir lire les notes. TU vas pouvoir te concentrer progressivement sur le repérage du clavier sans le secours la vue.
Attention même à ne pas "surcompenser" et en arriver à ne plus pouvoir quitter la partition des yeux, et à en mettre plein à côté! Autrefois les profs obligeaient à ne jamais regarder les mains, j'ai dû passer par là et j'ai eu du mal à me défaire de cette habitude. Ma prof a même dû me demander d'apprendre très vite par cœur les passages difficiles de façon à regarder mes mains et bien fixer le geste!

Oui, pour les parties difficiles, comme lors des déplacements de main, il peut être normal de regarder son clavier, mais les deux éléments ne sont pas antagonistes comme à première vue, à mon avis.

1) Demander à un débutant de regarder la partition la plupart du temps (au début on ne déplace pas les mains) oblige à bien respecter la partition, à la mémoriser visuellement, à anticiper sur les événements, à l'assimiler en somme, tout en faisant travailler la lecture des notes, c'est ce que je préconise,
2) la seconde étape consiste effectivement à jouer par cœur, ou en grande partie, auquel cas le regard se portera instinctivement sur le clavier, mais la partition aura été mémorisée correctement, et on aura beaucoup moins cette dangereuse mémoire des doigts acquise avec un par cœur trop rapide et par conséquent approximatif,
3) le résultat sera un mixage d'exécution selon les évènements : on est prêt à jouer par cœur facilement, mais également à suivre une partition dans le cas d'un accompagnement ou d'un morceau pas entièrement assimilé.

Il est également plus aisé de déchiffrer quand on a pris l'habitude de le faire les yeux sur la partition en jouant, j'en fais sans cesse l'expérience, mais là je parle surtout des débutants qui déchiffrent difficilement et qui cherchent instinctivement à s'en dispenser, et ce dès les tout premiers cours.
Je remarque que les tout-débutants jouent mieux en lisant la partition qu'en fixant leur clavier.

Au fur et à mesure de l'expérience, les choses évoluent, le but n'est évidemment pas de se forcer à lire une partition en jouant, mais au contraire de l'apprendre par cœur après une assimilation complète et précise, il est vrai que le par cœur permet de mieux pénétrer dans les nuances, le phrasé, donc le ressenti, du morceau.

[Faz]

Merci pour vos retours, explications et conseils.
Il est clair que je dois apprendre à jouer en même temps que je lis la partition. Mon prof ne cesse de me le répéter... Il me fait toujours d’abord travailler mains séparées, et lorsqu’il juge que je connais bien chacune d’elles, il me fait jouer mains ensemble lentement. Et c’est là que dans mon esprit, la partition n’existe plus !! Seul ce que j’ai en mémoire me sert à jouer.
Comme vous le dites, j’oublie souvent les nuances et articulations... pourtant lorsque je m’entraine à la maison, j’en tiens compte et essaie de les mémoriser également.
Il arrive parfois que pendant un cours, mon prof cache subitement mes mains avec un cahier par exemple... mon jeu s’arrête immédiatement, car je ne sais pas situer spacialement mes mains sur le clavier...
enfin bon, encore beaucoup de travail à faire ! Je reste cependant très motiver !

Encore merci pour vos retours d’expérience !

[Jacques Béziat]

Il arrive parfois que pendant un cours, mon prof cache subitement mes mains avec un cahier par exemple...

C'est ce que je fais aussi !

À l'inverse, à un élève qui est trop fixé sur sa partition quand le morceau est bien maîtrisé, je lui enlèverais presque la partition subitement !

Le but est d'arriver à un équilibre partition/clavier.

Ni trop de fixette sur la partition, ni trop sur le clavier, pendant la phase apprentissage du morceau, le but ensuite étant le par cœur.
Les élèves trop fixés sur leur clavier sont le plus souvent faibles en solfège.
Ceux trop fixés sur la partition doivent trouver confiance en leur mémoire et donc en eux-mêmes.

[Marcel Patulacci]

Les élèves trop fixés sur leur clavier sont le plus souvent faibles en solfège.

Ah ? Tu sais expliquer pourquoi ?

[Jacques Béziat]

Les élèves trop fixés sur leur clavier sont le plus souvent faibles en solfège.

Ah ? Tu sais expliquer pourquoi ?

Logique : en tentant, tant bien que mal, à apprendre pas cœur les gestes, plus que les notes, ils tentent d'échapper à la lecture des notes, j'ai plusieurs élèves dans ce cas, dont pas un ne se satisfait de cette mauvaise lecture, ils préfèreraient mieux lire.

L'idéal, à mon humble avis, est une bonne mémoire ET une bonne lecture, la pratique régulière et approfondie permet cela, la mémoire pouvant se travailler comme la lecture.

[Faz]

Merci Jacques Béziat pour tes explications !
C'est quand même contre-intuitif de jouer en lisant. Tous les concertos et pianos solos que je vois en vidéo sur youtube sont joués sans partitions sur le piano. Donc jouer par cœur serait l'ultime Graal à atteindre ?

[mdpiano]

Je crois que nous sommes tous plus ou moins passés par là.
Tu n'as pas trop à t'inquiéter, et tu as l'avantage par rapport au débutant adulte complet, de connaitre le solfège et savoir lire les notes. TU vas pouvoir te concentrer progressivement sur le repérage du clavier sans le secours la vue.
Attention même à ne pas "surcompenser" et en arriver à ne plus pouvoir quitter la partition des yeux, et à en mettre plein à côté! Autrefois les profs obligeaient à ne jamais regarder les mains, j'ai dû passer par là et j'ai eu du mal à me défaire de cette habitude. Ma prof a même dû me demander d'apprendre très vite par cœur les passages difficiles de façon à regarder mes mains et bien fixer le geste!

Comme moi !!!

[Jacques Béziat]

Merci Jacques Béziat pour tes explications !
C'est quand même contre-intuitif de jouer en lisant. Tous les concertos et pianos solos que je vois en vidéo sur youtube sont joués sans partitions sur le piano. Donc jouer par cœur serait l'ultime Graal à atteindre ?

« Jouer en lisant », plus ou moins, il est évident que lors de déplacements importants des mains, on est quasiment forcé de regarder où viser !

Il faut aussi distinguer les premières années d'apprentissage, de la maîtrise après 5 ou 6 ans de piano à partir de laquelle on est censé avoir assimilé tout le solfège, et acquis une mémoire fidèle des notes, des nuances, du phrasé.
Durant ces premières années souvent cruciales, il est bon qu'il y ait cohérence, équilibre entre lecture et pratique, d'où découlent gain de temps et efficacité !

Le but étant en effet de jouer par cœur, et cela se fait de plus en plus rapidement et facilement avec l'expérience, c'est pendant les premières années qu'on doit disposer du maximum d'outils censés être donnés et expliqués par les professeurs, plus on est complet dans sa formation, mieux et plus vite on progresse.

[Faz]

Ta réponse me rassure complètement dans le sens où:

- cela correspond exactement à ce que je pense
- je ne suis pas à la ramasse
- mon prof me sensibilise bien à cette nécessité de savoir lire ma partition en jouant, pas forcément pour lire les notes que je joue, mais aussi savoir me repérer dans la partition en cas de trou de mémoire, sur l’accentuation et les articulations.

Bon, ben y a plus qu’à continuer de faire chauffer le clavier encore quelques années