Un voyage au long cours, au gré les ondes de la musique française
Le lien pour écouter le concert se trouve en bas de cet article.
Toujours dans la série des voyages, le concert de ce soir était consacré à la musique française.
Dotée d’une histoire longue et riche, cette musique connaît d’abord une grande notoriété à la renaissance et à l’époque baroque où Lully puis Couperin rivalisaient avec les autres compositeurs européens. Puis elle subit un relatif déclin alors que fructifient les écoles allemandes et italiennes. C’est avec Berlioz et les romantiques qu’elle retrouve sa place. Puis tout le début du XXe siècle est marqué par Paris, capitale de l’Europe culturelle, où se côtoient et se mélangent beaucoup d’artistes de toutes nationalités; les peintres Pablo Picasso, Robert Delaunay, Cornelis Théodorus Marie Van Dongen, les poètes Blaise Cendrars, Guillaume Apollinaire, Jean Cocteau, le cinéaste Georges Méliès, les musiciens Igor Stravinsky, Maurice Ravel, Erik Satie pour n’en citer qu’une petite partie.
Programme convenu ? Non, car Dom a plus d’une note dans sa besace... : au lieu de nous jouer aussi ce soir des œuvres des sempiternels Chopin, Berlioz ou Debussy (ce qu’il a pu faire lors d’autres concerts), il a préféré nous présenter ici son choix, subjectif, dans cette représentation du cheminement de la musique française. Jean-Baptiste Lully (1632-1687), François Couperin - dit « Couperin le grand » - (1668-1733), Jean-Philippe Rameau (1683-1764), bien sûr, mais Dom va aussi nous faire découvrir des compositeurs tels que Hyacinthe Jadin (1776-1800), l'un des représentants les plus originaux du préromantisme français. Le voyage continuera avec Camille Saint-Saëns (1835-1921) ; Jules Massenet (1842-1912) et l’opéra français ; Gabriel Fauré (1845-1924) ; Mel Bonis (1860-1937) ; Francis Poulenc (1899-1963) ; Eric Satie (1866-1925).
Et comme d’habitude, pour nous conter ce voyage, Dom s’était entouré de deux fabuleux musicien(ne)s : Elise Duclos (voix) et Aurélien Paulin (clarinettes).
A propos d'Elise Duclos
Elise Duclos est une mezzo-soprano française. Elle a commencé ses études musicales par le hautbois à Strasbourg. Durant ses études, elle a joué dans de nombreux orchestres, dont l'Orchestre La Philharmonie de Strasbourg et l'Orchestre Universitaire de Strasbourg. Quelques années plus tard, elle a commencé à chanter. Elle a décidé d'aller au Canada pour étudier à l'Université de Montréal, où elle a obtenu à l'unanimité ses diplômes de baccalauréat et de maîtrise en interprétation classique avec les compliments du jury sous la direction de John Fanning.
Pendant ce temps, elle a été choisie dans le
Dialogue des Carmélites de Poulenc dans le rôle de Mère Jeanne et dans
L’étoile de Chabrier dans le rôle de Aloès.
Après avoir terminé son master, elle a rejoint le Swiss Operastudio en Suisse et étudie actuellement avec Michelle Breedt.
En 2017, elle était Dorabella dans
Cosi Tutte, la fan de Mozart. Elle a également participé à la première mondiale de l'opéra
"Marie et Robert" de Jost Meier avec le Theatre Orchester Biel Solothurn. En 2018, elle a joué dans
Iolanta de Tchaïkovski dans le rôle de Laura dans le Theatre Orchester Biel Solothurn, puis elle a été Maturina de
Don Giovanni de Gazzaniga.
A propos d’Aurélien Paulin
Aurélien Paulin débute ses études musicales en 2004 au Conservatoire National de Région Strasbourg dans la classe de clarinette de Jean-Marc Foltz, pour aboutir sur une médaille de clarinette et de musique de chambre avec mention « Très Bien » en mai 2013. Suite à un stage à la Hochschule für Musik und Theater Hamburg (HfMTH), il est invité l'été 2011 à l'Académie de Musique Contemporaine Opus XXI à Avignon par une collaboration du Conservatoire National Supérieur de Musique Lyon et de la HfMTH.
En parallèle à ses études musicales, Aurélien Paulin développe un intérêt accru pour les langues étrangères, obtient ainsi juin 2011 une licence en Langues Etrangères Appliquées (Allemand, Anglais, Russe) à l'Université de Strasbourg et part en tournée d'orchestre dans divers pays (Croatie, Italie, France, Etats-Unis...).
En septembre 2013, il intègre la classe de Wolfgang Meyer et d'Eduard Brunner à la Hochschule für Musik Karlsruhe, obtient mai 2014 une bourse de la Menuhin Foundation d'une durée de trois ans, participe à de nombreux concerts, sous la direction de Bruno Mantovani ou encore en tant que 1ère clarinette solo avec l'Orchestre National du Bade-Württemberg (Badisches Staatskapelle) sous la direction d'Ulrich Wagner.
Il est également depuis janvier 2014 tuteur de la classe de Musique Comtemporaine à la HfM Karlsruhe, remporte en octobre la même année le 1er Prix d'interprétation du Wolfgang Rihm Wettbewerb et est engagé par le Philharmonisches Kammerorchester Berlin en tant que 1ère clarinette basse solo pour une tournée en Chine avec des concerts notamment au Gewandhaus Leipzig, à la Berliner Philharmonie ou encore au Shanghai Oriental Art Center. En parallèle à ses performances artistiques, Aurélien Paulin s'intéresse à la pédagogie en participant à de nombreuses masterclass, avec Sabine Meyer, Reinhard Wehle ou encore Sir Simon Rattle, et en enseignant dans diverses écoles de musiques en France et en Allemagne.
NB : nous avions déjà pu entendre Aurélien Paulin (neveu de Dom) jouer avec lui dans d'autres concerts : voir ici et ici.
Le concert
Par ordre d'apparition :
1)
"Quel spectacles charmants" , choeur final du Bourgeois gentilhomme de Molière, (1670) dont Lully a composé la musique. Morceau ici interprété
a capella à trois voix.
2) "Les barricades mystérieuse" de Couperin, morceau tiré du Second livre de clavecin) (1716 ou 1717), emblématique du style brisé caractéristique de la musique de clavecin française.
Dom est au piano.
3) "
L’Egyptienne" de Rameau, tiré des Nouvelles suites de pièces de clavecin' (1728)
Dom au piano
[à noter : Ce recueil de clavecin est certainement un des plus aboutis de Rameau, et il est souvent comparé aux contemporaines Partitas pour clavecin de Bach. Il contient sept pièces en en la et neuf en sol, certaines portent encore des appellations de danses d'une suite, mais s'en éloignent dans le traitement et la forme, d'autres sont des pièces de genre, descriptives ou imitatives].
4) Un
mouvement de la sonate en fa dièse mineur, op. 4 n° 2 de Hyacinthe Jadin, musique pouvant faire penser à du Mozart, matinée de Schubert…
Dom est au piano.
5) Un
mouvement de la sonate pour piano et clarinette en mib majeur Op. 167 (1921)de Camille Saint-Saëns.
6)
« Le Cid » (Corneille), début de l'acte 3 de cet opéra (1885) composé par Jules Massenet.
Et là, il s’est vraiment passé quelque chose d’inouï.
Subitement, tout bascula. Voix claire, lumineuse, qui emplit tout l’espace, montant jusqu’aux étages, planant au-dessus de nous, aérienne, portée par un souffle inépuisable. Immobile, rayonnante, la cantatrice laissant son chant vibrer dans son corps muté sous nos yeux en instrument de chair.
Temps arrêté. Nous ne sommes plus que sa respiration. Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?… demandent les philosophes.
- "Il y a" répond la musique.
Magnifique trio piano, voix, clarinette. Me montent alors des ruisseaux de larmes.
Je pense immédiatement à cet extrait du roman
« Le temps où nous chantions » de Richard Powers :
"Deux couplets et son morceau est terminé. le silence plane dans la salle, il flotte au dessus des sièges comme un ballon à l’horizon.. L’espace de deux mesures, même respirer est un crime. On ne saurait survivre à cette surprise, sauf en la chassant à coups d’applaudissements. La bruyante reconnaissance des mains relance le temps".
Dans la salle où elle a chanté, les murs en conserveront l’écho. Pour toujours.
7) «
Après un rêve » de Gabriel Fauré (publié 1878, mais composé quelques années avant)
Piano, voix et clarinette. Et là encore, les larmes….
« Dans un sommeil que charmait ton image
Je rêvais le bonheur, ardent mirage,
Tes yeux étaient plus doux, ta voix pure et sonore,
Tu rayonnais comme un ciel éclairé par l'aurore;
Tu m'appelais et je quittais la terre
Pour m'enfuir avec toi vers la lumière,
Les cieux pour nous entr'ouvraient leurs nues,
Splendeurs inconnues, lueurs divines entrevues,
Hélas! Hélas! triste réveil des songes
Je t'appelle, ô nuit, rends-moi tes mensonges,
Reviens, reviens radieuse,
Reviens ô nuit mystérieuse! »
8 ) Sonate pour violoncelle et piano, Mel Bonis : (composé dans les années 20), ici réarrangée pour clarinette basse par les bons soins de Dominique.
9) Chanson d'Orkenise (1925) et Hôtel (1914)de Francis Poulenc.
Piano, voix.
Paroles de la chanson d’Orkenise :
Par les portes d'Orkenise
Veut entrer un charretier.
Par les portes d'Orkenise
Veut sortir un va-nu-pieds.
Et les gardes de la ville
Courant sus au va-nu-pieds :
« Qu'emportes-tu de la ville ?»
« J'y laisse mon coeur entier. »
Et les gardes de la ville
Courant sus au charretier:
« Qu'apportes-tu dans la ville ?»
« Mon cœur pour me marier.»
Que de cœurs dans Orkenise !
Les gardes riaient, riaient,
Va-nu-pieds, la route est grise,
L'amour grise, ô charretier.
Les beaux gardes de la ville
Tricotaient superbement ;
Puis les portes de la ville
Se fermèrent lentement.
Paroles d'Hôtel :
Ma chambre a la forme d'une cage,
Le soleil passe son bras par la fenêtre.
Mais moi qui veux fumer pour faire des mirages
J'allume au feu du jour ma cigarette.
Je ne veux pas travailler - je veux fumer.
10)
La diva de l’empire, musique d'Erik Satie, paroles de Dominique Bonnaud et Numa Blès
Piano, voix et clarinette (et sifflet)
Les paroles :
Sous le grand chapeau Greenaway
Mettant l’éclat d’un sourire
D’un rire charmant et frais
De baby étonné qui soupire
Little girl aux yeux veloutés
C’est la diva de l’Empire
C’est la reine dont s’éprennent les gentlemen
Et tous les dandys
De Piccadilly
Dans un seul yes, elle met tant de douceur
Que tous les snobs en gilet à cœur
L’accueillant de hourras frénétiques
Sur la scène lancent des gerbes de fleurs
Sans remarquer le rire narquois
De son joli minois.
Elle danse presque automatiquement
Et soulève, oh ! Très pudiquement
Ses jolis dessous de fanfreluches
De ses jambes montrant le frétillement
C’est à la fois très, très innocent
Et très, très excitant.
Waouh, quel concert !!! Et puis cela fait toujours plaisir d'y croiser d'autres PMistes.
Ecouter le concert
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Ne pas rentrer tout de suite pour digérer tout cela, garder précieusement cette magie, les yeux qui brillent yeux, rester à bavarder, puis faire une promenade nocturne dans ce lieu enchanteur qu'est la Butte Montmartre...
Tiens, à propos du Sacré Coeur, savez-vous pourquoi ses pierres sont toujours aussi blanches, alors qu'il n'a jamais été nettoyé ?
C'est parce que cette basilique a été construite avec la pierre du Château-Landon, provenant des carrières de Souppes sur Loing, situé au Sud du département Seine-et-Marne. C'est une pierre ultra résistante, non spongieuse et l'eau ne peut s'y infiltrer
Bon d'accord, mais alors ?
Cette pierre est dotée d'une autre propriété : elle blanchit sous l’effet de la pluie. Au contact de l’eau, elle sécrète une substance blanche appelée calcin qui s’écoule le long des parois puis durcit au soleil.