en répondant à un autre fil, j'ai repensé à cette histoire de lever de doigts.
Après les excès des levés de doigts crispés et forcés de l'école des petits marteaux, la notion de laisser le doigt prendre de la hauteur (en laissant plier à l'articulation métacarpo-phalangienne) semble avoir été classée dans le rang des âneries qu'on a fait un temps mais qu'on ne fait plus non monsieur.
La technique souple, elle, ne lève pas le doigt. Ou du moins ce n'est pas mentionné et pas prévu. Et toutes les techniques où les doigts se lèvent sont accusées de provoquer des blessures (comme les notes tenues, alors imaginez les deux !).
Pourtant, si on regarde une vidéo de Sokolov par exemple, on voit bien qu'il n'a pas trop de complexe à lever les doigts s'il en a besoin.
Lever les doigts, ça peut être un mouvement terriblement inconfortable et anti-physiologique au possible s'il est fait en forçant, avec des coudes bloqués et un avant-bras en co-contraction.
Mais ça peut aussi être juste de laisser prendre la hauteur au bout du doigt, comme si un fil accroché au plafond et passé sous le doigt le faisait se lever sans effort. Et d'ailleurs si vous posez sans enfoncer les cinq doigts sur le clavier et que vous levez (en laissant les autres ne rien faire !) de cette manière, alternativement, 2 et 5 par exemple, si vous êtes suffisamment dans le laisser-faire vous remarquerez que vous avez l'occasion de laisser le coude suivre, vers l'intérieur pour 2 et vers l'extérieur pour 5. Ça peut donc même aider à détendre si c'est bien fait.
Et pour quoi faire ? Pour tous les touchers percussifs, qui peuvent aussi être d'une très grande douceur (penser à laisser rebondir une baguette de marimba sur l'instrument, sans aucune force et de quelques centimètres de haut ! Ou de rebondir du bout des doigts sur une surface d'eau, en faisant des ondes mais sans éclaboussures, etc.), et qui me semblent nécessaires dans tout ce qui est jeu rapide et léger (et en pratique dans le répertoire le plus souvent quand c'est rapide il faut que ce soit léger je crois ?

Ça peut être une sensation très agréable, comme si le doigt respirait et qu'on laissait des bulles d'air en dessous le faire monter avant de le lâcher pour qu'il aille rebondir sur le clavier ! Je trouve que c'est à mille lieux de la torture dépourvue de sens et mécanique qu'on s'imagine souvent !
Et vous, vous utilisez ce type de toucher ? Vous l'évitez ? Vous en faîtes quoi, c'est un outil de travail technique ou bien une manière d'aborder le clavier à part entière ? Vous avez des exemples de grands pianistes qui s'en servent avec brio ?