Anecdote pour introduire mon propos : avant-hier, j'étais chez le coiffeur (vous allez tout connaître de ma vie sur Piano Majeur

Or, à une époque pas si lointaine, je les prenais en disant "merci madame", et je les entassais dans des tiroirs. Je les ai tous jetés il y a quelques temps. Pourquoi? Parce que je ne les utilisais pas, tiens, et ça encombrait donc plus qu'autre chose. Pourquoi ne les utilisé-je pas? Eh bien, parce que si j'essaie un produit "gratuit", soit il ne me plaît pas, auquel cas ça n'a servi à rien, soit il me plaît, auquel cas je vais me sentir obligée d'acheter un truc de plus, dans l'espoir que je vais devenir vachement plus belle grâce au produit, qui va me faire perdre quelques minutes de plus tous les jours, et qui, soyons honnête, ne rend pas tellement super plus belle, parce que le machin qu'on met sur les cheveux et qui les rend extraordinairement soyeux le premier jour, eh bien bizarrement au bout de quelques temps ça ne marche plus si bien; le cheveux se rebelle contre ces tentatives d'en changer la nature profonde, il revendique son état naturel, son droit à être terne et moche; enfin bref je ne sais pas pourquoi mais ça cesse de marcher. Donc les échantillons, c'est loose-loose.
Bref, je reprends ma narration - je réponds donc à la gentille coiffeuse : "Ah non merci, je ne prends jamais les échantillons". L'air de stupéfaction qui se peint sur sa figure me fait presque regretter ma réplique; "Ah mais c'est bien la première fois qu'on me dit ça", bafouille-t-elle. Je crois que je l'ai froissée; elle en a oublié de sortir le fer à friser dont elle avait promis de m'expliquer le fonctionnement, car je pensais en acheter un à ma fille pour Noël. J'ai quitté la boutique avec l'impression d'avoir traversé en-dehors des clous.
Car la société attend de nous, que lorsque c'est gratuit, on prenne le truc.
Autre exemple intéressant : les lounges des aéroports.
A une époque je voyageais toutes les semaines pour le boulot, et comme j'avais des billets modifiables j'avais droit au salon des business classes. Il y avait là dedans un tas de truc à manger. Au début je les prenais (c'est gratuit!!); jusqu'à ce que je me dise, non mais t'es con ou quoi tu t'empiffres de croissants alors que tu n'as même pas faim. Bon là au moins il n'y a pas de vice caché dans le sens où on n'essaie pas de vous pousser à acheter un produit, contrairement à ce qu'il se passe avec les échantillons. Mais le comportement bizarroïde qu'on a dans ces cas-là procède de la même logique...
Je suis curieuse de savoir quelles réflexions cela suscite chez vous? (Et accessoirement, prenez vous les échantillons à la pharmacie, ou chez les coiffeurs, ou autres
