Je pense que ce n'est pas tant la 'modernité' d'une oeuvre qui rebute les auditeurs que son accessibilité, plus explicitement son
urtonalité 
. Pour illustrer, je vous fais un compte rendu d'un de mes derniers concerts.
Récemment nous avons eu à l'OSQ un concert dont le programme en a surpris plusieurs - dont moi. Je ne vais généralement aux concerts symphoniques que parce qu'un soliste en concerto m'intéresse. Cette fois, le soliste était Cédric Tiberghien, qui interprétait le concerto no.3 de Beethoven avec au bâton un chef invité connu des Français d'IDF: Enrique Mazzola. Je n'avais pas remarqué que le programme incluait une oeuvre d'Eric Tanguy (
Matka, en première nord-américaine). Au pré-concert (à l'assistance modeste), j'ai eu la bonne surprise de découvrir que le compositeur lui-même était présent, pour nous présenter son oeuvre et nous parler de Sibelius, qu'il admire et qui était au programme en seconde partie.
Matka a été jouée après le concerto plutôt qu'avant et a été très bien reçue par le public, qui pour la plupart ignorait que le compositeur était dans la salle. L'oeuvre est courte, certes, mais elle est surtout tonale et pleine de couleurs, très accessible (ce sur quoi Mazzola avait d'ailleurs insisté en nous la présentant). Après son interprétation (et son succès), Mazzola a fait monter Tanguy sur scène et le public l'a très chaleureusement applaudi.
Quant au concerto de Beethoven du pianiste qui m'avait amenée là, il ne m'a pas emballée. Comme je connais Tiberghien au disque, notamment dans Bartok, j'étais curieuse de l'entendre en
live. J'ai beaucoup apprécié son engagement et le fait qu'il écoutait visiblement l'orchestre, qu'il était dans un échange avec le chef, mais j'ai retrouvé en
live ce côté très carré de son jeu, que je n'avais pas apprécié dans son Bartok au disque et qui semble finalement être propre à sa personnalité plutôt que juste sa vision de Bartok. Bon, c'était quand même intéressant car très bien joué, il était très investi. Mais ce n'est pas un coup de coeur.
Ce qui fut un coup de coeur, par contre, fut l'interprétation absolument
magistrale du
Finlandia de Sibelius, par un OSQ que j'avais peine à reconnaître ! L'effet Mazzola ? Au moins en partie en tout cas. S'il revient j'irai l'entendre peu importe ce qu'il dirige ! Si vous le pouvez, je vous encourage à aller l'entendre, il dirige l'Orchestre National d'Île-de-France.