arg a écrit : ↑mer. 04 juil., 2018 18:34
Pour revenir à la 1e vidéo des Barricades je le vois comme une interprétation un peu anguleuse, comme un choix qui me parait maladroit mais pas forcément dénué de fondement. Les "inégalités" de la musique baroque où les croches sont jouées comme croche pointée double sont tout à fait courantes, le tout est de savoir quand jouer les croches inégales (plutôt lorsqu'elles sont conjointes, mais parfois non ...) et quand les jouer égales. Cela dépend des époques, des compositeurs, de ce qui précède... et des interprètes.
C'est justement pour ça que j'ai recherché sur le net d'éventuelles explications. Dans l'émission de France musique dont j'ai donné le lien plus haut, (Je n'ai pas pu écouter les 10 mn de la fin) aucun enregistrement ne comporte de notes inégales. D'ailleurs cette possibilité n'est pas évoquée. Je pense que c'est antérieur à Couperin mais je n'en suis pas certaine. Cette oeuvre date de 1717.
En tout cas, comme tu dis, je trouve la première vidéo maladroite et je n'y ai trouvé aucun charme.
A ma connaissance ça vaut pour toute la période baroque, mais uniquement pour la musique française. C'était encore en usage du temps de Rameau puisqu'il juge utile dans certaines pièces de noter de respecter la mesure ("L'enharmonique") ou de jouer les notes égales ("Les Niais de Sologne")
Ce "goût français" n'est pas utilisé dans les mouvements rapides, donc si l'on en croit l'indication de Couperin "vivement", ce rythme particulier n'a pas trop sa place dans cette pièce. https://www.festesdethalie.org/BAROC/rythme.html
Modifié en dernier par quazart le jeu. 05 juil., 2018 0:16, modifié 2 fois.
Il y est justement question du jeu irrégulier chez Couperin (entre autres compositeurs de l'époque ) et des Baricades misterieuses.
Le jeu irrégulier se prêtant mal à cette pièce..
Je vous laisse le lire car j'ai un souci d'Internet et je galère avec mon petit smartphone....
Marie-france a écrit : ↑mar. 03 juil., 2018 22:22
[Comme quoi nous avons les uns et les autres des sensibilités différentes!
Personnellement, je ne supporte pas cette interprétation! Il n'y a aucune subtilité! A la limite je trouve cela anti-musical!
Comme dit Qazart, Scott Ross, fait cela avec subtilité.
Et il n'y a pas de pédale du tout dans cette pièce. En cela l'écriture est absolument géniale. Tout se passe au niveau des notes tenues. Les clavecinistes doivent utiliser des subterfuges pour rallonger le son.
Je rejoins Jean-Seb sur Marcelle Meyer. Elle va aussi un peu vite à mon goût. Après, je ne suis pas spécialiste de la musique de Couperin et ce n'est que mon ressenti personnel.
Attention, je n'ai pas dit que j'aimais cette interprétation, beaucoup trop maniérée à mon goût. Je dis juste que malgré ses excès, j'y entends bien du Couperin, et que c'est bien joli par moments. Dans les interprétations piano comme celle de Tharaud, je n'entends... rien.
Le jeu de Scott Ross est très propre, sobre et subtil, par contre, il lui manque souvent un peu de flamboyance, c'est bien trop lisse par rapport à Kirkpatrick, Leonhardt ou Puyana, par exemple (ce ne sont pas des exemples tout récents, mais je ne trouve pas mieux depuis).
Pour ceux qui n'ont pas été lire l'article cité plus haut, voici la partie qui nous intéresse:
".... Les notations musicales des XVIIe et XVIIIe siècles continuent de poser à l’interprète d’aujourd’hui maintes questions délicates. Le passage de la partition d’une pièce à son exécution vocale ou instrumentale demande une familiarité avec un ou plutôt plusieurs solfèges différents de ceux des époques qui ont suivi. Les idiomes nationaux marqués, le mélange complexe de rupture et de continuité qui existe entre le Grand Siècle et les Lumières génèrent des notations très diverses qu’il convient d’examiner soigneusement. La façon de jouer les notes inégales dans la musique française en général, et dans celle de clavecin en particulier, provoque toujours maints débats passionnés.....//
...François Couperin dans sa méthode de clavecin écrit ce paragraphe magnifique :
« J’ai cru qu’il ne seroit pas inutile de dire un mot sur les mouvemens françois, et la diffèrence qu’ils ont avec ceux des jtaliens.
Il y a selon moy dans notre façon d’ecrire la musique, des deffauts qui se raportent à la manière d’ècrire notre langue. C’est que nous ècrivons diffèremment de ce que nous èxècutons ; ce qui fait que les ètrangers joüent notre musique moins bien que nous ne fesons la leur. Au contraire les Italiens ècrivent leur musique dans les vrayes valeurs qu’ils l’ont pensèe. Par exemple. Nous pointons plusieurs croches de suite par degrés-conjoints ; Et cependant nous les marquons ègales ; notre usage nous a asservis ; Et nous continüons. »
Je l’ai dit plus haut, le sujet de cet article n’est pas d’indiquer les endroits où l’inégalité doit être jouée. Je signale simplement qu’en général cette inégalité s’applique essentiellement aux parties mélodiques, celles qui prennent en charge le discours ou les discours de la pièce, et non aux remplissages harmoniques qui peuvent les compléter. Ainsi, l’écriture luthée ou brisée, cette façon si prisée chez les clavecinistes français d’égrener l’harmonie horizontalement, avec de constants jeux de retards, ne se prête pas bien à un jeu inégal. Les Baricades mistérieuses de François Couperin (Sixième Ordre de son Second Livre de Pièces de Clavecin, Paris, 1716 ou 1717, p. 6 et 7) en sont le meilleur exemple. D’autre part, et sans doute à cause de cette égalité inhérente au style luthé, on a longtemps affirmé que les notes disjointes (que l’on rencontre beaucoup dans ce style) ne devaient jamais être jouées inégalement. Or, les notes disjointes lorsqu’elles font partie d’une mélodie peuvent être jouées inégales pour ne pas rompre le caractère global d’une phrase musicale. Pour ne citer qu’un exemple, dans l’Allemande de la suite en mi mineur/majeur de Jean-Philippe Rameau (Pièces de Clavessin, Paris, 1724), il est sans doute souhaitable de ne pas perturber l’inégalité des doubles-croches aux mesures 5, 6, 8 et 9 et aux mesures équivalentes dans la seconde partie de la pièce, sous prétexte que ces endroits de la mélodie comportent des notes disjointes qui forment des arpèges...."
Attention, je n'ai pas dit que j'aimais cette interprétation, beaucoup trop maniérée à mon goût. Je dis juste que malgré ses excès, j'y entends bien du Couperin, et que c'est bien joli par moments. Dans les interprétations piano comme celle de Tharaud, je n'entends... rien.
Le jeu de Scott Ross est très propre, sobre et subtil, par contre, il lui manque souvent un peu de flamboyance, c'est bien trop lisse par rapport à Kirkpatrick, Leonhardt ou Puyana, par exemple (ce ne sont pas des exemples tout récents, mais je ne trouve pas mieux depuis).
Je ne connais pas ces interprétations, mais en la matière, je crois qu'elles sont nombreuses et très différentes les unes des autres. Après en effet chacun y retrouve ses goûts personnels.
En tout cas, moi, je n'apprécie absolument pas la première vidéo que j'ai présentée, et à aucun moment... Bon, désolée pour cette dame, qui joue peut-être d'autres choses très bien par ailleurs...
Marie-france a écrit : ↑ven. 06 juil., 2018 10:50
C’est que nous ècrivons diffèremment de ce que nous èxècutons ; ce qui fait que les ètrangers joüent notre musique moins bien que nous ne fesons la leur. Au contraire les Italiens ècrivent leur musique dans les vrayes valeurs qu’ils l’ont pensèe. Par exemple. Nous pointons plusieurs croches de suite par degrés-conjoints ; Et cependant nous les marquons ègales ; notre usage nous a asservis ; Et nous continüons. »
Les "baroqueux" purs et durs essaient évidemment d'appliquer ces principes mais faute de tradition orale, c'est très difficile de savoir si ces expériences sont proches de la ( ou les!) façon de jouer de l'époque.
Parfois, elles frisent l'excès, voire le ridicule comme ici. Mais l'expérience n'est pas forcément.dépourvue d’intérêt.
Cependant les critiques de la Tribune de FM sont souvent assez sarcastiques à l'encontre de telles interprétations, et l'auditrice ignare que je suis, les approuve en général ( il faut dire que j'ai l'oreille formatée à des lectures plutôt classico-romantiques des baroques comme Karl Richter pour Bach par exemple! )
En jazz, c'est un peu la même chose on ne joue pas ce qui est écrit ( triolets)
Merci pour la version au théorbe. Quel bel instrument! A propos de tempo, je pense qu'il ne serait pas bien venu de jouer cette pièce plus vite sur un tel instrument. Il a une telle résonance!
La version banjo est effectivement un peu raide!!
C'est clair!
A vrai dire mes oreilles n'avaient supporté que la moitié de la vidéo...
Ce n'est probablement pas le répertoire de prédilection d'un banjo, ni de cet interprète...
Et à l'harmonica ce n'est pas possible?
Marie-france a écrit : ↑dim. 08 juil., 2018 21:26
C'est clair!
A vrai dire mes oreilles n'avaient supporté que la moitié de la vidéo...
Ce n'est probablement pas le répertoire de prédilection d'un banjo, ni de cet interprète...
Et à l'harmonica ce n'est pas possible?
Perso depuis le film "Délivrance" je me méfie du banjo........
je ne sais pas pourquoi mais j'adore cet instrument, je suis à deux doigts de m'y mettre mais comme je n'ai déjà pas le temps de jouer du piano j'hésite