Bonjour,
Il y a deux semaines j'entendais à la radio une pianiste (?) prétendre avec toute la bonne foi du monde que nous continuons de progresser musicalement et techniquement, même lorsque nous ne jouons plus pendant de longues années.
Musicalement, on peut effectivement penser que le murissement personnel, émotionnel, sensoriel se traduit dans le jeu.
Techniquement, celà paraît moins évident ...
Pourtant, c'est presque un constat que je fais moi-même : celà fait presque 2 mois que je ne peux presque plus jouer à cause des voisins et j'ai l'impression que certaines oeuvres continuent de progresser lentement, y compris d'un point de vue technique ....
De même, il m'est arrivé de reprendre des morceau après les avoir abandonné longtemps et de m'étonner de leur maturissement !
Qu'en pensez-vous ?
Wlad.
Les bienfaits de l'abstinence au piano ...
- Wladyslaw
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- Enregistré le : lun. 26 juin, 2006 13:37
- Mon piano : Schimmel 132 KONZERT Twin Tone
- Localisation : Saint Cloud
Les bienfaits de l'abstinence au piano ...
Le boeuf est lent mais la terre est patiente ... (Proverbe Chinois)
"On obtient plus de chose en étant poli et armé qu'en étant juste poli" (Al Capone)
"On obtient plus de chose en étant poli et armé qu'en étant juste poli" (Al Capone)
Ca m'arrive souvent d'arreter de jouer un morceau, au stade de mon apprentissage, et je constate que ça lui fait toujours beaucoup de bien. (pas trop, sinon, je me mets à le détester).
Lorsque je suis partie en vacances, 10 jours sans piano, de toute évidence, ça a fait beaucoup de bien à mes morceaux, car j'ai continué à les penser, tout en prenant une certaine distance.
Mais niveau maitrise technique, la cata au retour, le démarrage... mais ça revient très vite. Et sous un nouveau jour.
On en avait déjà parlé, c'est Tharaud qui n'a pas de piano chez lui, c'est ça ?
Une coupure de temps en temps, courte, pourquoi pas, mais dépèche toi de retrouver un piano Wlad
Lorsque je suis partie en vacances, 10 jours sans piano, de toute évidence, ça a fait beaucoup de bien à mes morceaux, car j'ai continué à les penser, tout en prenant une certaine distance.
Mais niveau maitrise technique, la cata au retour, le démarrage... mais ça revient très vite. Et sous un nouveau jour.
On en avait déjà parlé, c'est Tharaud qui n'a pas de piano chez lui, c'est ça ?
Une coupure de temps en temps, courte, pourquoi pas, mais dépèche toi de retrouver un piano Wlad

- zarathoustra
- Messages : 1878
- Enregistré le : jeu. 22 juin, 2006 1:37
- Mon piano : Pigeon fermier de keriven fourré au foie
Je suis l'exemple qui confirme la regle!!!!
J'etais en classe à horaire amenagé pendant 4 ans au CNR de paris tout petit (je suis rentré à 8 ans) et degouté du systeme j'en suis sorti. J'ai continué sans vraiment de travail (du pianotage par ci par là) et meme completement arreté juste après mon bacet pour cause parti de chez papa maman plus de piano....
J'ai fini par vouloir m'y remettre un petit peu à ma dernière année d'etude en ayant un piano et puis j'ai mis le bras dans l'engrenage... J'ai plus pu m'arreter et j'ai du passer les 6 derniers mois de mon école à bosser 8 heures par jour pour ensuite integrer le CNR d'angers puis l'ecole normale de musique dans la foulée.
Très honnetement avant de lacher prise je me debrouillai pas trop mal techniquement (quelques preludes de rachmaninov et sonates de beethov) mais ma maturité musical et ma faculté de travail (de fond) etait celle d'un enfant...
Bien sur ca n'est pas revenu tout de suite mais au bout de 2 ou 3 mois de boulot j'avais l'impression de bien mieux maitriser mon clavier...
On en apprend tous les jours sur ce forum, je pensai que c'etait une impression mais peut être que non....
Petit bemol quand même, j'ai mis du temps à retrouver de l'aisance devant le piano...
J'etais en classe à horaire amenagé pendant 4 ans au CNR de paris tout petit (je suis rentré à 8 ans) et degouté du systeme j'en suis sorti. J'ai continué sans vraiment de travail (du pianotage par ci par là) et meme completement arreté juste après mon bacet pour cause parti de chez papa maman plus de piano....
J'ai fini par vouloir m'y remettre un petit peu à ma dernière année d'etude en ayant un piano et puis j'ai mis le bras dans l'engrenage... J'ai plus pu m'arreter et j'ai du passer les 6 derniers mois de mon école à bosser 8 heures par jour pour ensuite integrer le CNR d'angers puis l'ecole normale de musique dans la foulée.
Très honnetement avant de lacher prise je me debrouillai pas trop mal techniquement (quelques preludes de rachmaninov et sonates de beethov) mais ma maturité musical et ma faculté de travail (de fond) etait celle d'un enfant...
Bien sur ca n'est pas revenu tout de suite mais au bout de 2 ou 3 mois de boulot j'avais l'impression de bien mieux maitriser mon clavier...
On en apprend tous les jours sur ce forum, je pensai que c'etait une impression mais peut être que non....
Petit bemol quand même, j'ai mis du temps à retrouver de l'aisance devant le piano...
Il y a aussi l'effet "retrouvaille", cad :
Quelque chose de précieux qui nous a manqué et lorsqu'on le retrouve, c'est la folie des premiers instants !
Moi ça me fait ça quand je rentre de vacances, je suis comme un enfant, j'ai trop hate de pianoter
Ceci di en effet quand les morceaux ne sont pas très mur, il faut un petit moment pour retrouver les doigtés
Quelque chose de précieux qui nous a manqué et lorsqu'on le retrouve, c'est la folie des premiers instants !
Moi ça me fait ça quand je rentre de vacances, je suis comme un enfant, j'ai trop hate de pianoter

Ceci di en effet quand les morceaux ne sont pas très mur, il faut un petit moment pour retrouver les doigtés

Comme chacun ici, j'ai eu aussi ce sentiment de maturation ou de retrouvaille, et été conduit donc aussi à y réfléchir. Et je pense que ce thème ouvre implicitement le débat passionnant de la transversalité des disciplines.
Pour faire court, je distinguerai au moins deux aspects.
1. l'abstinence par privation :
on a une autre occupation imposée et prioritaire, pas spécialement axées sur une discipline professionnelle ni sur un projet personnel ; ce sont des contraintes, contingences, au mieux des opportunités consenties, pour faire court, qui nous éloignent du piano.
Là le bilan d'abstinence est peu probant : il y aura la retrouvaille, sûrement le besoin de "récupérer", mais pas de bénéfice de maturation réel.
2. l'abstinence par substitution :
on se réinvesti dans une activité autre, mais qui mobilisent des aspects ou savoirs faire qui recouvrent même de loin la discipline artistique : nouveau métier, projet pour les uns, nouveau sport ou encore adaptation à une technique, à la culture d'un milieu professionnel pour les autres...
Bref, un évènement qui restructure les neurones face à du nouveau constructif.
Là le bilan d'abstinence est positivement flagrant : la retrouvaille du geste musical s'accompagne d'une redécouverte, d'un nouveau regard, d'une remise au clair, d'une nouvelle dynamique.
Deux exemples personnels (évidement très résumés) :
A l'issue de mon itinéraire de 10 ans dans la pub (très rentable financièrement), je me suis retrouvé dans le cas n°1 :
c'est un milieu hyper-concurrentiel, pauvre culturellement (eh oui !) et superficiel méthodologiquement (au royaume des aveugles, les borgnes son rois !). Bilan pianistique de la période : catastrophique, tout à reconstruire de A à Z, retour à la case Czerny.
Quand, plus tard, j'ai fermé ma boite d'informatique pour "me mettre au vert", je me suis retrouvé dans le cas n°2 :
j'avais consacré 10 autres années à des projets complexes, multi-disciplinaires, créatifs et collectifs passionnants avec nécéssité de se former en permanence...
bilan pianistique : très mécaniquement "rouillé" certes, mais faculté de réappropriation bien plus performante et surtout meilleure structuration de l'approche musicale, de ses multiples facettes.
L'effet passerelle fonctionne d'ailleurs dans les 2 sens :
ma formation musicale m'a énormément aidé tant dans la gestion de projets que dans la conception d'applications informatiques complexes.
Comme quoi la révolution culturelle chère à Mao Tsé Toung était une bonne idée... C'était juste le grand Timonier et son petit dogme rouge qui était en trop ! Mais en sommes nous complètement sortis, au fait ?
Pour faire court, je distinguerai au moins deux aspects.
1. l'abstinence par privation :
on a une autre occupation imposée et prioritaire, pas spécialement axées sur une discipline professionnelle ni sur un projet personnel ; ce sont des contraintes, contingences, au mieux des opportunités consenties, pour faire court, qui nous éloignent du piano.
Là le bilan d'abstinence est peu probant : il y aura la retrouvaille, sûrement le besoin de "récupérer", mais pas de bénéfice de maturation réel.
2. l'abstinence par substitution :
on se réinvesti dans une activité autre, mais qui mobilisent des aspects ou savoirs faire qui recouvrent même de loin la discipline artistique : nouveau métier, projet pour les uns, nouveau sport ou encore adaptation à une technique, à la culture d'un milieu professionnel pour les autres...
Bref, un évènement qui restructure les neurones face à du nouveau constructif.
Là le bilan d'abstinence est positivement flagrant : la retrouvaille du geste musical s'accompagne d'une redécouverte, d'un nouveau regard, d'une remise au clair, d'une nouvelle dynamique.
Deux exemples personnels (évidement très résumés) :
A l'issue de mon itinéraire de 10 ans dans la pub (très rentable financièrement), je me suis retrouvé dans le cas n°1 :
c'est un milieu hyper-concurrentiel, pauvre culturellement (eh oui !) et superficiel méthodologiquement (au royaume des aveugles, les borgnes son rois !). Bilan pianistique de la période : catastrophique, tout à reconstruire de A à Z, retour à la case Czerny.
Quand, plus tard, j'ai fermé ma boite d'informatique pour "me mettre au vert", je me suis retrouvé dans le cas n°2 :
j'avais consacré 10 autres années à des projets complexes, multi-disciplinaires, créatifs et collectifs passionnants avec nécéssité de se former en permanence...
bilan pianistique : très mécaniquement "rouillé" certes, mais faculté de réappropriation bien plus performante et surtout meilleure structuration de l'approche musicale, de ses multiples facettes.
L'effet passerelle fonctionne d'ailleurs dans les 2 sens :
ma formation musicale m'a énormément aidé tant dans la gestion de projets que dans la conception d'applications informatiques complexes.
Comme quoi la révolution culturelle chère à Mao Tsé Toung était une bonne idée... C'était juste le grand Timonier et son petit dogme rouge qui était en trop ! Mais en sommes nous complètement sortis, au fait ?
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- Messages : 164
- Enregistré le : ven. 13 janv., 2006 15:04
- Mon piano : Kawaï KG-5 2m08 et Kawaï CA-51
- Localisation : Alsace
Je pense que ça doit dépendre de la personne et des conditions.
Personnellement, pendant 5 ans, je n'ai pas pu travailler beaucoup, car je devais m'occuper essentiellement de mon fils et j'avais un méchant psoriasis sur les doigts. Mais du coup, pendant cette période où je jouais très peu, j'ai pu réfléchir à la technique, aller à l'essentiel et penser la gestuelle. Par manque, j'ai réfléchi à rendre le peu de travail plus efficace.
Maintenant que je reprends sérieusement, je me rends compte que tout ce travail de maturation m'a permis d'aborder l'instrument sous un nouveau jour et je n'ai quasiment pas perdu d'un point de vue technique. Parallèlement, le yoga m'a permis de travailler la détente corporelle, l'attention mentale.
Le tout étant de trouver un juste équilibre, car travailler à outrance peut se révéler tout aussi destructeur.
Personnellement, pendant 5 ans, je n'ai pas pu travailler beaucoup, car je devais m'occuper essentiellement de mon fils et j'avais un méchant psoriasis sur les doigts. Mais du coup, pendant cette période où je jouais très peu, j'ai pu réfléchir à la technique, aller à l'essentiel et penser la gestuelle. Par manque, j'ai réfléchi à rendre le peu de travail plus efficace.
Maintenant que je reprends sérieusement, je me rends compte que tout ce travail de maturation m'a permis d'aborder l'instrument sous un nouveau jour et je n'ai quasiment pas perdu d'un point de vue technique. Parallèlement, le yoga m'a permis de travailler la détente corporelle, l'attention mentale.
Le tout étant de trouver un juste équilibre, car travailler à outrance peut se révéler tout aussi destructeur.
- zarathoustra
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- Enregistré le : jeu. 22 juin, 2006 1:37
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