Vous avez arrêté le piano parce que...

Théorie, jeu, répertoire, enseignement, partitions
Aurele27
Messages : 5016
Enregistré le : sam. 17 juin, 2017 9:17
Mon piano : Yamaha G2
Localisation : Vernon (27)

Re: Vous avez arrêté le piano parce que...

Message par Aurele27 »

J’ai arrêté le piano car....

J’étais en maths sup et je venais de passer mon DEM (en fin de maths sup), que j’ai obtenu avec médaille vermeil à l’époque (2ème mention).
Nous étions 3 à le passer cette année là et personne n’a eu la médaille d’or. Les 2 autres candidats étaient dans un cursus musical et ont eu respectivement argent et bronze. J’avoue avoir eu une certaine fierté d’avoir fait mieux en étant en maths sup. Mon prof m’a dit après coup que le jury était impressionné que j’ai pu monter un si beau programme en étant en maths sup, mais il pense qu’ils ne m’ont pas donné l’or car je n’étais pas dans un cursus musical.
Bref peu importe j’étais assez fière de moi et c’était en quelque sorte un aboutissement.
Et vu qu’en maths spe ensuite c’était compliqué de mener les2 de front j’ai arrêté.

Ensuite me suis mariée, j’ai eu ma fille et je jouais peu même si je me suis procurée un piano (en appart j’avais des voisins très chiants 😜)
Ma fille ayant grandi j’ai décidé de reprendre les cours il y a 4 ans.
Voilà pour ma petite vie 😉
pianojar
Messages : 7919
Enregistré le : jeu. 25 juin, 2015 17:44
Mon piano : Yamaha GA1
Localisation : Oise

Re: Vous avez arrêté le piano parce que...

Message par pianojar »

J'ai débuté le piano vers 7/8 ans avec de rapides progrès j'ai du faire la méthode rose en 5 ans ! :mrgreen:
En fait j'ai commencé à m'intéresser au piano plutôt vers 15 ans
Lorsque j'ai eu ma maitrise de sciences-éco à la fac j'ai arrêté les études et j'ai du faire mon année de service militaire (et oui c'est déjà il y a quelques temps...) Du coup plus de piano pendant un an. J'aurais pu jouer du piano cette année là peut-être car ayant vu qu'il y avait un piano dans une salle j'ai posé la question de son accès. J'ai été recu par un capitaine ou un commandant je ne sais plus trop qui m'a demandé de jouer, j'ai "joué" le début de Mephisto-valse de Liszt sans partition (c'est un des rares morceaux dont je pouvais jouer quelques pages par coeur) et donc suite à celà il me dit qu'en fait il cherche des musiciens pour l'orchestre du régiment genre trompette etc....... Je ne le sentais pas du tout et du coup j'ai dit que je jouais d'oreille et que je ne lisais pas la musique pour me sortir de ce guêpier (d'autant que cela voulait dire être bloqué quasiment tous les week-ends)
C'en est resté là
Les deux années suivantes entrée dans la vie professionnelle avec peu de temps, puis déménagement un an à New York pour mon boulot toujours, donc là sans piano du tout
Au retour achat d'un piano droit KawaÏ assez bon (que ma fille a toujours du reste) mais appartement et voisins ont fait que j'ai très peu joué jusqu'à mon déménagement en maison
Ce qui a fait presque 7 ans au total
Ensuite je n'ai jamais repris de cours et j'ai joué à peu près tout ce qui me tonbait sous les yeux mais sans jamais réellement travailler ce qui explique mon niveau actuel....
J'ai enfin repris des cours au mois de juillet dernier, ce qui m'oblige à beaucoup plus de rigueur même si cela ne se ressent pas forcement dnas le jeu en public.
Modifié en dernier par pianojar le dim. 08 avr., 2018 17:18, modifié 1 fois.
Avatar du membre
Jacques Béziat
Messages : 4412
Enregistré le : mer. 27 janv., 2016 6:23
Mon piano : CLP-675 + orgue Hoffrichter/Hauptwertk

Re: Vous avez arrêté le piano parce que...

Message par Jacques Béziat »

Il est clair que les ambitions peuvent être diverses : rester en phase avec le piano coûte que coûte, en amateur, ou envisager la professionnalisation.

Rien que pour préserver ses acquis au piano en simple amateur, cela peut être compliqué, mais cela reste un choix, et un choix de vie également.

Qui dit choix dit sacrifice par ailleurs.

On peut aussi choisir d'arrêter le piano par lassitude ou autre, puisque c'est le sujet, ou bien des contraintes essentielles peuvent survenir, ce qui encore autre chose.

Le choix de vie demeure, et c'est un acte personnel, malgré les pressions familiales, sociales.

Par analogie, j'ai une passion, moindre, pour l'astronomie, que je pratique, cela prend du temps, et pourtant les contraintes de transport, d'horaires, de météo, sont nombreuses, il m'arrive de penser à arrêter faute de temps.
La différence étant que la pratique d'un instrument de musique exige du temps ET du travail, de la persévérance, ce n'est pas un hobby comme les autres, il est très exigeant.

Je persiste à croire que, sauf événements et contraintes exceptionnelles, le choix de sa vie, de son temps et de ce qu'on décide d'en faire, demeure un acte personnel légitime.
Ensuite, on ne pourra pas tout mener de front : faire des études très poussées, gérer un boulot hyper prenant, faire du pognon pour bâtir une troisième piscine, s'occuper de 4 gamins, et avancer dans sa technique pianistique. :mrgreen:
Modifié en dernier par Jacques Béziat le dim. 08 avr., 2018 15:17, modifié 2 fois.
Ma chaîne Youtube : ICI
Florestan
Messages : 798
Enregistré le : lun. 23 janv., 2012 15:14
Mon piano : Pétrof Mod V

Re: Vous avez arrêté le piano parce que...

Message par Florestan »

Je n'ai jamais délibérément arrêté le piano, mais si un jour je le faisais ce serait sans doute à cause de cette impression tenace de n'avoir jamais vraiment commencé !
Pour ce qui est du support parental, on pourrait dire que je suis un cas d'école. Quand j'étais petit, je passais pas mal de temps chez ma grand-mère, et son plus jeune fils (mon oncle donc, et mon parrain), qui à cette époque vivait encore chez elle, avait dans sa chambre un vieux piano droit "Bord", très mauvais même à mes gentilles oreilles d'alors. Je me souviens avoir passé des après-midi entiers sur ce piano, à retrouver des mélodies, à bricoler des accompagnements, à klimpern comme on dit en allemand. Ce vif intérêt, s'il n'a pas échappé à mon oncle qui m'avait encouragé et conseillé de prendre des leçons, est passé totalement inaperçu auprès de mon père et de sa femme d'alors. Est-ce que ma mère l'aurait capté et encouragé ? Peut-être, mais comme elle est partie quand j'avais trois ans et que je ne l'ai revue que trente-deux ans plus tard...la question semble superflue !
Il faut dire que j'étais le bon élève et que j'étais "programmé" pour faire de grandes études et amorcer l'ascension sociale d'une famille déracinée et décapitée (mon grand-père est mort quelques mois après être arrivé en France), et que mes goûts et ma personnalité n'avaient pas vraiment de poids face à cette perspective (au moins jusqu'à l'adolescence et son violent retour de bâton, durant laquelle j'ai sabordé consciencieusement tout cela !)
Je me souviens qu'un peu avant un de mes anniversaires (onze ans je crois), j'avais trouvé caché un très gros paquet qui m'était destiné. Je m'étais persuadé qu'il s'agissait d'un clavier et je me réjouissais intérieurement. Le jour J arrive, j'ouvre, pantelant...c'est une guitare. J'imagine qu'une personne un peu observatrice aurait facilement lu dans mes yeux la désillusion sidérée qui m'a étreint à cet instant, mais je devais déjà être un acteur suffisamment doué pour duper un public d'aveugles ! En tout cas Je n'ai pas touché cette guitare pendant des années.
Le genre de famille où il vaut mieux être très déterminé et revendicatif très jeune pour se faire entendre, et ce n'était pas du tout mon cas.
Si je devais regretter quelque chose de ce rendez-vous manqué (en plus du manque d'aisance et de la fragilité découlants d'une absence totale de formation), ce serait de m'avoir tenu à l'écart pendant toute mon enfance de toute rencontre marquante, inspirante. Quand je lis vos histoires, le professeur fiévreux de Katy dont elle conserve les poèmes, la joie de Strumpf à travailler avec une élève de Cortot, je mesure bien à quel point ces rencontres peuvent être décisives dans une vie de musicien. Pour ma part je n'ai pas croisé de maître (au sens noble du terme) et je me rends compte que finalement je n'en ai jamais vraiment cherché. Je dois avoir un karma de tocard solitaire !
Lazur84
Messages : 557
Enregistré le : ven. 17 févr., 2017 15:02

Re: Vous avez arrêté le piano parce que...

Message par Lazur84 »

C’est un plaisir de vous lire ! Mon parcours est très banal (et en plus, je sais que je vais être longue parce que je ne vois pas comment expliquer les phases de motivation / démotivation sans dresser le portrait de mes professeurs successifs…)

J’ai commencé le piano à 8 ans, au conservatoire d’Enghien-les-Bains. C’était l’ordre naturel des choses : dans ma famille maternelle, toutes les filles font du piano, c’est comme ça. Et puis mes parents sont tous deux mélomanes ; la musique, ça fait partie de l’éducation.
Ma première prof s’appelait Sylvie, c’était une dame proche de la retraite, absolument exceptionnelle de fantaisie et de drôlerie. Elle était « anti-tout » : anti-déchiffrage mains séparées (« mets tout de suite les mains ensemble puisque c’est comme ça qu’il faudra jouer de toute façon »), anti-Méthode-Rose (« c’est cul-cul, tu vas jouer tout de suite de vrais morceaux »), anti-Hanon (« ça ne sert à rien »), anti-doigtés-qui sont-déjà-sur-la-partition (« cet éditeur est nul, on va trouver mieux »). Sa mise en plis façon bigoudis était impeccable, les énormes pierres de ses bagues me fascinaient. C’était un personnage, La Castafiore de mes albums Tintin ! Ses méthodes pédagogiques me passaient totalement au-dessus mais ce qui était sûr, c’est que je l’adorais. Le piano était une fête, jamais un drame, j’avançais vite et bien.

Au bout de trois ans, elle a pris sa retraite, ce fut le début d’une longue traversée du désert. Il devenait compliqué pour mes parents de m’accompagner deux soirs par semaine au conservatoire qui n’était pas tout proche. Une association communale, avec des cours de piano, ouvre à deux pas de la maison, ma mère m’y inscrit : je peux y aller à pied. Ma 2ème prof est l’anti-Sylvie ; j’ai un souvenir cuisant du premier cours comme grand moment d’humiliation. Je joue la petite valse en la mineur de Chopin, probablement très mal et avec trop de sentiment (je n’avais pas trop de discipline). Commentaire sec : « C’est n’importe quoi, vos doigts ‘filent’. Poussez-vous, je vais vous montrer » (j’ai 11 ans, on est à la fin des années 80 et elle me vouvoie…). Elle joue la valse tempo +++, enchaîne le trait qui me cause tant de peine vitesse grand V, je me sens minable, écrasée. Elle conclut : « Mais qu’avez-vous appris ces trois premières années ? » Le diagnostic est imparable, il faut tout redresser. L’ordonnance : 70% de Hanon, 30% de morceaux. C’est clair et net : tant que je ne saurai pas ar-ti-cu-ler, pas de place pour Chopin ou autres fantaisies. On reste aux sonatines de Diabelli ou Clementi (aujourd’hui je pourrais les trouver charmantes, à cet âge je les trouve franchement chiantes). Le but : les jouer au tempo écrit sur la partition, en ar-ti-cu-lant (« articuler » est écrit en grosses lettres au crayon à papier sur chaque partition). Le plan quinquennal du tempo à atteindre pour chaque échéance du mois est écrit en colonnes bien droites sur le cahier de devoirs. A chaque cours j’ai droit à ses remarques exaspérées : « Levez les doigts, levez les doigts ». Elle envoie aussi une petite tape sur mon poignet droit dès qu’il remonte ou qu’il baisse d’un micromètre. J’entre en résistance passive, continue sciemment de jouer comme un mollusque et m’amuse sadiquement de son impatience. Quel jeu pervers… mais au fond, elle m’a convaincue de ma nullité et je déteste profondément cette vieille fille avec ses éternels pull en laine feutrée et ses mocassins à glands. Je ne fais plus rien à la maison. J’ai envie d’arrêter le piano mais je n’ose pas le dire à ma mère. Coup de chance, Mme Levélédoi finit par se retirer de l’association. C’est un bien pour un mal…

Son remplaçant est Antonio, un jeune prof espagnol « très beau » selon ma mère. Oui bon, peut-être, je suis encore trop jeune pour être sensible au charme des hommes. Ce que je vois, c’est qu’Antonio ne sait pas vraiment jouer du piano. Il déchiffre juste un peu mieux que moi, je suis consternée à chaque fois qu’il me joue un morceau « pour me montrer ». Du coup on fait des pièces faciles. Et on y reste longtemps, très longtemps. « La Chasse » de Burgmüller est gravée à jamais dans ma mémoire. Antonio a une imagination sans fin : là c’est la cornemuse, là c’est l’entrée du roi, là les chasseurs s’éloignent. On y reste des mois : le galop des chevaux n’est jamais assez net, et puis on n’entend pas bien les coups d’éperons. C’est délirant. Je ne fais toujours rien à la maison : à quoi bon ? Puisque il suffit d’un peu d’inspiration, je verrai bien si elle survient pendant le cours. Au total, combien d’années de piano perdues ? Peut-être trois, je ne sais plus. J’ose enfin dire à ma mère que je veux arrêter. Je n’ai plus aucune motivation. Mais elle refuse tout net : « Ce serait dommage, tu te débrouilles bien et tu le regretteras plus tard. » Le jour d’une audition cependant, quand elle entend Antonio jouer, elle décide de faire un effort : j’ai le droit de ne pas finir l’année, elle cherche un nouveau prof.

Ce sera Mme A***, en cours particuliers (et là, je réalise le sacrifice financier car nous sommes 4 enfants à la maison, nous jouons tous d’un instrument et mes parents n’ont pas de grands moyens ). Je lui dois ma réconciliation avec le piano. Avec elle, c’est le règne de l’équilibre, de la raison et du travail efficace et dépassionné. Les exercices, pourquoi pas, elle m’en donne un peu mais n’en fait pas grand cas. Elle m’apprend surtout à travailler les morceaux intelligemment, m’explique un peu les grands courants, j’ai droit à Bach, Haydn, Beethoven, Chopin, Liszt (les pièces faciles), Debussy, Fauré et même Messiaen. Question répertoire, je ne suis pas difficile, je trouve des beautés dans tout ; mais je ne vais pas mentir, je ne suis pas une grosse bosseuse. Je trouve au moins les forces de me bouger un peu chaque fin d’année car Mme A***, qui enseigne en parallèle au conservatoire, me fait passer les examens pour me motiver.

J’arrête le piano à 18 ans. C’est un peu la fin d’un parcours : après le bac, j’entame une prépa, j’ai peur de ne plus avoir de temps pour le piano. Et puis je n’en ai plus très envie ; j’ai plein d’autres choses en tête et je suis amoureuse, ça m’occupe entièrement.

Suivent 20 ans sans piano (que les années passent vite !) mais pas tout à fait sans musique : quelques années de chant lyrique, un peu en dilettante : j’ai toujours été attirée par le chant mais ma voix ne me plaît pas. On me dit que j’ai un timbre « élégant », mais ma voix est peu charnue, presque fluette, sans grande tessiture et je n’ai presque aucun vibrato. Très bien pour Monteverdi, me dit ma prof en riant. Moi qui voulais chanter Norma… Et puis chanter seule est une violence à ma timidité ; à chaque cours, c’est pareil, le piano de ma prof qui m’accompagne me fait de l’œil, au fond je préférerais être à sa place, bien cachée. J’arrête à l’occasion de notre déménagement dans le Sud de la France ; si je reprends un jour le chant, ce sera dans un chœur. En attendant, j’accompagne le parcours de mes enfants (saxophone et guitare classique) à l’Ecole de musique de ma commune. Tiens, tiens, il y a des cours de piano… je me renseigne : priorité aux enfants, liste d’attente… je vais patienter 4 ans…

Cela fait maintenant 3 ans que j’ai repris le piano, avec un immense plaisir. Avec le recul, je ne regrette rien, ni ma mollesse d’adolescente ni mes 20 ans d’arrêt ni même mes professeurs incompétents. Somme toute, personne ne m’a vraiment mis de frein et si la musique avait dû s’imposer davantage dans ma vie, elle l’aurait fait. Je remercie ma mère de m’avoir obligée à continuer le piano toutes ces années (même si je lui en voulais et même si je ne la remercie pas de n’avoir jamais voulu changer le vieil Erard de ma grand-mère auquel elle était si attachée !!)… ces années ont planté une graine solide, qui germe à l’occasion, quand il fait soleil… Je ne poursuis aucun objectif particulier, sinon améliorer mon jeu et jouer en public parce que malgré le stress, j’y trouve une nouvelle source de motivation.

Pfff… Désolée, vraiment, pour ce pavé ; mais maintenant qu’il est écrit, je poste.
Modifié en dernier par Lazur84 le dim. 08 avr., 2018 22:44, modifié 3 fois.
Avatar du membre
floyer
Modérateur
Messages : 3735
Enregistré le : mar. 29 oct., 2013 23:08
Mon piano : Yamaha N1X
Localisation : Montigny-le-Bretonneux (région parisienne)
Contact :

Re: Vous avez arrêté le piano parce que...

Message par floyer »

J’ai du commencer vers 16ans chez une grand mère qui avait un piano, mais comme je n’y allais qu’une fois par ans, je ne risquais pas d’avoir un niveau élevé. Juste maintenir l’équivalent d’une année de Méthode Rose.

Avec les études, j’ai fait une pause, mais curieusement ensuite, je n’ai pas investi dans un piano, peut-être parce que je trouvais cela trop cher.

Vers 2002-2003, j’ai pris un piano numérique que j’ai toujours, continué en autodidacte, et marqué une pause vers 2008-2009 par manque d’intérêt peut-être. J’ai repris ensuite, puis ai pris un professeur en 2014 en considérant que cela me permettrait plus de progrès. Je note que cela augmente aussi ma motivation, car je me vois mal commencer un cours sans avoir travaillé avant.
Avatar du membre
Jacques Béziat
Messages : 4412
Enregistré le : mer. 27 janv., 2016 6:23
Mon piano : CLP-675 + orgue Hoffrichter/Hauptwertk

Re: Vous avez arrêté le piano parce que...

Message par Jacques Béziat »

Lazur84 a écrit : dim. 08 avr., 2018 15:38
Avec le recul, je ne regrette rien, ni ma mollesse d’adolescente ni mes 20 ans d’arrêt ni même mes professeurs incompétents. Somme toute, personne ne m’a vraiment mis de frein et si la musique avait dû s’imposer davantage dans ma vie, elle l’aurait fait
Je pense qu'en effet, il faut une vraie passion pour décider de ne pas quitter le piano, en amateur ou en professionnel. Sauf graves circonstances, bien sûr.
Si je m'interroge, je suis conscient que les 3/4 de mes élèves arrêteront le piano tôt ou tard, le quart restant je le sens motivé et déterminé, mais je ne pense pas que ce sera dû à mon incompétence (je l'espère...) :mrgreen: .
Ma chaîne Youtube : ICI
chantal313
Messages : 193
Enregistré le : mar. 02 févr., 2016 15:52
Mon piano : Schimmel 116 S TwinTone
Localisation : Marseille

Re: Vous avez arrêté le piano parce que...

Message par chantal313 »

(Moi aussi, ça risque d’être un peu long : difficile de résumer une vie en quelques lignes…)
J’ai commencé de façon classique, à 7 ans, en classe de solfège au conservatoire de Marseille. Puis à 8 ans, cours de piano avec une prof nulle de chez nul (c’était ma prof de solfège au conservatoire : en 1 an 1/2, j’avais à peine atteint la moitié de la Méthode Rose !). J’ai donc changé de prof. La nouvelle était une jeune fille fraîchement émoulue du conservatoire avec une médaille d’or de piano. J’ai abandonné le solfège à 12 ans (je rentrais en classe de 4ème, et je n’avais plus le temps de passer 2 soirs par semaine et tout le jeudi après-midi au conservatoire), mais j’ai continué le piano jusqu’à mes 19 ans, à la fin de ma propé. J’aimais bien la musique en général, et le piano en particulier, j’y passais tous mes moments de liberté et je crois que j’en ressentais le besoin, ça faisait partie de ma vie. J’aimais bien ma prof aussi (j’ai appris par la suite, par la bande car elle ne ma l’a jamais dit, que j’avais été sa meilleure élève).
Ensuite, j’ai enchaîné licence de physique, DEA et thèse de 3ème cycle en mécanique des fluides : je n’avais plus de temps à consacrer au piano (d’ailleurs, je n’avais plus de piano chez moi).
Puis je suis entrée comme chercheur au CNRS. La recherche, c’est un métier formidable, et je suis ravie d’avoir pu l’exercer, mais c’est chronophage. Pas question de laisser ses problèmes soigneusement rangés dans son bureau à 18 h pour les retrouver bien à leur place le lendemain matin, ils vous occupent l’esprit 24h/24, 7 j/7, y compris les dimanches et les jours fériés. Peut-être est-ce de ma faute (mauvaise gestion du temps ?), mais je n’avais plus de place pour le piano. Pourtant, je sentais bien que ça me manquait, et je m’étais juré de reprendre lorsque je serai en retraite.
L’heure de la retraite ayant sonné (à 68 ans, eh oui ! j’ai rempilé pour 3 ans, éméritat oblige !) vais-je pouvoir enfin retrouver la joie du clavier ? Bin non ! Je me débrouille pour me casser le poignet droit, puis j’enchaîne avec une algodystrophie de la main droite (main enflée, chaude, très douloureuse, quasiment impotente). Je n’arrivais pas à tenir un crayon, alors jouer du piano… J’ai fini par en guérir au bout de presque 3 ans, et j’ai enfin pu me réinstaller au piano fin mai 2015, presque 53 ans après mon dernier cours. J’ai travaillé seule pendant presque 2 ans. Ce fut dur, très dur. Et depuis février 2017 je reprends des cours avec une amie pianiste, concertiste de surcroît, qui me fait travailler tout ce qui me faisait « peur » dans mon ancienne vie pianistique : l’intermezzo du Carnaval de Vienne de Schumann, et actuellement l’impromptu op 90/3 de Schubert et la première des 3 nouvelles études de Chopin (pour le 3 pour 4, et ça me donne bien du travail !).
Et chaque fois que je m’installe au piano, je mesure combien ça m’a manqué pendant toutes ces années …
jazzy
Messages : 975
Enregistré le : jeu. 13 juil., 2017 11:11
Mon piano : yamaha cp 50 et piano Scholze
Localisation : AIN

Re: Vous avez arrêté le piano parce que...

Message par jazzy »

Très sympa ce topic... intéressant comment chacun a un lien très personnel à la musique, à l'instrument. On dirait parfois l'écriture d'une histoire d'amour, avec ses hauts, ses bas, ses séparations, ses retrouvailles...enfin une sorte de roman..

La 1ère fois que j'ai essayé un piano, je devais avoir autour de 12 ans sur un vieux piano chez ma tante. Réguliérement quand j'allais chez elle, je m'amusais à chercher des accords, retrouver des mélodies de chansons de l'époque. Ce côté autodidacte me suivra presque tout le temps finalement. Mes parents n'ayant pas du tout les moyens, il était impossible de prendre des cours
. Dans mon quartier assez prolo, la musique classique n'était pas de" notre monde", mais j'avais des copains qui faisaient de la musique (plutôt genre rock) et vers 16 ans au fil des amitiés, j'ai joué dans plusieurs petits groupes après avoir acheté un orgue électrique (avec de l'argent que je gagnais en travaillant pendant les vacances scolaires). Ce n'était sûrement pas de la très bonne musique, les sonos étaient pourries.Nous jouions souvent dans une espéce de club pour ados. La position de musiciens était une bonne chose pour faire des rencontres avec les filles...
Après 16 mois de coopération en Nouvelle Calédonie, où je n'ai pas touché un piano (mais j'ai fait un peu de guitare), un copain me propose une place pour entrer dans un groupe, mais je dis non.
Il faudra attendre 15 ans plus tard, au moment où ma fille commence le piano, pour que je retouche un piano en faisant quelques 4 mains faciles avec elle.
Puis mon petit frère devenant prof de piano, je fais aussi du 4 mains avec lui, un peu plus sérieusement, en m'aidant de sa compétence.
Mais j'attendrai la cinquantaine passée pour que je me décide à prendre des cours et travailler un peu plus sérieusement. Nous travaillons alors du classique et du jazz et comme ce professeur accompagne aussi des chanteurs (chansons de variété),et donne aussi des cours de chant, je me replonge finalement dans le travail d'accompagnement.
Un de mes amis prend d'ailleurs des cours de chant chez ce prof et je l'accompagne au piano quelquefois.
C'est reparti pour faire de la musique à plusieurs (c'est ma maniére préfèrée de jouer finalement), et depuis 9 ans maintenant, nous avons monté un trio avec cet ami, en ajoutant un contrebassiste, et nous nous produisons de temps en temps en concert dans un répertoire de variétés en style jazzy . J'ai arrêté les cours de piano depuis 7 ans et la plupart de mon travail à l'instrument consiste à créer des accompagnements et travailler un peu le jazz.

Voilà en gros le trajet. Il est vrai que parfois je regrette un peu de ne pas plus avoir travaillé en classique, car c'est une musique que j'aime, mais que je n'ai pas approfondie au piano.Par exemple quand j'écoute des belles interprétations des Pmistes sur ce forum...
Modifié en dernier par jazzy le mer. 11 avr., 2018 16:40, modifié 1 fois.
Mon dernier morceau sur soundcloud
https://soundcloud.com/user-123419479/confinements
gazouille
Messages : 88
Enregistré le : jeu. 04 janv., 2018 23:45
Mon piano : Yamaha C3 Silent Conservatory
Contact :

Re: Vous avez arrêté le piano parce que...

Message par gazouille »

En ce qui me concerne, j'ai commencé le piano à 8 ans, et j'ai arrêté à 16 ans car j'ai découvert Slayer et pleins de groupes de chevelus avec des tatouages même sur les doigts...
Suite à ceci, je me suis cassé (ou plutôt explosé) le pied à 20 ans (il y a 20 ans) en rentrant bien arrosé d'une soirée arrosée...Très longue rémission, alors, je m'y suis remis et je n'ai fait que ceci pendant une année. Pour l'anecdote, cet accident est survenu sur la Rue d'Alfred Cortot, le grand Maître m'a donc repoussé devant mon instrument fétiche que je n'ai plus lâché depuis !
Avatar du membre
Cadenza
Messages : 1786
Enregistré le : dim. 29 mai, 2016 7:42
Mon piano : Yamaha M1A
Localisation : Québec et discord.gg/9JmQKAm
Contact :

Re: Vous avez arrêté le piano parce que...

Message par Cadenza »

Ce n'est pas avec le piano pour ma part, mais j'ai arrêté la musique à cause des études. Je n'ai pas de regret à ce niveau, car ç'aurait vraiment été impossible avec mes horaires à l'époque de faire autrement (j'ai tenté de continuer la première année, mais c'était pénible. La deuxième année, c'était rendu ingérable : je faisais 4h de transport par jour!). Mon regret est de ne pas y être revenue plus tôt. Mais la vie m'a amené ailleurs. Vers la fin de mes études, j'étais en couple. Mon copain et moi prenions des cours de danse (swing). C'était vraiment sympathique. Et je pense que le fait d'être en couple a fait en sorte que je cherchais plutôt des activités communes, donc la musique ne fonctionnait pas. Aussi, les études faisaient en sorte que je ressentais le besoin de bouger. J'ai donc fait du judo 3 ans. Quand j'ai terminé mes études, je me suis tournée vers ces activités. Les habitudes, je suppose.

J'ai essayé de revenir à la musique avec le tin whistle, à une époque. Je n'ai pas vraiment accroché (en partie parce que mon copain de l'époque détestait le son). Je pense qu'en partie, c'est parce que je ne prenais pas de cours (je suis en train d'essayer de reprendre ma clarinette et le fait de ne pas avoir de cours fait en sorte de cours, donc d'obligations, fait en sorte que je n'arrive pas à être assidue).

Le retour s'est fait aussi un peu au hasard. J'ai reessayé de reprendre différentes activités une fois redevenue célibataire, mais je n'accrochais pas. Finalement, période à vide entre deux emplois, «je pourrais recommencer la musique». Gênée d'être en appartement, je voulais un instrument existant en version numérique et mon choix s'est porté sur le piano. Mais je pense avoir déjà raconté cette histoire plusieurs fois, donc je vais arrêter de radoter. ^^
Mon parcours musical, du jour 1 (février 2016), avec ses hauts et ses bas. ;)
Répondre