Vous avez arrêté le piano parce que...
Vous avez arrêté le piano parce que...
Bonjour,
Je voudrais vous sonder, ceux qui ont arrêté le piano de votre propre volonté.
Pourquoi avez-vous arrêté le piano ou les cours de piano?
Vous n'auriez probablement pas arrêté si _________.
Vous avez repris parce que __________.
(Je pense devoir préciser que ce fil n'a pas de lien avec le fil actuel de Mdpiano mais vient plutôt des questionnements pour mon fils et comment j'étais, en imaginant que ça peut faire un peu de lumière et au même temps partager. Tant mieux si ça peut aider éleve, prof, ou autre...)
Ma propre réponse :
J'ai arrêté le piano vers 16 ans parce que :
1/ Je me sentais nulle au piano surtout quand je jouais pour des autres, je ne pouvais pas jouer à l'oreille comme il me semblait les bons pianistes tous pouvaient faire
2/ je ne voulais pas faire la grande audition récital individuel avec 4 ou 5 morceaux de chaque période à la fin de lycée
3/ je jouais quasiment rien qui me passionaient, ma prof ne prenait pas en compte mes intérêts de tout
J'aurais continuer un an si la prof avait donné des défis des morceaux passionants, mais après je ne restais pas dans les endroits longtemps, impossible à ce temps là d'apporter un piano partout. Le petit synthé de 60 touches sans resistance n'étaient pas attirant...
Plus que 20 ans plus tard j'ai voulu un numérique comme ma soeur. Puis j'ai vu un bel ancien Gaveau...
Merci.
Je voudrais vous sonder, ceux qui ont arrêté le piano de votre propre volonté.
Pourquoi avez-vous arrêté le piano ou les cours de piano?
Vous n'auriez probablement pas arrêté si _________.
Vous avez repris parce que __________.
(Je pense devoir préciser que ce fil n'a pas de lien avec le fil actuel de Mdpiano mais vient plutôt des questionnements pour mon fils et comment j'étais, en imaginant que ça peut faire un peu de lumière et au même temps partager. Tant mieux si ça peut aider éleve, prof, ou autre...)
Ma propre réponse :
J'ai arrêté le piano vers 16 ans parce que :
1/ Je me sentais nulle au piano surtout quand je jouais pour des autres, je ne pouvais pas jouer à l'oreille comme il me semblait les bons pianistes tous pouvaient faire
2/ je ne voulais pas faire la grande audition récital individuel avec 4 ou 5 morceaux de chaque période à la fin de lycée
3/ je jouais quasiment rien qui me passionaient, ma prof ne prenait pas en compte mes intérêts de tout
J'aurais continuer un an si la prof avait donné des défis des morceaux passionants, mais après je ne restais pas dans les endroits longtemps, impossible à ce temps là d'apporter un piano partout. Le petit synthé de 60 touches sans resistance n'étaient pas attirant...
Plus que 20 ans plus tard j'ai voulu un numérique comme ma soeur. Puis j'ai vu un bel ancien Gaveau...
Merci.
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
J'ai eu des phases et des années même de pause mais je n'ai jamais pensé véritablement arrêter. J'ai fait quelques années avec une motivation très moyenne et une prof qui était super gentille mais à peine plus que débutante
Ca aurait pu s'arrêter là. Je n'avais pas d'intérêt spécial pour la musique, j'entendais pas la différence entre Bach, Mozart et Chopin...
J'ai eu ensuite un prof totalement lunaire, habité, artiste jusqu'au bout des ongles, qui, je ne sais pas pourquoi, m'a poussée (honnêtement je n'ai jamais eu un talent extraordinaire...je ne sais pas ce qu'il a vu ou senti mais je crois qu'il fut bien le seul
), déjà c'était un "vrai" prof de piano, je ne sais pas trop quelle était sa formation, j'étais trop jeune à l'époque pour m'en soucier, je me souviens qu'il jouait la fantaisie-impromptu de Chopin, qu'il écrivait pour des chanteurs de variété de l'époque et il a aussi publié des recueils de poésie... c'est dire le personnage...Il a insisté auprès de mes parents pour m'apprendre l'orgue et vraiment me poussait...
Depuis dans la région un prix de poésie porte son nom !
Il y a eu un avant et un après... je le lui dois ma passion dévorante pour la musique... malheureusement il est mort très jeune d'une maladie du coeur (une fois il n'est pas venu, il venait invariablement le jeudi pour midi en moto et pantalon en cuir...ma mère a appelé chez lui, il venait de mourir....) Gros choc
J'ai eu ensuite un prof complètement nul, décourageant, empoté, qui lui ne m'a visiblement rien trouvé de spécial
une perte de temps...
puis un autre, un pianiste de la région qui a du reprendre pas mal de choses et m'a remise sur les rails. J'ai arrêté pour faire mes études, j'ai déménagé, ce pianiste, toujours actif, est trop loin à présent ; puis problèmes de voisinage, impossible de jouer...problème d'instrument : un clavinova pourtant dernier cri ne me motive pas du tout... puis problèmes de profs... deux m'ont fait arrêter... un, même pas mal de temps... là j'ai vraiment cru à un moment que c'était mort de chez mort mais non... C'était plus fort que moi, des mois (ou même des années) avaient passé mais je m'y suis remise, je ne sais pas pourquoi... il y a quelque chose de quasi mystique, je ne suis pas du tout de nature mystique mais j'ai toujours senti la "présence" de cet être si singulier et flamboyant que fut cet ancien prof (mort il y a 30 ans maintenant...) Et je conserve pieusement ses recueils de poèmes !
Donc pourquoi j'ai arrêté : à cause de profs en-dessous de tout
Pourquoi je reprends : c'est plus fort que moi...ce type m'a transmis quelque chose...Si je ne l'avais pas rencontré je ne serais pas allée bien loin...

J'ai eu ensuite un prof totalement lunaire, habité, artiste jusqu'au bout des ongles, qui, je ne sais pas pourquoi, m'a poussée (honnêtement je n'ai jamais eu un talent extraordinaire...je ne sais pas ce qu'il a vu ou senti mais je crois qu'il fut bien le seul

Depuis dans la région un prix de poésie porte son nom !
Il y a eu un avant et un après... je le lui dois ma passion dévorante pour la musique... malheureusement il est mort très jeune d'une maladie du coeur (une fois il n'est pas venu, il venait invariablement le jeudi pour midi en moto et pantalon en cuir...ma mère a appelé chez lui, il venait de mourir....) Gros choc


puis un autre, un pianiste de la région qui a du reprendre pas mal de choses et m'a remise sur les rails. J'ai arrêté pour faire mes études, j'ai déménagé, ce pianiste, toujours actif, est trop loin à présent ; puis problèmes de voisinage, impossible de jouer...problème d'instrument : un clavinova pourtant dernier cri ne me motive pas du tout... puis problèmes de profs... deux m'ont fait arrêter... un, même pas mal de temps... là j'ai vraiment cru à un moment que c'était mort de chez mort mais non... C'était plus fort que moi, des mois (ou même des années) avaient passé mais je m'y suis remise, je ne sais pas pourquoi... il y a quelque chose de quasi mystique, je ne suis pas du tout de nature mystique mais j'ai toujours senti la "présence" de cet être si singulier et flamboyant que fut cet ancien prof (mort il y a 30 ans maintenant...) Et je conserve pieusement ses recueils de poèmes !
Donc pourquoi j'ai arrêté : à cause de profs en-dessous de tout
Pourquoi je reprends : c'est plus fort que moi...ce type m'a transmis quelque chose...Si je ne l'avais pas rencontré je ne serais pas allée bien loin...
Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
Hello Lee, je réponds avec plaisir à ton fil, car j'ai aussi arrêté le piano pendant un moment, qui aurait très bien pu être définitif
J'ai arrété à 13 ans. J'ai eu un super prof de mes 10 à 12 ans, très sensible, musical, vraiment pédagogique et motivant, l'année de mes 12 ans, il venait de moins en moins, son boulot de prof ne semblait plus lui convenir, quel dommage ... On a donc cherché avec ma mère un prof pour le remplacer, ca a été une bénévole de son service, plus de 80 ans, prof toute sa vie, adorable, mais ca n'a pas accroché entre nous, j'ai perdu toute ma motivation et ne touchais plus du tout le piano à fin, et naturellement nous avons cessé de nous voir, et je n'ai plus retouché au piano. C'est à ce moment que j'ai commencé à écouter skyrock sous l'influence des copins du collège qui n'arrêtaient pas d'en parler, et du coup à m'intéresser à la musique hipop/rap, que je n'ai pas renié aujourd'hui, bien que j'en écoute peu.
Je n'aurais probablement pas arrêté si j'avais eu un bon prof, cet aspect à une importance capitale à mes yeux, on donne le droit d'enseigner à trop de guignols et d'idiots, je ne parle pas forcément de ma prof de 80 ans, mais de manière assez générale par rapport à ce que j'ai subi comme enseignants.
J'ai repris à 17 ans, sans avoir touché ni même pensé au piano depuis plus de 4 ans. 2 choses m'ont fait reprendre : à cette période je regardais beaucoup de séries d'animation japonaises, dont certaines ont vraiment été un choc émotionnel (je pense entre autres, mais tout particulièrement à 'code geass' que je recommande à quiconque, un chef d'oeuvre qui mérite à mon avis d'être connu par d'autre personnes que des lycéens dont je faisais parti), j'ai associé aux musiques de ces séries les émotions que j'ai ressenties.
En parallèle, ma maison était en travaux, le piano avait été déplacé. Je l'ai vu un jour, plein de poussière, et voilà, petite décharge, je l'ai ouvert, et me suis mis en tête de pouvoir rejouer les musiques auquelles j'attachais tant d'émotions, j'ai imprimer les partions de ces musiques, et en avant guingan. J'ai eu beaucoup de mal au début, et mon esprit un peu 'vieux' comme quelqu'un me l'a fait remarquer sur le forum, m'a poussé à me dire qu'en faisant du classique je deviendrais bien meilleur techniquement, et me voilà plongé dans la musique que l'on connait bien sur PM, celle de Bach, Chopin, Momo etc ... Et ca dure depuis 3 ans tout pile
Bonne nuit !
J'ai arrété à 13 ans. J'ai eu un super prof de mes 10 à 12 ans, très sensible, musical, vraiment pédagogique et motivant, l'année de mes 12 ans, il venait de moins en moins, son boulot de prof ne semblait plus lui convenir, quel dommage ... On a donc cherché avec ma mère un prof pour le remplacer, ca a été une bénévole de son service, plus de 80 ans, prof toute sa vie, adorable, mais ca n'a pas accroché entre nous, j'ai perdu toute ma motivation et ne touchais plus du tout le piano à fin, et naturellement nous avons cessé de nous voir, et je n'ai plus retouché au piano. C'est à ce moment que j'ai commencé à écouter skyrock sous l'influence des copins du collège qui n'arrêtaient pas d'en parler, et du coup à m'intéresser à la musique hipop/rap, que je n'ai pas renié aujourd'hui, bien que j'en écoute peu.
Je n'aurais probablement pas arrêté si j'avais eu un bon prof, cet aspect à une importance capitale à mes yeux, on donne le droit d'enseigner à trop de guignols et d'idiots, je ne parle pas forcément de ma prof de 80 ans, mais de manière assez générale par rapport à ce que j'ai subi comme enseignants.
J'ai repris à 17 ans, sans avoir touché ni même pensé au piano depuis plus de 4 ans. 2 choses m'ont fait reprendre : à cette période je regardais beaucoup de séries d'animation japonaises, dont certaines ont vraiment été un choc émotionnel (je pense entre autres, mais tout particulièrement à 'code geass' que je recommande à quiconque, un chef d'oeuvre qui mérite à mon avis d'être connu par d'autre personnes que des lycéens dont je faisais parti), j'ai associé aux musiques de ces séries les émotions que j'ai ressenties.
En parallèle, ma maison était en travaux, le piano avait été déplacé. Je l'ai vu un jour, plein de poussière, et voilà, petite décharge, je l'ai ouvert, et me suis mis en tête de pouvoir rejouer les musiques auquelles j'attachais tant d'émotions, j'ai imprimer les partions de ces musiques, et en avant guingan. J'ai eu beaucoup de mal au début, et mon esprit un peu 'vieux' comme quelqu'un me l'a fait remarquer sur le forum, m'a poussé à me dire qu'en faisant du classique je deviendrais bien meilleur techniquement, et me voilà plongé dans la musique que l'on connait bien sur PM, celle de Bach, Chopin, Momo etc ... Et ca dure depuis 3 ans tout pile

J'ignore pourquoi la neige est blanche, mais ca ne m'empêche pas de la trouver très belle.
Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
J'ai arrêté les cours de piano après quelques cours seulement. Quand je jouais a la maison, j'entendais toujours des défauts que je voulais corriger. Donc je n'allais pas voir souvent le prof: je ne me voyais pas aller présenter des morceaux aussi peu maitrisés. L'espacement entre les cours grandissait tout le temps : trois semaines entre les 2 premiers cours si je me souviens bien, puis plus d'un mois, puis plus encore. La fréquence était trop faible et donc naturellement, ça s'est arrếté, sans que je prenne vraiment la décision consciemment.
L'arrêt était naturel aussi parce qu'il correspond à ma facon de travailler. j'aime bien fouiller partout, demander des conseils à de nombreuses personnes. C'est assez compliqué au niveau relationnel d'aller voir un prof et de dire : "ah, dans la derniere séance, on a dit ca, mais j'ai lu tel auteur qui trouve plutôt que ... ". Il y a bien sûr des moyens de formuler ces remarques plus finement et moins frontalement, mais dans le fond, je prefere choisir mon chemin sur la base d'avis multiples plutôt que de me laisser guider par une seule personne, même très compétente.
L'arrêt était naturel aussi parce qu'il correspond à ma facon de travailler. j'aime bien fouiller partout, demander des conseils à de nombreuses personnes. C'est assez compliqué au niveau relationnel d'aller voir un prof et de dire : "ah, dans la derniere séance, on a dit ca, mais j'ai lu tel auteur qui trouve plutôt que ... ". Il y a bien sûr des moyens de formuler ces remarques plus finement et moins frontalement, mais dans le fond, je prefere choisir mon chemin sur la base d'avis multiples plutôt que de me laisser guider par une seule personne, même très compétente.
- coignet
- Messages : 1177
- Enregistré le : mer. 12 févr., 2014 13:03
- Mon piano : Pleyel F 1953
- Localisation : Paris I
Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
J'ai appris le piano en conservatoire de région avec un professeur pour qui j'avais une grande admiration et un total respect. C'était mon maître comme disait mon père.
Je pense qu'il souhaitait faire de moi un professionnel.
Par légèreté adolescente, et peur de l'étape suivante à "Paris" j'ai arrêté.
J'ai repris quelques années plus tard, jeune adulte.
Je pense qu'il souhaitait faire de moi un professionnel.
Par légèreté adolescente, et peur de l'étape suivante à "Paris" j'ai arrêté.
J'ai repris quelques années plus tard, jeune adulte.
Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
dès mes 4 ans je voulais faire du piano ; ma sœur ainée (7 ans de plus que moi) en jouait tous les jours à la maison ; mais mes parents me jugeaient trop petite pour commencer. Je me souviens qu'à 7_8 ans j'étais dans une classe "méthode Orff" au conservatoire de la ville où nous habitions.
Puis l'année suivante nous avons déménagé dans un petit village à 20 minutes du nouveau travail de mon père dans une très grande entreprise. Dans ce village il y avait une très grande école privée pour garçons et mes 3 frères y étaient scolarisés. Je devais encore réclamé de faire du piano car ma mère m'a autorisée à pendre des cours avec l'organiste de cette école. Je pense que lorsque je suis arrivé chez lui je savais déjà jouer du piano en lisant les deux clés, à force de vouloir le faire sur le piano délaissé par ma soeur. Ce prof complétement nul (j'en pleurais après chaque cours) me donnait des cours sur un vieux piano droit rincé de l'école de garçon. je l'ai détesté de toutes mes forces comme seul un enfant sait le faire... c’était si fort que je m'en souviens encore. La seule chose qui me plaisait c'est quand nous jouions sur l'orgue de l'église du village :un remarquable orgue Bergäntzel .
Grâce aux relations de mon père dans son entreprise, je devais avoir 11 - 12 ans quand j'ai rencontré pour la première fois une vraie prof de piano chez qui j'adorais aller travailler. C'était une élève de Alfred Cortot, et je me souviens très bien de la photo de Cortot sur le mur au dessus du piano à queue Gaveau sur lequel nous jouions. Tous ces élèves étaient en binôme et nous avions 1H de cours à 2. J'étais impressionnée par le nombres de pianos dans ce grand appartement au dernier étage d'un immeuble: toutes les pièces en possédaient 1. Son mari était prof au conservatoire régional de la ville et lui était issu du CNSM de Paris où il avait obtenu un 1er prix et son CA. C'était un fan des ondes radios et il avait installé une énorme antenne au dessus de l'immeuble. Ce couple de pianistes occupaient tout le haut de l'immeuble, étant propriétaires des deux appartements. L'appartement où il y avait une multitude piano étaient celui où ils donnaient leurs cours. Dans la salle de séjour trônaient deux quart de queue côte à côte: c'étaient leur pianos de concert qui avaient été construit pour eux et d'une taille telle qu'ils pouvaient descendre par l'ascenseur. Ce couple donnaient beaucoup de concert de 4 mains et deux pianos et ils se déplaçaient avec leur piano. c'est ce couple qui étaient amis avec Olivier Messiaen et Yvonne Lorriot et qui jouaient les oeuvres de ce compositeurs et qui baignaient leurs élèves de cette musique. Ma prof , que j'adorais, était exigeante et joyeuse. Je suis restée 3 ans chez elle et puis un jour elle a dit à mes parents que je devais aller au conservatoire que ce serais mieux pour moi, que je rentrerais dans la classe de son mari.....le bonheur s'est arrêté. Je suis resté 3 ans dans les mains de ce prof et bien sûr j'ai énormément travaillé car le piano fût et reste ma passion, mais j'ai souvenir de beaucoup de phrase blessantes : " piano pour jeune fille de bonne famille", "pas d'avenir dans le piano" , "touriste du piano".....j'ai décroché mon bac C sans problème et juste après , ce prof de piano m'a dit qu'il me prendrait désormais en privé pour "libérer" une place au conservatoire, que c'était très bien que je fasse des maths car je semblait plus douée en maths qu'au piano .... je ressens encore le vide, le rien, qui a suivi cette conversation.....j'étais dans un état de sidération....j'ai du prendre encore quelques cours l'année suivante avec lui , mais j'étais incapable de lui parler, je me sentais constamment nulle....et j'ai arrêter de prendre des cours. A la bibliothèque de la ville , il y avait une énorme partothèque. Toutes les semaines j'empruntais des partitions que je déchiffrais avec délice. Mes parents avaient relégué le piano droit dans une pièce isolée de la grande maison où nous habitions car dans la salle de séjour , il ne supportaient plus mes heures de travail au piano. Donc j'étais planquée et je pouvais faire ce que je voulais sans que personne n'entende rien !
Puis je suis partie vivre en banlieue parisienne , sans piano, mes parents ayant refusé de me donner mon piano droit. J'étais en manque...
Mon mari et moi , nous avons réuni nos maigres ressources , demandé à la CAF un prêt "Jeune ménage" (sensé fait pour acheter de l'électro-ménagé) et un Schimmel droit 116 flambant neuf est entré dans l'appartement où nous habitions. Youpi !
Ma voisine , à deux ans de la retraite, passionnée d'opéra, m'a demandé si je pouvais lui jouer des sonates de Clementi.... j'ai acheté la partition et j'ai travaillé des sonates de Clementi pour elle.Son père , boulanger de son état, emmenait ses enfants à l’opéra, au poulailler, presque toutes les semaines. Ma voisine qui est devenue mon amie, avait ainsi entendu toutes les grandes voix du XX ème siècle. Cette dame avait pris des cours de piano avec la sœur de Pierre Boulez....
j'étais étudiante à Jussieux à l'époque. Je jouais du piano dans la journée dans un immeuble construit après guerre, non isolé, où on entendait les conversation des voisins... personne ne m'a jamais fait une seule remarque sur le "bruit" du piano ! incroyable !
Quelques années plus tard, nous sommes arrivés en Bourgogne. Dans la ville où nous habitions , il y avait une école de musique et j'ai inscrit notre fille ainée en violoncelle. Il y avait possibilité de prendre des cours de piano en tant qu'adulte et je me suis inscrite . Cela faisait 10 ans que je n'avais pris de cours et j'étais vraiment impatiente . Ce fut une immense déception ! Le prof était incompétent , vraiment incompétent ! Mais convaincu d'être excellent... je ne suis pas restée....il enseigne toujours....
Alors j'ai compris quand même une chose , c'est que je n'étais pas si nulle que çà au piano puisque j'avais trouvé plus nul que moi !
Mais cela m'a dégouté de prendre des cours de piano et du piano tout court ! Personne ne pouvait m'aider alors j'ai arrêté. ... j'ai accompagné mes enfants quand ils en avaient besoin dans leurs instruments violoncelle et trompette, mais pendant les 15 années qui ont suivi, je n'ai plus du tout travaillé pour moi. Cela ne m'a pas du tout manqué, 4 enfants çà occupe ! Et puis pendant 7-8 ans, j'ai fait du chant lyrique, à fond... avec une prof exceptionnelle débarquée de Paris et Lyon au fin fond de la Saône et Loire... pour moi (c'est l'impression que j'ai eu !
) .
Tout le traumatisme dû à ce prof de piano du conservatoire où j'étais adolescente va commencer à se résoudre grâce à elle.
Et puis après 28 Ans sans avoir pris un seul cours de piano, un prof va me remettre sur les rails de façon un peu abrupte.. mes oreilles vont s'ouvrir, en moi un voile va se déchirer et je vais comprendre que "nulle" cela n'existe pas !
Par le travail , on peut compenser un manque de talent , à condition de recevoir le bon enseignement et ce n'est pas ce prof qui me le dispensera , même si je lui doit beaucoup. Les profs suivants , tous compétents , intéressants, me feront entrer dans le monde du piano... et Pianomajeur aussi , ce forum qui m'a énormément apporté durant toutes ces années depuis mon inscription .
Puis l'année suivante nous avons déménagé dans un petit village à 20 minutes du nouveau travail de mon père dans une très grande entreprise. Dans ce village il y avait une très grande école privée pour garçons et mes 3 frères y étaient scolarisés. Je devais encore réclamé de faire du piano car ma mère m'a autorisée à pendre des cours avec l'organiste de cette école. Je pense que lorsque je suis arrivé chez lui je savais déjà jouer du piano en lisant les deux clés, à force de vouloir le faire sur le piano délaissé par ma soeur. Ce prof complétement nul (j'en pleurais après chaque cours) me donnait des cours sur un vieux piano droit rincé de l'école de garçon. je l'ai détesté de toutes mes forces comme seul un enfant sait le faire... c’était si fort que je m'en souviens encore. La seule chose qui me plaisait c'est quand nous jouions sur l'orgue de l'église du village :un remarquable orgue Bergäntzel .
Grâce aux relations de mon père dans son entreprise, je devais avoir 11 - 12 ans quand j'ai rencontré pour la première fois une vraie prof de piano chez qui j'adorais aller travailler. C'était une élève de Alfred Cortot, et je me souviens très bien de la photo de Cortot sur le mur au dessus du piano à queue Gaveau sur lequel nous jouions. Tous ces élèves étaient en binôme et nous avions 1H de cours à 2. J'étais impressionnée par le nombres de pianos dans ce grand appartement au dernier étage d'un immeuble: toutes les pièces en possédaient 1. Son mari était prof au conservatoire régional de la ville et lui était issu du CNSM de Paris où il avait obtenu un 1er prix et son CA. C'était un fan des ondes radios et il avait installé une énorme antenne au dessus de l'immeuble. Ce couple de pianistes occupaient tout le haut de l'immeuble, étant propriétaires des deux appartements. L'appartement où il y avait une multitude piano étaient celui où ils donnaient leurs cours. Dans la salle de séjour trônaient deux quart de queue côte à côte: c'étaient leur pianos de concert qui avaient été construit pour eux et d'une taille telle qu'ils pouvaient descendre par l'ascenseur. Ce couple donnaient beaucoup de concert de 4 mains et deux pianos et ils se déplaçaient avec leur piano. c'est ce couple qui étaient amis avec Olivier Messiaen et Yvonne Lorriot et qui jouaient les oeuvres de ce compositeurs et qui baignaient leurs élèves de cette musique. Ma prof , que j'adorais, était exigeante et joyeuse. Je suis restée 3 ans chez elle et puis un jour elle a dit à mes parents que je devais aller au conservatoire que ce serais mieux pour moi, que je rentrerais dans la classe de son mari.....le bonheur s'est arrêté. Je suis resté 3 ans dans les mains de ce prof et bien sûr j'ai énormément travaillé car le piano fût et reste ma passion, mais j'ai souvenir de beaucoup de phrase blessantes : " piano pour jeune fille de bonne famille", "pas d'avenir dans le piano" , "touriste du piano".....j'ai décroché mon bac C sans problème et juste après , ce prof de piano m'a dit qu'il me prendrait désormais en privé pour "libérer" une place au conservatoire, que c'était très bien que je fasse des maths car je semblait plus douée en maths qu'au piano .... je ressens encore le vide, le rien, qui a suivi cette conversation.....j'étais dans un état de sidération....j'ai du prendre encore quelques cours l'année suivante avec lui , mais j'étais incapable de lui parler, je me sentais constamment nulle....et j'ai arrêter de prendre des cours. A la bibliothèque de la ville , il y avait une énorme partothèque. Toutes les semaines j'empruntais des partitions que je déchiffrais avec délice. Mes parents avaient relégué le piano droit dans une pièce isolée de la grande maison où nous habitions car dans la salle de séjour , il ne supportaient plus mes heures de travail au piano. Donc j'étais planquée et je pouvais faire ce que je voulais sans que personne n'entende rien !
Puis je suis partie vivre en banlieue parisienne , sans piano, mes parents ayant refusé de me donner mon piano droit. J'étais en manque...
Mon mari et moi , nous avons réuni nos maigres ressources , demandé à la CAF un prêt "Jeune ménage" (sensé fait pour acheter de l'électro-ménagé) et un Schimmel droit 116 flambant neuf est entré dans l'appartement où nous habitions. Youpi !
Ma voisine , à deux ans de la retraite, passionnée d'opéra, m'a demandé si je pouvais lui jouer des sonates de Clementi.... j'ai acheté la partition et j'ai travaillé des sonates de Clementi pour elle.Son père , boulanger de son état, emmenait ses enfants à l’opéra, au poulailler, presque toutes les semaines. Ma voisine qui est devenue mon amie, avait ainsi entendu toutes les grandes voix du XX ème siècle. Cette dame avait pris des cours de piano avec la sœur de Pierre Boulez....
j'étais étudiante à Jussieux à l'époque. Je jouais du piano dans la journée dans un immeuble construit après guerre, non isolé, où on entendait les conversation des voisins... personne ne m'a jamais fait une seule remarque sur le "bruit" du piano ! incroyable !
Quelques années plus tard, nous sommes arrivés en Bourgogne. Dans la ville où nous habitions , il y avait une école de musique et j'ai inscrit notre fille ainée en violoncelle. Il y avait possibilité de prendre des cours de piano en tant qu'adulte et je me suis inscrite . Cela faisait 10 ans que je n'avais pris de cours et j'étais vraiment impatiente . Ce fut une immense déception ! Le prof était incompétent , vraiment incompétent ! Mais convaincu d'être excellent... je ne suis pas restée....il enseigne toujours....
Alors j'ai compris quand même une chose , c'est que je n'étais pas si nulle que çà au piano puisque j'avais trouvé plus nul que moi !
Mais cela m'a dégouté de prendre des cours de piano et du piano tout court ! Personne ne pouvait m'aider alors j'ai arrêté. ... j'ai accompagné mes enfants quand ils en avaient besoin dans leurs instruments violoncelle et trompette, mais pendant les 15 années qui ont suivi, je n'ai plus du tout travaillé pour moi. Cela ne m'a pas du tout manqué, 4 enfants çà occupe ! Et puis pendant 7-8 ans, j'ai fait du chant lyrique, à fond... avec une prof exceptionnelle débarquée de Paris et Lyon au fin fond de la Saône et Loire... pour moi (c'est l'impression que j'ai eu !

Tout le traumatisme dû à ce prof de piano du conservatoire où j'étais adolescente va commencer à se résoudre grâce à elle.
Et puis après 28 Ans sans avoir pris un seul cours de piano, un prof va me remettre sur les rails de façon un peu abrupte.. mes oreilles vont s'ouvrir, en moi un voile va se déchirer et je vais comprendre que "nulle" cela n'existe pas !
Par le travail , on peut compenser un manque de talent , à condition de recevoir le bon enseignement et ce n'est pas ce prof qui me le dispensera , même si je lui doit beaucoup. Les profs suivants , tous compétents , intéressants, me feront entrer dans le monde du piano... et Pianomajeur aussi , ce forum qui m'a énormément apporté durant toutes ces années depuis mon inscription .
Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
Quelles histoires vivantes et émouvantes !
L'importance des profs pour le meilleur et pour le pire...même les deux dans un couple, j'étais contente Strumpf de lire ta saga piano d'enfance, je ne connaissais pas malgré tout ce temps...
Merci beaucoup pour vos témoignages.
L'importance des profs pour le meilleur et pour le pire...même les deux dans un couple, j'étais contente Strumpf de lire ta saga piano d'enfance, je ne connaissais pas malgré tout ce temps...
Merci beaucoup pour vos témoignages.
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
Tout d'accord avec Lee! C'est toujours intéressant de découvrir le parcours des uns et des autres. Je mettrai le mien un quand j'aurai une minute, j'ai déjà passé pas mal de temps avec mes histoires de pigeons hier. 

- Athos
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- Localisation : Lyon
Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
Je pourrais expliquer pourquoi je pourrais arrêter le piano, ou même pourquoi je vais arrêter le piano...
Mais c'est pas précisément le sujet, je reviendrai quand ce sera fait.
Mais c'est pas précisément le sujet, je reviendrai quand ce sera fait.

Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
C'est une blague Athos ou tu as pris une décision ?
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
- Athos
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- Localisation : Lyon
Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
Nan, mais je créerai un sujet à ce propos, à l'occasion, puisque ce n'est pas tout à fait ta question.
Du genre : "Qu'est ce qui pourrait vous faire arrêter le piano".

Du genre : "Qu'est ce qui pourrait vous faire arrêter le piano".
](./images/smilies/eusa_wall.gif)

Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
Ah mais comment je te comprends ! Par contre le sujet existe déjà bien sûr !
viewtopic.php?f=1&t=16413&p=267047&hili ... 2A#p267047

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- Arabesque44
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Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
J'ai arreté en fin de 1ere année de Médecine parce que j'avais moins le temps et aussi moins le goût de travailler
Aussi parce qu'à 17 ans, je regardais tout à travers la lorgnette "concours, compétition, être la meilleure" et qu'en piano je n'avais aucune chance ayant débuté à 13 ans. Je me trouvais assez nulle, et m'imaginais que ceux qui arrivaient à une certaine virtuosité ( enfin être capable de jouer "en amateur" les sonates de Beethoven ou les Etudes de Chopin ) disposaient de capacités que je n'avais pas.
Et tant que j'ai vécu encore chez mes parents ( 5 années) j'ai pianoté de temps en temps, mais à peine suffisamment pour entretenir mes acquis. Plutôt du déchiffrage, d'ailleurs. je n'allais jamais "au fond" d'un morceau.
Mon goût pour la musique s'était affirmé entre temps. J'écoutais beaucoup de disques ( en potassant mes "Questions d'Internat" )et je mesurais mieux la différence entre le jeu d'un "pro" et le mien ( et mon petit Erard pas terrible)
Bêtement je n'ai jamais posé à personne la question "jusqu'où puis-je arriver?) , à laquelle on m'aurait probablement répondu que j'avais encore une belle marge de progression possible. J'avais probablement "des facilités" ( c'est moins évident 40 ans plus tard
on n'avance pas si vite)
J'ai repris presque par hasard il y 5 ans le jour où j'ai récupéré le vieil Erard de ma jeunesse. Rincé, bruyant je l'ai illico remplacé par un numérique!
Sans ce "silent" je n'aurais jamais osé m'y remettre comme je l'ai fait à raison de 2 h par jour!
Aussi parce qu'à 17 ans, je regardais tout à travers la lorgnette "concours, compétition, être la meilleure" et qu'en piano je n'avais aucune chance ayant débuté à 13 ans. Je me trouvais assez nulle, et m'imaginais que ceux qui arrivaient à une certaine virtuosité ( enfin être capable de jouer "en amateur" les sonates de Beethoven ou les Etudes de Chopin ) disposaient de capacités que je n'avais pas.
Et tant que j'ai vécu encore chez mes parents ( 5 années) j'ai pianoté de temps en temps, mais à peine suffisamment pour entretenir mes acquis. Plutôt du déchiffrage, d'ailleurs. je n'allais jamais "au fond" d'un morceau.
Mon goût pour la musique s'était affirmé entre temps. J'écoutais beaucoup de disques ( en potassant mes "Questions d'Internat" )et je mesurais mieux la différence entre le jeu d'un "pro" et le mien ( et mon petit Erard pas terrible)
Bêtement je n'ai jamais posé à personne la question "jusqu'où puis-je arriver?) , à laquelle on m'aurait probablement répondu que j'avais encore une belle marge de progression possible. J'avais probablement "des facilités" ( c'est moins évident 40 ans plus tard

J'ai repris presque par hasard il y 5 ans le jour où j'ai récupéré le vieil Erard de ma jeunesse. Rincé, bruyant je l'ai illico remplacé par un numérique!
Sans ce "silent" je n'aurais jamais osé m'y remettre comme je l'ai fait à raison de 2 h par jour!
Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
J'ai arrêté le piano à 11 ans parce que mon père a décidé que je ne travaillais pas assez et que ça n'en valait pas la peine.
Nous déménagions beaucoup, à chaque fois il fallait trouver un piano, une prof ou conservatoire, etc.
Lors d'un déménagement, la décision a été prise, plus de piano, terminé.
C'était une décision nulle prise par un homme qui, je l'ai compris bien des années plus tard, a renoncé à beaucoup de choses qu'il aimait pour faire vivre sa famille et lui donner le niveau de vie qu'il pensait être nécessaire au bonheur.
Le sacrifice entraîne le sacrifice.
J'ai retrouvé bien après sa mort un casier avec des dessins de mon père quand il était jeune. Il était doué.
Je ne voulais pas arrêter le piano. Mais je ne le travaillais pas vraiment, c'est vrai. Je ne travaillais rien, d'ailleurs, quand j'étais enfant. Le mot de travail me faisait horreur. Ce que j'aimais, c'était vivre, exprimer, mélanger les couleurs, les sons, avoir des émotions fortes, inventer et raconter des histoires avec des mots ou des pinceaux ou des sons.
Je regrette de ne pas avoir rencontré à l'époque un adulte qui m'aide à transformer ces farandoles en vrai chemin. Je regrette que mon père n'ait jamais rencontré personne qui l'aide à trouver son vrai chemin à lui. Mais la force d'inertie, les croyances et préjugés ancrés dans un milieu, l'ambition sociale et sa cohorte de représentations, tout ça a parfois plus d'impact que l'attrait de choses futures totalement indéterminées.
En fait, croire en soi, croire en son enfant, c'est passer outre la peur de l'indéterminé, et avancer quand même.
Nous déménagions beaucoup, à chaque fois il fallait trouver un piano, une prof ou conservatoire, etc.
Lors d'un déménagement, la décision a été prise, plus de piano, terminé.
C'était une décision nulle prise par un homme qui, je l'ai compris bien des années plus tard, a renoncé à beaucoup de choses qu'il aimait pour faire vivre sa famille et lui donner le niveau de vie qu'il pensait être nécessaire au bonheur.
Le sacrifice entraîne le sacrifice.
J'ai retrouvé bien après sa mort un casier avec des dessins de mon père quand il était jeune. Il était doué.
Je ne voulais pas arrêter le piano. Mais je ne le travaillais pas vraiment, c'est vrai. Je ne travaillais rien, d'ailleurs, quand j'étais enfant. Le mot de travail me faisait horreur. Ce que j'aimais, c'était vivre, exprimer, mélanger les couleurs, les sons, avoir des émotions fortes, inventer et raconter des histoires avec des mots ou des pinceaux ou des sons.
Je regrette de ne pas avoir rencontré à l'époque un adulte qui m'aide à transformer ces farandoles en vrai chemin. Je regrette que mon père n'ait jamais rencontré personne qui l'aide à trouver son vrai chemin à lui. Mais la force d'inertie, les croyances et préjugés ancrés dans un milieu, l'ambition sociale et sa cohorte de représentations, tout ça a parfois plus d'impact que l'attrait de choses futures totalement indéterminées.
En fait, croire en soi, croire en son enfant, c'est passer outre la peur de l'indéterminé, et avancer quand même.
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Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
... j'ai arrêté le piano parce ce que :
- nous habitions à la campagne, loin de tout, ma mère avait trouvé une combine un peu par miracle avec une autre famille chez qui je me rendais pour prendre un cours avec un prof qui donnait un cours à une autre petite fille, c'était assez fragile comme organisation et du jour où la petite fille n'a plus voulu prendre de cours, ça ne valait plus le coup pour le prof de ce déplacer.
- ce même prof avait voulu m'inscrire à un concours à Lyon, j'avais un trac terrible, j'ai joué comme j'ai pu, pas comme un pied mais pas merveilleusement, bref, je n'ai pas eu de prix, mais aucun des autres candidats non plus d'ailleurs, apparemment nous étions tous mauvais...!
- mes parents n'étaient pas très encourageants, surtout mon père qui ne manquait jamais de faire une remarque désagréable sur mon niveau de piano (genre : "tu ne joues pas assez bien pour faire ton intéressante")
Bref avec tout ça, continuer aurait demandé une énorme motivation, que je n'ai pas eue à l'époque.
J'ai repris parce que le Schimmel de ma grand-mère m'a été donné à sa mort. Au départ je pensais vaguement le revendre, puis j'ai fait prendre des cours à ma fille, et un an plus tard, après maintes hésitations et tergiversations, je me suis décidée à reprendre des cours...
Je suis encore régulièrement taraudée par l'idée d'arrêter parce que je me sens toujours comme quand j'étais enfant : pas suffisamment bonne... c'est assez difficile parfois de continuer en dépit de ce sentiment.
- nous habitions à la campagne, loin de tout, ma mère avait trouvé une combine un peu par miracle avec une autre famille chez qui je me rendais pour prendre un cours avec un prof qui donnait un cours à une autre petite fille, c'était assez fragile comme organisation et du jour où la petite fille n'a plus voulu prendre de cours, ça ne valait plus le coup pour le prof de ce déplacer.
- ce même prof avait voulu m'inscrire à un concours à Lyon, j'avais un trac terrible, j'ai joué comme j'ai pu, pas comme un pied mais pas merveilleusement, bref, je n'ai pas eu de prix, mais aucun des autres candidats non plus d'ailleurs, apparemment nous étions tous mauvais...!
- mes parents n'étaient pas très encourageants, surtout mon père qui ne manquait jamais de faire une remarque désagréable sur mon niveau de piano (genre : "tu ne joues pas assez bien pour faire ton intéressante")
Bref avec tout ça, continuer aurait demandé une énorme motivation, que je n'ai pas eue à l'époque.
J'ai repris parce que le Schimmel de ma grand-mère m'a été donné à sa mort. Au départ je pensais vaguement le revendre, puis j'ai fait prendre des cours à ma fille, et un an plus tard, après maintes hésitations et tergiversations, je me suis décidée à reprendre des cours...
Je suis encore régulièrement taraudée par l'idée d'arrêter parce que je me sens toujours comme quand j'étais enfant : pas suffisamment bonne... c'est assez difficile parfois de continuer en dépit de ce sentiment.
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- Enregistré le : mer. 10 mai, 2017 19:26
Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
... oupsi : je reconnais un peu ma famille dans ce que tu dis de ton père.
L'autre jour, ma mère m'a écrit dans un mail : "peut-être que si nous t'avions encouragée, qui sait, tu aurais été pianiste; mais les parents sont poussés par la peur que leur enfant finisse SDF" : en clair j'ai été poussée dans la direction de la sécurité (ce qui me concernant s'est traduit par math sup math spé, télécom, et boulot d'ingénieur).
Ils pensaient faire au mieux. Enfin ma mère; mon père à part nous dénigrer, je ne sais pas trop à quoi il pensait.
C'est compliqué... j'espère que je ne vais pas faire pareil avec mes filles, mais on n'est pas à l'abri... je suppose que tous les parents font des erreurs, ils essaient juste de ne pas faire les mêmes que les leurs... et encore, cela suppose d'en avoir conscience; sinon je crains que l'on ne reproduise, justement, exactement les mêmes schémas.
L'autre jour, ma mère m'a écrit dans un mail : "peut-être que si nous t'avions encouragée, qui sait, tu aurais été pianiste; mais les parents sont poussés par la peur que leur enfant finisse SDF" : en clair j'ai été poussée dans la direction de la sécurité (ce qui me concernant s'est traduit par math sup math spé, télécom, et boulot d'ingénieur).
Ils pensaient faire au mieux. Enfin ma mère; mon père à part nous dénigrer, je ne sais pas trop à quoi il pensait.
C'est compliqué... j'espère que je ne vais pas faire pareil avec mes filles, mais on n'est pas à l'abri... je suppose que tous les parents font des erreurs, ils essaient juste de ne pas faire les mêmes que les leurs... et encore, cela suppose d'en avoir conscience; sinon je crains que l'on ne reproduise, justement, exactement les mêmes schémas.
Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
Je crois vraiment que toutes ces questions matérielles sont des prétextes.
Lorsque j'étais enfant le chômage n'était pas encore un problème. Mes parents étaient de cette génération où l'on choisissait l'entreprise dans laquelle on voulait travailler. Et le discours familial était, paradoxalement, "fais ce que tu voudras", vive la liberté, tout ça. Mais il y a comme tu le soulèves, des petites phrases qui révèlent le discours sous-jacent plus insidieux: mérites-tu vraiment de faire ce que tu veux? te battras-tu pour ta liberté? Quelle valeur accordes-tu à tes choix?
Sauf qu'il y a dissymétrie, puisque le choix a trop d'inconnues pour un enfant, et que l'amour et la reconnaissance des parents fait souvent pencher la balance d'un côté qui ne serait pas forcément celui que l'on choisirait si cet amour n'était pas en jeu.
Je vois parfois des enfants, doués ou très appelés par la musique, vraiment soutenus par leurs parents. Le père qui accompagne son fils en stage, qui parle avec les profs, qui fait travailler son enfant et qui est constamment en dialogue avec l'enfant. Il apprend son travail de père d'un enfant doué. Il ne sait pas d'avance. Ce sont souvent les profs qui ouvrent telle ou telle brèche. Les parents ne savent pas d'avance. C'est comme la démarche de Lee: elle ne sait pas d'avance, elle cherche à avoir la réponse, de son fils, d'autres enfants ou "ex-enfants".
Les parents qui font arrêter sans discussion, sans dialogue, c'est souvent en fait parce qu'ils ont peur des efforts (y compris le questionnement personnel) que leur exigerait d'accompagner ce processus là. L'école c'est quand même plus simple, note, récompense, punition.
Lorsque j'étais enfant le chômage n'était pas encore un problème. Mes parents étaient de cette génération où l'on choisissait l'entreprise dans laquelle on voulait travailler. Et le discours familial était, paradoxalement, "fais ce que tu voudras", vive la liberté, tout ça. Mais il y a comme tu le soulèves, des petites phrases qui révèlent le discours sous-jacent plus insidieux: mérites-tu vraiment de faire ce que tu veux? te battras-tu pour ta liberté? Quelle valeur accordes-tu à tes choix?
Sauf qu'il y a dissymétrie, puisque le choix a trop d'inconnues pour un enfant, et que l'amour et la reconnaissance des parents fait souvent pencher la balance d'un côté qui ne serait pas forcément celui que l'on choisirait si cet amour n'était pas en jeu.
Je vois parfois des enfants, doués ou très appelés par la musique, vraiment soutenus par leurs parents. Le père qui accompagne son fils en stage, qui parle avec les profs, qui fait travailler son enfant et qui est constamment en dialogue avec l'enfant. Il apprend son travail de père d'un enfant doué. Il ne sait pas d'avance. Ce sont souvent les profs qui ouvrent telle ou telle brèche. Les parents ne savent pas d'avance. C'est comme la démarche de Lee: elle ne sait pas d'avance, elle cherche à avoir la réponse, de son fils, d'autres enfants ou "ex-enfants".
Les parents qui font arrêter sans discussion, sans dialogue, c'est souvent en fait parce qu'ils ont peur des efforts (y compris le questionnement personnel) que leur exigerait d'accompagner ce processus là. L'école c'est quand même plus simple, note, récompense, punition.
Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
J'étais vraiment soutenue par mes parents, même si je n'étais pas très douée, quand je vous lis, je me rends compte la chance que c'était.
Avec du recul, tu penses qu'un.e prof aurait pu t'aider à vouloir travailler ?Oupsi a écrit : dim. 08 avr., 2018 10:07 Je ne voulais pas arrêter le piano. Mais je ne le travaillais pas vraiment, c'est vrai. Je ne travaillais rien, d'ailleurs, quand j'étais enfant. Le mot de travail me faisait horreur. Ce que j'aimais, c'était vivre, exprimer, mélanger les couleurs, les sons, avoir des émotions fortes, inventer et raconter des histoires avec des mots ou des pinceaux ou des sons.
Je regrette de ne pas avoir rencontré à l'époque un adulte qui m'aide à transformer ces farandoles en vrai chemin.
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
Je l'avais déjà, cette prof, mais on quittait le pays. (je me rappelle très précisément que j'avais déjà – sporadiquement– la sensation du plaisir de travailler le piano, mais je n'avais pas encore fait le lien entre ce plaisir et la conquête de nouveaux répertoires, là je pense que quand ça arrive quelque chose s’enclenche à vie)
Je pense qu'il me fallait plus de temps. C'est tout.
(d'une certaine manière, il me manquait de comprendre que ce que j'obtenais, en travaillant un peu par hasard, et bien ce serait toujours là; comprendre que des choses peuvent durer, se construire; que tout n'est pas du sable ou du vent, et que les merveilleuses beautés extérieures peuvent donner naissance à une petite beauté intérieure pas déshonorante. Ça a a voir avec le temps, à comment on vit le temps, à ne pas tout envoyer valser dans la destruction ou le renoncement. C'est difficile à expliquer)
Je pense qu'il me fallait plus de temps. C'est tout.
(d'une certaine manière, il me manquait de comprendre que ce que j'obtenais, en travaillant un peu par hasard, et bien ce serait toujours là; comprendre que des choses peuvent durer, se construire; que tout n'est pas du sable ou du vent, et que les merveilleuses beautés extérieures peuvent donner naissance à une petite beauté intérieure pas déshonorante. Ça a a voir avec le temps, à comment on vit le temps, à ne pas tout envoyer valser dans la destruction ou le renoncement. C'est difficile à expliquer)
Re: Vous avez arrêté le piano parce que...
Dans le rapport à mes parents, beaucoup de regrets et frustrations aussi :
- ils m'ont payé des cours ce qui était pour eux un véritable sacrifice financier, étant issue d'un milieu très modeste. Je ne peux que les en remercier...sans compter qu'ils ont acheté un piano neuf (bas de gamme mais quand même...)
- après, ils ne se sont jamais intéressés à mes cours, à mes profs ni à ma progression... le piano était un peu un marqueur social, ils me payaient des cours comme des personnes plus aisées dans la famille payaient des cours à leurs enfants...
Certes je me rends vraiment compte de l'effort financier immense... d'un autre côté, je déplore de ne pas avoir eu de formation vraiment solide, ni d'écoute ou de suivi de la part de mes parents. Etant ado je jouais facilement 6 heures par jour
(pendant les vacances) et j'étudiais quasiment en autodidacte des pièces vraiment trop dures pour moi, vu que j'avais à ce moment le prof complètement nul, j'avais décidé de travailler toute seule, dans la solitude la plus totale
. Je ne sais pas si j'aurais pu être musicienne...je n'ai pas un talent extraordinaire c'est sûr, mais des amis d'enfance que j'ai pu côtoyer à cette époque le sont devenus et en vivent très bien, sans avoir été des génies !
Résultat la musique est devenue et restée ma grande passion, un peu le centre de ma vie, et je me dis que je suis quand même passée à côté de quelque chose... tout ça parce que la musique, c'est un loisir, socialement valorisant, mais pas un métier !
C'est un constat, pas un jugement bien sûr... chaque parent fait comme il peut...Je regrette surtout de ne pas avoir eu de formation solide... comme ce prof complètement nul qu'ils ont quand même payé pendant 4 ans
Et dont j'ai tant bien que mal réussi à me débarrasser à 15 ans parce qu'heureusement il partait faire son service militaire... A quoi bon surtout quand l'argent est compté...Voilà, l'intention était ô combien louable mais bien des erreurs et des maladresses...
- ils m'ont payé des cours ce qui était pour eux un véritable sacrifice financier, étant issue d'un milieu très modeste. Je ne peux que les en remercier...sans compter qu'ils ont acheté un piano neuf (bas de gamme mais quand même...)
- après, ils ne se sont jamais intéressés à mes cours, à mes profs ni à ma progression... le piano était un peu un marqueur social, ils me payaient des cours comme des personnes plus aisées dans la famille payaient des cours à leurs enfants...
Certes je me rends vraiment compte de l'effort financier immense... d'un autre côté, je déplore de ne pas avoir eu de formation vraiment solide, ni d'écoute ou de suivi de la part de mes parents. Etant ado je jouais facilement 6 heures par jour


Résultat la musique est devenue et restée ma grande passion, un peu le centre de ma vie, et je me dis que je suis quand même passée à côté de quelque chose... tout ça parce que la musique, c'est un loisir, socialement valorisant, mais pas un métier !
C'est un constat, pas un jugement bien sûr... chaque parent fait comme il peut...Je regrette surtout de ne pas avoir eu de formation solide... comme ce prof complètement nul qu'ils ont quand même payé pendant 4 ans
