Si on le voit et qu'on lui parle, la plupart des choses peuvent rapidement relever de la sphère du privé tellement il est spontané et passionné donc je ne pense pas que cela doive figurer sur un forum publicLee a écrit : jeu. 29 mars, 2018 18:13 49 pages et vous n'avez pas évoqué l'important. Quoi dire à Lucas si on le voit et peut lui parler ? Juste bravo ? Quelles questions PMistes poserons nous pour vous ?![]()
Lucas Debargue
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Re: Lucas Debargue
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Re: Lucas Debargue
et bien moi justement je pensais qu'un(e) gran(d)e "fan" de Chopin pourrait nous apporter un éclairage différent sur son interprétation plutôt que le compte rendu d'un "fan" tout acquis à sa cause !Lee a écrit : ven. 30 mars, 2018 16:52Je pense qu'il vaut mieux que ça soit un fan plutôt que moi...si aucun fait bientôt, je m'attelerai, Oupsi, ne te languis pas !
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Modifié en dernier par pianojar le ven. 30 mars, 2018 19:49, modifié 1 fois.
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Re: Lucas Debargue
Je suis très nouvelle sur Pianomajeur mais je suis le fil de Lucas Debargue depuis longtemps. Il me semble que la vocation de ce forum est d'offrir une tribune à ceux qui souhaitent s'exprimer (positivement ou négativement, peu importe) sur des sujets en lien avec le piano, en l’occurrence ici sur Lucas Debargue.Lee a écrit : ven. 30 mars, 2018 16:52Je pense qu'il vaut mieux que ça soit un fan plutôt que moi...si aucun fait bientôt, je m'attelerai, Oupsi, ne te languis pas !
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Pour la multitude de ceux qui ne souhaitent pas s'exprimer ou qui n'ont rien à dire, il y a l'option du silence qui s'impose de soi.
On ne va supplier ni Lee, ni quiconque, d'écrire un compte-rendu qu'il/elle n'a pas envie d'écrire.
C'est sans doute en "fangirl" que j'interviens mais je ne me languis de rien, sachant que Lucas Debargue a des habiletés d'homme d’affaire quand il s'agit de faire sa promo et que tôt ou tard, je trouverai sur le Net l'occasion d'apprécier sa nouvelle création et son interprétation du 1er concerto de Chopin.
Quant aux questions à lui poser en cas d'éventuelle rencontre, Lucas ne cesse de répéter que sa langue est la musique et que c'est à travers elle qu'il peut s'exprimer le plus authentiquement. Donc, les questions semblent plutôt une préoccupation accessoire.
Re: Lucas Debargue
Remarque, je lui arracherais bien son Steinway, moi, à Lucas....Oupsi a écrit : ven. 30 mars, 2018 17:43 pour moi les "fan" c'est les fanatiques qui se jettent sur les rocks stars pour leur arracher leur guitare ou caleçon.

Son caleçon, en revanche, non merci, les miens me suffisent...
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Re: Lucas Debargue
J’en deduis que tu as de gros bras, car « arracher un Steinway »... 
Combien ? 200kg ?

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Re: Lucas Debargue
De plus en plus difficile pour moi de faire un compte rendu de ses concerts parce qu'il occupe une place toute particulière dans mon"panthéon" des musiciens et que d'autres plumes sont bien plus habiles que moi que ce soit sur le fond ou la forme
En ce qui concerne Chopin, il a livré encore une fois une interprétation qui va certainement diviser. Un Chopin très allant mais avec une grande légèreté de toucher, assez peu de pédale et des entrées impeccables par rapport au quintette. Une manière assez particulière de rythmer ses traits.
Je ne veux pas comparer avec d'autres pianistes car je ne connais pas assez bien la discographie mais je pense que Lee sera plus à même de vous éclairer là dessus
Le plat de résistance :
Quatuor symphonique pour violon, alto, violoncelle et piano (très tendu, langsamer satz, Zouk)
Une oeuvre assez monumentale déjà par sa durée (près de 50 mn)
J'avais eu la chance déjà d'assister à la création de son trio à Beauvais (joué depuis à Vuitton) et ces deux oeuvres sont bien différentes. Le trio était plus simple dans sa structure et son écriture (enfin il me semble). Là on a une oeuvre qui part dans beaucoup de directions et où on peut ressentir des influences très diverses (Gershwin, Profofiev, Mahler .....) notamment dans le 3ème mouvement. Pour j(a)uger une telle oeuvre des écoutes supplémentaires seraient bien sûr nécessaires (ceci dit on a eu la chance que la fin du 3ème mvt soit bissée).
Ces influences diverses viennent néanmoins nourrir une écriture très personnelle et qui semble s'affirmer d'oeuvre en oeuvre (voir en page 1 pour les différentes compositions déjà jouées de Lucas).
Voilà, ce compte rendu va certainement vous laisser sur votre faim, car il ne vous apprend pas grand chose mais le mieux sera d'aller écouter cette même oeuvre au TCE la saison prochaine.
Sinon plus généralement je ne peux que marcher dans les pas de jean-séb pour vous conseiller d'aller la saison prochaine à Cortot car il y a des concerts vraiment fabuleux pour des prix très modiques et cette salle a réellement une belle acoustique pour la musique de chambre et ce quelque soit l'emplacement.
En ce qui concerne Chopin, il a livré encore une fois une interprétation qui va certainement diviser. Un Chopin très allant mais avec une grande légèreté de toucher, assez peu de pédale et des entrées impeccables par rapport au quintette. Une manière assez particulière de rythmer ses traits.
Je ne veux pas comparer avec d'autres pianistes car je ne connais pas assez bien la discographie mais je pense que Lee sera plus à même de vous éclairer là dessus
Le plat de résistance :
Quatuor symphonique pour violon, alto, violoncelle et piano (très tendu, langsamer satz, Zouk)
Une oeuvre assez monumentale déjà par sa durée (près de 50 mn)
J'avais eu la chance déjà d'assister à la création de son trio à Beauvais (joué depuis à Vuitton) et ces deux oeuvres sont bien différentes. Le trio était plus simple dans sa structure et son écriture (enfin il me semble). Là on a une oeuvre qui part dans beaucoup de directions et où on peut ressentir des influences très diverses (Gershwin, Profofiev, Mahler .....) notamment dans le 3ème mouvement. Pour j(a)uger une telle oeuvre des écoutes supplémentaires seraient bien sûr nécessaires (ceci dit on a eu la chance que la fin du 3ème mvt soit bissée).
Ces influences diverses viennent néanmoins nourrir une écriture très personnelle et qui semble s'affirmer d'oeuvre en oeuvre (voir en page 1 pour les différentes compositions déjà jouées de Lucas).
Voilà, ce compte rendu va certainement vous laisser sur votre faim, car il ne vous apprend pas grand chose mais le mieux sera d'aller écouter cette même oeuvre au TCE la saison prochaine.
Sinon plus généralement je ne peux que marcher dans les pas de jean-séb pour vous conseiller d'aller la saison prochaine à Cortot car il y a des concerts vraiment fabuleux pour des prix très modiques et cette salle a réellement une belle acoustique pour la musique de chambre et ce quelque soit l'emplacement.
Re: Lucas Debargue
Merci beaucoup Pianojar. J'aimerais te poser une question, est-ce qu'en écoutant cette œuvre, tu as senti que c'était écrit par un homme d'aujourd'hui (d'une manière ou d'une autre, pour quelque raison que ce soit, même inexplicable ou inexpliquée), ou est-ce "flottant"? ou ni l'un ni l'autre, ou la question ne se pose pas pour toi ou te paraît infondée?
Re: Lucas Debargue
Vous avez tellement parlé de lui, et j'ai vu des images et des interviews (pas beaucoup mais un peu ici et là) j'attendais presque un géant. Donc quand il est entré en scène, j'étais frappée par comment il fait très jeune comme un garçon et sec comme un os. Sa costume semblait déplacée probablement pour cette raison, je ne pense pas qu'une costume peut aller bien sur lui, c'est comme il ne la remplit pas complètement.
Il bougeait beaucoup avec la musique, même avant de jouer. Je trouvais que ses mains et ses doigts montaient beaucoup, parfois ça me rappelait les photos de Thelonius Monk, pas aussi grave, mais la voute très haute, et les doigts montaient verticalement parfois. Il joue avec beaucoup d'energie et souvent pendant le Chopin surtout avec les trilles et les gammes et les moments rapides, j'entendais du jazz. Le dernier mouvement du concerto il tapait carrément le pied plusieurs fois comme si c'était une partie de la musique, on dirait que c'était une musique moderne qui doit être dansé, il radiait la joie, c'était infectieux. Son jeu était vif, frais, sylphide. A la pause j'ai sondé les admirateurs de Debargue pour savoir si on entend le jazz aussi, en gros on entend tous, un peu ou beaucoup.
Pianojar a bien résumé le quatuor, il y avait des moments saississants mais les deux premiers mouvements me semblaient très morcelés, un ami avait été plus sévère, il parlait de rembourrage. Par contre le dernier mouvement était très unifié même s'il était très écléctique avec un thème dans les graves accrocheur.
Je suis très contente que la Centre de Musique de Chambre ont réussi à rassembler les fonds qu'ils en avaient besoin, comme Jérôme Pernoo a précise, c'était un très beau cadeau de la part de Lucas, je les félicite.
Il bougeait beaucoup avec la musique, même avant de jouer. Je trouvais que ses mains et ses doigts montaient beaucoup, parfois ça me rappelait les photos de Thelonius Monk, pas aussi grave, mais la voute très haute, et les doigts montaient verticalement parfois. Il joue avec beaucoup d'energie et souvent pendant le Chopin surtout avec les trilles et les gammes et les moments rapides, j'entendais du jazz. Le dernier mouvement du concerto il tapait carrément le pied plusieurs fois comme si c'était une partie de la musique, on dirait que c'était une musique moderne qui doit être dansé, il radiait la joie, c'était infectieux. Son jeu était vif, frais, sylphide. A la pause j'ai sondé les admirateurs de Debargue pour savoir si on entend le jazz aussi, en gros on entend tous, un peu ou beaucoup.
Un moment dans le premier mouvement, oui, j'étais très touchée, mais pour seulement un moment, l'herbe était rapidement coupé de mes pieds de suite, l'état de transe que Chopin me fait habituellement ne pouvait pas être, c'était Debargue avant tout, son jeu est là à chaque instant, avec quelques petits soupçons d'un compositeur romantique, c'était comme j'entendais une autre oeuvre, mais au moins c'était frais et originale. Mais la magnificence, la grâce, l'intimité, l'émotion, la beauté de la tendresse que je retrouve normalement en Chopin...non, je n'ai pas ressenti, je n'avais pas vraiment entendu, j'avais l'impression d'entendre un autre compositeur. Je précise avoir jamais entendu la transcription pour piano et quintette, je me demande même si on avait enlevé beaucoup de ces moments de grâce...
Pianojar a bien résumé le quatuor, il y avait des moments saississants mais les deux premiers mouvements me semblaient très morcelés, un ami avait été plus sévère, il parlait de rembourrage. Par contre le dernier mouvement était très unifié même s'il était très écléctique avec un thème dans les graves accrocheur.
Je suis très contente que la Centre de Musique de Chambre ont réussi à rassembler les fonds qu'ils en avaient besoin, comme Jérôme Pernoo a précise, c'était un très beau cadeau de la part de Lucas, je les félicite.
Modifié en dernier par Lee le sam. 31 mars, 2018 4:33, modifié 1 fois.
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Re: Lucas Debargue
Merci Lee, du fond du coeur, tu me fais un immense plaisir. Je ne me souviens pas avoir déjà lu un compte rendu de concert sous ta plume, mais tu as vraiment un talent pour ça ! C'est vivant, imagé, chaleureux... Et ton point de vue est très intéressant. Merci beaucoup.Lee a écrit : sam. 31 mars, 2018 0:47 Vous avez tellement parlé de lui, et j'ai vu des images et des interviews (pas beaucoup mais un peu ici et là) j'attendais presque un géant. Donc quand il est entré en scène, j'étais frappé par comment il fait très jeune comme un garçon et sec comme un os. Sa costume semblait déplaçait probablement pour cette raison, je ne pense pas qu'une costume peut aller bien sur lui, c'est comme il ne le remplit pas.
Il bougeait beaucoup avec la musique, même avant de jouer. Je trouvais ses mains et ses doigts montaient beaucoup, parfois j'étais rappelé aux photos de Thelonius Monk, pas aussi grave, mais la voute très haute, et les doigts montaient verticalement parfois. Il joue avec beaucoup d'energie et souvent pendant le Chopin surtout avec les trilles et les gammes et les moments rapides, j'entendais du jazz. Le dernier mouvement du concerto il tapait carrément le pied plusieurs fois comme si c'était une partie de la musique, on dirait que c'était une musique moderne qui doit être dansé, il radiait la joie, c'était infectieux. Son jeu était vif, frais, sylphide. A la pause j'ai sondé les admirateurs de Debargue pour savoir si on entend le jazz aussi, en gros on entend tous, un peu ou beaucoup.
Un moment dans le premier moment, oui, j'étais très touchée, mais pour seulement un moment, l'herbe était rapidement coupé de mes pieds de suite, l'état de transe que Chopin me fait habituellement ne pouvait pas être, c'était Debargue avant tout, son jeu est là à chaque moment, avec quelques petits soupçons d'un compositeur romantique, c'était comme j'entendais une autre oeuvre, mais au moins c'était frais et originale. Mais la magnificence, la grâce, l'intimité, l'émotion, la beauté de la tendresse que je retrouve normalement en Chopin...non, je n'ai pas ressenti, je n'avais pas vraiment entendu, j'avais l'impression d'entendre un autre compositeur. Je précise avoir jamais entendu la transcription pour piano et quintette, je me demande même si on avait enlevé beaucoup de ces moments de grâce...
Pianojar a bien résumé le quatuor, il y avait des moments saississants mais les deux premiers mouvements me semblaient très morcelés, un ami avait été plus sévère, il parlait de rembourrage. Par contre le dernier mouvement était très unifié même s'il était très éléctique avec un thème dans les graves accrocheur.
Je suis très contente que la Centre de Musique de Chambre ont réussi à rassembler les fonds qu'ils en avaient besoin, comme Jerome Pernoo a précise, c'était un très beau cadeau de la part de Lucas, je les félicite.
Re: Lucas Debargue
De rien, Virgule, j'avais beaucoup de mal avec des mots en anglais qui me sont venus sans traductions satisfaisantes, par exemple sprightly, lanky, boyish...
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Re: Lucas Debargue
Merci Pianojar pour ce compte rendu étoffé. Tu n'as absolument pas à t'excuser de ta plume, c'est un plaisir de te lire. Il sera intéressant de discuter plus tard du quatuor, car je vois sur la page fb 'de' Lucas que la performance en sera bientôt disponible en entier à la réécoute, sans doute sur la page fb du Centre de musique de chambre de Paris (j'espère dans un meilleur son que ce qu'on entend dans la vidéo du bis qu'on y trouve déjà mais bon, on va pas chichiter).pianojar a écrit : ven. 30 mars, 2018 21:39 De plus en plus difficile pour moi de faire un compte rendu de ses concerts parce qu'il occupe une place toute particulière dans mon"panthéon" des musiciens et que d'autres plumes sont bien plus habiles que moi que ce soit sur le fond ou la forme
En ce qui concerne Chopin, il a livré encore une fois une interprétation qui va certainement diviser. Un Chopin très allant mais avec une grande légèreté de toucher, assez peu de pédale et des entrées impeccables par rapport au quintette. Une manière assez particulière de rythmer ses traits.
Je ne veux pas comparer avec d'autres pianistes car je ne connais pas assez bien la discographie mais je pense que Lee sera plus à même de vous éclairer là dessus
Le plat de résistance :
Quatuor symphonique pour violon, alto, violoncelle et piano (très tendu, langsamer satz, Zouk)
Une oeuvre assez monumentale déjà par sa durée (près de 50 mn)
J'avais eu la chance déjà d'assister à la création de son trio à Beauvais (joué depuis à Vuitton) et ces deux oeuvres sont bien différentes. Le trio était plus simple dans sa structure et son écriture (enfin il me semble). Là on a une oeuvre qui part dans beaucoup de directions et où on peut ressentir des influences très diverses (Gershwin, Profofiev, Mahler .....) notamment dans le 3ème mouvement. Pour j(a)uger une telle oeuvre des écoutes supplémentaires seraient bien sûr nécessaires (ceci dit on a eu la chance que la fin du 3ème mvt soit bissée).
Ces influences diverses viennent néanmoins nourrir une écriture très personnelle et qui semble s'affirmer d'oeuvre en oeuvre (voir en page 1 pour les différentes compositions déjà jouées de Lucas).
[...]
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Re: Lucas Debargue
Mais tu vois, c'est exactement le sens de ces mots que j'ai perçu dans ton texte en français, alors tu vois tu te débrouilles très bienLee a écrit : sam. 31 mars, 2018 4:32 De rien, Virgule, j'avais beaucoup de mal avec des mots en anglais qui me sont venus sans traductions satisfaisantes, par exemple sprightly, lanky, boyish...

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Re: Lucas Debargue
Appogiature, Lee a répondu à l'appel - non parce qu'elle s'est sentie obligée, mais par amitié, parce que ce forum n'est pas une tribune, justement, mais plutôt un lieu de partage et d'échange entre passionnés, de surcroit de passionnés dont plusieurs se sont rencontrés et ont tissé des liens qu'ils et elles aiment à entretenir.Appogiature a écrit : ven. 30 mars, 2018 19:35 Il me semble que la vocation de ce forum est d'offrir une tribune à ceux qui souhaitent s'exprimer [...]
On ne va supplier ni Lee, ni quiconque, d'écrire un compte-rendu qu'il/elle n'a pas envie d'écrire.
Re: Lucas Debargue
Quel plaisir de lire ce compte rendu, Lee, merci beaucoup! C'est très vivant et ça donne la sensation presque d'y avoir été.
Je crois que je perçois ce que tu veux dire avec le Quatuor. En te lisant j'ai pensé que l'art de dire beaucoup avec peu de notes et d'être intense tout en étant simple est un art de la maturité, le plus souvent; là on dirait que c'est la fougue un peu désordonnée de la jeunesse qui s'exprime. A suivre, donc !
Je crois que je perçois ce que tu veux dire avec le Quatuor. En te lisant j'ai pensé que l'art de dire beaucoup avec peu de notes et d'être intense tout en étant simple est un art de la maturité, le plus souvent; là on dirait que c'est la fougue un peu désordonnée de la jeunesse qui s'exprime. A suivre, donc !

- jean-séb
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Re: Lucas Debargue
Merci beaucoup pour ces comptes rendus. Quand Lucas Debargue avait présenté son quatuor la semaine dernière, il s'était presque excusé pour le caractère disproportionné et protéiforme du premier mouvement, disant qu'il était resté plus focalisé pour les deuxième et troisième mouvements. À l'écoute, j'avais quand même trouvé le premier mouvement très puissant et bien construit malgré le fourmillement d'idées. Le troisième mouvement m'avait paru en revanche assez composite, pas loin du collage. Pour répondre à Oupsi, on sent en écoutant cette musique que c'est un compositeur contemporain essentiellement à cause des emprunts au vocabulaire musical du jazz ou de la variété et de la comédie musicale (particulièrement dans le 3e mvt) mais la structure du morceau, son agencement, son style d'ensemble restent résolument classiques (post-romantiques pour moi).
Re: Lucas Debargue
Ah, merci Jean-Seb, c'est très intéressant. Je trouve que notre époque est étrange : quand on y pense, le collage, la comédie musicale, le jazz, la variété, etc., en gros ce sont des formes et des styles qui ont entre un siècle et trente ans d'existence. Aujourd'hui, nous considérons encore comme un geste contemporain le fait de s'inspirer de ces langages. Mais si on pense par exemple à la durée qui sépare mettons Haydn de Beethoven; ou Brahms de Debussy, on voit là une intensification du temps et un déploiement de nouvelles formes bien plus rapides qu'aujourd'hui, en tout cas si on prend le type de musique que compose Debargue, si j'ai bien compris.
Par exemple, un siècle à peine sépare la date de décès de Bach de celle de Mendelssohn. On dit de ce dernier qu'il a redécouvert Bach, l'a remis au goût du jour, etc., comme si ce siècle écoulé avait suffi à enterrer Bach, à le faire presque oublier comme chose ancienne et poussiéreuse et incompréhensible hors l'étude quasi secrète de ses partitions par quelques compositeurs; alors que pas grand-chose de notre 20e siècle n'est enterré encore, et peut-être que pas grand-chose ne nous en a fait sortir en fait, ou alors nous ne le savons pas, ou nous ne l'aimons pas, ou encore nous avons du mal à le partager. Mais bon, c'est peut-être un hors sujet, ou pas, puisque Debargue est aussi compositeur. En tout cas mon intention n'est pas de relancer le débat pour ou contre contemporain/atonal etc. C'est plus le passage du temps, sa signification pour la transformation du langage musical qui m'intéresse ici, tel qu'incarné par un compositeur de moins de trente ans.
Par exemple, un siècle à peine sépare la date de décès de Bach de celle de Mendelssohn. On dit de ce dernier qu'il a redécouvert Bach, l'a remis au goût du jour, etc., comme si ce siècle écoulé avait suffi à enterrer Bach, à le faire presque oublier comme chose ancienne et poussiéreuse et incompréhensible hors l'étude quasi secrète de ses partitions par quelques compositeurs; alors que pas grand-chose de notre 20e siècle n'est enterré encore, et peut-être que pas grand-chose ne nous en a fait sortir en fait, ou alors nous ne le savons pas, ou nous ne l'aimons pas, ou encore nous avons du mal à le partager. Mais bon, c'est peut-être un hors sujet, ou pas, puisque Debargue est aussi compositeur. En tout cas mon intention n'est pas de relancer le débat pour ou contre contemporain/atonal etc. C'est plus le passage du temps, sa signification pour la transformation du langage musical qui m'intéresse ici, tel qu'incarné par un compositeur de moins de trente ans.
- jean-séb
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Re: Lucas Debargue
Peut-être que l'existence des enregistrements (disques et radios) qui nous inondent de musique du passé nous rend plus difficile ou plus lente la transition vers une nouvelle forme de musique. Notre oreille est très imprégnée.
Re: Lucas Debargue
Oui, c'est un débat éternel aussi, si les prédécesseurs rendent la tâche de créer plus facile, un foisonnement, ou un fardeau, de comment surmonter les grands. C'est peut-être la raison d'être des mouvements très décidés comme Schoenberg, pour être libéré du passé.
L'oeuvre de Debargue me semblait décomplexée à cet égard, j'entendais jazz, rock, des clins d'oeil à Gershwin dans le dernier mouvement, peut-être Bortkiewicz à la fin du premier mouvement. J'entendais Prokofiev aussi mais probablement juste parce qu'il aime les passages forts et martelés ! À un moment donné je me demandais si son Frenchiness entendais ou l'influence russe, mais pas vraiment, ni des deux. Pendant le deuxième mouvement il y avait de lignes d'échange émouvants entre le violoncelle et le piano, c'était peut-être le meilleur moment du quatuor pour moi.
L'oeuvre de Debargue me semblait décomplexée à cet égard, j'entendais jazz, rock, des clins d'oeil à Gershwin dans le dernier mouvement, peut-être Bortkiewicz à la fin du premier mouvement. J'entendais Prokofiev aussi mais probablement juste parce qu'il aime les passages forts et martelés ! À un moment donné je me demandais si son Frenchiness entendais ou l'influence russe, mais pas vraiment, ni des deux. Pendant le deuxième mouvement il y avait de lignes d'échange émouvants entre le violoncelle et le piano, c'était peut-être le meilleur moment du quatuor pour moi.
Modifié en dernier par Lee le sam. 31 mars, 2018 10:05, modifié 2 fois.
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Re: Lucas Debargue
Je suis toujours étonnée que ça apporte quelque chose aux autres, surtout concernant les pros très connus qu'on peut un jour aller voir ou revoir. Sur le forum je fais parfois plutôt pour les amateurs ou les pros moins connus pour encourager d'autres d'aller les écouter. J'avoue ne pouvoir "revivre" un concert en lisant un CR (c'est pourquoi plus haut on parlait de blabla, c'est un petit peu ça pour moi tant que je n'ai pas entendu le concert en question), mais quand c'est très conseillé par un.e ami.e, ça peut me donner l'idée d'aller le voir moi-même.Virgule a écrit : sam. 31 mars, 2018 0:59 Je ne me souviens pas avoir déjà lu un compte rendu de concert sous ta plume
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Re: Lucas Debargue
Ah merci Lee pour ce retour! Je suis heureuse que tu aies fait le pas du récital et que tu aies accepté, malgré les réticences que j'ai cru lire dans tes derniers compte-rendus, de restituer sincèrement ton ressenti.Lee a écrit : sam. 31 mars, 2018 9:22 Oui, c'est un débat éternel aussi, si les prédécesseurs rendent la tâche de créer plus facile, un foisonnement, ou un fardeau, de comment surmonter les grands. C'est peut-être la raison d'être des mouvements très décidés comme Schoenberg, pour être libéré du passé.
L'oeuvre de Debargue me semblait décomplexée à cet égard, j'entendais jazz, rock, des clins d'oeil à Gershwin dans le dernier mouvement, peut-être Bortkiewski à la fin du premier mouvement. J'entendais Prokofiev aussi mais probablement juste parce qu'il aime les passages forts et martelés ! À un moment donné je me demandais si son Frenchiness entendais ou l'influence russe, mais pas vraiment, ni des deux. Pendant le deuxième mouvement il y avait de lignes d'échange émouvants entre le violoncelle et le piano, c'était peut-être le meilleur moment du quatuor pour moi.
A propos de Chopin, Je ne suis pas étonnée que tu aies eu par moment l'impression d'entendre un autre compositeur. On a parfois l'impression de re-création sous les doigts de Lucas Debargue et cela doit être particulièrement vrai pour Chopin dont il souhaite dépoussiérer l'image romantique parfois un peu lénifiante.
Quant au quatuor, c'est la forme réputée la plus exigeante à l'écriture et c'est la preuve que Lucas cherche la vraie difficulté. Je me réjouis de pouvoir bientôt l'écouter sur le Net. Je suis absolument incompétente pour parler de composition mais je pense que la pléthore de moyens audio actuels crée une sorte d'imprégnation sonore qui enrichit les références des compositeurs actuels mais, parallèlement, rend l'accès à leur singularité créatrice beaucoup plus longue, d'autant plus pour un talent comme Lucas Debargue dont l'oreille est un vrai buvard. Dans ce sens, son immense facilité doit parfois le desservir, avec la nécessité d'un long travail d’élagage, de recentrage, disons d'écoute interne.