Jacques Béziat a écrit : dim. 18 févr., 2018 12:45
Je viens de tomber sur une vidéo avec Khatia, à Royan.
Regardez sa façon de tourner la tête vers la flûtiste à 0'50", il est rare qu'un pianiste se tourne vers un soliste ! Et de quelle manière !
Calcul médiatique ou geste instinctif, respect et intérêt pour le soliste, pour les évènements du déroulement du morceau, j'écarte de manière positive l'hypothèse du calcul.
Dans ses concerts elle communique aussi beaucoup avec le chef, et dans ce cas avec le soliste, remarquable, inhabituel, très scénique, et une forme de respect, enfin je le traduis ainsi.
Dans son CD de Rachmaninof, le piano n'est pas en avant-plan, elle-même a expliqué qu'elle avait voulu mettre l'orchestre en avant.
Je trouve que cela fait beaucoup pour battre en brèche un prétendu égocentrisme forcené, même si bien sûr on peut imaginer qu'il faille une volonté de fer pour parvenir à ce niveau technique.
Je plussoie. Il semble que les musiciens d’orchestre ont une grande affection pour Khatia. Il y a aussi sur YouTube des vidéos des « encore » après les concerti et dans les yeux les musiciens qu’on voit juste derrière elle, il y a souvent une expression inénarrable.
En plus de son immense talent, j’ai l’impression que c’est une personne adorable.
je crois que c'est une "nature", qu'elle ne se fait pas des noeuds à la tête pour savoir ce que les gens pensent d'elle malgré tout le marketing dont elle est entourée et qu'elle assume aisément...., elle me semble positive, sincère et très naturelle (malgré un côté sophistiqué dans l'apparence et les tenues). On retrouve ces qualités dans son jeu, ce qui séduit le plus souvent mais peut aussi désarçonner parfois.
Spianissimo a écrit : dim. 18 févr., 2018 13:35
je crois que c'est une "nature", qu'elle ne se fait pas des noeuds à la tête pour savoir ce que les gens pensent d'elle malgré tout le marketing dont elle est entourée et qu'elle assume aisément...., elle me semble positive, sincère et très naturelle (malgré un côté sophistiqué dans l'apparence et les tenues). On retrouve ces qualités dans son jeu, ce qui séduit le plus souvent mais peut aussi désarçonner parfois.
C'est aussi l'impression que j'ai, elle veut rester elle-même, tout simplement.
Il est clair qu'elle se positionne en dehors des codes habituels, on parle depuis des décennies de dépoussiérage de la musique classique, voici une façon simple de renouveler l'approche, sans l'esbroufe à la Lang Lang, dans la dignité, le respect, de manière certes extravertie mais assumée.
Je crois que Khatia Buniatishvili est une ambassadrice idéale pour promouvoir la musique classique, tout comme l'organisation de ce type de concert en plein air (même si on peut bien sûr ergoter sur l'acoustique).
Je me dis en effet que certains jeunes spectateurs auront découvert et appréciés cette musique, qu'ils auront ensuite envie de l’approfondir, et peut-être un jour de l'apprécier dans l'atmosphère feutrée (trop ?) d'une salle de concert. Bravo donc!
Dans la vidéo, le fait de se tourner vers la flûtiste me suggère une autre pensée.
C'est un orchestre symphonique, mais comme dans un trio de jazz ou de rock où on se tourne volontiers vers le soliste pour écouter son solo, ici cela signifie : OK, voici le superbe thème principal, au piano cette fois c'est moi qui soutiens le thème, ce n'est plus moi la vedette à cet instant, et j'ai envie d'écouter fuser la mélodie en regardant le soliste, j'ai envie d'être comme le public, même dans le public cela a dû étonner.
Et sa manière de le faire, comme envoûtée... Et je crois qu'elle l'est, littéralement.
Cela ne se fait pas en classique puisqu'on doit rester concentré sur soi et son clavier, ou juste fermer les yeux, mais elle le fait, parce qu'elle en a juste envie, elle reste libre, cassant les codes.
Remarquable.
Une autre vidéo où on la voit faire ce que jacques décrit :
Et quelle magistrale performance de ce concerto! Dommage que le son de la vidéo ait de la distorsion.
Je souscris à ce que disent Jacques Béziat, Spianissimo et Musiclover ci-dessus.
J’ajouterais ceci : Khatia Buniatishvili n’est pas une « pianiste », c’est une grande musicienne qui joue - merveilleusement bien - du piano.
A force de lire des critiques et commentaires négatifs sur elle, j’ai commencé à douter de mon appréciation: mon jugement serait-il influencé par des éléments non musicaux? Du coup j’ai repris la video du récital iTunes Festival que j’avais posté précédemment et je l’ai laissé jouer sans regarder l’image. C’etait époustouflant, peut-être même plus qu’avec l’image, justement. Une musicalité rare, de l’emotion, de la profondeur.
Je pense qu’elle a en fait une grande maturité pour 30 ans. Après, il lui arrive de faire du déchet, notamment sur les pièces d’hyper-virtuosité, mais franchement, la juger sur ces moments, disons, d’égarement, je trouve ça à côté de la plaque.
Parfois elle me tire pratiquement des larmes, par l’intensité émotionnelle qu’elle met dans les pièces. Exemple son interprétation de bwv 208 de Bach/Petri.
Je souscris à 100% à cela et je regrette un peu que son dernier concert à la philharmonie ait eu une orientation trop virtuose dans le choix du programme
FKA quasimodo a écrit : dim. 18 févr., 2018 20:48
Je souscris à ce que disent Jacques Béziat, Spianissimo et Musiclover ci-dessus.
J’ajouterais ceci : Khatia Buniatishvili n’est pas une « pianiste », c’est une grande musicienne qui joue - merveilleusement bien - du piano.
A force de lire des critiques et commentaires négatifs sur elle, j’ai commencé à douter de mon appréciation: mon jugement serait-il influencé par des éléments non musicaux? Du coup j’ai repris la video du récital iTunes Festival que j’avais posté précédemment et je l’ai laissé jouer sans regarder l’image. C’etait époustouflant, peut-être même plus qu’avec l’image, justement. Une musicalité rare, de l’emotion, de la profondeur.
Je pense qu’elle a en fait une grande maturité pour 30 ans. Après, il lui arrive de faire du déchet, notamment sur les pièces d’hyper-virtuosité, mais franchement, la juger sur ces moments, disons, d’égarement, je trouve ça à côté de la plaque.
Parfois elle me tire pratiquement des larmes, par l’intensité émotionnelle qu’elle met dans les pièces. Exemple son interprétation de bwv 208 de Bach/Petri.
Mais oui. C'est ça qui compte. Certes, d'un côté sa manière de jouer de son aspect médiatique peut énerver ; d'un autre côté elle a l'air fort sympathique, mais tout ça ne dit rien de son talent d'instrumentiste et de musicienne. Quand on ne se concentre que là-dessus, on voit qu'il est grand, même si elle ne l'utilise pas toujours fort à propos.
Je suis en train d’écouter à la suite Lugansky (que j’aime beaucoup) et Buniatishvili dans « Octobre » de Tchaikovsky.
L’interprétation de Lugansky est tout-à-fait respectable et agréable mais Khatia est sublime, sur une autre planète.
C’est saisissant cette aptitude transcendentale qu’elle a pour démultiplier la musicalité des oeuvres.
Il est clair qu'elle se laisse complètement submerger par ce qu'elle interprète, à la différence d'autres pianistes plus « pudiques », un peu plus distants vis à vis des émotions.
Elle, elle y va complètement, corps et âme, c'est assez impressionnant à ce niveau, c'est un « animal » plein de fougue, une tigresse amoureuse !!
Après, on aime ou on n'aime pas, on a le droit de préférer un autre style.
Quant à moi, son CD de Rachmaninof est devenu mon CD de chevet, mais j'en aime d'autres également.
Jacques Béziat a écrit : dim. 18 mars, 2018 13:10
Il est clair qu'elle se laisse complètement submerger par ce qu'elle interprète, à la différence d'autres pianistes plus « pudiques », un peu plus distants vis à vis des émotions.
Elle, elle y va complètement, corps et âme, c'est assez impressionnant à ce niveau, c'est un « animal » plein de fougue, une tigresse amoureuse.
Je suis d’accord avec cela, et en même temps ce n’est pas une interprète qui « s’injecte » dans l’oeuvre de manière intempestive (l’exemple extrême du type étant Glenn Gould). Au contraire, elle a absorbé l’oeuvre, l’a comprise à un niveau viscéral et pas seulement conceptuel.
Du coup l’interprétation est profondément personnelle mais dénuée de maniérisme. J’aurais tendance à la mettre dans la même catégorie que Vladimir Horowitz.
Evgeny Kissin était un enfant prodige, il a donné il a joué un concerto de Mozart avec orchestre à 10 ans et à 12 ans les deux concertos de Chopin. Les concours (en général) sont pour promouvoir les carrières des concertistes qui ne sont pas encore sur la scène internationale ou célèbre ou demandé en concerts. Donc Kissin n'avait pas "besoin" de faire les concours, il avait la chance d'avoir une carrière dès un très jeune âge.
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
Je ne comprends ni ce que dit Presto dans l'encadré, ni ta réponse. Lumières SVP
Tatafanfan
Pour montrer que les médailles de concours ne sont pas forcément un indice fiable ni indispensable de la qualité d'un pianiste, Presto citait Kissin - sous-entendu : voilà un excellent pianiste qui n'a pourtant pas remporté beaucoup de concours.
Et comme je ne suis vraiment pas fan de Kissin, profitant de la perche, j'ai souligné que je trouvais ça normal.
Je ne comprends ni ce que dit Presto dans l'encadré, ni ta réponse. Lumières SVP
Tatafanfan
Pour montrer que les médailles de concours ne sont pas forcément un indice fiable ni indispensable de la qualité d'un pianiste, Presto citait Kissin - sous-entendu : voilà un excellent pianiste qui n'a pourtant pas remporté beaucoup de concours.
Et comme je ne suis vraiment pas fan de Kissin, profitant de la perche, j'ai souligné que je trouvais ça normal.
OK, j'ai compris, c'était un peu elliptique. Il est évident que sur les milliers de membres de PM, nous ne serons pas tous et toutes d'accord sur qui est (ou pas) un(e) bon(ne) pianiste à nous yeux ou surtout à nos oreilles et à notre COEUR.....
Tatafanfan
Les aliens nous ont apporté la musique. Fox Mulder