Jouer une pièce dans sa tête. Comment débuter ?

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mailibu
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Jouer une pièce dans sa tête. Comment débuter ?

Message par mailibu »

Bonjour,

J'ai trouvé dans une faq un conseil recommandant de mémoriser une pièce de telle manière qu'on puisse se la jouer dans sa tête. C'est là quelque chose que je n'ai pas encore réussi à mettre en pratique. La première étape est sans doute de pouvoir "jouer" la pièce sur une table. Mais même cela me semble passablement difficile. Il est certainement plus aisé de se jouer la pièce mains séparées d'abord - mais jouer dans sa tête mains ensembles est-il vraiment possible ? -. Cela doit pourtant être sympa de pouvoir jouer ses pièces sans piano, juste pour le cas où l'on serait emprisonné par exemple :-) Comment voyez-vous le problème ?
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quasimodo
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Message par quasimodo »

La premiere etape c'est l'ecoute active en suivant la partition.
Ensuite "entendre" la piece dans sa tete AVEC TOUTES LES NOTES, commencer par des pieces courtes. On peut s'aider d'un metronome ou d'un Image pour s'assurer que le cerveau ne fait pas de fast forward.
A ce stade c'est plutot un processus auditif.

Apres c'est la visualisation du clavier dans la tete, pas evident, moi je n'y arrive pas.
Enfin c'est les doigts virtuels.
" On ne joue pas du piano avec deux mains : on joue avec dix doigts. Chaque doigt doit être une voix qui chante."

Samson François
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dominique
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Message par dominique »

Oui, bien sûr, de l'écoute active, et surtout apprendre à se chanter ce que l'on joue. Au début, déjà se chanter la mélodie, le plus souvent jouée à la main droite dans les pièces simples, puis, se chanter la mélodie sans la jouer mais en jouant la main gauche. De préférence, mettre comme paroles le nom des notes. Alors, beaucoup plus difficile, jouer la main droite en "chantant" le plus possible la main gauche. Je mets des " " car c'est souvent impossible, et là déjà, il faut l'imaginer.
Puis, commencer à s'imaginer jouant son morceau, dans une position calme et détendue, (par ex. dans son lit avant de dormir). Au début, vite le "trou" apparait. C'est l'endroit où le jeu sur le piano est uniquement "mécanique". Il faut alors aller voir sur la partition et apprendre à dire ce passage SANS le rejouer. Au début, si les doigts bougent en même temps, ça peut aider. Mais il vaut mieux réessayer sans les bouger.

Comme exercice, sans déjà penser un morceau, il est bon de jouer (dans sa tête) ses gammes, (toujours en se les chantant, pour bien repérer les 1/2 tons), puis des airs simples, monodiques tels que "au clair de la lune", "j'ai du bon tabac", mais en les transposant dans n'importe quelle tonalité. Toujours "voir" les touches en même temps. Puis y ajouter à la main gauche (toujours virtuelle) qques accords.
Attention que le mieux est que cela se fasse avec une bonne respiration, donc détendu corporellement, le mieux étant d'être allongé dans son lit.

Ceci est loin d'être exhaustif ! Mais l'effort "mental" que ça représente est vite récompensé par des progrès immenses.
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André Quesne
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Message par André Quesne »

Aurais-tu envie de commettre un délit Mailibut...
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dominique
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Message par dominique »

Sans aller jusqu'en prison, je pense à Clara Haskil, qui, en raison de sa scoliose, est restée chez les "allongés" à Berk, sans pouvoir toucher à un piano pendant 4 ans ! Elle a appris alors toutes les sonates de Mozart... (c'est peut-être une légende, mais je ne crois pas...)
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louna
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Message par louna »

J'ai l'habitude de faire ça.
Dominique décrit tout cela très bien, entendre la mélodie, et pour tout, toujours CHANTER. Le chant joue vraiment un role important, autant dans l'apprentissage, que dans la pratique.

Enfin, si je fais souvent cet exercice, mon piano n'est jamais très loin. Mais j'ai pratiqué cela aussi cet été lorsque j'étais en vacances sans piano, on a beau entendre, bouger ses doigts... :lol: Quelle frustration.
Mais excellent exercice.
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mailibu
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Message par mailibu »

dominique a écrit :Oui, bien sûr, de l'écoute active, et surtout apprendre à se chanter ce que l'on joue. Au début, déjà se chanter la mélodie, le plus souvent jouée à la main droite dans les pièces simples, puis, se chanter la mélodie sans la jouer mais en jouant la main gauche. De préférence, mettre comme paroles le nom des notes.
Pour chanter le nom des notes, faut-il les dire d'après ce que l'on entend dans sa tête (oreille absolue) ou faut-il avoir appris la suite des notes comme on apprend "fa do sol ré la mi si" ou "si mi la ré sol do fa" ?
dominique a écrit :Ceci est loin d'être exhaustif ! Mais l'effort "mental" que ça représente est vite récompensé par des progrès immenses.
Waouah ! Ca fait envie !

Encore une question Dominique. J'aimerais commencer à appliquer cela sur l'Invention no 4 de Bach, la première pièce que je travaille MS depuis le début. Mon choix est-il adéquat ?
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dominique
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Message par dominique »

mailibu a écrit : Encore une question Dominique. J'aimerais commencer à appliquer cela sur l'Invention no 4 de Bach, la première pièce que je travaille MS depuis le début. Mon choix est-il adéquat ?
Il est plus qu'adéquat, il est excellent !
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mailibu
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Message par mailibu »

dominique a écrit :Mais l'effort "mental" que ça représente est vite récompensé par des progrès immenses.
Un grand merci pour ces conseils ! Peux-tu préciser de quelles natures sont ces progrès immenses ?
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dominique
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Message par dominique »

mailibu a écrit :Un grand merci pour ces conseils ! Peux-tu préciser de quelles natures sont ces progrès immenses ?
C'est l'imagination de la pièce que tu travailles ainsi. Sa connaissance. Et ce qui se conçoit aisément s'énonce clairement. Ça t'apporte de la liberté de jeu et une grande garantie "anti trou noir" quand tu joues en public (à condition de ne pas être déconcentré par le stress). Maintenant, il faut également travailler la conscience du geste du doigt, qui comme il a été déjà dit doit s'articuler uniquement au niveau du métacarpe (articulation métacarpophalangienne) et vers le bas (ne pas remonter les doigts).
mailibu a écrit :Pour chanter le nom des notes, faut-il les dire d'après ce que l'on entend dans sa tête (oreille absolue) ou faut-il avoir appris la suite des notes comme on apprend "fa do sol ré la mi si" ou "si mi la ré sol do fa" ?
Il faut les avoir lues dans le texte en se les chantant, bien sûr, et prendre l'habitude de toujours nommer les notes que l'on se chante, ce qui développe l'oreille interne, mais qui est pour moi encore différent de l'oreille absolue, car il n'est pas très important d'être au diapason exact, mais au contraire de transposer facilement (oreille relative).
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