Jacques Béziat a écrit : jeu. 15 févr., 2018 18:49
Bonjour à tous,
Je n'ai pas trouvé de meilleur titre de sujet concernant les pianistes virtuoses que nous adorons, qui nous ont fait vibrer, qui nous ont peut-être donné envie de jouer au piano.
J'avais ouvert un fil sur le même sujet il y a quelques mois qui s'appelait "vos pianistes classiques préférés", il a dû disparaître dans les limbes

.
Content que tu rouvres cette discussion - j'aime bien les palmarès (n'est-ce pas Lee

), ça va me permettre d'actualiser ma liste des favoris.
Jacques Béziat a écrit : jeu. 15 févr., 2018 18:49
En musique classique, voici déjà mes goûts concernant quelques interprètes pianistes que je connais le mieux, sans tous les citer.
Quels sont les vôtres ?
- Arthur Rubinstein : cette belle posture, cette sobriété dans le geste et l'attitude, la classe, une référence.
Chopin, Liszt, sont les compositeurs que j'aime entendre chez lui.
- Vladimir Horowitz : un grand Monsieur, au fameux toucher ppp, même classe et élégance que le précédent.
- Sviatoslav Richter : inévitable pour Bach, entre autres.
- Gyorgy Cziffra : la réincarnation de Liszt.
- Arturo Benedetti Michelangeli : le raffinement, l'exigence absolue, la perfection.
- Emil Gilels : le dernier des romantiques.
- Maurizio Pollini : dans la mouvance de Michelangeli.
- Martha Argerich : la prodigieuse puissance de feu, la légende vivante.
- Krystian Zimerman : l'anti-star, et pourtant l'un des meilleurs pianistes vivants, admirateur de Michelangeli.
Il me reste à apprendre à mieux connaître ceux qui manquent dans cette liste : Brendel, Arrau, Kempff...
Belle liste, parmi les anciens, on a des points communs ! Enfin par pour tout, Cziffra, j'ai un peu de mal.
Chez les vieilles gloires, je dirais :
Mes références absolues :
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Gilels, que je trouve souverain dans quasiment tout ce que j'ai entendu - souvent meilleur en live qu'en studio d'ailleurs ;
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Michelangeli, qui comme Jacques l'écrivait, est sans doute le pianiste qui s'approche le plus de l'idée qu'on peut se faire de la perfection. Dommage que son répertoire enregistré soit si maigre (trop perfectionniste !), il paraît que son répertoire privé était immense.
Ceux que j'adore et que j'écoute très régulièrement ou que j'ai l'intention d'écouter de plus en plus :
Parmi les vieilles gloires soviétiques (il y en a tellement que je me sens obligé de faire une catégorie rien que pour eux) :
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Moiseiwitsch : toujours d'une suprême distinction ;
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Heinrich Neuhaus : un piano subtil qui chante comme peu d'autres ;
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Josef Lhévinne et Grigory Ginzburg : deux virtuoses au jeu cristallin irrésistible - du premier cité, on trouve très peu d'enregistrements mais ils sont tous hallucinants, notamment sur le plan technique. Voilà un bon candidat pour tordre le coup à l'idée qu'on entend aujourd'hui des pianistes plus virtuoses que jamais.
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Sofronitsky : radical, engagé, un piano gorgé de son et de couleurs comme j'en ai peu entendu. Le sommet dans la première ballade de Chopin, pour moi, c'est lui. Entendu aussi une interprétation solaire de l'impromptu D899 en sol b majeur de Schubert, extraordinaire, où le piano chante avec une puissance sidérante, qui ne ressemble à aucune autre.
-
Maria Grinberg : pour les amateurs de trésors du disque, son intégrale des sonates de Beethoven est la référence absolue. J'en ai écouté pas mal et je dois dire que c'est assez splendide - mais elle brille tout autant dans Mozart, Chopin, Schubert etc.
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Richter : j'ai mis du temps à m'y faire, mais j'entends de plus en plus d'enregistrements fascinants de lui (depuis le temps qu'on me le répète...). Il faut dire qu'il a tellement enregistré (en quantité et en étendue de répertoire) qu'il y a aussi bon nombre de captations de moins bonne facture.
- Enfin j'ai aussi entendu quelques enregistrements formidables de
Maria Yudina, mais dans d'autres j'ai du mal à être séduit par son piano très agressif.
Parmi les pianistes venus d'autres contrées :
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Claudio Arrau :Immense pianiste qui me subjugue par son toucher de velours et l'ampleur harmonique qu'il donne souvent à son piano - comme si parfois le piano chantait comme un choeur. Alors parfois, ses partis pris de lenteur et de décomposition donnent des interprétations un peu décousues, mais c'est souvent somptueux, dans Beethoven par exemple (l'op 53 !) ou Liszt (splendides études d'exécution transcendante - en particulier la n°7 Eroica).
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Annie Fischer : un piano très droit, un toucher assez percussif mais jamais brutal, un legato splendide - grande dame, surtout dans Beethoven et Mozart.
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Gieseking : formidable pianiste dont Bastien a bien résumé les grandes qualités en quelques mots. A commis entre autre des extraits des
Romances sans paroles de Mendelssohn qui sont vraiment à tomber par terre. Une référence pour le
Clavier bien tempéré également.
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Cortot : aérien, léger, cristallin, en particulier dans Chopin.
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Rudolf Serkin : pas le piano au son le plus séduisant mais un tel sens musical qu'il nous emmène très souvent avec lui.
Parmi les pianistes que je connais encore assez peu mais dont je veux entendre plus parce qu'ils m'ont beaucoup plu pour l'instant, Edwin Fischer, Josef Hofmann, Samson François, Marcelle Meyer, Solomon, Artur Schnabel sont en haut de ma liste.
Enfin, j'écoute Horowitz et Rubinstein avec plaisir mais parcimonie. Je trouve le premier parfois exceptionnel mais trop souvent assez désagréable, presque pianiste de foire à vouloir jouer l'épate au plus vite et au plus fort possible, le résultat est souvent assez moche. Le second n'atteint à mon avis presque les sommets accessibles aux autres que je citais plus haut mais c'est toujours très bien et très raffiné.
Reste à faire un tableau d'honneur pour les vivants.