Bon, je vais y aller de mon concert, c'était Kissin, mais je vais donner mes impressions en creux à travers 2 critiques que j'ai pu trouver sur le net :
http://www.unesceneparjour.com/2017/07/ ... heron.html
http://www.journalzibeline.fr/critique/lexalte-songeur/
Parce que pour moi c'est le plus commode.
Kissin. Ce nom, déjà.
Oui, et je ne prétends pas à l'objectivité car ce pianiste est pour moi une légende vivante. D'autres jouent aussi bien mais c'est ma légende !
Il entre. Grand, tout de blanc vêtu, son visage donne une idée de ses tourments intérieurs.
Vraiment du n'importe quoi, le Monsieur ou la madame se serait pointé un poil en avance qu'il aurait entendu le maître répéter ou faire ses raccords, en fait c'était le début de la plupart de ses morceaux, ouarf, quelle articulation ! déjà c'était merveilleux !, inutile de dire qu'il ne fallait pas me parler alors !
Je constate avec stupeur qu’il ressemble à Beethoven comme un frère.
Mais quand arrêtera-t-on ce verbiage ?
Il attaque sans une seconde de concentration cette sonate opus 29 de Beethoven si souvent jouée.
oui et non, c'est l'op 106 qu'il a joué, mais oui, il arrive et joue, un point c'est tout, et entre chaque mouvement il garde les mains sur le clavier, faut pas l'applaudir ! Et ça m'a fait plaisir d'entendre qu'il lui a fallu 2 ou 3 lignes pour se mettre dans la sonate (je sais, c'est mesquin

)
Tout, dans le Beethoven de Kissin, n’est finalement que contrastes, jeux de nuances et de tempi variant au gré d’humeurs imprévisibles.
Euh, ben je n'ai pas capté, au contraire, la maîtrise était totale y compris dans le temps de l'œuvre, mais oui, c'était magistral avec cet alliage de totale imprévisibilité et de concentration extrême.
On pourra trouver le phrasé un peu alangui sur certaines tournures, mais peu importe : la pureté du son, le cisèlement des voix ne peuvent qu’emporter l’auditoire.
J'aimerais bien savoir quand ? un mouvement lent effectivement un peu lyrique mais sinon son Beethoven ne m'a pas semblé si éloigné de celui de Richter comme si des masses de granit s'affrontaient dans les mains d'un forgeron ( je sais que ça ne colle pas mais c'était mon 1/4 d'heure lyrique

) Mais vrai de vrai, je n'ai jamais entendu Richter, mais je crois qu'il n'en était pas loin et tout cette puissante technique toujours contenue, mise au service de l'œuvre était impressionnante. ouarf, le scherzo ! ouarf le 1er mouvement !, ouarf la fugue ! (à laquelle je n'ai pas compris plus que d'hab il est vrai

mais quel mouvement ! )
les thèmes émergent, chantent, à peine legato, de blocs harmoniques délicatement effleurés. Jusqu’à la fugue finale, où Kissin laisse éclater, galoper ses voix : l’élan vital beethovenien.
C'est tout à fait ça !
Les applaudissements ne se font pas attendre.
Oui et non, oui mais d'après ce que j'ai entendu le public a pas mal été dérouté par la sonate et attendait les Rachma !
Les cigales, fidèles accompagnatrices de tous les concerts donnés dans ce parc, se sont tues.
Je ne sais pas, on a eu de chance, pas de vent qui remue les platanes, les cigales je n'ai pas entendu ! mais la nuit tombée en général elles se taisent

En revanche, j'étais tout au fond de la "salle" et crois ne pas en avoir perdu une miette, fabuleuse projection du pianiste je crois !
Bon, allez, une seconde partie plus "facile" maintenant
Le piano projette autour de lui des flots de passion slave. C’est du brutal.
Euh, non, tout sauf brutal à mon sens mais un très grand art des phrasés de la polyphonie. Après, on se sent, ... tout petit.
en terrain plus connu chez Rachmaninov, Kissin laisse entendre sur son choix de préludes une palette élargie de couleurs
J'aimerais bien être autant en terre étrangère dans Beethoven que EK ! mais oui pour l'infinie palette, chatoyante comme celle d'un Delacroix (mon 2e 1/4 lyrique

!)
Le déchaînement spasmodique de la musique de Rachmaninov semble décupler l’énergie de Kissin. Il est chez lui dans cet univers tourmenté, cyclothymique.
Une seconde tête penchée vers le clavier il écoute mourir la dernière vibration du dernier accord.
On peut dire ça comme ça, il a terminé par le dernier prélude de l'op 32, joué de main de maître, une révélation pour moi, et s'est juste tourné vers le public ensuite en prenant garde à sauvegarder l'extinction du dernier accord, et un peu content je crois !
le public lui réclamera trois bis
ça c'est vrai, il a un tic d'ailleurs, quand il retire un bouton de sa veste, c'est qu'il va jouer
l’Étude opus 2 de Scriabine
Nul n'est parfait (

Spiani, nan, j'aime bien finalement

), c'était un peu dans le sillage d'Horo

bon, je suis out et je passe
la Bagatelle n°4 opus 126 de Beethoven
Somptueuse !
et une Toccata de sa composition
oups, il annonce mais je n'avais pas entendu. Content de savoir de qui c'est, je suis allé jusqu'à chercher si ce n'était pas celle de Kabalevski

! Je crois que c'est le seul moment où il a laissé cavaler ses doigts pour le fun comme ça !
A la fin du concert, chose que je ne fais jamais, je n'ai pu m'empêcher d'attendre le maître, non pas que je lui ai demandé un autographe, mais pour l'avoir entendu une soirée de loin, je voulais juste le voir de près, Prestounette m'a pris une photo, alors je la mets !

Il parle le Français !
voilà un CR qui aucunement ne prétend à une transcription fidèle de la soirée ... Reste que le lendemain, comme après Martha, Kocsis, Volodos ou Lupu et d'autres, je n'avais pas envie d'entendre de piano ...