Bonjour Nomadine
Le problème que tu poses est je pense quelque chose que chaque pianiste jouant du jazz, variété, etc a rencontré.
Le problème, c'est la façon d'envisager les choses dès le départ.
Je n'ai pas lu vraiment tout ce qui a été écrit au dessus (pas trop le temps), donc excuser les répétitions s'il y en a.
C'est-à-dire qu'il ne faut jamais se contenter des automatismes.
Ensuite, la façon d'accompagner va être différente si tu joues en trio (avec contrebasse, batterie) et si tu joues en solo.
Et je ne connais pas ton niveau : est-ce que les accords sans basse (joués à la main gauche), cela te parle ? que tu peux compléter avec des octaves à la MD (et une note au milieu, choisie dans la gamme qui correspond à l'accord), et connaître la façon de passer d'un accord à un autre avec le minimum de chemin.
Je ne sais pas si tu sais aussi quelles notes tu peux rajouter dans un accord ? Par exemple sur un Do maj7 ?
Il y a aussi le fait pour toi de connaître bien les substitutions d'accords possibles (je ne sais pas où tu en es avec cela), j'ai vu qu'un des pmistes en avait parlé, il y a aussi la réécriture avec des basses étrangères... Il y a aussi que tout accord peut être précédé d'un accord un demi-ton au dessus ou au-dessous (souvent un accord 7)... ou de son 5ème degré, ou le triton de cet accord... etc, etc.
Donc tout un vocabulaire à connaître.
Mais ce qu'il faut avoir à l'esprit tout de suite, c'est de ne pas se contenter des automatismes (ou alors, il faut en avoir plusieurs dès le départ).
Je me souviens d'un cours que j'ai eu il y a très très très longtemps... Je travaillais le thème Nardis (tout le monde dit que c'est Miles qui l'a composé, mais c'est sujet à caution... En fait, il s'agirait de Bill Evans).
Le prof m'a poussé à chercher des tas d'accords, en rajoutant des superstructures, en répartissant aussi dans les deux mains en essayant d'avoir des écarts incroyables... (j'ai la chance de pouvoir faire les dixièmes sans problèmes, en ne jouant pas forcément la fondamentale en bas, etc, etc, et quelle n'a pas été ma surprise de constater qu'il y avait une palette incroyable, qu'on pouvait trouver un nombre inimaginable d'accords. Alors bien sûr, certains ayant une coloration "bizarre", mais qui obligent à revoir complètement l'esprit dans lequel du joues le morceaux, le chorus que tu vas faire si tu utilises telel fonction d'accord ou telle autre. Et tel accord t'amèneras plutôt à tel autre... Et là, très vite, tu passes du truc "standard" à ta propre façon d'envisager le morceau. Et si tu joues en groupe, il te faudra alors parler avec le contrebassiste des accords que tu fais.
Par exemple, le premier accord dans Nardis est un mi -7 :
tu peux le jouer, juste à la mg en mettant : fa# sol si (on appelle cela un fragment, Bill Evans adorait jouer comme cela. C'est un accord à 3 sons avec un frottement d'1/2 ton : ici le frottement fa#-sol (9e-tierce).
l'accord d'après est un fa maj 7 : tu peux essayer de continuer en essayant de faire un fragment : mi fa la
puis le B7 : essayer aussi un fragment : ré mib sol (je pense ici un B7 altéré... etc, etc
puis le do maj7 : si do mi
Du coup, parti sur une idée comme celle là, tu vas chercher quelque chose de cohérent.. Chercher tous les fragments, et si à un moment tu ne peux en faire, changer carrément l'accord, en trouver un qui marche et qui s'incorpore bien dans la succession...
Mais ce mi mineur, tu auras pu le jouer aussi aux deux mains : MG : mi si sol (avec une dixième entre le mi et le sol) et MD : ré fa# la
Du coup, il faut ensuite chercher l'accord de fa maj 7, de façon cohérente avec ce que tu as joué pour le mi mineur...
MG : fa do la, md : mi sol si,
etc, etc
Si tu travailles les accords sans basse, avec en plus la MD qui fait un octave + une note au milieu
par exemple pour le mi mineur : mg : sol si ré fa# md : mi si mi (ou mi la mi) (mais à la md tu peux faire bien sûr un autre octave, sol ré sol, voire même un octave avec le fa# (mais faire gaffe à la note de mélodie... tout de même)
il faut ensuite trouver un accord cohérent avec ça pour faire le fa maj 7 : mg : sol la do mi , md : mi la mi... etc, etc
Il y a aussi la possibilité de construire ses accords à la Mc Coy Tiner, c'est à dire des accord en quarte
par exemple sur le mi mineur, si tu choisis de jouer le mode dorien, la gamme sera : mi fa# sol la si do# ré mi
1er accord : (je prends les écarts de quarte :
- mi la ré
- fa# si mi
- sol do# fa#
- la ré sol
- si mi la
- do# fa# si
- ré sol do
Certains sonneront mieux que d'autres...
idem pour le fa majeur 7 : gamme : fa sol la si do ré mi fa
- fa si mi
- sol do fa
- la ré sol, etc, etc...
L'idée c'est aussi de savoir comment tu maries toutes ces possibilités (tout ce que je viens d'expliquer) pendant le morceau pour ne pas passer du coq à l'âne...
Bon, j'espère que ce que j'écris est parlant parce que c'est pas très simple comme ça. Une vidéo serait bien plus explicative...
Mais bon, ce qu'il faut retenir de tout ça, et c'est ce que je conseille (mais encore faut-il avant avoir vu pas mal d'aspects harmoniques), c'est de ne jamais se contenter du "truc standard" où l'on applique toujours un peu la même chose : tiens, voilà un do maj 7, alors je vais jouer ça... ah, un fa maj 7,eh ben je joue ça... et puis de s'en contenter...
Il faut explorer beaucoup, beaucoup, beaucoup, sur un même morceau. Construire soi-même son univers...
Voir ici une de mes versions de Nardis , qui illustre un peu ce que je viens d'expliquer...
Exemple aussi pour
Bagdad Café, ce ne sont jamais vraiment les mêmes accords, des positions différentes, des couleurs différentes....