À mon avis, pour cette pièce, il est nécessaire de la connaître un peu par coeur, pour pouvoir regarder ses mains à l'occasion (ne pas la connaître complètement par coeur, si on arrive rapidement à trouver où on est rendu sur la partition, ce n'est pas un souci). La main gauche fait de grands sauts et il me semble impossible de faire cela sans regarder ses mains (bon, il y a au moins un pianiste aveugle qui est capable de jouer la sonate Waldstein de Beethoven, qui comporte un grand saut au début... mais ne nous embrouillons pas avec les gens exceptionnels

).
J'ajouterais même qu'il peut être pertinent de regarder ses mains pour des exercices de type Déliateur. Pas pour frapper les bonnes notes, évidemment, mais pour regarder si nos mains sont dans la bonne position. J'ai une tendance à affaisser ma main gauche. Quand je fais du Hanon, j'essaie de regarder ma main gauche pour m'assurer de ne pas faire cela. De la même façon, quand je travaille mes arpèges, je regarde mes mains pour voir à quel point je fais des gestes parasites et tenter, autant que j'en suis capable, de les diminuer.
Honnêtement, même moi, il m'arrive d'écrire des notes quand c'est sur des lignes supplémentaires (quand je dépasse les 2 lignes supplémentaires, donc à partir du fa grave et du mi aigu en clé de sol; en clé de fa, je suis mystérieusement capable de lire une ligne de plus dans le grave [car je transpose mentalement en clé de sol]). Si j'oublie certaines altérations à certains endroits, je les ajoute à la main (par contre, c'est très ponctuel). Je pense en effet que de surligner les notes altérées est une mauvaise idée : le jour où vous apprendrez une pièce en fa# majeur, votre partition aura beaucoup trop de couleur et ça sera illisible je pense.
Sinon, votre méthode par petits blocs me semble la bonne.
Quand j'ai commencé mes cours avec mon prof, il me donnait parfois des indications («travaille jusqu'à la mesure 12 pour le prochain cours»). Maintenant, je choisis par moi-même les blocs que je veux travailler, mais je fonctionne par blocs aussi. Apprendre une partition de 2 pages d'un coup me semble peu efficace.
J'écoutais des vidéos dernièrement et la personne comparait la concentration que l'on a quand on travaille à un rond de poêle (je ne sais pas vous dites comment en France!) qu'on allume. Et ce que l'on travaille, c'est l'eau que l'on met dans la casserole, sur notre feu. Plus on met d'eau dans la casserole, plus ça prendra de temps à bouillir, qu'importe notre niveau de concentration et la qualité de notre travail. Plus on décide de travailler de gros morceaux à la fois, plus il nous faudra du temps pour les maîtriser.
Je trouve aussi que l'on gagne à développer une connaissance et une compréhension des accords! J'ai été ravie que mon prof ait insisté là-dessus très tôt, de telle sorte que dès que j'ai commencé cette valse, j'ai tout de suite vu : «ok, je joue un la, puis 2 fois une accords de la mineur; mi, accord de mi mineur 1er renversement», etc (je dis peut-être n'importe quoi, je joue maintenant la partition sans trop penser aux notes!). Ça m'a aidé à apprendre cette partition rapidement par coeur!
Je me suis aussi servi de cela à quelques endroits dans mon Rachmaninoff où je me suis notée, par exemple, que je devais faire un accord de mi majeur, ou de do# mineur, ou de sol# mineur, à certains endroits. Quand j'arrive à ces endroits, plutôt que de penser «do#-mi-sol#-do#», je me dis juste «accords do#m». Ça facilite quand même bien la lecture!
Voilà pour mes deux sous.
