Okay a écrit :J’ai pour ma part l’intuition que le pianiste peut varier le timbre obtenu de l’instrument en variant son attaque. Je pense que la nature de l’attaque, sur une seule note, peut produire des timbres différents dans exactement la même nuance. On exclue évidemment l’usage des pédales dans ces interrogations. Pas mal de participants pensent que ceci est impossible, c’est-à-dire que l’attaque de la touche ne peut modifier que l’intensité sonore, et rien d’autre.
Bonjour à tous. Je suis tombé sur ce fil par sérendipité. Alors peut-être a-t-il besoin d'être ressuscité ?
J'ai imprimé les articles concernant l'interaction entre les marteaux et l'attaque, l'interaction entre les marteaux et la corde et j'y ai jeté un coup d'oeil rapide. Mais ce que j'y vois déjà, c'est qu'il ne s'agit que de modèle, d'un essai de résolution du problème direct et ne s'attaquent absolument pas ce qu'on appelle en physique "le problème inverse" (ce qui revient, à partir du son entendu et de la décomposition de son spectre (via par exemple les transformées de Fourrier, mais maintenant, y'a mieux, ce qu'on appelle "les ondelettes" qui permettent d'obtenir des résultats plus fins) de revenir à la base, c'est à dire ce dont parlait Okay au tout début du fil : la variation du timbre obtenu en variant l'attaque. J'ai la conviction que si on part du résultat final (mesure du spectre des sons suivant l'attaque), et qu'on applique les modèles décrits dans les articles, pour revenir aux paramètres de base décrits par les auteurs (en essayant donc de formaliser le problème inverse), on va être vraiment, mais alors vraiment, étonnés du peu de concordance entre les deux spectres (le spectre "théorique" et le vrai spectre entendu). D'ailleurs, c'est ce que dit, d'une autre façon un peu un des articles où on voit que cela ne marche pas vraiment dans les aigus... Ce qui ne m'étonne finalement pas si on rajoute certains paramètres physiques qui n'ont pas été pris en compte ici.
Okay d'ailleurs, à mon avis très inspiré, nous dit "Mais je peux croire que les termes de second ordre dont il est question dans plusieurs contributions plus techniques (liés par exemple aux considérations de déformation du manche du marteau) existent bel et bien, mais soient absolument négligeables dans notre perception du timbre. "
Je rajoute ici ce qui a aussi été évoqué dans un des messages, la composante caractéristique de percussion («le coup») au début de la note, choc qui porte sur le plateau du clavier (la surface d'appui sous l'action du pianiste), et en partie aussi sur la table d'harmonie et le cadre métallique.
Pour moi, le son produit ici, résultat final d'un système complexe, intègre bien plus que ce qui est décrit dans les articles .
Il faut tenir compte de cette composante de percussion et de ses effets surajoutés dans la table d'harmonie et dans le cadre. En fait, la source à mon avis est bien plus riche que ce que l'on pense. C'est un peu comme un petit tremblement de terre. Dans la table et même j'imagine dans la fonte. On ne peut pas partir simplement de la quantité de mouvement pour expliciter le produit final. Celui-ci comprend des effets surajoutés, qui varient d'ailleurs dans leur vitesse de propagation (suivant la vitesse des ondes de pression et de cisaillement, le surajout très certainement possibles d'ondes de surface (celles-ci voyageant à des vitesses différentes dans la table, mais aussi un peu dans la fonte), et aussi de la diffraction des ondes le long de la table)...
Un beau sujet de thèse !