Et cette fois ci, pas de sonate de Beethoven, ni même de Beethoven tout court. Je me choisis l'Inachevée de Schubert, que je connais bien.
Ainsi, je vais pourvoir travailler dessus, sans me laisser déconcentrer par de la nouveauté (mais c'est raté puisque je suis en train de rédiger ce post au lieu de travailler...).
Je choisis donc une version avec plein de vues, pour éviter à priori celles avec un son pourri. Mais voilà que dans les commentaires de l'une d'elles, je lis celui de quelqu'un qui écrit qu'aucune version n'arrive à la cheville de celle du Wiener Philharmoniker ( et du non moins célèbre Bruno Walter) d'avant guerre (!):
https://www.youtube.com/watch?v=1dsns9uRof0
Pourquoi?
Parce que, toujours d''après ce commentateur mélomane, il n'y a pas de version avec des cordes aussi précises.

Suivent quelques minutes d'écoute de cette version, et effectivement, c'est assez flagrant, on est loin de certaines bouillies.
J'avais encore en tête les recommandations d'Okay faites à Louis pour qu'il arrive à jouer le 1er mvt de la "Moonlght" ( l'Op 27/2 ) en en faisant ressortir toute l"émotion plutôt qu'un ennui aussi fréquent qu'il y a de débutants et d'amateurs à se lancer dessus sans travail de fond.
Chaque note avait son importance, et devait être jouée avec sens et de la bonne façon, avec précision. Idem pour les nuances...
Donc, comme rappelé dans un autre fil, l'émotion rendue ne serait pas liée à la capacité du pianiste à "s'émouvoir" lui même, voire à se torturer comme un acteur ou un chanteur qui surjoue, mais serait liée à la compréhension du texte.
Auquel il faut maintenant rajouter la précision.
J'ajoute qu'il ne s'agit pas ici de précision "métronomique" par exemple, mais bien de précision dans le sens faire exactement ce qui est nécessaire.
Cela peut être par exemple, le bon rubato (ni trop, ni trop peu, ni n'importe quand, ni dans n'importe quel sens, ni sur n'importe quel main...).
Alors, peux-t-on dire maintenant que compréhension du texte et de l'oeuvre + précision = émotion rendue.
Autrement dit, de l’imprécision peut elle détruire tous les efforts que l'on ferait pour transmettre l'émotion?
Encore une fois, ce premier mvt de l'Op 27/2 est très révélateur de ce point de vue: pas de précision = on s'endort..
Dans votre pratique et dans vos performances, voire auditions, avec vous remarqué à posteriori que si vous aviez réussi à transmettre (je dirais plutôt: réussi à générer..) de l'émotion chez vos auditeurs, à les toucher, c'est parce que vous aviez non seulement compris ce que vous jouiez, mais aussi parce que vous aviez été très précis?
