Vos morceaux qui n'auront pas d'audition

[leLama]

Pour en revenir au sujet, j'ai l'impression que la majorite' des forumeurs amateurs jouent la plupart des morceaux uniquement pour eux, je me trompe ?

[leLama]

La raison pour laquelle je ne cherche pas a jouer en public mes morceaux, c'est que ca m'obligerait a "faire du chiffre". J'aime passer un temps infini sur un detail qui m'echappe, et tant pis si le morceau n'est pas fini et que je me lasse avant de l'avoir complété.

[Caralire]

je joue en public restreint quasiment tout ce que je travaille, parce que je travaille tout longtemps...

Et moi donc !

Et je n'ai pas non plus de premier prix de conservatoire, je n'ai jamais eu qu'une prof particulière.

Cela dit, Le Lama, si tu n'as pas l'impression qu'avec un prof on progresse plus vite que sans, je suis convaincue que c'est parce que tu n'as pas de prof. Le prof t'emmène plus loin que là où tu peux aller seul : il entend ce que tu n'entends pas seul dans ton jeu, t'apprends à l'entendre à ton tour. Il regarde ta position et tes doigtés, te propose des alternatives plus efficaces... Le professeur s'intéresse à toi, il n'est pas dans une transmission impersonnelle comme les sources écrites ou vidéos qui sont à ta disposition à ce jour.

D'ailleurs, je trouve cela hors-sujet de comparer un professeur avec ces différentes sources. Le professeur apportera d'autant plus à son élève que celui-ci s'intéresse et se cultive par lui-même. Il fera grandir l'élève qui n'apprend que de lui. Il fera grandir encore plus l'élève qui lit et regarde des vidéos sur le piano.

[Arabesque44]

Pour en revenir au sujet, j'ai l'impression que la majorite' des forumeurs amateurs jouent la plupart des morceaux uniquement pour eux, je me trompe ?

Probablement. Mais avec une petite nuance: savoir qu'on aura peut-être l'occasion de le présenter en public ou de l'enregistrer sur YT, incite à approfondir l'apprentissage des morceaux, au moins jusqu'à ce soit "présentable" et pas seulement débrouillé comme je le faisais il y ...40 ans, et à un moindre degré il y a 3 ans 1/2 à ma reprise très tardive! L'avantage d'approfondir l'apprentissage d'un morceau fait que si on le reprend 1 ans plus tard en pensant avoir tout oublié, il revient en quelques heures ou quelques jours, et souvent même amélioré sur le plan technique!
Et puis la notion de présentable évolue avec l'apprentissage , on devient de plus en plus exigeant avec soi-même.
Ne voir un prof que de façon occasionnelle ( mais un bon prof qui vous apprend à chercher et à trouver)permet aussi de devenir autonome et de découvrir par soi-même, ce qui fait sans doute perdre un peu de temps, mais ce qu'on a découvert ainsi est sans doute plus solide et durable.

[Lee]

Merci beaucoup pour toutes vos réponses.

En fait j'ai hésité répondre moi même à la question concernant "pas d'audition", une ou deux PMistes ont quand même entendu mon petit bout de mouvement lent de 5ème concerto de Beethoven. Il y a un moment donné, j'étais tenté trouvé un partenaire pour la rencontre 2 pianos que Nenuphar organise pour enfin jouer ce mouvement "en vrai", mais finalement la dernière page de ce mouvement n'a aucun sens (ou plaisir!) si on ne joue pas le mouvement suivant, qui est toute autre chose hors ma catégorie bien sûr ! Bref, ça restera mon petit bout de l'Empereur juste pour le plaisir...

Pour en revenir au sujet, j'ai l'impression que la majorite' des forumeurs amateurs jouent la plupart des morceaux uniquement pour eux, je me trompe ?

Difficile à dire, mais presque tous les intervenants sur ce fil jouent des morceaux pendant nos rencontres. Les auditions sont une motivation énorme, je ne sais pas si j'aurais pu continuer être motivé dans mon grand solitude avec Chopin comme j'ai commencé ma reprise. Combien de morceaux ou quel pourcentage des morceaux des PMistes n'ont pas d'audition, je ne peux pas dire, mais pour ma part, je consacre tellement de mon temps aux morceaux proche de mon coeur, ils finissent par être écoutés par des PMistes un jour ou un autre...

Cela dit, Le Lama, si tu n'as pas l'impression qu'avec un prof on progresse plus vite que sans, je suis convaincue que c'est parce que tu n'as pas de prof. Le prof t'emmène plus loin que là où tu peux aller seul : il entend ce que tu n'entends pas seul dans ton jeu, t'apprends à l'entendre à ton tour. Il regarde ta position et tes doigtés, te propose des alternatives plus efficaces... Le professeur s'intéresse à toi, il n'est pas dans une transmission impersonnelle comme les sources écrites ou vidéos qui sont à ta disposition à ce jour.

D'ailleurs, je trouve cela hors-sujet de comparer un professeur avec ces différentes sources. Le professeur apportera d'autant plus à son élève que celui-ci s'intéresse et se cultive par lui-même. Il fera grandir l'élève qui n'apprend que de lui. Il fera grandir encore plus l'élève qui lit et regarde des vidéos sur le piano.

Bien dit d'une pianiste qui a finalement repris des cours avec un prof !

[Abegg63]

Bonjour
La question est, pourquoi choisir de travailler une oeuvre. Je suppose que pourla majorité d'entre nous c'est parce qu'à l'écoute elle nous attire l'oreille et que l'on se projette en train de la jouer. Ensuite il y a la question est-ce que les difficultés techniques sont surmontables?
Est-ce que je compte la présenter en public ou non J'écoute les futures oeuvres que je vais jouer plusieurs fois et dans des interprétations différentes. Une fois vraiment décidée, il y a toujours un moment critique, celui où je commence à maîtriser l'oeuvre mais pas encore de manière satisfaisante. Là se pose la question est-ce que je suis encore assez motivée pour continuer ou j'abandonne,
Inutil de préciser que j'ai, à ce stade laissé tomber un nombre impressionnant d'oeuvres que j'ai repris plus tard pour certaines.
Si on travaille une oeuvre avec un but précis c'est un peu différent en tout cas pour moi, je me sens "obligée" de continuer puisque j'ai dit que je la jouerai.
POurquoi j'abandonne une oeuvre?
trop longue, trop difficile techniquement ou pas satisfaite de l'interprétation que j'en donne;
Quelquefois aussi parce que je sens que l'oeuvre me "rrésiste" ne me convient pas comme certaines études de Chopin par exxemple ou le 3me impromptu.
Cerrtains compositeurs, je crois ne nous correspondent pas tout le temps. J'ai travaillé plusieurs sonates de Beethoven en entier et en ai joué plusieurs en concert ou, bien sûr pour des concours.
La dernière que j'ai joué c'était l'appassionata il y a 13 ans et depuis je n'ai pas rejoué de Beethoven, sauf les pièces que j'ai travaillées pour les élèves.

[arg]

ça m'évoque aussi qu'il y a une notion de "bon moment". Certaines pièces sont de côté parce que je sais que j'y reviendrai un jour, parce que tout simplement je n'ai pas eu le temps d'aller au bout, ou alors je n'en avais pas envie puis un jour elles s'imposent. D'autres non, je sais que jamais je ne pourrai les jouer devant un public mais ce n'est pas une raison pour ne pas aller les explorer

[Oupsi]

C'est juste.
En plus, il y a audition et audition. Jouer de manière quasi spontanée pour des amis à la maison est un peu différent de se préparer pendant des mois à une réunion de type PM, plus formalisée, avec thème et programme. Dans les deux cas il y a bien "audition". L'état de grâce peut survenir dans l'un ou l'autre contexte, mais la disposition d'esprit qui précède l'évènement est bien différent pour ce qui me concerne! dans un cas, je suis en cuisine, souriante et active avec mes amis, dans l'autre je me cuisine moi-même à la sauce trac et ne sais pas où me mettre.

(du coup, maintenant, je vais aux réunions en essayant de m'imaginer que je suis chez moi et que je prépare quelque chose de bon... à taaaaaaaaaaable!)

[Line-Marie]

Ah oui tout à fait d'accord.
Est ce que la différence d'auditoire est dûe à la connaissance du répertoire ? Et donc nous pourrions avoir davantage d'appréhension à jouer devant des personnes qui connaissent sur le bout des doigts l'oeuvre que nous avons travaillée ?
Une anecdote : je travaillais avec un collègue sur la construction d'un devoir pour nos élève. À un moment donné nous bavardons et nous parlons piano. Il me demande si il peut écouter le morceau que je travaille. Je lui fait écouter Un Sospiro de Liszt. Il aime beaucoup. Je lui dit alors qu'il me reste beaucoup de travail à accomplir pour obtenir une interprétation satisfaisante. Ah bon ? Répond il. Oui bien sûr et je lui fait écouter la version d'Arrau sur YouTube. Il écoute et me dit, je n'entend pas de différence. J'eclate de rire....et il me dit , je suis serieux, pour moioi c'est aussi beau ......

[Oupsi]

Je crois que c'est juste le temps que je consacre à me projeter qui accroît mon appréhension. Pour une réunion programmée longtemps à l'avance, j'ai des mois pour me prendre le chou, je surinvestis un peu trop. Ce qui n'arrive évidemment pas en cas de moment de musique spontanée.
Quant au public, pour moi le public est toujours connaisseur. Ou plutôt, quand je suis au piano j'ai toujours l'impression d'être entourée de géants, et d'être minuscule. Quelles que soient les personnes qui m'écoutent. D'une certaine manière, les commentaires que je reçois après, bons ou mauvais, n'ont pas vraiment de commune mesure avec cette sensation prédominante, où je me vois comme un minuscule lutin qui sort du piano des lianes sonores pour essayer d'entrer en contact avec les géants de la montagne.

[Lee]

Quant au public, pour moi le public est toujours connaisseur. Ou plutôt, quand je suis au piano j'ai toujours l'impression d'être entourée de géants, et d'être minuscule. Quelles que soient les personnes qui m'écoutent. D'une certaine manière, les commentaires que je reçois après, bons ou mauvais, n'ont pas vraiment de commune mesure avec cette sensation prédominante, où je me vois comme un minuscule lutin qui sort du piano des lianes sonores pour essayer d'entrer en contact avec les géants de la montagne.

En lisant ça, j'ai l'impression qu'il y a quand même un grand décalage entre Oupsi perçue par elle même et la vraie Oupsi, non ? Je suis un lutin aussi, tu sais, donc quand je t'écoute, ça doit être vraiment un jeu ! Mais je trouve aussi cette description des géants ne correspond pas à comment tu aimes être écouter et comment tu perçois très finement cette écoute...

[arg]

du coup, maintenant, je vais aux réunions en essayant de m'imaginer que je suis chez moi et que je prépare quelque chose de bon... à taaaaaaaaaaable!)

ça me parle bien cette métaphore culinaire à laquelle je n'avais jamais pensé. Dans l'idée il y'a le partage, et dans ce cas ni nains/lutins ni géants, on a tous la même taille (enfin presque. La limite c'est que j'ai justement en tête des gens en réunion PM que je trouve beaucoup plus grands que moi, par contre curieusement personne n'est plus petit)

[leLama]

du coup, maintenant, je vais aux réunions en essayant de m'imaginer que je suis chez moi et que je prépare quelque chose de bon... à taaaaaaaaaaable!)

ça me parle bien cette métaphore culinaire à laquelle je n'avais jamais pensé. Dans l'idée il y'a le partage, et dans ce cas ni nains/lutins ni géants, on a tous la même taille (enfin presque. La limite c'est que j'ai justement en tête des gens en réunion PM que je trouve beaucoup plus grands que moi, par contre curieusement personne n'est plus petit)

Oui, j'aime bien aussi. Je partage tout a fait ton ressenti. J'etais assez stressé également avant pour toute representation publique. Apres quelques lectures, notamment bouddhistes, je me suis convaincu qu'il faut se choisir une philosophie ou se poser la question de la taille est une question interdite. Plus facile a dire qu'a vivre, of course. Mais c'est un chemin qui permet de baisser le stress et de partager davantage.