S'inspirer des maîtres.

[Athos]

Sujet sûrement déjà abordé, mais je ne l'ai pas trouvé.

Voilà, je vais jouer devant quelques élèves une valse de Chopin, une danse de Bartok et 2 petits trucs en plus.
On a donc retravaillé cette petite valse (surnommée "adieux" je crois), que j'avais apprise il y a ...longtemps.
Avant hier, avant de jouer j'explique à ma prof que trouvant certain passage un peu ennuyeux, j'ai cherché dans ma discothèque et trouvé une version de ladite valse, par Claudio Arrau.
Le passage en question était joué différemment, ainsi que le thème principal (MG et rythme).
Bref ça me plaisait bien et depuis je m'en inspire, c'est pas très compliqué amha.

Mais ma prof m'a dit, non il ne faut pas changer, à deux jours de jouer le morceau et ce n'est pas juste de vouloir copier des pianistes professionnels.
Bon, moi j'en fait qu'a ma tête, d'ailleurs je lui ai joué avec les changements.

Mais sa phrase m'a un peu surpris, peut être le truc c'est qu'elle ne souhaitait pas que je change quoique ce soit avant de jouer en "public" ?

Alors, pertinent ou pas de s'inspirer de professionnels, quelque soit notre niveau ?

[Lee]

Oui je crois que c'est les deux raisons, pas bien de changer si proche de la prestation et pour des raisons évoquées :
viewtopic.php?f=1&t=14657

[Athos]

Ah ok, je n'avais pas vu ce topic.

Bien que là, il ne s'agit pas d'imiter le son, j'ai juste pris deux petits trucs; notamment un sur un passage qui me semblait un peu terne.

[Christof]

Ah ok, je n'avais pas vu ce topic.

Bien que là, il ne s'agit pas d'imiter le son, j'ai juste pris deux petits trucs; notamment un sur un passage qui me semblait un peu terne.

S'inspirer des maîtres est toujours une bonne chose. Parce que souvent, ils révèlent un morceau, nous font sentir une oeuvre autrement. On sent certaines affinités d'interprétation.
N'est-ce pas Glenn Gould, avec son premier enregistrement des variations Goldberg, qui a bluffé tout le monde, les rendant d'une clarté qui n'avait jusqu'alors jamais été égalée. Et sa façon de jouer l'aria, dans l'enregistrement de 1981...
Alors, on peut se sentir plus "en affinité" avec telle ou telle interprétation, et essayer alors de s'en inspirer.

Par exemple, au violoncelle, ma préférée du prélude de la suite en sol de Bach, est celle de Tortelier... C'est une question de goût.. Certain(e)s préfèrent Pablo Casals, d'autre Rostropovitch, d'autres Anner Bylmsa.. etc.
Alors j'ai préféré copier Tortelier (enfin j'essaie ). Quand je dis copier, en fait, c'est inimitable, ce n'est pas dans ce sens là. Disons que c'est plus voir l'ensemble, l'esprit. S'en imprégner comme une éponge.

En jazz, c'est pareil.. Il y a des maîtres. C'est bon à mon avis de s'en inspirer. De comprendre comment il font sonner une phrase, comment est le son, la dynamique, quelles harmonies, quelles superstructures à l'accord, quelles substitutions...
Ecoutez ce qu'en dit Michel Petrucciani : https://www.youtube.com/watch?v=xoI-NQWCj6k#t=8m35s

[Lee]

Par exemple, au violoncelle, ma préférée du prélude de la suite en sol de Bach, est celle de Tortelier... C'est une question de goût.. Certain(e)s préfèrent Pablo Casals, d'autre Rostropovitch, d'autres Anner Bylmsa.. etc.

Je l'ai découvert par Mischa Maisky grâce à Davsad :
https://www.youtube.com/watch?v=mGQLXRTl3Z0

Oui, je crois que tout le monde est plus ou moins inspiré par d'autres. J'aime écouter une ou deux interprétations au début pour avoir les impressions de l'oeuvre, si je ne le connais pas bien, et parce que je suis très médiocre déchiffreuse. Mais après je préfère ne pas trop écouter ou étudier les interprétations quand je suis en train d'apprendre le morceau. A tort, j'ai une fierté déraisonnable "c'est moi qui le fais" ou une superstition contre devenir trop "imitateur" et je préfère regarder la partition et explorer comment je dois l'approcher. Peut-être que aussi en me connaissant, c'est un moyen de protéger contre l'abandon : si j'écoutais beaucoup d'autres interprétations magnifiques de l'oeuvre, est-ce que je finirais par me demander, mais pourquoi jouer ?

[mieuvotar]

Par exemple, au violoncelle, ma préférée du prélude de la suite en sol de Bach, est celle de Tortelier (...) Alors j'ai préféré copier Tortelier (enfin j'essaie ).

Tu joues aussi du violoncelle, Christof ?

[Christof]

Tu joues aussi du violoncelle, Christof ?

Oui. Mais cela fait longtemps que je n'y ai pas touché.. Ah, le temps manque cruellement...

[mieuvotar]

[HS on]
Athos, je vois que tu es de Lyon... As-tu vu ce fil : viewtopic.php?f=8&t=16966&p=298022#p298022
[HS off]

[Athos]

[HS on]
Athos, je vois que tu es de Lyon... As-tu vu ce fil : viewtopic.php?f=8&t=16966&p=298022#p298022
[HS off]

Oui, vu.
Ce sera sûrement sympathique.
Maintenant qd je joue en public, c'est comme si je jouais avec des gants de ski à peu près...
Bon je vais voir.

[mieuvotar]

Maintenant qd je joue en public, c'est comme si je jouais avec des gants de ski à peu près...
Bon je vais voir.

Cool, on sera au moins deux...

[Lee]

Plus que deux, je crois que c'est un sentiment qui touche tous, et nous pouvons fauter le grand maître Liszt. L'article, comme vous pouvez imaginer, parle des avantages et inconvenients de par coeur. Selon l'auteur, c'est la raison pour laquelle on joue peu de Fauré pour les programmes de concerts, ses oeuvres sont compliqués à mémoriser.

[Nenuphar]

Merci beaucoup, Christof, pour cette belle masterclass de Michel Petrucciani. Au-delà de son immense talent, quelle gentillesse, quelle humilité et quelle générosité !

Un grand merci également pour les conseils que tu nous donnes. J'avoue qu'avant de lire ton message et de voir cette vidéo, je n'aurais pas osé envisager de m'inspirer de grands pianistes (professionnels ou pas ). Pas par crainte de ne pas avoir un "style personnel", comme le dit Michel Petrucciani (car je n'ai clairement pas le niveau pour avoir ce type de considérations), mais plus par crainte d'illégitimité...
Et je ne m'étais pas posée cette question pendant mon enfance car nous n'avions que très peu de disques à la maison (en tout cas, de mon souvenir, pas d'enregistrements d'oeuvres pour piano).
Je partage ce qu'a dit Lee : même si j'ai aujourd'hui beaucoup de plaisir à écouter toutes les interprétations magnifiques qui sont à notre disposition, sur internet ou dans nos CD-thèques, je trouve qu'elles peuvent aussi susciter une certaine inhibition et qu'il me faut souvent lutter pour ne pas me laisser envahir par le découragement car je me rends bien compte à quel point ma manière de jouer en est éloignée ... Enfant, je n'avais finalement pas vraiment de point de comparaison et même si j'ai du coup manqué d'ouverture et de culture, cela m'a peut-être aidée à ne pas me freiner ou à m'auto-censurer dans mon apprentissage...
Cela dit, je comprends la démarche positive que tu nous recommandes et je vais donc essayer de m'en inspirer ...

P.S. : Je suis très impressionnée de découvrir que tu es également violoncelliste !!

[Christof]

Merci beaucoup, Christof, pour cette belle masterclass de Michel Petrucciani. Au-delà de son immense talent, quelle gentillesse, quelle humilité et quelle générosité !

Un grand merci également pour les conseils que tu nous donnes. J'avoue qu'avant de lire ton message et de voir cette vidéo, je n'aurais pas osé envisager de m'inspirer de grands pianistes (professionnels ou pas ). Pas par crainte de ne pas avoir un "style personnel", comme le dit Michel Petrucciani (car je n'ai clairement pas le niveau pour avoir ce type de considérations), mais plus par crainte d'illégitimité...

Je partage ce qu'a dit Lee : même si j'ai aujourd'hui beaucoup de plaisir à écouter toutes les interprétations magnifiques qui sont à notre disposition, sur internet ou dans nos CD-thèques, je trouve qu'elles peuvent aussi susciter une certaine inhibition et qu'il me faut souvent lutter pour ne pas me laisser envahir par le découragement car je me rends bien compte à quel point ma manière de jouer en est éloignée ... Enfant, je n'avais finalement pas vraiment de point de comparaison et même si j'ai du coup manqué d'ouverture et de culture, cela m'a peut-être aidée à ne pas me freiner ou à m'auto-censurer dans mon apprentissage...
Cela dit, je comprends la démarche positive que tu nous recommandes et je vais donc essayer de m'en inspirer ...

Oui Nénuphar c'est exactement cela : il faut rester "enfant", ne pas se freiner, cultiver son goût du jeu et de la créativité, mettre à profit les émerveillements. Il n'y a aucune illégitimité à vouloir s'inspirer des maîtres. Finalement, chaque art fonctionne comme cela. Même les artistes qui ont été vraiment révolutionnaires pouvaient faire "à la manière de".
Suivre son chemin.