Ouf, ma foi! Il semblerait que j'écrive souvent sur ce forum en ne m'attendant pas aux réactions que je récolte. ^^"
D'abord, merci Lee et Mathieu de vos interventions. Et merci aussi Wandarnok, parce que si je n'applique pas tout ce que je lis, ce n'est pas pour autant que je ne le lis pas avec attention!
Donc je me sens quelque peu obligée de m'expliquer.
D'abord, je dois dire que je me sens parfois tiraillée entre les conseils reçus ici et ce que mon prof me demande, parce que les indications sont contradictoires. Et comme c'est à mon prof que je rends des comptes au final, et bien, je penche davantage de son côté. Mais ça ne veut pas dire que vos conseils sont inutiles. Il y a des éléments que je laisse mûrir. Je pense accorder un petit peu moins de temps à la pratique des gammes et arpèges depuis que je lis ce forum pour mettre un peu plus de temps sur mes pièces, mais sans rien délaisser. J'ai également plutôt mis de côté la pratique des gammes en doubles octaves suggérée par mon prof. Et tout le reste, ça reste dans un coin de mon esprit.
Mais je ne peux m'empêcher de nuancer tous ces avis catégoriques sur «c'est trop tôt pour pratiquer des arpèges / Hanon c'est le mal / tu ne devrais faire qu'une gamme à la fois / ...» en me disant «mais si ça ne me dérange pas de faire des gammes, des arpèges et du Hanon et qu'il y a une progression, où est le mal?». Il est vrai qu'on m'a dit que ma façon de jouer Hanon était inutile... mais pour le coup, dans cette vidéo, j'essayais de jouer plus vite pour ne pas prolonger trop mon enregistrement et ce n'était pas représentatif de la façon dont je le travaille réellement (du coup, il vaudrait peut-être la peine que je fasse un enregistrement là-dessus... mais peut-être que ce n'est pas assez important pour vous lasser avec quelque chose qui n'a rien de passionnant à écouter ou regarder).
Quant au côté permissif, si mon prof a un défaut, je ne crois pas que ce soit celui-là, mais plutôt peut-être celui de me donner des pièces trop avancées pour mon niveau. Car je rappelle qu'à l'exception de la sonate Clair de lune, c'est lui qui m'a amené toutes les pièces que j'ai jouées (enfin, sauf la petite mélodie de Lufia aussi). Je n'ai pas tant d'envie particulière de jouer des pièces précises étant donné que le répertoire classique (en fait, tous les répertoires...) m'est très largement inconnu! Je le découvre petit à petit car je me suis mise à écouter beaucoup plus de musique classique ces derniers mois et aussi via ce que mon prof m'amène.
C'est vrai que j'ignore qu'elle est son expérience en enseignement (elle est nécessairement petite, car il est lui-même étudiant au conservatoire) et quels types d'élèves il a eu (enfants, adultes, débutants, intermédiaires, ...). Je sais qu'il se forge lui-même une expérience en pédagogie et qu'il apprend de ses erreurs. Mais actuellement, je n'ai aucune raison de me plaindre : les objectifs poursuivis par le fait de suivre des cours sont atteints : mon prof constitue un élément motivateur dans mon apprentissage et m'aide à progresser. Est-ce que je progresserais davantage avec un autre? Peut-être. Peut-être pas.
Des moments de découragement, je n'en ai pas eu de majeurs. Mais j'en ai eu de petits, surtout lorsque j'ai commencé à apprendre le Petit nègre. Je crois que mon prof l'a pensée relativement simple, avec la main gauche en montées et descentes chromatiques puis octaves. Mais en 3e pièce jouée, c'était assez ardu. En même temps, je parlais de cela à une amie anciennement pianiste de bon niveau (elle a fait les 10 degrés de l'université Laval) et elle disait «mais il a quand même vu juste : tu arrives à la jouer maintenant!». Je ne peux pas lui donner complètement tort. C'est vrai que c'est la pièce officiellement en travail que je traîne depuis le plus longtemps, mais j'arrive à jouer quelque chose qui me semble tout à fait acceptable. C'était peut-être un peu tôt, mais maintenant, j'éprouve une certaine satisfaction à voir ce que j'arrive à faire avec ça; et ce sentiment de compétence, je peux le transposer à d'autres difficultés, actuelles cette fois, et me dire que je suis capable de surmonter.
Oui, je joue des pièces qui ne sont pas de mon niveau. Et alors? Mon but n'est pas d'arriver à les jouer parfaitement : mon but est de me faire plaisir. D'avoir du plaisir. Et ma sonate, j'ai beaucoup de plaisir à la jouer, même si ma mélodie ne ressort pas assez, même si ma rythmique n'est pas bien placée, même si ce n'est pas encore fluide (enfin, ça, il va falloir laisser le temps que je finisse de déchiffrer considérant que ça fait 3-4 semaines tout au plus que je suis là-dessus). Surtout le passage... n'ayant pas la partition sous les yeux, je vais plutôt vous mettre le lien vers
ce passage précis.
Tu parles de frustration et dépit comme danger de jouer des pièces de trop haut niveau, en précisant justement que ce n'est pas mon cas. Si j'arrive là, j'imagine bien (enfin j'espère) que je me dirai qu'il faut que je modère mes ardeurs. Il me semble bien que je progresse depuis 6 mois. Mes doigts intègrent des intervalles, je maîtrise beaucoup mieux ma théorie sur les accords, je lis plus rapidement (tiens, il faudrait que je remette la lecture à vue à l'ordre du jour

), je synchronise mieux ma pédale, j'arrive à mieux gérer mes deux mains en même temps... Il ne faut pas négliger les bases, certainement. Mais de quelles bases parle-t-on? Je sais lire les notes, je sais compter (la superposition des rythmes demande un travail supplémentaire, je te l'accorde : c'est l'une de mes difficultés), je suis guidée au niveau des accords, des progressions d'accords plus fréquentes, du cycle des quintes et autres éléments de théorie; je tâche de faire un travail (difficile à intégrer néanmoins) sur l'équilibre des deux mains (c'est pourquoi, même si elle n'est plus officiellement en travail avec mon prof depuis plusieurs mois, je continue à pratiquer le prélude de Chopin qu'il m'avait donné en deuxième pièce - et je te vois sourciller à cette évocation

- car j'ai du mal à jouer ma main gauche assez douce par rapport à la droite), sur les ornements (parfois joués trop forts), le contrôle de la force (que la note joue aussi fort mais pas plus que ce que je veux), les phrasés, les nuances, les accentuations, l'égalité rythmique (un défi dans le prélude de Bach! avec Chopin, on peut masquer dans le rubato; c'est souvent même volontaire), les transitions de pédale (ne pas trop lever entre chaque changement, sinon ça fait un son bizarre, mais lever assez pour ne pas avoir de résidus de notes - d'autant plus compliqué que je ne joue pas toujours sur le même piano, bien que je joue principalement sur les deux mêmes) et même un peu d'utilisation de demi-pédale (à la fin du prélude de Bach, j'aime essayer d'intégrer cela), ... Il est vrai que je pourrais faire un travail plus attentif sur l'égalité des notes dans les gammes (je travaille en croches et en double-croches, en tâchant d'accentuer le premier temps, qui tombe toujours sur un doigt différent en double-croche; je focusse davantage sur l'égalité rythmique avec la vitesse que sur le son, mais je sais que les deux sont importants). Que j'essaie d'aller parfois trop vite dans certaines pièces. Mais je n'ai pas l'impression d'avoir de grosses lacunes sur mes bases. Ma posture probablement qui est à travailler. C'est le problème que j'ai soulevé dernièrement. Mais on travaille ça comment dans les morceaux?
Évidemment, si tu as un avis contraire, je suis toute ouïe. Si tu décèles des lacunes que je devrais travailler, il va me faire plaisir d'écouter et de modifier mes heures de pratique en conséquence! Dans l'heure quotidienne (approximativement) que je consacre à la technique, je peux bien faire un peu moins d'arpèges et un peu plus d'autre chose.
Mathieu a sûrement raison de souligner que je suis une fausse débutante. Je me rappelle de mon premier cours (pas difficile : c'était il y a 6 mois). Je joue une version transposée en do majeur, apprise à la flûte à bec, d'un menuet de Bach (je l'ai même
enregistré après le cours). Il me sort la version en sol majeur à apprendre comme première pièce. Je commence à jouer ça pendant le cours, mains séparées. Bien vite, il me sort le métronome par curiosité (pas parce que mon rythme n'était pas bon) et a semblé surpris de voir que je suivais sans aucune difficulté. Ce à quoi je lui avais répondu que «ce n'est pas bien compliqué : c'est juste des croches et des noires», mais il m'avait dit que c'est loin d'être acquis par tout le monde. Je ne sais pas ça équivaut à combien de temps «économisé» dans mon apprentissage, mais j'ai certainement pu passer certaines étapes plus rapidement.
Et puis, je ne sais pas à quel point on peut dire qu'une pièce peut être jouée après x mois / année. Il y a une énorme question d'investissement dans la pratique qui vient influencer cette durée, ainsi qu'une notion de persévérance je pense.
J'espère que vous ne pensez pas, après ce long message, que je suis agacée. J'aime expliquer les choses pour que ma pensée soit le plus claire possible et j'ai une facilité d'écriture qui me fait écrire des messages un peu long parfois sur les forums, mais ça ne signifie rien de négatif pour moi. Donc voilà, j'espère ne pas être mal interprétée.
Merci pour vos retours.
