En ce moment, j'ai une frénésie d'aller écouter de la musique en live. Une façon de vouloir prolonger les vacances qui ont été pour moi cette année bien trop courtes. Une façon aussi d'élargir un peu l'horizon, oublier le monde si prenant du travail, faire respirer l'esprit. Il faut dire que - merci Jazz magazine, grâce à une publicité qui en parlait - j'ai acheté au début du mois la carte d'adhérent "Paris jazz Club" (en promotion cet été à 30 euros au lieu de 40). Elle donne droit à un concert gratuit par mois dans sept clubs de jazz différents de la capitale (soit plus de 70 concerts sur l'année) et des réductions sur les autres concerts dans ces clubs, mais aussi dans 6 autres lieux. Chaque club choisit le concert qu'il affichera gratuit : une bonne occasion de découvrir des talents qu'on ne serait peut-être jamais allé voir...
J'ai pu par exemple assister gratuitement au Sunside le 10 août dernier au concert de Guillaume de Preissac, un formidable pianiste dont je connaissais le nom depuis des années mais que je n'avais jamais eu l'occasion d'aller écouter. Il jouait en trio avec l'excellent Manuel Marches à la contrebasse et Andréa Michelluti à la batterie.
Endroit convivial. C'est ce ce que j'aime dans ce genre de soirée, parce que c'est facile de pouvoir discuter avec les artistes et que j'ai pu notamment parler assez longuement avec Ludovic de Preissac entre deux sets... Ainsi, il est prévu que je prenne quelques cours avec lui à partir du mois de septembre
En cliquant droit sur le bouton de la souris, vous pouvez télécharger ici un extrait du concert en vidéo. Choisir "enregistrer la cible du lien sous " (le fichier est au format flv). Sinon, vous pouvez aussi cliquer directement sur le lien mais c'est beaucoup plus long...
Ludovic de Preissac et Manuel Marches
Manuel Marches et Andréa Michelluti
Et puis le 14 août, le concert (mais là, avec réduction) de Giovanni Mirabassi (voir le compte rendu)
Et encore, le 21 août (toujours avec réduction), le concert de Yaron Hermann (voir le compte rendu)
Et hier soir, 24 août, concert gratuit au Duc des Lombards pour écouter (et voir) le pianiste Gauthier Toux.
Je ne connaissais pas ce pianiste alors j'étais doublement intéressé d'assister au concert, parce que j'adore les surprises. Il jouait en trio, accompagné de Kenneth Dhal Knudsen à la contrebasse et de Maxence Sibille à la batterie.
Un magnifique lieu
J'aime bien cette photo... On m'y voit, un peu comme la petite souris dans les dessins de Gotlib
Qui est Gauthier Toux ?
Originaire de la région de Chartres, Gauthier Toux, âgé aujourd'hui de 23 ans, a commencé le piano à 9 ans. Il a d'abord pris des cours particuliers et, à partir de ses 14 ans, continué le piano classique au Conservatoire de Lucé, passant ensuite par le jazz au conservatoire de Chartres avec Jean-Jacques Ruhlman.
Son premier trio, il l'a monté à l'âge de 15 ans, au sein duquel il jouait des reprises de standards et ses premières compositions
Après son bac, il passe les admissions aux Conservatoire Supérieur d’Amsterdam et de Lausanne (HEMU). Reçu au deux, il choisit Lausanne et y étudie, entre autre, avec Emil Spanyi.
Gauthier Toux a déjà à son actif deux disque : “More than ever” et “Unexpected Things”.
Son groupe a notamment remporté en juin dernier le prix de groupe du prestigieux Concours national de jazz de la Défense.
Qu'ai-je entendu lors du concert au Duc des Lombards ?
Ce concert s'est déroulé sur un set d'une durée d'1heure 15.
Voici ce qu'on pouvait lire sur le livret du Duc des Lombards : "Avec un éclectisme assumé, ils créent un univers musical dense, sensible, tortueux et lyrique qui séduit".
Je suis d'accord avec tous ces termes. Sauf que pas mal de choses m'ont gêné. Souvent, les compositions débutent par un univers tout en finesse, un espace, un son. Et bien trop vite (mais c'est juste mon avis...) cela passe à autre chose, qui n'a pas eu le temps de faire son chemin, d'avoir été respiré et suscité par la musique, comme si pas mal de compositions n'était qu'un collage de différentes choses.. collage qui aboutit toujours sur "jouer à l'énergie", avec pour moi ce défaut de mettre des pêches un peu partout, pêches faites le plus souvent par les trois instruments en même temps... ce qui à un moment sonne bien plus comme un procédé que comme une nécessité. Du coup, on est moins touché.
C'est cela que j'aime avec la musique live, c'est qu'on sent des choses, bien plus qu'à l'écoute d'un disque. Alors on veut toucher du doigt pourquoi cela nous gêne, pourquoi ce qui aurait pu être sublime, finalement n'a pas pu l'être. Pourquoi on sent le flux qui se brise, la magie disparaître par moment. Alors ici, je pense qu'il y certaines faiblesses dans certaines compositions, mais peut-être aussi (et j'ai pu en parler avec lui à la fin du concert), ce désir de trop vouloir jouer à l'énergie - du coup le son monte, monte et finalement on n'a plus la maîtrise des espaces, ni finalement du son, comme des gens qui se parleraient dans un endroit très bruyant, s'obligeant sans cesse à monter plus la voix, et puis la batterie (forcément c'est elle qui peut parler le plus fort) devenant une espèce de "machine à rythme" qui enferme...
Gauthier m'a dit : "oui, c'est vrai, mais j'ai senti qu'il fallait le faire pour le public..." (ou quelque chose de très approchant, je ne me rappelle hélas plus ses mots exacts). Je comprends ce qu'il veut dire par là, la musique de l'instant...
- Mais non Gauthier, jamais il ne faut faire cela. Ce n'est pas le public qui décide... Il faut retenir, retenir, laisser le temps que cela s'installe. Contrôler sans arrêt la finesse.
Bon, je suis un peu ennuyé avec tout ça, parce que qui suis-je finalement pour venir écrire ici ? Dire ce qui est bien, ce qui est moins bien ?
Peut-être est-ce à cause de cette frustration de sentir que ce concert aurait pu être magnifique, génial, que chaque début était merveilleux comme vous pouvez pas savoir, qui vous emmène très haut, pour vous faire soudain descendre à toute vitesse comme je l'ai expliqué plus haut.
Mais il faut dire que j'ai écouté tellement de concerts de jazz depuis plus de 35 ans, les plus grands musiciens, que c'est difficile de ne pas dire.
Et puis on me dira : mais alors pourquoi en parler ?
J'en parle, parce que comme je l'ai déjà dit, il y avait des moments sublimes. Et c'est ceux-là que je veux montrer, parce que c'est vraiment prometteur pour la suite.
On pourra écouter ici deux des morceaux joués durant le concert, qui n'ont pas ces défauts :
le premier s'appelle "Day Dreaming" joué au milieu du concert.
le second, joué tout à la fin, qu'il n'a pas présenté... C'est une reprise d'une chanson...
Saurez-vous deviner laquelle ?
