En contraste : la musique classique au Japon

Théorie, jeu, répertoire, enseignement, partitions
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Lee
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En contraste : la musique classique au Japon

Message par Lee »

Bonjour,

Cet article de France Musique m'a fait penser d'un ancien fil, mais comme le sujet est plus précise, je me suis permise de créer un nouveau. Quelques extraits que je trouvais intéressants et en contraste avec mes deux pays :

En 1879, le gouvernement Meiji prend une décision sans précédent : l'enseignement de la musique occidentale est rendue obligatoire à l'école primaire et secondaire. Comme l'explique le musicologue japonais Akira Tamba dans son livre La musique classique au Japon, du XVe siècle à nos jours, imaginez si l'inverse s'était produit ! Du jour au lendemain, le gouvernement français imposerait l'apprentissage de la musique japonaise à l'école sans que cela ne crée plus de remous que cela. Bien sûr, au début de cette révolution éducative, seuls les enfants de l'élite bourgeoise profitent de cette éducation, mais elle finira par atteindre toute la société dans son ensemble.
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Dès l'école primaire, les enfants ont plusieurs heures de musique par semaine, une matière qui est aussi importante que les mathématiques ou l'histoire. De plus, la plupart des écoles possèdent leur propre orchestre avec un parc d'instruments. Les villes se sont toutes dotées d'une salle de concert, d'orchestres, de choeurs. A Tokyo, on recense 16 orchestres professionnels et 5 grandes salles de plus de 2 000 places.
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Autre preuve de la bonne santé de la musique classique au Japon : c'est le pays où l'on vend le plus de disques classiques et de partitions au monde. C'est également l'un des derniers pays à avoir conservé ses grands magasins de disques, lorsque les autres ferment ailleurs à cause de la montée en puissance des sites de streaming.
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Malgré les craintes des professionnels de la musique au Japon,tous reconaissent qu'elle se porte plutôt bien et mieux qu'ailleurs. L'une des grandes chances de la musique classique au Japon est qu'elle n'a pas souffert de la même image bourgeoise et élitiste trop souvent véhiculée chez nous. La musique classique est plus populaire, aller au concert est quelque chose de plutôt naturel. Un constat qui émane vraisemblablement de cette politique éducative menée depuis 1958.
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Autre phénomène intrigant, celui de l'amour que porte le pays pour la Neuvième symphonie de Beethoven, la Daiku en japonais. Chaque année au mois de décembre, la symphonie est jouée partout dans l'archipel, par des amateurs et des professionnels, pour célébrer l'arrivée de l'hiver et la fin de l'année. Un phénomène plutôt unique au monde qui en dit long sur la place naturelle que s'est faite la musique classique occidentale au pays du Soleil-Levant.
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jean-séb
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Re: En contraste : la musique classique au Japon

Message par jean-séb »

En fait, ce que je trouve très intéressant, ce sont les raisons initiales qui ont conduit à cette incroyable décision de l'empereur :
L'empereur Meiji décide de limiter la musique traditionnelle au profit de la musique occidentale. A cette époque, la société japonaise est divisée en castes, dont chacune a son propre style musical, son répertoire et ses instruments. Par exemple, la classe des aristocrates écoutait le gagaku, un répertoire composé de musique instrumentale, de chants et de danse. De son côté, le Nô, ce théâtre chanté, dialogué et dansé, était réservé à la classe militaire.

Ce cloisonnement social étant source de conflits, l'Empereur a décidé de favoriser la musique occidentale au détriment de la musique japonaise. Dès 1870, des observateurs sont envoyés en Europe et aux Etats-Unis pour rendre compte des différentes méthodes d'enseignement, de pratique, et de diffusion de la musique. Ce fut le cas d'Isawa Shûji, un membre du ministère de l'éducation envoyé à Boston. En 1872, il remet au gouvernement un rapport très enthousiaste sur le système américain d'éducation musicale et prône l'intégration d'un système similaire afin d'unifier le pays, l'une des volontés les plus fortes de l'Empereur.
Je me porte volontaire pour apprendre la musique japonaise si l'on estime que la société française est divisée entre les amateurs de rap, de jazz, de classique... et que c'est le seul moyen de retrouver l'harmonie nationale !
gdias
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Re: En contraste : la musique classique au Japon

Message par gdias »

Je n'étais pas du tout au courant que la musique classique européenne avait une si grande importance au Japon, mais ça renforce mon admiration pour ce pays :) Enfin maintenant je comprends pourquoi il y a autant de master classes de grands pianistes avec des élèves japonais :mrgreen:

Mais comme dit dans l'article c'est pas demain la veille qu'on verrait une telle chose en France. Des hordes de gens défileraient dans les rues pour manifester contre la décadence de notre "civilisation européenne de culture judéo-chrétienne" :roll: Après je trouve qu'on peut faire preuve d'ouverture sans forcément négliger la musique de son pays, pas besoin de tomber dans une forme d'extrémisme culturel... Ce qui est sûr c'est que je ne suis pas contre de la musique japonaise à la place des chanteurs français sous auto tune.
bigrounours
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Re: En contraste : la musique classique au Japon

Message par bigrounours »

Il n'y a pas que la musique classique qui est en vogue au Japon. J'étais cet été en vacances en Espagne, et je suis passé par Séville où un ami guitariste flamenco m'a dit :
1) les espagnols n'aiment pas le flamenco. C'est vu comme la musique de la rue, de gitans, etc ...
2) les asiatiques, dont le Japon en tout premier lieu, sont fans de flamenco. En ce moment on voit même apparaitre la première génération de joueurs de flamenco japonais, qui le sont de parents à enfants, et qui sont évidemment de très très bons musiciens : leur musique étant maintenant ancrée dans leur patrimoine familial.

C'est à nuancer bien sur, parce qu'il m'a aussi dit qu'il y aura toujours une "élite espagnole" parmi les joueurs/danseurs de flamenco, et également, tous les espagnols ne détestent pas le flamenco, et tous les japonais ne sont pas fans. C'est juste une tendance de notre époque.
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